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4.05/5 (sur 568 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Brive-la-Gaillarde , le 25/01/1910
Mort(e) à : Limoges , le 27/06/1988
Biographie :

Robert Margerit est un journaliste et écrivain français.

En 1931, il finit ses études de notariat à Limoges, puis travaille comme rédacteur, chargé des rubriques cinématographique, artistique, théâtrale et littéraire au journal "Le Populaire".

En 1937, Robert Margerit épouse Suzanne Hugon, fille de l'historien et poète creusois Henri Hugon, et quitte Limoges pour Thias.

Avec Georges-Emmanuel Clancier et René Rougerie, il participe en 1945 à la fondation de la revue littéraire "Centres". À partir de 1948, il est rédacteur en chef du "Populaire du Centre", jusqu’en 1952.

Écrivain prolifique, il est auteur de nouvelles, critiques d'art, pièces de théâtre, émissions radiophoniques. En 1951 il obtient le prix Renaudot pour "Le Dieu nu".

Sa fresque romanesque en quatre volumes consacrée à la Révolution française, "La Révolution" (1963-1968), a reçu en 1963 le Grand prix du roman de l'Académie française.

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Bibliographie de Robert Margerit   (17)Voir plus

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Aujourd'hui ont été décernés le prix Goncourt et le prix Renaudot
Le prix Goncourt a été attribué à Julien GRACQ pour "Le rivage des syrtes" et le Renaudot à Robert MARGERIT pour "Le dieu nu".

