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Critiques de Richard Wright (129)
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Bandung : Chronique d'un monde en décolonisat..

Pas facile à évaluer selon les critères traditionnels...

Un grand merci à Babelio pour ce livre sur la conférence de Bandung rédigé par le grand écrivain américain Richard Wright, auteur du livre culte, Black Boy.

Comme tout le monde, je savais que la conférence de Bandung a représenté un tournant dans l'histoire du XXème siècle, occasion pour Alfred Sauvy d'inventer l'expression Tiers-monde...

Mais je n'avais jamais lu de livre spécifiquement sur ce thème et j'ai donc sauté sur l'occasion lorsque Babelio m'en a offert l'opportunité.

Le livre raconte à la fois comment Richard Wright a été amené à participer à cette conférence puis son arrivée à Bandung, ses discussions avec des participants...Le livre est précédé par une belle introduction de Amzat Boukari-Yabara.

En tant que témoignage, le livre est réellement intéressant, il restitue un contexte, et l'on voit Bandung non pas avec nos yeux, mais avec ceux de Wright il y a près de 70 ans...Mais il me faut toutefois reconnaitre qu'en tant qu'objet littéraire le livre est plutôt faible, en ce sens que tout d'abord une large partie du livre est constituée d'interviews retranscrites ou d'extraits de discours tenus lors de la conférence et l'ensemble ressemble davantage à un recueil d'articles qu' à un vrai livre. En ce sens le livre de Wright est bien moins littéraire que par exemple le magnifique récit de voyage de Simone de Beauvoir en Amérique, et bien moins fort historiquement que le récit de Gide en URSS.

Certaines parties du livre me posent d'ailleurs problème, car certaines interview sont manifestement des prétextes pour Wright pour placer un certain nombre d'éléments de présentation mais cela sonne bien faux. Je ne serais pas étonné que ces témoins n'aient jamais existé ou que leurs propos aient été singulièrement déformés.

Par ailleurs Wright arrive avec ses propres interrogations sur la question raciale, sur la place de la religion, sur le communisme et plaque tout cela sans trop de nuance sur les idées de ses interlocuteurs. Toutefois à certains moments il faut montre d'une belle intelligence de la situation et même d'une remarquable clairvoyance. Parfois il passe en revanche bien à côté...

Sur le plan littéraire stricto sensu, un livre donc un brin décevant et artificiel. On ne trouvera pas non plus des anecdotes passionnantes qu'un journaliste plus observateur en aurait retiré.

Enfin il faut dire un mot de l'édition du livre, plaisante et réussie sur le plan esthétique (même s'il y a quelques petites coquilles, mais bon cela arrive à tous), ce qui est un peu plus embêtant c'est que l'on a une introduction d'un auteur appelé Amzat Boukari-Yabara qui n'est pas présenté. Je suis donc allé sur Wikipedia qui a une notice idiote sur cet auteur expliquant qu'il a commencé une thèse. Ce qui, on en conviendra, n' en ferait pas forcément une légitimité suffisante pour présenter un ouvrage à caractère historique. Il m'a fallu aller vérifier si sa thèse a été réellement faite pour constater que oui, donc double problème, sur Wikipedia, ce qui n'est pas du ressort de cet ouvrage, et sur la 4ème de couverture, sur laquelle il faut être plus clair.



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Bandung : Chronique d'un monde en décolonisat..

Je connaissais Richard Wright pour ces romans (Un enfant du pays, Black Boy) et pour son exil à Paris en tant qu’afro-américain et en tant que communiste. Pour le coup, la sortie de cet essai sur un moment important de l’histoire des peuples dominés a une valeur documentaire inestimable. Car Bandung, c’est bien sûr le fameux sommet des non-alignés qui a donné voix au pays du Tiers-Monde sur la scène internationale. Nous sommes en 1955 et la configuration du monde moderne commence à changer. La décolonisation est en marche et Richard Wright a tenu à faire partie de ce mouvement historique inexorable. Il réussit même à être le seul journaliste américain accrédité pour couvrir l’événement. Le résultat est un livre à la forme mosaïque originale. Reportage à la première personne où l’auteur part à la rencontre d’envoyés de nombreux pays, le livre est passionnant dans ces témoignages et ces analyses. Il fournit une puissante réflexion sur des sujets aussi divers que la liberté, la domination, les rapports entre les peuples, la politique bien sûr et le devenir-monde.
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Bandung : Chronique d'un monde en décolonisat..

