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Citations de Robert McLiam Wilson (287)


Robert McLiam Wilson
Elle était facile à aimer. Le désir de Manfred était illimité. Les vêtements d'Emma, lâches ou serrés, incitaient son mari à les toucher. Ses fesses s'épanouissaient sous les mains de Manfred. Ils observait les formes, les ondulations des muscles sous la peau de son ventre, depuis les côtes jusqu'aux hanches. Ses seins étaient comme du pain. Parfois, la nuit, elle restait allongée sur le tapis devant le feu, le dos tourné vers lui, sa colonne vertébrale nue s'incurvant comme une douce parabole. Dans la pénombre, elle avait la couleur du sable ou de certaines feuilles mortes.
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A treize ans, toujours aussi agité, il interrogea sa mère. Celle-ci fut rapide et catégorique. "Connais ce que tu désires, mon enfant. Envisage-le clairement. Ensuite... attends et vois. Le désir est dangereux - il engendre la douleur. Mieux vaut attendre et voir." Manfred attendit.
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Chuckie m'a même révélé que son cousin était tellement jaloux qu'il poudrait les seins de sa promise à la recherche d'empreintes digitales.
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J’ai vidé mon verre d’un trait.
« Alors, Max, dis-je, de quelle partie des États-Unis venez-vous ?
– Ne changez pas de sujet ! beugla Aoirghe. Comment pouvez-vous laisser un flic vous battre comme plâtre et ne pas vous mettre en colère ?
– Eh bien, ça n’était pas vraiment politique.
– Quoi ? » hurla-t-elle – au moins j’amenais de l’eau à son moulin. « C’est toujours politique. »
J’ai encore bu un demi-verre de vin. Je serais bientôt chez moi et tout irait bien.
« Je le méritais. »
Maintenant elle était furieuse. Je crois qu’elle a pris feu ou quelque chose comme ça.
« Je le méritais, a-t-elle répété. Oh, pauvre connard. C’est ça, pour vous, être irlandais ? Ce genre d’ignominie se poursuivra éternellement jusqu’à ce que tout la pays soit réuni et que nous formions une seule Irlande. »
À moitié levée de sa chaise, elle me dévisageait comme si elle s’attendait à ce qu’un orchestre accompagne sa tirade dramatique. Les autres convives nous regardaient maintenant sans se gêner et même les serveurs semblaient inquiets. De telles envolées n’étaient jamais bien vues dans les lieux publics de Belfast, même chic, même bourgeois. Les gens devenaient nerveux. Les gens s’agaçaient.
J’ai pris la parole.
« Écoute-moi, Casse-Couillarghe, ou quel que soit ton nom, pourquoi ne pas nous lâcher les baskets et nous laisser finir de dîner en paix ? »
Elle a reniflé d’un air méprisant. Compte tenu des circonstances, sa moue était étonnamment excitante.
« Vous ne désirez donc pas l’unité de votre pays ?
– Quel pays ?
– Vous ne vous considérez pas irlandais ?
– Chérie, je ne me considère absolument pas. Voilà jusqu’où va mon humilité. »
Enfin, elle a eu l’air écœuré.
« Ne m’appelez pas « chérie », espèce de goujat. »
Ensuite, ç’a été la débandade générale, la soirée est vraiment partie en eau de boudin.
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Je me sentais aigri. Je bossais dans la récupération des marchandises impayées. Qu’aurais-je pu me sentir d’autre ? La récup me calmait pendant la matinée et, nous autres, on bossait toujours la matin. C’est là qu’on faisait notre meilleur score. Le matin, les gens étaient déboussolés, à moitié habillés, malléables, peu enclins à castagner. Un pantalon est apparemment nécessaire pour exhiber ses talents pugilistiques. Nous ne travaillions jamais après la tombée de la nuit : difficile, dans l’obscurité, de jauger la corpulence d’un type ou la quantité d’alcool qu’il a bu ; il était aussi plus difficile de trouver des femmes seules après la tombée de la nuit et les gens nous prenaient sans cesse pour des membres de l’IRA.
Eh oui, les gens nous prenaient sans cesse pour un commando de l’IRA. Il était facile, j’imagine, de confondre un trio de salopards machos avec un autre. Mes collègues étaient des êtres humains très frustes, vraiment. Crab était gros, gras et laid. Hally était gros, gras, laid et vicieux. J’essayais de ne pas haïr les gens. Haïr les gens était trop fatigant. Mais parfois, juste parfois, c’était difficile.
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J’ai erré dans les pièces de mon appartement désert. J’aimais bien cet appartement. Mais parfois, quand je m’y retrouvai seul, j’avais le sentiment d’être le dernier homme sur Terre et mes deux chambres devenaient un luxe humiliant. Depuis le départ de Sarah, je n’avais guère brillé. La vie avait été lente et longue. Elle était partie depuis six mois. Elle en avait eu assez de vivre à Belfast. Elle était anglaise. Elle en avait soupé. Il y avait eu beaucoup de morts à cette époque et elle a décidé qu’elle en avait marre. Elle désirait retourner vers un lieu où la politique signifiait discussions fiscales, débats sur la santé, taxes foncières, mais pas les bombes, les blessés, les assassinats ni la peur.
