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Critiques de Rithy Panh (66)
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L'élimination

C’est un livre qui nous plonge dans l’horreur du régime des Khmers rouges, dictature communiste cambodgienne.





Si je savais que Rithy Panh était un rescapé du régime des Khmers rouges et qu’il avait désormais à cœur de partager l’histoire sombre de son pays à travers ses documentaires (S21, la machine de mort Khmer rouge), je ne mesurais pas ce qu’il avait véritablement vécu.



Dans ce livre, il se rappelle de ces quatre années (1975/1979). Il nous confie en parallèle les entretiens qu’il mène avec Duch, tortionnaire en chef à S21, centre de détention et d’éxécution de Phnom Penh, et s’interroge sur l’homme et ce dont il est capable.



En 1975 à l’arrivée au pouvoir des Khmers rouges, il a 13 ans, sa famille est « déportée » de Phnom Penh (comme tous les habitants de la capitale hors Khmers rouges), ils vont être déplacés de villages en villages, dépossédés de tout dont de leur nom, travailler comme des bêtes, être affamés, etc. En six mois il va perdre son père, sa mère, ses neveux.



Il va passer plusieurs fois très près de la mort et il va vivre des situations d’une violence inouïe, mais le destin fera qu’il va survivre à toutes ces horreurs. On peut dire que c’est un miraculé.



Plus de 30 après, alors qu’il transmet cette histoire à travers ses documentaires et les nombreux entretiens qu’il mène avec des rescapés mais également des tortionnaires, il se souvient de ces jours sans nom.



C’est un livre qui se lit le coeur très serré, l’estomac au bord des lèvres, car il nous montre le pire de l’humanité, en dressant le portrait d’un des protagonistes de ce génocide. Et parce qu’il montre que ce qui s’est passé au nom d’une doctrine pourrait se reproduire dans ce pays ou ailleurs. Parce que ça nous rappelle aussi un autre pan de l’histoire.



Ce devoir de mémoire auquel se livre Rithy Panh est juste indispensable et essentiel. Un témoignage bouleversant de force.
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L'élimination

Le 17 avril 1975, les Khmers rouges entrent dans Phnom Penh la capitale du Cambodge. Rithy Pahn est âgé de treize ans :du jour au lendemain, je deviens « un nouveau peuple », ou, expression plus affreuse encore, « un 17 avril ». Trente ans plus tard, il raconte, témoigne de ce qu’il a enduré sous le régime de Pot Pot.

Pour la réalisation de son film "S21, la machine de mort Khmère rouge », Rithy Phan a rencontré des survivants comme lui mais également des bourreaux, des tortionnaires dont Duch le responsable du centre S21. Un centre où étaient accomplis des tortures, des exécutions, des prises de sang massive (allant jusqu’à vider entièrement la personne de son sang), des viols. Lors de ces entretiens avec Duch, documents à l’appui, il lui pose des questions. L’homme nie ou se réfugie derrière la doctrine, se complait dans le mensonge. Pire, il lui arrive de sourire. Rithy Pahn n’abandonne pas et cherche de comprendre avec patience.



la suite sur

http://fibromaman.blogspot.fr/2012/08/rithy-panh-avec-christophe-bataille.html:




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L'image manquante

Je me souviens du jour de printemps 1975 où la ville de Phnom Penh est tombée aux mains des Khmers rouges. Pour nous, cela apparaissait comme la fin d'une guerre coloniale ou d'un conflit entre communistes et anticommunistes. Nous étions bien loin de nous douter de ce qui se passerait réellement.

Ce livre est la version corrigée du commentaire du documentaire du même nom de Ritty Pahn. L'image manquante dont il parle est multiple. La première qu'il mentionne en déroulant le « film » de ses souvenirs, c'est justement celle de la déportation des habitants de Phnom Penh en avril 1975. Et mon souvenir est directement confronté à toute la violence du réel.

Avec une grande sensibilité et même avec de la poésie, Ritty Pahn arrive à témoigner de cette barbarie qui prétendait rendre l'homme meilleur et plus heureux, en le « ré-éduquant » : comment a-t-on pu, en pervertissant notamment Marx et Rousseau, faire à ce point le malheur d'un peuple ? L'auteur a réussi à survivre en côtoyant quotidiennement la mort et l’horreur des camps de travail. Pendant tout ce temps-là, il a gardé au cœur les souvenirs du monde d'avant, celui "de la musique, de la douceur, de la famille". Ce texte où alternent les souvenirs, la description de l'enfer, la poésie est vraiment une oeuvre superbe.

Maintenant, il me reste à regarder le film. « Ses minuscules poupées d’argile, animées d’une étonnante humanité, restituent toute l’inhumanité des quatre années de terreur khmère rouge. » (critique de Arte vidéo)

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L'élimination

« Essayez de regarder. Essayer pour voir. » Charlotte DELBO

(«  Aucun de nous ne reviendra », extrait).



Rithy Panh est là. L'enfer lui a traversé les chairs.

Est ce qu'on « en revient », un jour, de l'enfer?

«  Ainsi la violence demeure. Le mal qu'on m'a fait est en moi. »

Il est là , présent Rithy, l'enfant, et interroge Duch.

Kaing Guek Eav, Duch le tortionnaire en chef du S21.

Cambodge 1975-1979. 1,7 millions de morts. Phnom Penh, S21.

«  A S21, nul n'échappe à la torture, Nul n'échappe à la mort ».

L'enfant ne cesse jamais de rêver, il rêvait qu'un appareil photo tombe du ciel.

L'appareil photo n'est jamais venu.

Noël n'existe pas en enfer.

Alors pour, vivre encore, il doit «  tenir ses poings dans ses poches », et il choisit les images et les mots.

Puisqu'on n'a rien dit, puisqu'on a rien vu, il nous montre, puisque «  ce qui blesse est sans nom », il prononce.



Le conflit vietnamien – cambodgien est une gorgone.

Chine, USA, France, ONU, colonie, communisme, américanisme...

Bourbier «  sans nom » . «Ce qui blesse est sans nom »...