A travers cette chronique, je découvre à la fois Richard Wright et les éditions Syllepse. Si la pensée et les réflexions de l'auteur de Black boy ont retenu mon attention, j'ai été peu sensible aux graphismes de la couverture et à la qualité typographique du livre.

Mais pour celui qui s'intéresse aux questions historiques liées aux décolonisations, Bandung est un document riche et instructif. L'écrivain américain, à la suite d'un mouvement impulsif et spontané, se rend en 1955 à Bandung, en Indonésie, pour suivre le déroulement de la première conférence internationale des pays "de couleur" de l'Afrique et de l'Asie. Par son témoignage, on sent tout l'espoir que cette rencontre inédite suscita chez des millions de personnes ayant subi l'humiliation et le mépris des systèmes coloniaux sur plusieurs siècles. Si la première partie de la chronique consacrée au travail préparatoire de l'écrivain-journaliste en amont de la conférence est un peu répétitif, Wright, bien que ne cachant pas son enthousiasme devant ce projet nouveau et impensable quelques années auparavant, porte un regard lucide quant à ses enjeux et à son contexte politique, culturel et économique.
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Black Boy

J'ai beaucoup aimé l'histoire en elle-même, comment il décrit son enfance, ces difficultés étant jeune, le fait qu'il ait toujours faim, c'est émouvant.Ce que j'aime dans ce livre c'est le fait qu'on soit tellement dans la peau du personnage qu'on en ressent même la douleur quand il se fait battre.

A lire !

C.G

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Black Boy



La réalité va vite s’imposer à lui, la différence entre les privilégiés et les autres. Lorsque son père disparait du logis familial, tout commence à changer, il gagne en liberté or d’autres contraintes apparaissent.

C’est à l’âge de 6ans que la réalité le frappe, cette différence si flagrante entre les Blancs et les gens de couleur. La naïveté confrontée à la vérité percutante qui ne cessera jamais de s’amplifier, de le terroriser ou de le stupéfait.

Au travers des mots, l’auteur nous proclame son dur apprentissage d’enfant, les volutes de déménagements incessants, d’expériences diverses joyeuses ou terrifiantes. Ce récit est très prenant, Richard Wright nous emporte dans ses fantasmes, ses peurs, ses joies, ses découvertes du monde. A travers ses yeux d’enfant d’abord, je découvre son apprentissage de la vie, avec dureté, avec un amour voilé et pudique de sa mère.

 

La plume de l’auteur est franche, captivante et d’une fluidité hypnotique. Il me prend par les sentiments, expose son impuissance face aux querelles des adultes, à l’injustice de ses proches envers lui, l’obligation de vagabonder d’une maison à une autre, la pauvreté, la faim qui le tenaille incessamment est une épreuve marquante de sa vie.

De l’enfance à l’adolescence, nous le suivons tout au long de son existence, ses espoirs, ses doutes, les codes de la rue, les évènements dramatiques qui vont le forger, le façonner et sa sourde rébellion qui germe. La vie ne sera pas tendre des deux côtés de la palissade.

Ce récit mélancolique, au centre d’une famille pieuse à outrance. Chérubin rebelle déjà athée par tant de boniments, de sermons irréalistes, d’une grand-mère qui dicte la loi religieuse fanatique.

 

L’auteur expose sa vision perspicace, son esprit vif et alerte sur son parcours avec beaucoup d’analyses clairvoyantes qui lui apprend à être combatif pour sa survie personnelle.

