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EAN : 9782369143444
260 pages
Libretto (02/02/2017)
4.12/5   86 notes
Résumé :
Au lendemain de la guerre, une jeune fille élevée dans le meilleur monde se laisse épouser par un hobereau de la Haute-Auvergne. Tournant le dos à une existence parisienne vouée à la mondanité, elle ira vivre avec lui dans la retraite anachronique d'un vieux manoir de famille, au cœur des Bois-Noirs, ce petit massif forestier perché entre la Loire et l'Allier, et que le temps semble avoir oublié.
Dans ce lieu d'un autre âge, elle découvre avec quelque stupeur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Jamais un roman de Robert Margerit ne m'a jusqu'à présent déçue, et "Le château des Bois Noirs" ne fait pas exception à cette règle. Choisi par impulsion (et intuition) sur les rayonnages de ma libraire, ce récit m'a transportée dans un huis-clos de plus en plus oppressant au coeur de la campagne auvergnate.

La Vergnière est la demeure familiale séculaire des Dupin. Sertie dans la forêt et la campagne d'un milieu montagnard à l'histoire et aux traditions ancestrales ; forêt et campagne aux charmes tour à tour enchanteurs ou inquiétants selon la saison et l'état d'esprit de ceux qui les subissent.

Nous sommes dans les années 50. Hélène, Parisienne trentenaire ayant toujours évolué dans un milieu aisé et futile, y débarque dans les bagages de son mari Gustave, maître de la Vergnière. En recherche d'authenticité et décidée à s'investir complètement dans son mariage de convenance, elle ne peut toutefois s'empêcher de rapidement craindre l'existence dans ce coin reculé, isolé du monde, et dans cette demeure où son mari - un parfait étranger finalement - se révèle apathique et égoïste. Aux côtés d'une belle-mère bienveillante, Hélène voit défiler les jours sans aucun but, sans aucune joie, dans un lent déclin, jusqu'à l'arrivée de Fabien, le fils puîné.

Robert Margerit est un formidable artisan des mots. Non seulement la structure de ses romans est impeccable (ce qui lui vaudra notamment en 1963 le Grand Prix du roman de l'Académie française pour son incomparable "Révolution") mais en plus il atteint une telle justesse dans l'analyse psychologique de ses personnages que l'on est immergé tout entier dans une atmosphère, un sentiment d'appartenance, avec un soupçon de voyeurisme, qui rend palpable la tension, le malaise épais qu'il installe page après page jusqu'à l'aboutissement du drame.

Comme son titre l'indique, "Le château des Bois Noirs" est un roman noir, d'autant plus noir qu'il se déroule sous le grand soleil d'un été auvergnat, dans le parc et entre les murs d'une maison bourgeoise prometteurs d'une vie privilégiée. le drame sentimental et passionnel qui se tisse entre les trois principaux protagonistes est échafaudé avec la redoutable efficacité et la complexité pleine de beauté naturelle d'une toile d'araignée, bijou délicat constellé de rosée qui se révèlera, comme on le sait, être un piège fatal.

Robert Margerit est né à Brive, en Corrèze, ville littéraire s'il en est ! Très attaché à la terre, au terroir, il met à l'honneur la province et se sert de ses atouts et de ses désagréments pour en faire le cadre idéal à un sombre thriller psychologique qui n'est pas sans rappeler "Rebecca" de Daphné du Maurier. A la poésie de la langue parfaitement maîtrisée s'ajoute la puissance évocatrice et quasi cinématographique des scènes jouées.


Challenge XXème siècle 2022
Challenge COEUR d'ARTICHAUT 2022
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Une jeune femme, Hélène, vient d'épouser un homme qu'elle connaît à peine, Gustave. Gustave a fait valoir qu'il possédait une grande et belle demeure ancienne, pour impressionner ainsi la famille d'Hélène et obtenir sa main. Ce qui a fonctionné à merveille, mais se révèle assez différent de la réalité. Hélène va peu à peu découvrir son mari, sa belle-mère, puis son beau-frère. Malgré l'amitié de ces deux derniers, elle ira de déconvenue en déconvenue.


Dès la première page, j'ai ressenti une désagréable impression de déjà-vu. Puis je me suis laissée peu à peu avoir par l'histoire d'Hélène. Ce qui n'a pas duré. À la moitié du roman, j'avais bel et bien retrouvé mon impression de déjà-vu, qui ne m'a plus lâchée. Je trouve à ce roman un côté vieillot, dépassé. le château des Bois Noirs a mal vieilli, si tant est qu'il ait été passionnant à lire en 1954. Ce dont je doute. Tout ce qui a attrait à la sexualité, au désir fruste de Gustave qui a d'abord attiré Hélène, puis la révulse, m'a semblé de plus en plus lourd. Je ne parle même pas de l'arrivée de Fabien, le frère de Gustave, et de son amitié avec Hélène : on voit tout venir à des kilomètres, aussi le pseudo-suspens s'étire-t-il en longueur. J'ai traîné sur ce roman qui m'a paru long, sans être complètement ennuyeux, mais quand même long, long et long.