Certains répondent «  Pol Pot » par « agent orange », certains répondent «  raisons » par « famine », certains répondent « légitime défense » par «  torture », corruption par discipline, doctrine par dialectique, etc etc etc .

On répond beaucoup, nombreux, très vite, par anticipation quand on ne veut pas entendre les questions....



La guerre chez soi est toujours plus propre que chez les autres.

On a toujours de bonnes raisons, mon voisin a toujours de mauvaises intentions.

Et qu'avaient ils, eux, les 1,7 millions de morts  du Cambodge ?

Qu'avaient ils, ces enfants du Rwanda, du Chili, d'Arménie, de Tchétchènie , d' Ukraine, du Tibet, de Syrie, de Varsovie, du Vel d'Hiv, de Palestine, du Vietnam, du Japon, du Cambodge. et tous leurs frères et soeurs.. ?



Tenter de justifier ce que rien ne pourra jamais justifier est un crime.

Le combat peut être un devoir, la résistance une nécessité, l'éducation une priorité,



La destruction est un crime.

Quelque soit la main, quelque soit la couleur du drapeau, quelque soit le livre, quelque soit la colère. L'élimination est un crime.



Un de nos présidents occidentaux et non des moindre puisqu' il s'agit du nôtre, a, lors d'une conférence de presse déclaré : «  l'ennemi sera détruit ».

Vaincu ! Monsieur le Président, vaincu !, pas détruit.



Détruire est un mot de bourreau, vaincre est un mot de combattant.



Il faut faire attention au mot. Ils sont importants.

Extrêmement important, ils sont le plus souvent la première arme de tous les extrémistes.



Une démocratie peut combattre, une dictature détruit toujours.



Monsieur le président, n'oubliez jamais que lorsque vous parlez, un peuple vous écoute.

Vous avez une responsabilité, n'en faites jamais un métier ni une fonction.



Rithy Panh veut savoir, veut comprendre l'injustifiable. Il veut nommer, montrer, ne pas oublier, expliquer.

Il interroge Duch.

Duch rie.

Duch est un homme.

Duch ne veut pas être un homme.

Il veut être une machine, une pièce de la grande machine.

La grande machine qui détruit ce qui n'est pas humain, ce qu'elle appelle l'ennemi.

L'ennemi... ?

L'ennemi n'a pas de nom, n'a pas de visage, il est partout, il est « tout le monde », alors pour mieux le détruire, la grande machine, l'organisation va effacer, tout effacer, détruire.



L'organisation, l'Angkar, va changer les mots. On invente un nouveau langage pour remodeler le nouveau peuple.

Duch est un technicien de la révolution.



Les recettes sont partout les mêmes. Un chef, un pays, un peuple.



L'homme perd son travail, son adresse, son nom, sa famille, ses enfants, ses vêtements.

Tous égaux : la peur, la faim, la maladie, la coupe de cheveux, la pauvreté, la misère, la terreur. Le mécanisme de la machine infernale ne peux supporter que des rouages égaux.

On lamine, on détruit, on coupe, on extermine, on taille, on éradique, on tranche, on élimine.

L'être n'existe plus, il appartient.



«  Ne touchez personne. Jamais. Et si vous n'avez pas le choix, ne touchez jamais avec la main, mais avec le canon du fusil ».



On compte, on recompte, on décompte, on inscrit, on reporte, on rapporte, on fiche, on éventre, on répertorie, on démembre, on dénombre, on affame.

Le crime a toujours ses outils.



Toutes les pièces se valent, c'est à dire qu'elles ne valent rien.

«  A te garder, on ne garde rien. A t'éliminer, on ne perd rien. » .

La technique fait son travail.

«  kamtech »....réduire en poussière

Rien ne doit rester de l'humain.

Rithy ne l'accepte pas, ne l'acceptera jamais.



«  J'étais sans nom. J'étais sans visage. Ainsi j'étais vivant, car je n'étais plus rien ».



«  Ce que je cherche c'est la compréhension de la nature de ce crime et non le culte de la mémoire. Pour conjurer la répétition. »

Voilà ce que Rithy essaie d'obtenir en interrogeant Duch.



«  Je n'ai jamais envisagé un film comme une réponse, ou comme une démonstration. Je le conçois comme un questionnement. »



Puisqu' « une langue totalitaire est une réponse à l'absence de question » , Rithy lève les poings d'interrogation par ses mots et par son oeil.



Duch répond,

Duch rie.

Il est stoïque.

Il lit la bible.

Duch pense.

Duch se souvient.

Duch dit.

Duch lit.

Duch écoute.

Duch lit de la poésie

Duch est humain.

Il n'est pas tous les humains.



«  Le monde est un enfer pour l'homme qui ne croit pas au diable » Jacques Lacan.



Le livre, « L'élimination »   pose la question . Le film « l'image manquante » montre son origine.



Un diptyque nécessaire pour opérer le remontage de ce temps subi et enrayer toutes les mécaniques infernales.



Astrid Shriqui Garain

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L'élimination

2007: un cinéaste filme son bourreau, le sinistre Duch, responsable de la police et de la torture lors du génocide cambodgien, et il retrace sa vie:Trente ans plus tôt, il n'était qu'un enfant, orphelin, confronté à la torture, à la famine, à la mort omniprésente que le régime de Pol Pot avaient érigées en système. Dans l'Elimination, Rithy Panh retrace avec objectivité et sincérité l'effroi d'un des plus grands génocides du XXème siècle. Pire que la Shoah ? Peut-être, car ce sont des enfants, des suppliciés, des êtres que l'on affame et torture pour rien, au nom d'une politique aveugle et barbare. L'un des livres les plus durs que je n'ai jamais lus, où la mort rôde dans les bras d'un enfant en permanence, mais dont la précision et l'objectivité sont au service de l'histoire pour rappeler que ce génocide est aussi le nôtre. Ames sensibles s'abstenir.
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L'élimination

C'est par curiosité pour ce sombre épisode de l'histoire cambodgienne, dont on n'a pas assez parlé, que je me suis décidée à lire L'élimination de Rithy Panh.