Dès le départ, j’ai su que ce livre serait un coup de cœur, la découverte de cet auteur est une belle surprise. Je suis happée par l’histoire, le style d’écriture addictif, emplit d’émotions fortes retranscrites à chaque épreuve cruciale de son modelage, son esprit rebelle, ses convictions, son besoin de savoir et sa manière d’analyser son environnement sans désirer le subir le mettra sous la torture des biens pensants, dans des situations inconfortables.

 

Son besoin d’expression est si fort qu’il attire les foudres car il est le lion qui marche seul qui ne suit pas le troupeau sur le chemin tracé par les institutions qui cloisonnent les noirs dans leur infortune pour mieux les contrôlés.

Cette histoire autobiographique me fait flancher, me transperce car elle est tellement foudroyante. Le raisonnement est profond, la fin sensible, libératrice et émouvante.

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Black Boy

La vie et l'expérience en tant que Noir aux Etats-Unis de Richard Wright, né en 1908, rencontre malheureusement de nombreux échos dans la société actuelle... Que de violence, autant physique que psychologique dans ce récit très dur!

Entre Arkansas et Mississippi, Richard, enfant, s'éveille peu à peu à la conscience d'être Noir dans un pays dominé par les Blancs et apprend, en voyant les lynchages qui se succèdent autour de lui que sa couleur de peau le renvoie à une sous-humanité: Richard est un sous-homme. Et un sous-homme doit baisser les yeux devant un Blanc, doit l'appeler Monsieur s'il ne veut pas risquer d'être battu à mort, et dépend entièrement du bon vouloir du Blanc pour lequel il travaille ou tout simplement qu'il rencontre dans la rue. On est au début du XXième siècle, l'esclavage a été aboli, et les Blancs ne s'en remettent pas. Le Klu Klux Klan rôde.

A travers ce récit, Richard Wright s'interroge sur le profond impact psychologique qu'a eu sur son peuple ces siècles d'esclavage et d'oppression. Né dans une famille pauvre et très croyante, il est sans cesse brimé et battu par ses semblables, aveuglés par la terreur d'être rejetés par Dieu mais peut-être, aussi, incapables de compassion, d'amour filial: la plupart n'a pas de racines, séparés de leurs parents ou enfants au gré des ventes d'esclaves, les femmes violées et engrossées par leurs maîtres.

Par cette histoire personnelle, c'est un pan tragique de l'Histoire qui se dessine mais les violences subies, leur arbitraire, cette relation intriquée entre Blancs et Noirs dans ces états sudistes, tout cela nous ramène à aujourd'hui et montre quel énorme travail de réparation il reste à effectuer.



je ne m'attendais pas à un roman si dur, si violent et encore une fois je n'en reviens pas qu'il puisse exister de telles enfances vécues dans la terreur des coups et des insultes, malheureusement. Mais ne dit-on pas que ce sont ces enfants qui seront le plus aptes à affronter les coups durs plus tard? A voir...
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Black Boy

"Black Boy" de Richard Wright est une œuvre littéraire profondément captivante qui plonge les lecteurs dans les complexités de la vie d'un jeune homme noir aux États-Unis pendant les premières décennies du 20e siècle. L'autobiographie de Wright est une exploration sincère et déchirante de sa propre expérience en tant qu'afro-américain dans une société marquée par la ségrégation et le racisme institutionnalisé.



L'une des forces majeures de ce livre réside dans la prose puissante et incisive de Wright. Son écriture est à la fois percutante et poétique, créant une immersion totale dans son monde. Il décrit avec une franchise brutale les défis et les humiliations qu'il a endurés en grandissant dans le Sud ségrégationniste, ainsi que son désir ardent de se libérer des chaînes de la discrimination raciale.



L'autobiographie est une exploration en profondeur de l'évolution intellectuelle de Wright, de son éveil à la lecture et à l'écriture, à sa quête de connaissance et de compréhension du monde qui l'entoure. Son récit est un voyage poignant de l'ignorance à la conscience, de la révolte à la compréhension. Il offre une perspective perspicace sur la lutte d'un homme pour trouver sa voix et son identité dans un monde qui le nie en raison de sa race.



