AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Robert McLiam Wilson (286)


Il rédigea sa liste. Voici ce qu'elle contenait :
À mon trentième anniversaire,
j'ai vécu 360 mois
1560 semaines
10950 jours
262800 heures
15768000minutes
94608000 secondes
J'ai
uriné environ 74460 fois
ejaculé environ 10500 fois
dormi pendant environ 98550 heures ( 11ans et trois mois)
fumé environ 10750 cigarettes
mangé environ 32000 repas
bu environ 17520 litres de liquides ( dont 8000 environ contenant de l'alcool)
marché environ. 30440 km
bandé pendant environ 186150 minutes 3102,5 heures, 129, 27 jours
eu environ 5,4 mètres de cheveux
baisé environ 175 fois
gagné environ pas un seul sou, putain.
Commenter  J’apprécie          368
C'est le problème quand on ment. Si on ne vous croit pas , vous vous méprisez; et si on vous croit, vous méprisez l'autre.
Commenter  J’apprécie          585
Madame Lurgan rêvait à la soirée glaciale du mardi 2 novembre 1964 quand, âgée de vingt ans et vêtue d’une robe à pois outrageusement courte, elle avait parcouru cent soixante-dix mètres en pleurant et en agitant bras et jambes, sur le toit de la grosse voiture noire qui ramenait les Beatles du cinéma ABC sur Fisherwick Avenue jusqu’au moment où, par pur bonté d’âme, ils avaient fait arrêter ladite voiture et elle-même était tombée sur le macadam, lequel s’était révélé infiniment plus dur qu’on aurait pu le croire.
Commenter  J’apprécie          20
Nous avons fini vers quatre heures. À la suggestion de Ronnie, nous sommes allés boire deux trois pintes au Bolchévik. Je n’avais pas envie d’y aller, mais refuser aurait paru impoli. Je n’avais pas envie de ressembler à un diplômé de la fac, ni à un être humain, ni à rien de tel.
Le Bolchévik était un vieux bar du centre-ville, à la décoration et à la propreté douteuse. Il avait été ouvert au début des années vingt par le seul communiste d’Irlande. D’abord baptisé l’Octobre 17, il devint le Lénine parce que les clients demandaient sans arrêt ce qui s’était passé le 17 octobre. Le Lénine fut rebaptisé le Trotski, puis le Staline – qui jouit d’une brève popularité durant les dernières années de la Seconde Guerre mondiale –, puis le Khrouchtchev, le Gagarine, le Révolution, nom aussitôt abandonné au début des Troubles, et ensuite le Bolchévik. Le premier propriétaire était mort depuis belle lurette, mais ses descendants respectaient scrupuleusement les traditions de la nomenclature soviétique. Malheureusement les citoyens surnommaient aussi le Bolchévik la Chaude Bique et l’établissement était surtout fréquenté par des protestants réactionnaires de l’espèce la plus intransigeante. Il n’y avait pas de révolutionnaire et Rajinder ne se joignait jamais à nous. Au Bolchévik , Ronnie était toujours immensément heureux. Lui et les autres colons s’y sentaient chez eux, au cœur de leur destin.
J’ai échangé quelques platitudes éculées avec mes camarades de chantier. Ils m’ont encore reproché mon voyage imminent dans le Train de la Paix. Ils sont devenus sérieux. Ils se sont plaints. Ils ont évoqué leur peur de protestants, les conspirations qu’on ourdissait contre eux, Partout, les catholiques gagnaient du terrain, y compris juste en face d’eux s’ils avaient pu le deviner. La Commission du Juste Emploi mettait leurs ennemis sur le marché. Les cathos trouvaient assez d’argent pour acheter des biens dans les bons quartiers protestants où les maisons n’avaient pas de merde sur les murs. Le RUC n’avait même plus le droit de les descendre et lorsqu’un bon protestant foutait dehors l’un de ces infects salopards, et bien , comble du scandale, on le flanquait en prison comme s’il avait commis un crime. Les seins et la formation universitaire en moins, ces gars là me rappelait Aoirghe. Je n’ai rien dit.
Commenter  J’apprécie          00
Il existe des choses si belles qu'elles vous font oublier la vieillesse et la mort. Il existe des choses si belles que la vieillesse et la mort en deviennent de bonnes idées, sympathiques, généreuses.
Commenter  J’apprécie          00
C'est le problème quand on ment. Si on ne vous croit pas, vous vous méprisez ; et si on vous croit, vous méprisez l'autre.
Commenter  J’apprécie          30
Vingt minutes plus tard, Manfred était allongé dans son lit. Les couvertures venaient à peine de se réchauffer et maintenant la douleur était taraudante plutôt qu'insupportable. Il se sentait rompu, mais bien. Ses pensées étaient épaisses et lentes. Il savait que dehors la nuit squelettique égrenait ses vaines lueurs : violettes, vertes et autres exploits chimiques. Il ferma les yeux, reconnaissant de ces ténèbres privées.
Commenter  J’apprécie          20
Mon week end a débuté comme un menu dans un café miteux. Je n'avais envie de rien. Je n’appréciais plus les charmes de la vie de célibataire. Samedi matin je suis allé faire des courses, simplement pour que quelqu'un me parle, simplement pour voir une raison de remercier quelqu'un.
Commenter  J’apprécie          00
Faire des achats est la seule activité qui vous permet d'oublier que vous n'est pas en mesure de faire des achats.
Commenter  J’apprécie          10