Dans ce livre remarquable, l'auteur met en parallèle son histoire, comment il a vécu le régime de Pol Pot, et les interviews qu'il a mené auprès de Duch, un des principaux responsables du génocide perpétré par les Khmers rouge.



Au delà des images horribles des victimes du régime qui défilent sous nos yeux, ce récit nous apporte également un éclaircissement important sur le processus qu'a mis en œuvre les dirigeants pour l'installer: élimination progressive des classes d'intellectuels, famine, installation de l'idéologie khmer, endoctrinement des futurs bourreaux, déshumanisation...



Tout ce contenu est d'autant plus percutant que M.Panh nous le livre avec un ton dépouillé de tout artifice, qui dit la vérité telle qu'elle a été. Il ne cherche à aucun moment à susciter la pitié et la colère. Il ne fait que témoigner et relater simplement ses entretiens avec Duch.



En résumé, ce livre constitue un témoignage bouleversant de ce qu'a été la terreur khmer rouge au Cambodge.

Pour ma part, il a également provoqué une certaine inquiétude: le processus suivi par les dirigeants khmers rouges pour installer leur régime n'est pas nouveau. Dans l'histoire, d'autres régimes de ce type, notamment le régime nazi, on suivit les mêmes étapes. Or, à chaque fois que cela se produit, peu importe la région du monde, les gouvernements se contentent de fermer les yeux, comme si l'histoire devait finalement ne rien nous apprendre. Et c'est cela qui est affolant.

Reste à espérer que de tels témoignages et l’œuvre de personnes telles que M.Rithy Panh, permettront de faire que tout cela n'arrive plus jamais.

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L'élimination

Rithy Panh est un cinéaste d'origine cambodgienne. 



En 1975, il avait 13 ans, quand les khmers rouges ont pris le pouvoir à Phnom Penh et que s'est installée la dictature de Pol Pot.



Le maître mot du nouveau régime : l'élimination.



Elimination des comportements individuels, élimination des anciennes élites, élimination des ressources, élimination des prénoms réduits à une seule syllabe, élimination des individus ...



Pendant les quatre années de ce régime, le petit Rithy va assister à la mort des membres de sa famille, de son père à ses petits neveux.



De camps de travail, des rizières aux hôpitaux où il triera les cadavres, il surmontera les blessures, les mauvais traitements, échappera aux tortures, mais pas aux souvenirs indélébiles.



Dans cet ouvrage, il se confronte à l'un de ses démons, "Duch, le maître des forges de l"enfer", responsable du centre S21, qu'il a mis en images, pour garder la mémoire, ne pas oublier et honorer les disparus.



Récit bouleversant, tout aussi fort que lés témoignages de la Shoah, d'une histoire tellement plus récente.



Récit d'un survivant, toujours assailli par des images, des sons, des cauchemars. 



Ouvrage indispensable pour connaître cette histoire récente de l'Asie du sud-est.



 
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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L'élimination

« Son nom de guerre est Douch. Nous étions tous impurs et nus l’avons payé. »

« La mémoire est un repère. Ce que je cherche, c’est la compréhension de la nature de ce crime et non le culte de la mémoire. »

Je tiens avant tout à préciser que ce que je vais formuler à propos de ce livre ne concerne en rien les propos, mais la forme, et les sensations qui ont été les miennes lorsque je l’ai lu. Les massacres perpétrés au Cambodge sont une abomination, comme l’ont été tous les génocides. Seulement, il y a certaines manière de les dire, qui ne génèrent en moi ni émotions, ni les révoltes légitimes.

Rithy Panh, cinéaste, mêle ici ses souvenirs, atroces, de cette période, et la confrontation qu’il a eue avec Douch, le grand ordonnateur de tout cela. C’est le point de vue du bourreau qui a davantage retenu mon attention, mais, avec le regret d’un grand désordre, d’un manque de clarté. Le livre se déroule d’un seul tenant : pas de chapitres, pas de parties, une sorte de magma dans lequel la mémoire du cinéaste se confond avec travail de recherche avec Douch. Cela m’a quelque peu gênée.

En ce qui concerne le contenu, je n’ai pas été surprise. Pour avoir lu Le portail, et Le silence du bourreau de François Bizot, et en avoir conservé un souvenir intact, et pour avoir lu Une odyssée cambodgienne de Haing Ngor et en avoir été profondément touchée, je n’ai malheureusement pas été conquise par L’élimination. L’ouvrage n’a pas les qualités littéraires de ceux de François Bizot, ni a force émotionnelle de celui de Haing Ngor. Je l’ai traversé sans passion sans pincement à l’estomac ; je l’ai lu détachée, en attendant vainement ce petit quelque chose qui allait me surprendre, me tenir.

La comparaison avec Si c’est un homme, et La nuit, me parait quelque peu disproportionnée. Ces deux ouvrages m’avaient marquée infiniment plus.

Ceci étant dit, je suis curieuse de découvrir les œuvres cinégraphiques de Rithy Panh








Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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L'élimination

Rithy Panh ne cherche pas la vérité, mais la parole, celle de Duch, le bourreau des camps M13, puis S21, cet ancien prof de mathématiques, cultivé, respecté, citant Balzac et Vigny, comme d'autres de ses amis également dirigeants ou responsables du pouvoir des Khmers rouges. Inlassablement, il le questionne en s'appuyant sur des photos ou archives. Pour exorciser ses cauchemars qui le poursuivent depuis ces 4 terribles années de génocide qui a fait disparaître une partie de sa famille et le tiers des habitants du Cambodge, au nom d'une idéologie. Il fallait gommer la culture, l'éducation, éliminer les médecins, devenir des objets de la révolution, de l'Angkar. Même dans les camps, les gardiens n'avaient droit ni aux loisirs, ni aux amis, ni au courrier,ni aux livres, ni aux femmes, ne restaient que le travail quotidien jusqu'à l'épuisement, la violence et la mort. Les Khmers rouges ont prospéré dans le lit de l'injustice faite aux peuples des campagnes sous le protectorat français, puis sous le gouvernement cambodgien après l'indépendance. Rithy Panh refuse l'idée qu'un bourreau en puissance se niche en chacun de nous, que le génocide soit culturel et lié à une doctrine du bouddhisme comme certains l'affirment, peut-être pour se décharger d'une responsabilité qui incombe à de multiples acteurs et gouvernements : américain, français, cambodgien, chinois, à l'idéologie marxiste... il regrette que ce génocide ait été longtemps nié par certains intellectuels étrangers.