"Black Boy" de Richard Wright est non seulement un document historique important sur le racisme en Amérique, mais c'est aussi une œuvre littéraire incontournable qui continue d'inspirer les lecteurs à réfléchir sur les questions de justice, d'identité et de liberté. Ce livre est un témoignage puissant de la résilience de l'esprit humain face à l'adversité, et il mérite sa place parmi les classiques de la littérature américaine.



En tant que mordu de lecture, je vous recommande vivement de plonger dans les pages de "Black Boy" si ce n'est pas déjà fait. Vous y trouverez une expérience littéraire mémorable et une réflexion profonde sur l'expérience noire en Amérique.
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Black Boy

autobio
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Black Boy

Une magnifique analyse de la condition noire entre les deux guerres dans les états du Sud.

Richard est un enfant humain. L'innocence... Puis il devient noir, sans l'avoir choisi. On le lui impose.



Alors la peur des blancs régit l'ensemble de sa vie, ne pas mal répondre, ne pas donner d'avis personnel, ne rien demander, rire bêtement comme le simplet du village: tous ces conditionnements finissent par être intégrés pour éviter les coups, les licenciements.



Mais Richard n'est pas un enfant comme les autres... Il aime lire! Cette simple petite différence lui ouvre l'esprit sur un monde qu'on veut lui cacher. Il sait qu'ailleurs il peut aspirer à une vie meilleure...



Ce livre est son itinéraire.

A lire absolument !
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Black Boy

Black Boy est l'autobiographie de Richard Wright, romancier noir américain né en 1908 dans le Sud des États-Unis. Le livre est lourd, direct et assez bouleversant tant l'enfance et la vie de jeune homme de l'auteur ont été dures.Il nous permet d'entrevoir ce qu'était la vie d'un "moricaud" en pleine période de ségrégation, de la terreur du Ku Klux Klan et du racisme ordinaire. C'est un roman sublime sur le refus de la soumission, la vie avec la peur au ventre et la honte. Il nous montre aussi l'incroyable volonté d'un homme qui combat contre la faim, l'ignorance, les préjugés (y compris de sa famille), l'injustice.C'est un livre qui nous pousse à refuser un système injuste, quitte à le fuir, plutôt que le combattre quand le combat est de toute façon perdu d'avance. Un livre qui pousse aussi à lire, parce que la littérature est une forme de liberté accessible à tous
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Black Boy

Superbe roman autobiographique mais très très dur et totalement dénué d'espoir. Richard Wright né en 1908 est un des premiers noirs américains à avoir connu le succès. Il retrace dans cette autobiographie la vie quotidienne faite de misère et d'humiliations dans le Mississipi, un des états les plus ségrégationnistes des Etats-Unis. Il tente de se rebeller contre la situation faite aux Noirs mais on est encore loin des mouvements des années 1950-1960. Livré à lui-même (père parti et mère gravement malade), il souffre de la faim, d'une grande solitude, il erre dans la ville car les enfants noirs vont très peu à l'école. La situation parait sans issue et l'auteur est très dur envers les Noirs eux-mêmes, privés selon lui de qualités morales à cause de la haine raciale et de cette existence misérable et lamentable.

R Wright finit par partir dans le Nord où la ségrégation est moins dure, découvre la littérature, aggrave son cas en adhérant dans les années 1930 au parti communiste américain avant de s'en éloigner. Il finit sa vie à Paris.

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Black Boy

Autobiographie. Richard est né dans le sud des Etats-Unis au début du 20ème siècle. Sa famille est pauvre, son père ne tarde pas à les abandonner, et la faim est le quotidien de Richard. Enfant, il est naïf et ne voit pas la différence entre un noir et un blanc. C'est un enfant qui a du caractère et qui se révolte parfois, et sa famille n'hésite pas à le battre. Il refuse de croire en Dieu, ce qui fait le désespoir de sa grand-mère. De plus, personne ne le comprend : il aimerait devenir écrivain. Ce n'est pas un métier pour lui, il est noir... Il se réfugie pourtant de plus en plus dans la lecture et en grandissant, cela lui permet de comprendre que l'espoir est permis, qu'un autre monde existe. Il va supporter la haine et l'humiliation et multiplier les petits boulots pour survivre et épargner afin de quitter le sud. Sans jamais le déclarer, il sait qu'un jour il pourra relever la tête haute.