J'ai comme le sentiment que si Libretto m'a envoyé ce livre dans le cadre d'un concours (on gagnait un livre, sans pouvoir choisir lequel), c'est parce qu'il ne se vend pas bien...
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« Cette pesante architecture qui évoquait bien davantage la prison que la gentilhommière [suscitait] dans le crépuscule, déjà en lui-même suffisamment sinistre, les pires idées de désolation et d'irrémédiable ensevelissement. » (p. 9) C'est ainsi qu'Hélène, jeune épouse, découvre la Vernière, le triste et lourd château de son mari, Gustave Dupin. L'hobereau auvergnat est taciturne, simple et fruste par nature, mais Hélène ne doute pas que sa tendresse le transformera en un compagnon agréable. Hélas, la lune de miel achevée, il ne reste que l'ennui d'une vie où rien n'a changé depuis des siècles. « Expliquez-moi, au moi. Il y a trop de choses que je dois admettre sans les comprendre, trop de mystères dans votre famille. » (p. 69) Dans ces terres de Haute-Auvergne cernées de forêts profondes et de montagnes escarpées, l'après-guerre ne pénètre pas. La maison est négligée, délabrée et quasi abandonnée, à l'exception de quelques pièces où se joue l'illusion de la vie. Bien que proche de sa belle-mère et s'efforçant de créer un foyer pour Gustave, l'ancienne Parisienne raffinée se heurte à un silence dans lequel toute la famille s'ankylose. « On ne parle plus, ici. La parole est usée. » (p. 51) Tout semble s'alléger quand Hélène rencontre son beau-frère, différent en tous points de son mari. Fabien est aussi exalté et vivant que Gustave est flegmatique et propre à l'inertie. Plus elle découvre le jeune homme et moins Hélène accepte de se résigner à sa vie maritale sans éclat. le drame se fait inévitable, inéluctable et se noue dans l'ombre terne de la Vernière.

J'ai lu ce roman alors que j'étais toute jeune adolescente. J'avais un très vague souvenir de son contenu – en gros, un mariage étouffant et des amours malheureuses –,mais j'en avais surtout gardé le sentiment d'une peur sourde. J'ai retrouvé les mêmes émotions avec cette relecture, plus de vingt ans après. le roman dépeint avec acuité ce regroupement de solitudes incapables de former une famille et de secouer la pesanteur de leurs âmes. La maison sombre et son atmosphère lourde m'ont happée comme lors de ma première lecture. Robert Margerit a produit un superbe roman à la fois gothique et de terroir. C'est un remarquable croisement de genre et un texte vers lequel je reviendrai, car il m'évoque une sorte de Jane Eyre plus désespéré et sans possibilité de rédemption.
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Un huis clos auvergnat
*
Les Bois Noirs, je connais bien puisque j'y habite de temps en temps pendant les vacances : mon mari vient de cet endroit si mystique et qui paraît par moment même féerique par exemple dans la vallée des Darots où les mousses et les fougères se fondent parmi les rochers du ruisseau...;bref, je pourrais en parler longtemps de ces Bois Noirs qui nous enchantent et nous ravissent à chaque randonnée.
Par le biais des RS, j'ai vu passer les éloges de ce roman.
Lu en 3 jours de mauvais temps et de grisaille, parfait pour cette ambiance si "gothique" qu'on retrouve tout le long.
*
Des personnages? le "couple maudit", la belle-mère si gentille et mélancolique, le beau-frère (maudit lui aussi), les domestiques et le Chateau.
Un Chateau, perdu au milieu des Bois noirs, à l'orée du village St Remy s/ Durolle (il est magnifique ce village perché, allez-y faire un tour quand vous viendrez faire du tourisme en Auvergne). le chateau est au centre de cette intrigue.
*
Vous ferez connaissance de Gustave, le maître, l'époux en mal de sensations fortes, timide, replié sur lui-même, solitaire et épris de silences lourds et constants. Ainsi que d'Hélène, la jeune épouse parisienne pleine de bonne volonté, de joie de vivre....qui s'installe dans ce domaine à l'allure noire et lugubre.
Hélène se rend bien compte que son mari s'isole, elle essaie de le "secouer" mais rien n'y fait.
Le beau-frère Fabien, au caractère joyeux mais lucide arrivera quelques temps à l'occuper grâce au jardinage.
Mais le temps passant, des faits inquiétants arrivent.
*
Un huis clos bien mené, une intrigue bien ficelée. Une fin triste. Bien sûr, on ne peut pas trouver une issue heureuse, ce n'est pas le sujet!
Un roman qui m'a fait découvrir un genre littéraire inconnu: le polar gothique. Je vais continuer sur cette lancée.
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Au sortir de la guerre, Hélène épouse Gustave. Lui a su la séduire avec ses plus beaux apparats, la laissant penser qu'une vie de mondanités l'attendait quelque part. Quant à elle, Gustave la voulait, voilà tout. Il la voulait à lui tout seul, entre les murs de son vieux manoir familial, telle un trophée. Ce n'est qu'au retour de leur voyage de noces qu'elle découvre, avec horreur, cette demeure où tout s'écroule. de son faste d'antan, il ne reste plus rien, sinon sa belle-mère et deux serviteurs. Les lieux sont presque à l'abandon, vidés de leur chaleur et ne semblent vouloir qu'une chose : ne faire qu'un avec la nature hostile qui l'entoure. Perdu au milieu des Bois Noirs, le château revêt des allures mystiques et gothiques et Hélène se prend à rêver que les fantômes du passé sont toujours là, à hanter ce lieux si particulier.