Il ne réussira pas à ramener Duch vers son humanité, mais reste convaincu que l'homme n'est pas foncièrement mauvais et termine son témoignage par une note d'espoir et d'optimisme.
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L'élimination

Par l'auteur du premier documentaire de référence sur le camp de torture et d'exécution de khmers rouges, qui poursuit sa quête de vérité avec ce livre. S'y mêlent ses entretiens avec Duch, le chef du camp S21, où n'entrèrent que des ennemis du peuple, torturés et condamnés à l'exécution suite à leurs nécessaires aveux, et les souvenirs de l'auteur, adolescent en 1975, survivant d'une famille décimée.

On retrouve dans ce livre les champs communs aux livres de survivants : mettre des mots sur ce qui a disparu avec les victimes, assembler la vérité, faire mémoire, et ramener le pays à son histoire. Il est tout à fait incroyable de lire les slogans des khmers rouges, qui décrivent une idéologie théorique, sans être humain. Tout aussi incroyable que ni mémoire ni justice n'aie réellement fait leur œuvre.

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L'élimination

Rithy Panh a subi le Génocide Cambodgien à l'âge de 13 ans. Aujourd'hui, il est cinéaste et se donne comme mission de restituer le plus fidèlement possible ce que fut cet effroyable Génocide, commis par le Parti Communiste du « Kampuchéa Démocratique » (P.C.K.) des Khmers Rouges, dirigé par l'infâme Pol Pot, entre le 17 avril 1975 et le 6 janvier 1979. Cette entité à caractère Totalitaire était également nommée l'Angkar (l'Organisation). le siège permanent du Comité Central du Parti Communiste était intitulé : le Bureau 870.

Rithy Panh a notamment réalisé deux documentaires essentiels qui sont sortis en 2012 dans un coffret en double D.V.D. : « S21 : La machine de mort Khmère Rouge » qui retrace l'histoire de ce Génocide, et : « Duch, le Maître des Forges de l'Enfer » qui présente, entre autres, une interview unique d'un bourreau encore en vie, issu d'un régime Totalitaire.

Lors de ce Génocide qui a coûté la vie à au moins 1 700 000 victimes sur une population d'environ 7 000 000 de Cambodgiens (soit l'extermination d'environ 25 % de la population), Rithy Panh a perdu dans sa propre famille : ses soeurs, son grand frère, son beau-frère et ses parents !

La seule petite difficulté dans ce formidable ouvrage réside dans l'alternance permanente entre la propre expérience de Rithy Panh et l'interview du bourreau Duch. Cette présentation peut donc éventuellement déstabiliser quelque peu le lecteur, peu informé sur le sujet. En revanche, cela procure une grande densité analytique et Mémorielle à l'ouvrage.

Je suivrai donc, dans ce commentaire, la forme de présentation choisie par l'auteur.



Cet incroyable ouvrage retrace donc le témoignage de Rithy Panh quant à cet effroyable Génocide, mais également la retranscription de moments cruciaux lors de l'interview filmée qu'il a faite de Kaing Guek Eav (alias Douch ou Duch), dans sa prion, en attendant son Procès devant le Tribunal International (le C.E.T.C. : « Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens »). En effet, Duch fut le Responsable, entre autres, du Centre d'interrogatoire et de Torture S-21 (ou Tuol Sleng) situé dans l'ancien lycée de Ponhiear Yat, dans la Capitale Phnom Penh ; et du champ d'exécution Choeung Ek situé à 15 kilomètres de Phnom Penh ; ainsi que de plusieurs autres Centres de torture au Cambodge. J'écris « entre autres » parce qu'avant, entre 1971 et 1975, il fut également le Responsable du Centre de détention, de torture et d'exécution : M-13 (confer l'excellent ouvrage de François Bizot : « le Portail ») situé dans la jungle Cambodgienne. Et durant le régime des Khmers Rouges, Duch fut aussi le Haut-Responsable de la Police Politique, nommée Santebal.

Qui plus est, lors de ses tournages, Rithy Panh a également pu interviewer les bourreaux de S-21 qui torturaient les victimes, sous la Responsabilité de Duch. Et aussi incroyable et terrible que cela puisse paraître, depuis 1979, ces tortionnaires vivent en liberté au Cambodge parmi la population Cambodgienne qui a tant souffert !



Rithy Panh se souvient parfaitement bien de ce 17 avril 1975, lorsque les Khmers Rouges ont envahi Phnom Penh, pour en faire évacuer aussitôt toute la population, en prétextant un risque imminent de bombardement par les B-52 Américains. Ce prétexte était évidemment fallacieux et les Khmers Rouges promirent aux habitants qu'ils pourraient réintégrer la Capitale trois jours plus tard. C'était également une fausse promesse, puisque tragiquement, nombreux sont ceux qui ne revinrent jamais chez eux, ayant été massivement exterminés durant le Génocide (page 49) :

« Aujourd'hui, les historiens pensent que les révolutionnaires ont déversé vers les campagnes près de 40 % de la population totale du pays. En quelques jours. Il n'y avait aucun plan d'ensemble. Aucune organisation. Rien n'était prévu pour guider, nourrir, soigner, héberger ces millions de personnes. Peu à peu, nous avons vu sur les routes des malades, des vieux, de grands invalides, des brancards. Nous avons senti que l'évacuation tournait mal. La peur était palpable. »

Dans le régime Totalitaire Communiste des Khmers Rouges, les victimes étiquettées par le Parti comme des « ennemis de classe » étaient immédiatement déshumanisées et considérées en tant que : Non-êtres ; comme en témoigne la réponse d'un tortionnaire à Rithy Panh (page 12) :

« Les prisonniers ? C'est comme un bout de bois. »

Un autre tortionnaire lui explique que (pages 12 et 13)… :

« Les prisonniers n'ont aucun droit. Ils sont moitié homme, moitié cadavre. Ce ne sont pas des hommes. Ce ne sont pas des cadavres. Ce sont comme des animaux sans âme. On n'a pas peur de leur faire du mal. On n'a pas peur pour notre karma ».