J'avais lu ce roman il y a plus de 20 ans et j'en avais conservé un bon souvenir. Il n'était pas dans ma bilbiothèque mais récemment, ma belle-soeur est arrivée avec, elle l'avait en double. J'ai relu et ne fus pas déçue. Une très belle écriture et un témoignage poignant.
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Black Boy

Black Boy est l'auteur, Richard Wright. Né au début du XXème siècle dans le sud des Etats-Unis. Ce livre lui permet de raconter une partie de sa vie (jusque dans les années 20) et de nous livrer, sans fioriture, la douloureuse expérience de grandir à une époque où les « noirs » ne comptent pas en tant qu'êtres humains. Malgré une enfance misérable, malgré les brimades, les coups de sa famille, la faim, la peur, il ne laisse pas tombé car il a eu la chance de réussir à apprendre à lire et avec cette étincelle d'une vision différente du monde, il garde l'espoir de liberté qui lui permettra de ne pas se résoudre à suivre la vie dans laquelle sa couleur de peau l'a enfermée.
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Black Boy

Je l'ai lu bien jeune et ne sais plus comment entamer cette critique. Pourquoi, alors, présenter une critique, me direz-vous? Parce que je me souviens que ce fut un grand moment de lecture, durant lequel ma conscience d'adolescente se mit en éveil, durant lequel je compris l'absurdité de l'ostracisme. Plus tard, bien plus tard, j'ai croisé des œuvres littérairement parlant plus difficiles, comme "Homme Invisible, pour qui chantes-tu?" de Ralph Ellison. Et là ce fut le prolongement de l'indignation. Des livres qui font de nous des humains!
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Black Boy

Récit troublant et terrible que l’éveil à la réalité de la ségrégation vécue par Richard Wright enfant, dans les années 20 du Sud raciste des Etats-Unis.

Borné intellectuellement et socialement par une famille bigote aux vues étroites, le petit Richard admet la pauvreté et la faim, comprend l’expression brutale de l’autorité du père, mais ne peut accepter celle du Blanc : « J'avais commencé trop tard à affronter le monde blanc. Il m'était impossible de faire de la servilité une partie machinale de mon comportement. »

Ce témoignage autobiographique est poignant et exceptionnel dans ce qu’il nous raconte, de manière à la fois violente et nuancée, de la peur et l’impuissance face à l’arbitraire et au pouvoir du plus fort, de la résignation de ses frères Noirs, de l’apprentissage de la soumission feinte, mais aussi de la puissance du livre comme arme de rébellion massive.

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Black Boy

Le début du livre est pourtant assez étrange, l’enfant qu’il était semblait assez inadapté. Toujours à faire des bêtises assez stupides, à réagir au quart de tour, à ne rien comprendre. Mais c’est normal, on ne lui expliquait rien, on ne lui enseignait rien, comment faire autrement que de réagir en réaction épidermique à ce monde qui l’agresse ? C’est donc d’abord assez difficile, d’une part, d’entrer dans le récit de ce garçon qui se bat contre un monde qu’il ne comprend pas, comme une bête sauvage. Mais c’est assez facile pourtant de se laisser porter par cette grande plume. Black Boy, ça se lit tout seul, d’une traite, je ne l’ai pas lâché jusqu’à l’avoir fini.



Et c’est justement parce que le livre commence par ce garçon qui ne comprend pas, qui ne connait pas le monde dans lequel il vit, dans quelle société de la honte il est tombé, que le livre nous ouvre les portes de son esprit et que nous comprenons les drames qui se jouent ici.