Car tout, ici, semble être resté figé dans l'avant-guerre, dans un monde suranné qui pourrait être charmant s'il ne revêtait pas quelques allures barbares. Ici, Gustave règne en maître. Et, petit à petit, Hélène découvre que sous l'effroyable mutisme de son mari se cache une personnalité borderline et égoïste. Un homme pour qui seul son plaisir immédiat semble compter, quoi qu'il en coûte à ses proches. Animé par deux passions dévorantes, Gustave ne semble s'éveiller seulement lorsqu'il s'agit de philatélie ou de l'éloignement de sa femme.

Heureusement, pour pallier à ce morne quotidien, Hélène peut compter sur l'amitié de Mme Dupin, sa belle-mère, ainsi que sur celle de son beau-frère, Fabien. Mais très vite, cette proximité avec lui s'embrase et laisse place à un amour bien impossible à contenir. Un jour, Fabien décide donc de quitter la demeure, laissant Hélène seule face à son désarroi et les bras maudits de son époux qui, au fil des jours, n'a eu de cesse de nourrir pour Hélène un amour destructeur, précipitant ainsi leur perte.

Publié en 1954, "Le château des Bois-Noirs" est un sublime huis-clos à l'atmosphère étouffante et gothique, dans lequel la nature est aussi belle qu'elle n'est dangereuse et au dénouement macabre et envoûtant.

Un coup de coeur !
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Un chemin aux profondes ornières, charpenté de branches noueuses et plafonné d'ombrages, se tordait en brusques élans, en retours et en chutes, entre ses hauts talus de terre jaune crevée de racines, ses effondrements de sable entraîné par l'eau qui avait blanchi et poli les cailloux sur lesquels bronchaient les chevaux. Le roc affleurait en coulées, elles bossuaient le sol, des racines les enserraient. Tout dans cette ombre humide et silencieuse, aux échos de cave, était convulsif et puissant : on y sentait un agrippement formidable ; il semblait à Hélène qu'elle se glissait dans une géante musculature, à travers les assises arc-boutées de la montagne.
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Et lui, quand ses regards se prenaient aux yeux d'Hélène, à sa bouche, il avait le vertige. C'étaient des instants d'un silence, d'un oubli de tout ce qui n'était pas eux seuls, d'une descente au plus profond de leur passion d'où ils ne remontaient, comme des plongeurs s'arrachant aux abîmes, que par un effort chaque fois plus exténué.
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Maintenant, au cœur du "château", cet incroyable monde désamarré, à la dérive des siècles, lui faisait l'effet d'un rêve du temps.
Elle sombrait dans cette antiquité ténébreuse, dans des âges de silence cernés par les clameurs qui battaient lugubrement les murs.
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-Ecoutez ! Fabien. Pardonnez-moi ce que je vais vous dire. Pourquoi êtes-vous brouillé avec Gustave ? (…)
Il jeta vers la fenêtre un regard distrait puis ramena ses regards sur sa jolie belle-soeur, si délicate, qui le considérait, interdite.
Son coeur s’emplit de pitié et de colère.
-Aimez-vous vivre ? demanda-t-il âprement.
-Bien sûr !
-Moi aussi. Et bien ! Gustave, c’est la Mort !
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Quand, épuisée d'insoutenables souvenirs, elle quittait la bibliothèque pour errer, pâle et sombre dans la sombre demeure enveloppée de pluie et harcelée par le vent plaintif, pour passer près de la chambre de Fabien, pour coller son visage aux vitres ruisselantes en cherchant dans les profondeurs du parc une ombre inoubliée, elle incarnait exactement ce qui l'avait tant effrayée à son premier contact avec la Vernière.
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Video de Robert Margerit (1) Voir plusAjouter une vidéo

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