Elle était donc rentrée à Londres. Chuckie m’avait réconforté en me faisant remarquer que les Anglaises constituaient une perte de temps. Elle n’a pas écrit. Elle n’a pas appelé. Elle n’a même pas faxé. Elle avait eu raison de partir, mais j’attendais toujours son retour. J’avais attendu d’autres choses dans ma vie. L’attente n’avait rien de nouveau pour moi. Mais aucune attente ne m’avait jamais fait cet effet. Il me semblait que j’allais devoir attendre plus longtemps que jamais. L’aiguille de l’horloge filait bon train, mais je n’avais pas encore quitté les starting-blocks. Les gens se trompaient complètement sur le temps. Le temps n’est pas de l’argent. Le temps, c’est de la vitesse.
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Qui donc a écrit que toute expérience - et surtout la souffrance - est d'une valeur incalculable? Quelqu'un a bien dit ça. D'ailleurs, je crois que c'est moi
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Quand j'ai ouvert la porte d'entrée, le chat est sorti ventre à terre. Dans ma nouvelle humeur magnanime , je me suis penché pour le caresser, pour réaffirmer notre lien, pour passer un bon moment. Mais il m'a filé entre les jambes et a plongé dans le jardin pour pisser. Saloperie de chat. J'ai regretté qu'une nouvelle paire de couilles ne lui soit pas poussée au cul pour que je puisse les lui recouper.
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"oui, ai-je répondu à voix basse. J'ai un vrai problème avec la politique. J'ai étudié ce truc-là. La politique, c'est comme les antibiotiques : un agent susceptible de tuer ou de blesser des organismes vivants. J'ai un gros problème avec ça."
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Toute cette douleur me surprenait en permanence. Comment pouvait-elle commettre l'erreur de ne pas m'aimer comme je l'aimais ?
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Certaines personnes sont jolies quand elles pleurent. Mais la plupart des gens ressemblent tout bonnement à des escargots visqueux. Aoirghe faisait partie de ceux à qui les larmes ne réussissent pas. Elle avait le nez qui coulait, les yeux rouges et le visage plissé comme une vieille pomme.
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Lors d'une halte de deux jours à Reno, elle demanda à un vieil homme où elle se trouvait sur une carte qu'elle venait d'acheter. Le vieux regarda longtemps cette carte, puis il répondit à Max avec un sourire triste :
"Oh chérie, tu n'es même pas sur cette carte".
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Mamie faisait son âge, mais Matt ne l'avait jamais vue ainsi. Il lui vouait un culte hilarant. Après quarante ans de vie commune, il débordait encore de lubricité pour elle. Matt ne réussissait jamais à se convaincre que sa femme avait plus de soixante ans. Il voyait toujours la jeune femme de vingt-deux qu'il avait épousée. Il me faisait penser à Pierre Bonnard. L'artiste français peignit sa femme pendant cinquante ans, debout dans sa baignoire, allongée sur un tapis. A soixante-dix ans, il la peignait toujours comme si elle en avait dix-neuf. J'avais toujours eu un faible pour les vieillards sentimentaux. C'était d'ailleurs une de mes ambitions. Un jour, pensais-je, je finirais sans doute en vieillard sentimental.
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J'ai allumé une autre cigarette et grommelé. Je prenais mon petit déj au Rab's Rotten Café - le Café Pourri de Rab, je jure qu'il s'appelait ainsi -, un rade de Sandy Row ouvert de bonne heure. C'était l'un des endroits qui avaient fait de Chuckie ce qu'il était, si bien qu'il s'agissait peut-être d'une mauvaise idée.
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La pluie s'était muée en ces hachures grises typiques des enterrements irlandais. Chuckie, ni sucre ni sel, savait qu'il ne fondrait pas, mais il ressentait vivement l'humiliation de la marche vers l'arrêt de bus, surtout lorsque la Mercedes de John Long le dépassa. Les deux brefs coups de klaxon comportaient une allusion sarcastique qui le blessa.
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Cette gloire soudaine perturba Chuckie. Elle ébranla cet amour de la célébrité qui ne l'avait pourtant jamais quitté. Si quelqu'un d'aussi peu évolué que Chuckie lui-même pouvait accéder à la gloire, même brièvement, alors la notoriété ne valait pas le coup. Et cette constatation confortait curieusement son expérience de l'Amérique. Le moteur de cette nation marchait à la célébrité. Telle était la véritable devise spirituelle des Etats-Unis. En Amérique, les acteurs et les actrices étaient des dieux, la population buvait la moindre de leurs paroles. Les émissions de variétés contenaient les discours de ces êtres supérieurs qui proféraient ainsi leurs diagnostics pour le peuple.
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- Une opinion qui demeure inchangée devient bientôt un préjugé.
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- J'ai toujours su qu'elle finirait avec quelqu'un comme vous, informa-t-elle Chuckie.
- Quelqu'un comme moi ?
- Oui.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Eh bien, vous savez, un péquenaud.
- Merci.
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Il existe des choses si belles qu'elles vous font oublier la vieillesse et la mort. Il existe des choses si belles que la vieillesse et la mort en deviennent de bonnes idées, sympathiques, généreuses.
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- Il faut absolument qu'il y ait de la vie sur d'autres planètes, disait Deasely. Supposer que parmi les innombrables milliards d'étoiles et donc les encore plus innombrables milliards de planètes, supposer que la nôtre est la seule à produire les conditions adéquates pour la vie, relève d'une arrogance monumentale. Mathématiquement, il y a forcément quelque chose dans tout ce vaste espace ténébreux.
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