Pourquoi est-ce que ce petit garçon se fait battre ? Nous, on comprend, mais lui ne le sait pas. Pourquoi papa s’en va et disparait ? Qui est cette femme ? Nous, on comprend, mais ni sa mère ni son père ne lui disent rien. Pourquoi ne va-t-il pas à l’école ? Lui qui est si doué, sans le savoir, mais qui a du mal à se créer un cercle, à être accepté par les autres ? Bien sûr que sans clés de compréhension il ne peut deviner ce qu’on attend lui, on attend qu’il se range dans un rang énigmatique. En fait, il faisait preuve d’une intelligence folle, d’une imagination débordante, il était capable de créer, d’écrire, déjà très jeune, d’imaginer… Là où ça lui était interdit. On lui a dit des choses terriblement affreuses comme : « un nègre n’écrit pas. » Non, bien évidemment, dans les Etats-Unis de la prohibition, une personne noire ne pense même pas.



Envoyé chez des parents, dans cette famille dont la maison ressemble à un caveau, tous s’attendent à ce qu’il soit dévoué à Dieu, sans raison. Une famille qui s’attend à ce qu’il comprenne qu’il est noir et qu’il y a un « statut de noirs », un statut de presque esclave inhérent à sa condition dans ces Etats-Unis racistes. Mais c’est lui qui avait raison, comme on ne lui a rien expliqué, il a construit son monde, un monde qu’il sait possible, là-bas, plus au Nord, un monde d’égalité.



Et parce qu’on lit son roman, son autobiographie, qu’on connait son grand nom, on est heureux de savoir que c’est lui qui vaincra sur la vie. Il va d’ailleurs, pour s’en sortir, devoir faire semblant de rentrer dans le moule. Même s’il reste crédule, car, à nouveau, il doit tout comprendre, deviner, expérimenter par lui-même. Il va rencontrer d’autres noirs, qui se plient ou non, il va rencontrer des racistes, mais quelques blancs, trop rares, qui voudront l’aider mais dont les capacités, car eux-mêmes ne sont pas dans le moule raciste, sont limitées.



Dans tout ça, l’écriture est édifiante, ça coule, le sens de la formule est incroyable, les dialogues nous portent, grâce à sa mémoire sans faille, il les retrace, avec violence et vérité. Bon sang, on ne peut pas dire que c’est un beau bouquin, car il condense tout ce qu’il y a de moche ici-bas, mais alors, quel livre !
Lien : https://barauxlettres.wordpr..
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Black Boy

roman autobiographique sur la condition des noirs américains, comme pouvait l’être « la confession » de Baldwin dans une chronique assez proche, mais, me semble t’il, plus politisée chez ce dernier. Wright ne semble pas vouloir emprunter les voies de l’engagement et du militantisme que Baldwin a fait siennes dans une conscience black très affirmée et brandie dans « la prochaine fois le feu ». S’il est animé comme tous les auteurs de cette filiation, d’une lucidité aigüe et exacerbée de la souffrance des « nègres », je ne crois pas qu’il se définisse dans la notion de race, dont la pertinence même commençait sans doute à faire débat au moment de l’écriture de son roman. Il ne semble pas être réduit dans une définition de lutte raciale, pas plus qu’être tenté par le suprématisme noir qui avait brièvement questionné Baldwin dans sa rencontre avec Elijah Muhammad. Il n'est pas plus inspiré par un quelconque séparatisme ou nationalisme. Il me semble animé de tout le contraire.



On ne retrouve pas non plus dans ce roman de Wright toute la verve et la fulgurance poétique de l’œuvre de la prêtresse Morrison. Morrison nous envoûte au sens propre et littéraire, dans des romans où semblent se mêler une part d’invisible et de mystère. Où l’ésotérisme des forces des esprits chamaniques ou vaudou, se fondent avec des réalités crues, comme celle de l'esclavage, et qui soudain semblent s’évaporer et parfois un peu échapper à notre compréhension étriquée d’occidental.