À Duch aussi, je demande s'il cauchemarde, la nuit, d'avoir fait électrocuter, frapper avec des câbles électriques, planter des aiguilles sous les ongles, d'avoir fait manger des excréments, d'avoir consigné des aveux qui sont des mensonges, d'avoir fait égorger ces femmes et ces hommes, les yeux bandés au bord de la fosse, dans le grondement du groupe électrogène. Il réfléchit puis me répond, les yeux baissés : « Non. » Plus tard, je filme son rire. »

Duch est passé de la condition de professeur de mathématiques cultivé et respecté avant les années 1970, à l'état de « Révolutionnaire Communiste » sanguinaire et sans aucune morale humaine. En effet, désormais la seule « morale » qui comptait pour lui, était celle de l'application stricto sensu de…, l'Idéologie Communiste.

En interrogeant ces bourreaux, Rithy Panh cherche donc à comprendre comment des gens simples et ordinaires ont pu se transformer en tortionnaires sanguinaires ; et qui plus est, de répéter un nombre de fois incalculable ces mêmes horreurs d'interrogatoires, de tortures et d'exécutions sommaires d'une très grande sauvagerie.

C'est donc d'abord au Centre M-13, entre 1971 et 1975, que Duch mit en place et peaufina ses « techniques » d'interrogatoires et de tortures (page 23) :

« En 1973, au bureau M13, je recrute des enfants. Je les choisis selon leur classe : paysans de la classe moyenne ou pauvre. Je les mets au travail, je les amène ensuite à S21. Ces enfants sont forgés par le mouvement et par le travail. Je les contrains à garder et à interroger. Les plus jeunes s'occupent des lapins. Garder et interroger passe avant l'alphabétisation. Leur niveau culturel est faible, mais ils sont loyaux envers moi. J'ai confiance en eux ». »

Lors du tournage du documentaire : « S21 – La machine de mort khmère rouge », à la fin des années 1990, Rithy Panh fut confronté physiquement aux menaces des Khmers Rouges toujours en libertés, et qui surveillaient le tournage. Dans ce passionnant documentaire Rithy Panh montre la confrontation morale entre, l'un des rares rescapés de S-21, Vann Nath (confer son terrible témoignage : « Dans l'enfer de Tuol Sleng : L'inquisition khmère rouge en mots et en tableaux ») et des tortionnaires de S-21. Vann Nath n'a eu la vie sauve que parce qu'il était un très bon peintre et que Duch l'avait choisi pour peindre des portraits valorisant de Pol Pot, afin de mettre en place un « Culte de la personnalité » sur les modèles de : Staline, Mao et King Il-sung.

En effet, Duch avait écrit sur le dossier de Vann Nath la mention suivante : « Garder pour utiliser ».



Donc, lorsque Duch a été arrêté afin d'être jugé, Rithy Panh a demandé l'autorisation, aux juges Cambodgiens et Internationaux, d'interviewer et de filmer le chef des bourreaux, pour la postérité, comme lors du Procès des Nazis devant le Tribunal de Nuremberg. À la grande différence, qu'ici, Rithy Panh a pu interviewer Duch en tête-à-tête.

Dès le début du tournage du second documentaire : « Duch, le Maître des Forges de l'Enfer », Duch avoue sa responsabilité en tant que chef de S-21 et semble vouloir « confesser » tous ses crimes. Pourtant, en réalité, comme nous allons pouvoir le constater tout au long de ce commentaire, psychologiquement, ce n'est pas aussi simple pour lui de tout avouer (page 27) :

« Je ne reconnais pas tout ce qui est dit dans votre film, mais j'endosse toute la responsabilité en tant que directeur de S21. » Duch veut croire que la rédemption s'achète avec des mots. Il conteste la vérité historique ; puis il affirme endosser toute la responsabilité. Autrement dit : je nie ce que vous affirmez, mais je porterai le fardeau de votre vérité. »

La voix de Duch est douce et posée. Mais parfois, touché au vif par Rithy Panh, il s'emporte avant de se calmer à nouveau…

Rithy Panh tente alors d'élucider le principe hallucinant des interrogatoires destinés à extirper de faux aveux aux victimes (page 35) :

« Moi : Les dirigeants savent que les aveux sont faux ?

Duch : Je sais ! Je sais ! Cela m'inquiète ! Depuis M13, je veux comparer avec la vérité, mais comment faire ?

Moi : Donc tout le monde sait que les aveux sont faux ?

Duch : Oui, mais personne n'ose le dire ! Monsieur Rithy, j'aime le travail de la police, mais pour chercher la vérité ! Je n'aime pas le faire à la manière des Khmers rouges. »

Dans l'immensité des Archives abandonnées par Duch à S-21, on y trouve, entre autres : des photos des victimes et des dossiers détaillés des interrogatoires. Duch étant minutieux dans son « travail », il supervisait et annotait les dossiers de ses commentaires, à l'encre rouge (page 45) :

« Annotation à l'encre rouge dans le registre de S21, en face du nom de très jeunes enfants : « Réduis-les en poussière ». Signature : « Duch ». Duch reconnaît son écriture. Oui, c'est bien lui qui a écrit cela. Mais il précise : il l'a écrit à la demande de son adjoint, le camarade Hor, le chef de l'unité de sécurité – pour « secouer » le camarade Peng, qui semblait hésiter…

Sur une page de ces registres, il peut y avoir vingt ou trente noms. Pour chaque nom, une mention manuscrite de Duch : « détruire », « garder », « vous pouvez détruire », « photographie nécessaire », comme s'il connaissait chaque cas dans le détail. Minutie de la torture. Minutie du travail de torture. »

