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Citations de Roger Zelazny (471)


Un radeau de rayons de lune... la lumière fantomatique des torches, comme des incendies dans un film en noir et blanc... les étoiles... quelques fines écharpes de brume.
Penché sur la ballustrade, je contemplais le monde... Le silence absolu pesait sur la nuit, la ville baignée de rêve, l'univers tout entier vu de ce point. Des choses lointaines... la mer, Ambre, Arden, Carnath, le phare de Cabra, le Bosquet de la Licorne, ma tombe en Kolvir... Le silence, loin au-dessous, mais clair, distinct... La vue de l'œil d'un dieu, aurais-je dit, ou celle d'une âme détachée et planant très haut... En plein milieu de la nuit...
J'étais venu au royaume où les fantômes jouent à faire les fantômes, où les présages, les menaces, les signes et les désirs animaux hantent les avenues et les hautes murailles du palais de Ambre dans le ciel : Tir-na Nog'th...
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Il me fallut une demi-journée pour les retrouver, eux ou une ombre si proche d'eux qu'il n'y avait aucune différence. Oui, ceux-là mêmes que j'avais déjà exploités jadis. C'étaient des gars petits, très poilus, très bruns, avec de longues incisives et des griffes rétractiles. Mais la conformation de leur main leur permettait d'appuyer sur une détente et ils me vouaient un véritable culte. Ils m'accueillirent avec des explosions de joie. Peu leur importait que, cinq ans plus tôt, j'eusse envoyé la crème de leur population masculine se faire massacrer dans un pays étrange. On ne critique pas un dieu. On l'aime, on l'honore, on lui obéit. Ils furent très déçus d'apprendre qu'il ne me fallait que quelques centaines d'entre eux, et je dus refuser des milliers de volontaires. Cette fois, la moralité de la chose ne me posa aucun problème de conscience. Sans doute pouvait-on arguer qu'en enrôlant ce groupe je m'assurais que les autres n'étaient pas morts en vain. Évidemment, ce n'était pas comme ça que je voyais les choses, mais j'aime à manier le sophisme à mes heures. Sans doute pourrais-je tout aussi bien les considérer comme des mercenaires à qui je verserais une solde spirituelle. Y a-t-il une grande différence entre celui qui se bat pour de l'argent et celui qui se bat pour une croyance ? J'étais en mesure de fournir l'un et l'autre quand j'avais besoin de troupes.
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Il me fallut une demi-journée pour les retrouver, eux ou une ombre si proche d'eux qu'il n'y avait aucune différence. Oui, ceux-là mêmes que j'avais déjà exploités jadis. C'étaient des gars petits, très poilus, très bruns, avec de longues incisives et des griffes rétractiles. Mais la conformation de leur main leur permettait d'appuyer sur une détente et ils me vouaient un véritable culte. Ils m'accueillirent avec des explosions de joie. Peu leur importait que, cinq ans plus tôt, j'eusse envoyé la crème de leur population masculine se faire massacrer dans un pays étrange. On ne critique pas un dieu. On l'aime, on l'honore, on lui obéit. Ils furent très déçus d'apprendre qu'il ne me fallait que quelques centaines d'entre eux, et je dus refuser des milliers de volontaires. Cette fois, la moralité de la chose ne me posa aucun problème de conscience. Sans doute pouvait-on arguer qu'en enrôlant ce groupe je m'assurais que les autres n'étaient pas morts en vain. Évidemment, ce n'était pas comme ça que je voyais les choses, mais j'aime à manier le sophisme à mes heures. Sans doute pourrais-je tout aussi bien les considérer comme des mercenaires à qui je verserais une solde spirituelle. Y a-t-il une grande différence entre celui qui se bat pour de l'argent et celui qui se bat pour une croyance ? J'étais en mesure de fournir l'un et l'autre quand j'avais besoin de troupes.
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J'avais besoin de repos. Quelques heures de sommeil me suffiraient pour le moment, mais je refusais de dormir sous le toit de Benedict. Je refusais d'être une proie aussi facile, et si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'était que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour.
Par ailleurs, je n'avais rien contre son alcool et j'avais bien besoin d'une lampée de quelque chose de fort. Le manoir était plongé dans l'obscurité; j'entrai en catimini et trouvai la réserve à liqueurs.
Je me versai un verre à réveiller un mort, l'avalai d'un trait, m'en versai un deuxième que j'apportai devant la fenêtre.
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J'avais besoin de repos. Quelques heures de sommeil me suffiraient pour le moment, mais je refusais de dormir sous le toit de Benedict. Je refusais d'être une proie aussi facile, et si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'était que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour.