Une chose avait frappé Chuckie : ce conflit politique, qui avait marqué toute sa vie adulte, se résumait à un mensonge. Il s’agissait en fait d’une guerre entre une armée qui disait qu’elle ne voulait pas se battre, et un groupe de révolutionnaires qui affirmaient qu’ils ne voulaient pas se battre non plus. Ça n’avait rien à voir avec l’impérialisme, l’autodétermination ni le socialisme révolutionnaire. Et puis ces armées ne s’entre-tuaient pas souvent. D’habitude, elles se contentaient de tuer les malheureux citoyens qui se trouvaient disponibles pour le massacre.
Commenter  J’apprécie          00
Puis j’ai ressenti de la fureur. Rien n’avait changé. Les mecs encagoulés avaient appelé ça une victoire, mais leur situation était exactement la même que vingt-cinq ans plus tôt. Trois personnes étaient mortes, plusieurs milliers d’autres avaient été battues, blessées ou amputées, et nous avions tous connu une trouille bleue pendant presque tout ce temps-là. À quoi cela avait-il servi ? Qu’avait-on ainsi accompli ?
Commenter  J’apprécie          00
Car les poseurs de bombes savaient que ce n’était pas de leur faute. C’était la faute de leurs ennemis, les oppresseurs qui refusaient de faire ce que les autres voulaient qu’ils fassent. Ils avaient demandé à ce qu’on les écoute. Ils n’avaient pas réussi. Ils avaient menacé d’utiliser la violence si on ne les écoutait pas. Quand cela non plus n’avait pas réussi, ils furent contraints, à leur grande répugnance, d’accomplir tous ces actes violents. De toute évidence, ce n’était pas de leur faute.
C’était la politique de la cour de récréation. Si Julie frappe Suzy, Suzy ne frappe pas Julie en retour. Suzy frappe Sally à la place….
Commenter  J’apprécie          00
… vous constatez qu’il existe bel et bien une division entre les gens qui vivent ici. Certains appellent ça la religion, d’autres la politique. Mais la division la plus fiable, la plus flagrante, est l’argent. L’argent constitue une division sur laquelle vous pouvez toujours parier votre argent.
Commenter  J’apprécie          00
De manière assez intéressante, les durs à cuire protestants/catholiques adoraient flanquer des raclées mémorables et routinières aux catholiques/protestants, même si ces catholiques/protestants ne croyaient pas en Dieu et avaient solennellement renoncé à leur ancienne foi. Il n’était pas sans intérêt de se demander ce que le bigot d’une confession donnée pouvait reprocher à un athée né dans une autre confession. Voilà ce qui me plaisait dans la haine version Belfast. Il s’agissait d’une haine pataude, capable de survivre confortablement en se nourrissant des souvenirs de choses qui n’ont jamais existé. Il y avait là-dedans une sorte de vigueur admirable.
Commenter  J’apprécie          00
La tragédie était que les protestants (écossais) d’Irlande du Nord se prenaient pour des Britanniques. Les catholiques (irlandais) d’Irlande du Nord se prenaient pour des citoyens de l’Eire (de vrais Irlandais). Et le plus comique, c’était que toute différence autrefois marquée avait disparu depuis longtemps et qu’aujourd’hui les membres des deux tribus rivales se ressemblaient comme deux gouttes d’eau. Le monde extérieur le remarquait et s’étonnait, mais les habitants de la région restaient aveugles.
Commenter  J’apprécie          00
Toute cette douleur me surprenait en permanence. Comment pouvait-elle commettre l’erreur de ne pas m’aimer comme je l’aimais ?
Depuis son départ, mon amour se mesurait à l’aune de son objet absent. Depuis lors, je passais mes soirées solitaires dans un fauteuil, à fumer en me demandant quelle impression ça pouvait faire d’être elle.
Commenter  J’apprécie          00
Quand je me souvenais de Sarah, j’avais l’impression de lire un livre recommandé par autrui. On aurait voulu que ce soit tellement mieux que ça.
Commenter  J’apprécie          00
Les distractions de Chuckie constituaient une forme d’évolution inversée. Il consacrait alors tout son temps et son argent à se rendre moins intelligent, moins évolué. Et, apparemment, d’énormes quantités de temps et d’argent étaient indispensables pour finir dans la peau d’un reptile protozoaire vautré sur le sol de la cuisine de Slat.
Commenter  J’apprécie          00
Ce n’étaient pas les bombes qui faisaient peur. C’étaient les victimes des bombes. La mort en public était une forme de décès très spéciale. Les bombes mutilaient et s’emparaient de leurs morts. L’explosion arrachait les chaussures des gens comme un parent plein d’attention, elle ouvrait lascivement la chemise des hommes ; le souffle luxurieux de la bombe remontait la jupe des femmes pour dénuder leurs cuisses ensanglantées. Les victimes de la bombe étaient éparpillées dans la rue comme des fruits avariés. Enfin, les gens tués par la bombe étaient indéniablement morts, putain. Ils étaient très très morts.
Commenter  J’apprécie          00
Et ça a suffi. La rue misérable, les maisons miteuses, le ciel pâle et bas, cet homme au visage trempé de larmes qui me disait au revoir. Tout ça ressemblait trop à ce que je ressentais et j’ai décidé que je voulais rentrer chez moi.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Robert McLiam Wilson (1682)Voir plus

Quiz Voir plus

Eureka Street

Où se passe l'histoire de ce livre ?

Aux Etats-Unis
En Ecosse
En Irlande
Au Canada

11 questions
59 lecteurs ont répondu
Thème : Eureka Street de Robert McLiam WilsonCréer un quiz sur cet auteur

{* *}