Rithy Panh et toute sa famille étaient considérés par les Khmers Rouges comme appartenant au : « nouveau peuple », également nommés : « Les 17 Avril ». En effet, comme pour des millions d'autres Cambodgiens, ces terminologies étaient censées classifier les « ennemis du peuple » ou « ennemis de classe », comprenant : des « bourgeois », des « intellectuels », des « propriétaires », mais aussi les citadins vivant dans les villes, les professeurs et instituteurs, les médecins, etc.. Selon la propre définition de Duch, ces ennemis s'appelaient aussi (page 58)… :

« capitalistes, féodaux, fonctionnaires, classes moyennes, intellectuels, professeurs, étudiants. »

Ces ennemis devaient être rééduqués dans les campagnes ou être exterminés. Mais finalement, comme dans tous les pays Totalitaires Communistes de la planète, c'était TOUTE la population qui était susceptible d'être visée par le régime, d'être persécutée de manière aveugle, soumise : aux maladies, à la famine de masse, aux tortures et exécutions sommaires et arbitraires.

Le reste de la population était nommé : « l'ancien peuple » ou « peuple de base ».

De toute façon, lorsqu'un État Totalitaire, ici l'Angkar des Khmers Rouges, est capable d'exterminer environ 2 000 000 de personnes, soit 25 % de sa propre population, l'ignoble critère de « classe » consistant à déterminer qui doit vivre ou mourir, se trouve donc largement dépassé.

Les Nazis du IIIe Reich utilisaient, eux, le tout aussi monstrueux critère de « race ».

Toute l'organisation sociétale a été détruite au Cambodge durant ces terribles années sous le régime de l' »Angkar » : le système monétaire fut supprimé et la régression sociétale fut totale. le troc et les échanges réapparurent jusqu'à ce qu'il n'y eut plus rien à échanger.

Pour les Communistes Khmers Rouges, il fallait donc déstructurer totalement la Société Civile, dissoudre même le principe de la famille et détruire les traditions politiques, intellectuelles, culturelles et religieuses.



Après une déportation aussi massive des populations des villes vers les campagnes, très rapidement des milliers de morts s'accumulèrent aux bords des routes : les malades, les personnes âgées, les femmes enceintes, les enfants en bas âge et les affamés !



Lorsque Rithy Panh interview Duch, il essaye toujours, par des questions subtiles, de le faire avouer (page 63) :

« L'aveu ne vient jamais de façon claire et directe. C'est un murmure, auquel il faut prêter une oreille extrêmement attentive. Je mets ces deux phrases sous forme logique : « À l'époque, tout le monde a cru que l'ennemi nous affamait, et que si nous l'arrêtions, nous n'aurions plus faim. Ce n'était pas vrai. Ce n'était pas vrai mais nous, les Khmers rouges, nous avons menti. Et nous avons cru à notre mensonge ». À son niveau de responsabilité – il est le chef de la police du régime, comme il le dit lui-même -, Duch ne pouvait pas ignorer ce mensonge. J'insiste sur ce « nous », car Duch dit désormais « ils » pour évoquer les Khmers rouges. « Ils ne pensent pas à la vie des gens. » Ils, ce n'est pas lui. le révolutionnaire, c'est l'autre. »

Rithy Panh et sa famille furent déportés en wagons à bestiaux, à Mong, dans le nord-ouest du Cambodge. Puis, ils subirent d'autres déportations par la suite.



Comme les gigantesques Famines de l'univers Totalitaire Communiste, notamment celles : de 1921-1922 en Russie (U.R.S.S.) sous Lénine, Trotski et Staline faisant 5 000 000 de morts ; sous Staline en Ukraine (Génocide de l'Holodomor) en 1932-1333 ajoutant encore 6 000 000 de victimes ; puis lors de la politique du « Grand Bond en avant » (confer notamment, le formidable travail, très récent, de reconstitution effectué par Yang Jisheng, au péril de sa vie, dans son ouvrage : « Stèles ») sous Mao Zedong entre 1958 et 1961, engendrant la mort de 36 000 000 de victimes, etc.. Pol Pot réutilisa, à nouveau, cette même arme de destruction massive qu'est…, la Famine !



Certains intellectuels pensent que la frontière entre le bourreau et la victime peut être extrêmement ténue, lorsqu'une Société Civile se retrouve sous le joug d'un régime Totalitaire de Terreur de masse (confer le formidable ouvrage de Christopher Browning : « Des hommes ordinaires : le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la Solution finale en Pologne »). le sujet est extrêmement complexe puisque l'on convoque ici : la conscience humaine. Dans ce contexte de Terreur, on se pose également souvent la question de savoir si un bourreau est un être humain comme un autre, un être humain « ordinaire », et qu'est-ce qui le fait basculer dans l'horreur de cette condition de tortionnaire ? Ce qu'analyse très bien Primo Lévi dans son extraordinaire ouvrage : « Les Naufragés et les Rescapés : Quarante ans après Auschwitz » sur la notion de « zone grise » ; et également Hannah Arendt avec sa notion de « banalité du mal », développée dans son prodigieux ouvrage concernant le Procès du Nazi Adolf Eichmann, dans : « Eichmann à Jérusalem ».

Mais Rithy Panh n'adhère pas complètement à ce type d'analyse, comme il l'explique en décortiquant l'exemple de Duch (page 79) :

« La question aujourd'hui n'est pas de savoir s'il est humain ou non. Il est humain à chaque instant : c'est pourquoi il peut être jugé et condamné. On ne doit s'autoriser à humaniser ni à déshumaniser personne. Mais nul ne peut se tenir à la place de Duch dans la communauté humaine. Nul ne peut endosser son parcours biographique, intellectuel et psychique. Nul ne peut croire qu'il était un rouage parmi d'autres dans la machine de mort. Je reviendrai sur le sentiment contemporain que nous sommes tous des bourreaux en puissance. Ce fatalisme empreint de complaisance travaille la littérature, le cinéma et certains intellectuels. Après tout, quoi de plus excitant qu'un grand criminel ? Non, une feuille de papier ne sépare pas chacun de nous d'un crime majeur. Pour ma part, je crois aux faits et je regarde le monde. Les victimes sont à leur place. Les bourreaux aussi. »

Je ne pense pas qu'il existe vraiment de réponses précises et uniques à ces terribles questions, car dans ce contexte de persécution, les êtres humains réagissent différemment : à l'oppression, aux ordres, aux menaces de mort, à la propagande Idéologique, etc..