Wright, prédécesseur des deux génies précités, est plus direct, plus immédiat. Il touche au réel, comme un boxeur appliqué, il frappe au corps, enchaîne les coups et les jabs. En apparence insensible au mal, en réalité dans son écoeurement. Mais il ne s'apitoie pas, ne capitule pas, ne se baisse, sans jamais s'abaisser, que pour esquiver, puis se relève. Il s'affirme avec une intelligence aiguisée et décomplexée de sa couleur de peau. Elle est en lui, évidente et simple. Cette même intelligence qui lui confère cette part merveilleuse de naïveté à s’étonner de la condition de l’homme noir, quand il se définit lui simplement comme homme. Une intelligence qui lui permet de tracer sa voie, et de transcender les préjugés des siens qui ne voient dans cette acuité étonnante, qu’une tare et un esprit malsain, rebelle et retors, voué nécessairement à la perdition. S’il est une lutte à laquelle souscrit Wright, bien plus que celle des races, c’est celle des classes auxquelles il semble sans doute prédisposé à s’engager. Dans sa capacité à se soustraire de sa condition de nègre pour vivre en homme parmi les hommes, il pourrait presque nous sembler égoïste, manquant d'empathie, quelque part prétentieux, et une fois de plus distingué de tous et de certains des siens par sa sagacité. Renonce-t-il pour autant à la défense de son « peuple » du seul fait de sans cesse en oublier la posture de soumission que tout nègre se doit d’adopter avec l’homme blanc ? Je ne crois pas. Wright, malgré sa hauteur d’esprit, n’échappe pas à une certaine haine du blanc, à une envie de rétablir justice et équité. Comment pourrait-il en être autrement tant la ségrégation vécue s’infligeait avec une telle bêtise, arrogance, ignorance, mais par-dessus tout avec une cruauté insupportable où l’humiliation le disputait à l’horreur du meurtre et du massacre de ces sous hommes, insectes écrasés sous la semelle d’une société blanche. Mais Wright, ne s’enferme jamais dans une quelconque idée de vengeance, ne s'abandonne jamais à la réduction et à l'étroitesse de la revanche. Il ne semble poursuivre qu’un seul but: vivre une vie d’homme parmi les hommes, avec leurs couleurs de peau comme diversité futile à peut être échapper à l’ennui de la monochromie, quoi d'autre.



Son écriture est solide, assurée, résolue, remplie d’un espoir mesuré et raisonnable. Elle prend la teinte et accompagne son parcours, et s'y développe, s'ouvre et grandit. Elle apparaît retenue au début, pas encore rassurée de sa force. Puis elle gagne en énergie, en consistance, en substance. Elle se nourrit et s’enracine de ses rencontres, de ses désillusions, et de ses aspirations. Et elle s’achève, Wright presque adulte et mature, ancrée, équilibrée, debout, puissante et franche comme enfin libérée de tout déterminisme.



Je crois qu’il me tarde de poursuivre non plus la découverte d’un écrivain nègre, mais d’un écrivain américain, acteur de son siècle, conscient de sa couleur, à la sensibilité sociale plus que politique, et homme avant tout..
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Black Boy

L'histoire poignante d'une famille noire victime du racisme aux États-Unis.
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Black Boy

Magnifique classique!
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Black Boy

J'ai beaucoup d'affection pour ce livre. C'est ma première autobiographie et elle m'a troublé. Cet auteur sait faire ressentir et imaginer des souvenirs de sa vie. Il a réussi à me projeter dans son enfance et c'est terrifiant. Alors je suis passé par plusieurs émotions : la joie, la tristesse et l'indignation.

Les passages de ce roman étaient appropriés à chaque situation et j'ai apprécié ces 450 pages. 450 pages où l'auteur a réussi à me faire imaginer une partie de sa vie qui était bien réelle et je trouve ça extraordinaire.



C'est un roman que je vous conseille, non pas parce qu'il est terrifiant, mais parce qu'il aide à nous rendre compte de certaines choses de notre quotidien !
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