Par ailleurs, je n'avais rien contre son alcool et j'avais bien besoin d'une lampée de quelque chose de fort. Le manoir était plongé dans l'obscurité; j'entrai en catimini et trouvai la réserve à liqueurs.
Je me versai un verre à réveiller un mort, l'avalai d'un trait, m'en versai un deuxième que j'apportai devant la fenêtre.
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Ça commençait à se dissiper, mais après ce qui me parut être une éternité.
J'essayai de remuer les orteils. J'y réussis. J'étais sur un lit d'hôpital, les jambes dans le plâtre. C'étaient bien mes jambes.
Je fermai les yeux avec force et je les rouvris. Trois fois.
La chambre reprit son aplomb.
Où diable étais-je ?
Les brumes se déchirèrent lentement et la mémoire me revint. Je me souvins de nuits, d'infirmières et d'aiguilles. Chaque fois que je commençais à reprendre mes esprits, quelqu'un entrait et me piquait avec quelque chose. C'était exactement ce qui s'était passé. Exactement ça. Mais maintenant j'étais à peu près conscient. Ils allaient bien être obligés d'arrêter leur petit jeu.
Non ?
Une pensée jaillit : [i]Peut-être pas[/i].
Un léger scepticisme, bien naturel, quant à la pureté des motivations humaines vint assombrir le cours de mes pensées. Je pris brusquement conscience qu'on avait dû m'administrer une bonne dose de narcotiques. Sans aucune raison, eu égard à mon état de santé. Aucune raison non plus pour qu'ils arrêtent si on les avaient payés pour. Alors fais gaffe et joue les drogués, me conseilla une petite voix intérieure qui, malgré sa sagesse, n'était pas ce qu'il y avait de meilleur en moi.
Dix minutes plus tard, une infirmière passa la tête par l'entrebâillement de la porte. J'étais évidemment en train de ronfler avec application. Elle s'en alla.
Pendant ce temps, j'avais commencé à reconstituer ce qui était arrivé.
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Ça commençait à se dissiper, mais après ce qui me parut être une éternité.
J'essayai de remuer les orteils. J'y réussis. J'étais sur un lit d'hôpital, les jambes dans le plâtre. C'étaient bien mes jambes.
Je fermai les yeux avec force et je les rouvris. Trois fois.
La chambre reprit son aplomb.
Où diable étais-je ?
Les brumes se déchirèrent lentement et la mémoire me revint. Je me souvins de nuits, d'infirmières et d'aiguilles. Chaque fois que je commençais à reprendre mes esprits, quelqu'un entrait et me piquait avec quelque chose. C'était exactement ce qui s'était passé. Exactement ça. Mais maintenant j'étais à peu près conscient. Ils allaient bien être obligés d'arrêter leur petit jeu.
Non ?
Une pensée jaillit : [i]Peut-être pas[/i].
Un léger scepticisme, bien naturel, quant à la pureté des motivations humaines vint assombrir le cours de mes pensées. Je pris brusquement conscience qu'on avait dû m'administrer une bonne dose de narcotiques. Sans aucune raison, eu égard à mon état de santé. Aucune raison non plus pour qu'ils arrêtent si on les avaient payés pour. Alors fais gaffe et joue les drogués, me conseilla une petite voix intérieure qui, malgré sa sagesse, n'était pas ce qu'il y avait de meilleur en moi.
Dix minutes plus tard, une infirmière passa la tête par l'entrebâillement de la porte. J'étais évidemment en train de ronfler avec application. Elle s'en alla.
Pendant ce temps, j'avais commencé à reconstituer ce qui était arrivé.
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"Quel est le plus beau spectacle auquel vous ayez assisté ?
- La submersion de l'Atlantide.
- Je parlais sérieusement.
- Moi aussi.
- Il va falloir que vous m'expliquiez ça !
- J'ai personnellement englouti l'Atlantide, déclara-t-il. Il y a trois ans. Et bon Dieu c'était superbe ! La ville n'était que tours d'ivoire, minarets d'or et balcons d'argent. Des ponts d'opale décorés de banderoles pourpres y enjambaient un fleuve laiteux bordé de rives couleur citron. Des clochers de jade et des arbres vieux comme le monde chatouillant la panse des nuages. Des navires aussi délicatement construits que des instruments de musique et bercés par le flux et le reflux mouillant dans le port maritime de Xanadu. Et les douze princes du royaume tenaient leur cour au centre des douze piliers du Coliseum du Zodiaque, écoutant un Grec jouer du saxo ténor sous les flammes du crépuscule.
"le Grec en question, bien entendu, était un de mes patients : un paranoïaque."
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J'arracherai ces étoiles au ciel et je les jetterai à la face des dieux, si c'est nécessaire.
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Etre dieu est une des plus anciennes professions du monde.
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