Alors si l'on considère que ces interrogations peuvent être légitimes envers le « simple » bourreau exécutant, il me semble, en revanche, qu'elles le sont nettement moins dans le cas d'un Haut Responsable des bourreaux, puisque-là rentre en compte, dans d'importantes proportions, la notion d'adhésion à l'Idéologie, comme dans le cas de Duch qui a adhéré à l'Idéologie Totalitaire Communiste Marxiste-Léniniste de la Dictature du prolétariat. de plus, le fait que la responsabilité destructrice soit encore plus élevée dans le cas de Hauts Responsables Criminels, cela soulève de manière encore plus prégnante, la question de la responsabilité Morale.

Or, un bourreau peut être particulièrement perfide, car en reprenant le cas du Nazi Eichmann, ce dernier se targuait cyniquement de n'avoir jamais tué un être humain de ses propres mains (c'était en tout cas ce qu'il prétendait !), alors qu'il était l'un des principaux organisateurs et responsables de : « la Solution Finale de la question Juive » ! Il reconnaissait juste avoir : « aidé et encouragé » l'exécution des crimes dont on l'accusait !



P.S. : Vous pouvez consulter ce commentaire, dans son intégralité, sur mon blog :
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La paix avec les morts

Chemin de l’intime et recherche historique, les deux volets d’une même quête animent Rithy Panh dans sa recherche de la vérité. Une histoire qui le hante, l’habite au plus profond de lui même, le porte à entreprendre un retour vers l’horreur, l’arbitraire et la violence sans fin.

Rithy Panh est à la fois victime d’un régime idéologique et de ses conséquences désastreuses, témoin d’une époque gouvernée par la haine et acteur de sa propre reconstruction. Alors que la négation guette, il s’efforce de retranscrire par l’image et les mots, les douleurs d’un passé qui le hante. Car les morts ne sont jamais bien loin, ils le suivent, l’exhortent à raconter, à livrer au monde sa version des faits. En faisant parler les anciens bourreaux, les photographies, en invoquant les fantômes, Rithy Panh dénude son passé, le charge de symboles et d’une vérité pure. C’est dur, cru et terriblement violent. Impossible de refermer ce roman sans un sentiment d’abandon et de révolte. En sacrifiant une certaine culture de la pudeur au profit d’une exposition dure des faits, Rithy Panh forge un chemin de lumière et de liberté. A découvrir.
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L'élimination

Ici pas de fiction mais un vrai plongeon dans le réel et l'atrocité des massacres perpétrés par le Khmers rouges de 1975 à 1979.

Deux auteurs - le cinéaste Rithy Panh et l'écrivain Christophe Bataille - n'ont pas été de trop pour nous présenter un tableau ultra renseigné et complet du génocide cambodgien.

Ce travail de mémoire, même s'il est difficile à lire, nous permet d'approcher sans pourtant nous brûler, des exactions commises au nom du parti et du pouvoir en place de l'époque.

Nous touchons, par cet ouvrage, un domaine de la littérature qui n'a absolument plus rien à voir avec le plaisir et la distraction du lecteur. Avec ce livre, plus de dilettante mais de l'information, de la pédagogie et aussi beaucoup de philosophie !
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L'élimination

Un témoignage épouvantable sur le processus d'annihilation de l'être humain par l'être humain. Le Mal que l'on peut faire à son prochain est tapi au fond de nous. Il est aussi bien Européen que Cambodgien ou Africain. Et puis page 150, il y a les mots de Jacques Vergès sur le génocide perpétré par les Khmers Rouges : "Il y a certains qui disent que le génocide, c'est un crime qui a été voulu. Moi je dis que NON. Y a eu des morts, y a eu la famine, c'est involontaire. Il y a eu par contre une répression condamnable avec la torture, mais ça n'est pas sur des millions d'êtres humains. D'autre part, sur le nombre des morts, on n'a qu'à regarder les charniers qu'on a trouvés, etc., on ne trouve pas le nombre de morts qu'on dit.". Et la réponse cinglante de Monsieur PANH : "Pour ma part je persiste : il y a eu au Kampuchea démocratique un crime de masse et une famine. La privation est le moyen le plus simple, le plus efficace ; le moins coûteux ; et le moins explicite : ni arme, ni slogan ; ni riz, ni eau. J'ai vu des bœufs manger des restes humains, os et chair mêlés.Nous avions faim ; mais tout particulièrement ceux qui devaient disparaître." J'ai pleuré en lisant ce livre. Vraiment. Ignominie du Mal. Ignominie de ceux qui nient le Mal.
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L'élimination

Impossible de donner un avis sur un tel livre avec un système d'étoiles.

Impossible d'en parler comme d'un coup de coeur. Peut-on avoir un coup de coeur pour un récit sur la barbarie la plus terrifiante?

A sa lecture, j'ai plutôt reçu un coup de poignard.



Rithy Panh, dans ce livre, poursuit le travail de mémoire qu'il a entrepris comme cinéaste. Il laisse remonter les images de son passé et fait face à Duch, un des principaux responsables du génocide perpétré par les Khmers rouges.



"En 1975, j'avais treize ans et j'étais heureux. Mon père avait été le chef de cabinet de plusieurs ministres de l'Education successifs. Il était à la retraite, et sénateur. Ma mère prenait soin de ses neufs enfants. Mes parents, tous deux issus de familles paysannes, croyaient au savoir. Mieux: ils en avaient le goût. Nous vivions dans une maison, en banlieue proche de Phnom Penh: dans l'aisance, avec des livres, des journaux, une radio, et un jour, une télévision noire et blanc. Je l'ignorais alors, mais nous étions destinés à devenir, dès l'entrée des Khmers rouges dans la capitale, le 17 avril de cette année-là, des "nouveau peuple" - ce qui signifiait: des bourgeois, des intellectuels, des propriétaires. Donc des oppresseurs: à rééduquer dans les campagnes: ou à exterminer.