Citations et extraits (120) Voir plus Ajouter une citation
L'amour n'a pas de frontières, il ne se limite pas ; au contraire, il multiplie les sources de notre enchantement. La suavité d'une chair qui nous grise, il la répand dans toutes les matières ; la perfection d'un corps, il la donne à toutes les formes ; la subtilité des couleurs qui nous ravissent lorsque nous les contemplons aux yeux, aux joues, aux lèvres, aux épaules d'une femme aimée, il l'étend à toutes les couleurs qui existent sous le soleil.
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Elle nous méprisait tous : telle était la source d'une partie de sa force ; le reste venait de ce qu'elle nous était supérieure. Dans son corps, dans ce visage rayonnant, résidait une puissance élémentaire semblable à celle du vent, des volcans, aux violences souterraines de la vie. Au milieu de nous, occupés à notre modeste cheminement d'horizon à horizon, elle venait parmi des lueurs d'orage assurer la domination sauvage, la froide et solennelle férocité de la nature.
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Dans la classe pauvre, la misère atteignait un degré que l'on n'avait jamais connu ni même imaginé aux pires moments de 89 et de 93. On voyait dans les rues, des femmes, des hommes tomber d'inanition. D'autres, à bout de souffrance, se jetaient dans la Seine ou se précipitaient d'une fenêtre sur le pavé. Des pères, des mères de famille, ne pouvant plus nourrir leurs enfants, les tuèrent et se coupèrent la gorge. Le va-et-vient des corbillards remplaçait celui des charrettes rouges. En quelques semaines, la faim avait fait plus de victimes que la guillotine en un an et demi.
Pendant ce temps, les profiteurs se gobergeaient chez Vénua, dans les restaurants du Palais-Royal ou chez les traiteurs des Champs-Élysées. Les riches mangeaient du pain blanc, des gâteaux. Madame Tallien, dans sa somptueuse chaumière du Cours-Égalité, les belles amies de Barras, la veuve du général Beauharnais, les actrices passées de Sainte-Pélagie ou de Port-Libre dans les bras des Thermidoriens, donnaient des fêtes aux députés de la droite, aux muscadins, aux émigrés rentrés.
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On vit à Saint-Denis, rebaptisé Franciade, violer les cercueils des anciens rois. On vit le corps d'Henri IV, dans un état de parfaite conservation, mis debout contre un pilier, avec sa barbe grise, la figure pâle et les dents serrées. Un soldat lui coupa la moustache. Une femme, d'un soufflet, fit rouler le cadavre sur le sol. On sortit du tombeau Louis XIV, le visage noir comme de l'encre, Louis XIII encore reconnaissable, saint Louis cousu dans un sac en cuir. On fouilla la pourriture liquide pour en tirer les ossements de Marie de Médicis, d'Anne d'Autriche, de Marie-Thérèse, de François Ier, de sa mère, de sa femme, et la pourriture sèche pour y trouver les restes des rois et reines des premières races. Tous, Capétiens, Valois, Bourbons, au milieu d'une puanteur effroyable furent jetés pêle-mêle dans des fosses. On vit la momie brune du grand Turenne exposée chez le gardien de la basilique, puis plus tard au Jardin des Plantes entre le squelette d'un éléphant et celui d'un rhinocéros. On vit à Reims, en grand spectacle, le vieux Rühl briser la sainte ampoule, qu'il fallait détruire, sans doute, mais en secret. On vit brûler sur la Grève, devant la Maison commune – on ne disait plus l'Hôtel de Ville –, les reliques de Geneviève et autres patrons parisiens. On vit saccager le trésor de Notre-Dame, mutiler sa façade en arrachant des niches les statues des rois, des saints. Les sans-culottes exaltés se taillaient des pantalons dans le velours des chasubles. Partout en France, on menait en processions grotesques des ânes, mitrés, habillés en évêques ou portant le saint sacrement sous la queue. On vit enfin, dans certains quartiers de Paris comme dans certaines grandes villes, en province, le culte de la Raison, dégénérant en saturnales, sombrer dans la pire débauche.
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L'échec de la Révolution dans l'État et dans les consciences apparaissait avec plus de désolante évidence au sein du Comité, dans ces oppositions causées par l'impuissance fondamentale des individus à s'accorder sur une vérité. Dans le pire du péril on avait sauvé la patrie, parce qu'il suffisait d'accomplir un farouche effort de volonté, de travail, d'autorité. Mais on n'avait pas sauvé la Révolution, on ne la sauverait point, parce que chacun en concevait selon sa vérité à lui l'aboutissement. Tous assez républicains, tous démocrates, les uns savaient, d'une certitude absolue, que la république devait être nécessairement vertueuse et déiste. D'autres, qu'elle devait être, absolument, rationnelle et fondée sur la dignité de l'homme, sur son unique responsabilité envers lui-même et autrui. D'autres, qu'elle ne s'établirait indubitablement pas sans l'élimination radicale de tous les Français portant en eux le moindre germe d'aristocratie. D'autres savaient non moins sûrement que seules l'indulgence, la patience, la longueur de temps viendraient à bout de l'aristocratisme et de la superstition, alors que l'abus de la guillotine les renforçait. Il n'était pas possible de faire une vérité avec des vérités si ennemies, et il semblait fatal que l'on continuât de s'entrecouper le cou, jusqu'au moment où, toutes les personnalités fortes ayant disparu, s'instaurerait un compromis de la médiocrité.
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On ne démontait plus la guillotine. Elle se dressait entre le Jardin national et l'énorme statue de la Liberté élevée par David au centre de la place pour la fête du 10 août. À sa vue, Vergniaud entonna l'Hymne des Marseillais, et les dix-neuf autres l'imitèrent. En descendant des charrettes, en montant un à un sur l'échafaud, ils ne cessèrent de chanter. Sillery, appelé le premier, s'avança au bord de la plate-forme et salua le peuple qui, interdit, fit silence. Scandé avec une régularité hallucinante par les coups sourds du couperet, le chœur s'affaiblissait peu à peu. Vingt-huit minutes. La voix grave et ample de Vergniaud s'éteignit. Bientôt on n'entendit plus que celle de Vigier. Elle se tut brusquement quand il bascula sur la planche engluée de sang. Trente-deux minutes.
Sous l'averse qui crevait, la foule se dispersa rapidement tandis que les tombereaux emportaient les restes des suppliciés au cimetière de la Madeleine.
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- Marion, ma mie, me laisseras-tu pas baiser les douces colombes dont je sens le bec à travers ton corsage ?
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La vie est comme ça : elle prend les gens et en fait ce qu'elle veut ; à vous de vous remuer, si vous pouvez, pour découvrir votre vrai personnage.
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Si c'est être libre que de n'obéir à aucun ordre humain, de ne tolérer des chefs qu'autant qu'ils se plient à la volonté commune - si le morceau servi à notre capitaine nous paraissait meilleur que le nôtre, nous avions le droit de le prendre dans son écuelle -, d'enlever ce qui vous fait envie, de violer ce qui se refuse à votre désir, de tuer lorsque la cruauté vous point comme une soif, de vous montrer clément lorsque votre bras est las de frapper, de ne risquer votre vie que pour satisfaire votre cupidité, votre égoïsme ou votre goût du danger : alors nous avions été absolument libres.
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La bigarrure des rues le stupéfiait : ces façades peinturlurées, les pavillons tricolores au-dessus des portes de toutes les maisons habitées, les banderoles surmontant les fenêtres, et ces inscriptions sur les murs : "Unité, indivisibilité, liberté, égalité, ou la mort", "La bienfaisance, la justice et l'humanité sont à l'ordre du jour", ou encore : "Les citoyens habitant cet immeuble ont fourni leur contingent de sel vengeur pour immoler les tyrans". Partout se répétaient les mêmes mots : fraternité, égalité, liberté. Il pensait à la scène dont il avait été témoin dans la nuit ; et, songeant aux deux cent mille détenus dans les maisons nationales, il médita sur une phrase de Voltaire : "On ne parle jamais tant de liberté dans un État que quand la liberté n'y existe plus."
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