Du jour au lendemain, je deviens un "nouveau peuple", ou, expression plus affreuse encore, un "17 avril". Nous sommes des millions dans cette situation. Cette date devient mon matricule, ma date de naissance dans la révolution prolétarienne. Mon histoire d'enfant est abolie. Interdite. A compter de ce jour, moi, Rithy Panh, je n'ai plus d'histoire, plus de famille, plus d'émotions, plus de pensée, plus d'inconscient. Il y avait un nom? Il y avait un individu? Il n'y a plus rien."



C'est le début d'une terrible tragédie où il perdra toute sa famille et où un quart de la population du Cambodge disparaîtra, particulièrement ceux qui étaient instruits, les médecins, les intellectuels.



De sa voix douce et calme, Rithy Panh nous fait entendre la douleur et les horreurs mais aussi la fierté de son père et la douceur de sa mère, grâce à qui il réussira à survivre.

Son témoignage est ponctué de ses confrontations avec Duch qu'il interroge pour essayer de comprendre, sans haine.





Avant lui Primo Levy, Claude Lanzmann, et d'autres ont témoigné, dénoncé d'autres atrocités pour qu'on sache et que l'histoire ne se répète pas.

Rithy Panh écrit: "A 18 ans, je découvre Nuit et brouillard d'Alain Resnais. Je suis surpris. C'est pareil. C'est ailleurs. C'est avant nous. Mais c'est nous."

Mais alors, est ce que tout cela ne sert à rien? C'est à désespérer de l'Homme.


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L'élimination

Nous ne sommes pas dans le roman, nous ne sommes pas dans la fiction, hélas! Rithy Panh est dans l'introspection et cherche à pénétrer l'esprit de Duch, l'oxymore: le tortionnaire qui ne torturait pas . Mais rien n'est plus complexe que lorsque deux logiques s'affrontent, lorsque dialoguent la carpe et le lapin et que les mêmes faits, comme sous l'effet d'une boule à facettes, ouvrent des perspectives différentes où l'on ne distingue plus le mensonge, l'interprétation, la vision partielle et partiale.

Ni véritable récit, ni journal, ni même chronique d'une période, sans chapitres ni temps d'arrêt, Rithy Panh alterne les épisodes vécus en les reliant avec ses entretiens pour démasquer le bourreau. Peine perdue.

La lecture est facile, les faits sont horribles (non l'holocauste ne se limite pas à la Shoah), il reste que l'ensemble est un peu brouillon, que l'émotion n'est pas au rendez-vous, que l'auteur en voulant dénoncer nous invite surtout à la réflexion.
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L'élimination

Rithy Panh fait le récit de son adolescence à Phnom Penh au temps du règne des Khmers rouges.Il a longuement interrogé et filmé Duch, responsable du "centre de torture s21".

Et si on apprend comment a fonctionné ce système de destruction massive on ne peut en rien comprendre que des génocides puissent ainsi exister.
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L'élimination

Ce témoignage de Rithy Panh, plus de trente ans après le régime du Kampuchéa démocratique de 1975 à 1979, est bouleversant. Rithy avait treize ans lorsque cela a commencé. Il y a perdu presque toute sa famille, son identité, son humanité. Par ce récit, il ne veut "ni sacralisation, ni banalisation", il veut comprendre.

Son métier de cinéaste lui permet de mettre des images et surtout de les expliquer. Ce livre permet de mettre des mots sur cette horreur.

L'auteur alterne le récit de sa jeunesse et la confrontation avec le principal bourreau, Duch. Les deux témoignages sont violents. Le récit de la deshumanisation, du génocide est horrible mais le rire et la négation de Duch sont révoltants.

Duch affiche son attitude " Ne pas voir, ne pas regarder, ne pas entendre. Annoter les dossiers dans on bureau : telle est sa position officielle" . Et pourtant, dans le centre S21 que dirige Duch, on torture, on viole, on fait avouer et on extermine.

Dehors, les Khmers rouges anéantissent la classe intellectuelle, font les mariages, interdisent les lunettes, uniformisent les habits et changent les prénoms.

" Dans ce monde, je ne suis plus un individu. Je suis sans liberté, sans pensée, sans origine, sans patrimoine, sans droits : je n'ai plus de corps. Je n'ai qu'un devoir : me dissoudre dans l'organisation."

Rithy Panh fait un récit sans concession, dénonçant les avocats de la défense, le secrétaire de l'ONU, l'absence des autres pays. Son style est simple et efficace, il raconte sans rien omettre de l'horreur, et reconnaît les rares soutiens qui l'ont aidé à résister.

Ce document est un témoignage capital et bouleversant.
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L'élimination

Un témoignage édifiant sur le génocide des cambodgiens sous le régime des khmers rouges.... Un vrai choc.
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L'élimination

Destruction d'un peuple, destruction d'une famille, destruction d'un enfant, Rithy Panh, devenu, d'une certaine manière, un homme détruit, bousillé, déchiré à jamais.

Jamais rien ne pourra être réparé, ce qui a disparu a bel et bien disparu, et tout ceux qu'il aime ne reviendront pas.

Cette blessure sanglante, Rithy Panh tente à chaque nouvelle oeuvre - livre, film de fiction, documentaire - d'en stopper l'écoulement, comme il le peut, grâce à une démarche artistique.

Nous le remercions pour cela.

D'une certaine manière il nous donne de la force.

Et son travail est nécessaire, indispensable, capital: il nous interroge sans cesse sur le bien et le mal.

Ce livre est à mettre en parallèle avec celui de François Bizot: "Le silence du bourreau", car ces 2 auteurs-témoins (témoin dans une infinie moindre mesure pour F. Bizot) ont une interprétation très différente de la possibilité du mal chez tout être humain.

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