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Citations de Romain Gary (5396)


Je passai la journée à écouter la mer, tel un naufragé, sauf que je n'avais pas d'épave à laquelle m'accrocher. Je restais là, à soliloquer et à jeter des cailloux aux flots. Les heures se succédaient au ralenti. L'horizon était peuplé de mes morts. Je pensais à ceux que nous avions laissés sur la terre de leur martyre, aux gueules cassées, aux handicapés qui hantaient les hôpitaux et aux spectres hagards errant dans les hospices psychiatriques. De parfaits inconnus, qu'on ne s'attendait pas à croiser un jour, nous étaient devenus aussi précieux que nos fratries.
Un chien se mit à japper sur la plage en tournant autour d'un couple, heureux comme un enfant amusé par le vol saccadé d'un papillon.
Il etait temps, pour moi, de rentrer à la caserne.
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Il reste enfin l'explication la plus simple et la plus vraisemblable, c'est que ma mère aimait la France sans raison aucune, comme chaque fois que l'on aime vraiment.
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J'ai conservé une très grande tendresse pour les croissants. Je trouve que leur forme, leur croustillance, leur bonne chaleur, ont quelque chose de sympathique et d'amical. Je ne les digère plus aussi bien qu'autrefois et nos rapports sont devenus plus ou moins platoniques. (...) Ils ont fait plus pour la jeunesse estudiantine que la Troisième République. Comme dirait le général de Gaulle, ce sont de bons Français.
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Je juge les régimes politiques à la quantité de nourriture qu'ils donnent à chacun, et lorsqu'ils y attachent un fil quelconque, lorsqu'ils y mettent des conditions, je les vomis : les hommes ont le droit de manger sans conditions.
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De Suez à l’Éthiopie, de La Mecque à l'océan Indien, les côtes désertiques nourrissent de leur vide une poésie étrange comme un chant silencieux de l'Islam. De ces rives sont partis les conquérants du Maghreb et de l'Espagne, et chaque rayon étincelant du soleil évoque les sabres des cavaliers du Prophète.
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Ma mère rentrait toujours à la maison les bras chargés de fleurs et de fruits. Elle croyait profondément à l'effet bienfaisant des fruits sur l'organisme et veillait à ce que j'en mangeasse au moins un kilo par jour. Je souffre de colite chronique depuis.
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Nice comptait alors encore près de dix mille familles russes, un noble assortiment de généraux, de cosaques, d'atamans ukrainiens, de colonels de la garde impériale, princes, comtes, barons baltes et ci-devant de tout poil - ils réussissaient à recréer au bord de la Méditerranée une atmosphère à la Dostoïevski, le génie en moins. Pendant la guerre, ils se scindèrent en deux, une partie fut favorable aux Allemands et servit dans la Gestapo, l'autre prenant une part active à la Résistance. Les premiers furent liquidés à la Libération, les autres s'assimilèrent complètement et disparurent à tout jamais dans la masse fraternelle des quatre-chevaux Renault, des congés payés, des cafés-crème et de l'abstention aux élections.
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(...) je découvris l'humour, cette façon habile et entièrement satisfaisante de désamorcer le réel au moment même où il va vous tomber dessus. L'humour a été pour moi, tout le long du chemin, un fraternel compagnonnage ; je lui dois mes seuls instants véritables de triomphe sur l'adversité. Personne n'est jamais parvenu à m'arracher cette arme, et je la retourne d'autant plus volontiers contre moi-même, qu'à travers le "je" et le "moi", c'est à notre condition profonde que j'en ai. L'humour est une déclaration de dignité, une affirmation de la supériorité de l'homme sur ce qui lui arrive.
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(...) ce suprême échec que l'art est toujours (...)
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Je ne sais pas parler de la mer. Tout ce que je sais, c'est qu'elle me débarrasse soudain de toutes mes obligations. Chaque fois que je la regarde, je deviens un noyé heureux.
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À mes moments de conscience, je me sentais très inquiet.
(...) Encore aujourd'hui, je frémis à l'idée que j'aurais pu mourir à cette époque, sans avoir gagné le championnat de ping-pong de Nice, en 1932.
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(...) au lieu de hurler, j'écris des livres.
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(...) je m'étais rendu à cette époque à Paris, afin de recevoir le Prix Goncourt, pour un roman que je venais de publier, Les Racines du Ciel. Parmi les lettres qui m'étaient parvenues à cette occasion, il y en avait une qui me donnait des détails sur la mort de celui que j'avais si peu connu.
Il n'était pas du tout mort dans la chambre à gaz, comme on me l'avait dit. Il était mort de peur, sur le chemin du supplice, à quelques pas de l'entrée.
La personne qui m'écrivait la lettre avait été le préposé à la porte, le réceptionniste - je ne sais comment lui donner un nom, ni quel est le titre officiel qu'il assumait.
Dans sa lettre, sans doute pour me faire plaisir, il m'écrivait que mon père n'était pas arrivé jusqu'à la chambre à gaz et qu'il était tombé raide mort de peur, avant d'entrer.
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J'ai toujours été moi-même un grand francophile. Mais je n'y suis pour rien : j'ai été élevé ainsi. Essayez donc d'écouter, enfant, dans les forêts lituaniennes, les légendes françaises ; regardez un pays que vous ne connaissez pas dans les yeux de votre mère, apprenez-le dans son sourire et dans sa voix émerveillée ; écoutez, le soir, au coin du feu où chantent les bûches, alors que la neige, dehors, fait le silence autour de vous, écoutez la France qui vous est contée comme Le Chat botté ; ouvrez de grands yeux devant chaque bergère et entendez des voix ; annoncez à vos soldats de plomb que du haut de ces pyramides quarante siècles les contemplent (...) ; apprenez à lire dans les fables de La Fontaine - et essayez ensuite, à l'âge d'homme, de vous en débarrasser. Même un séjour prolongé en France ne vous y aidera pas.
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On ne vit pas deux fois.
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- Janek a mangé pour moi toute sa collection de timbres-poste.
C'est ainsi que mon martyre commença. Au cours des jours qui suivirent, je mangeai pour Valentine plusieurs poignées de vers de terre, un grand nombre de papillons, un kilo de cerises avec les noyaux, une souris et, pour finir, je peux dire qu'à neuf ans, c'est-à-dire bien plus jeune que Casanova, je pris place parmi les plus grands amants de tous les temps, en accomplissant une prouesse amoureuse que personne, à ma connaissance, n'est jamais venu égaler. Je mangeai pour ma bien-aimée un soulier en caoutchouc.
(...)
Je ne demande donc à personne de me croire lorsque j'affirme que, pour ma bien-aimée, je consommai encore un éventail japonais, dix mètres de fil de coton, un kilo de noyaux de cerises - Valentine me mâchait, pour ainsi dire, la besogne, en mangeant la chair et en me tendant les noyaux - et trois poissons rouges, que nous étions allés pêcher dans l'aquarium de son professeur de musique.
Dieu sait ce que les femmes m'ont fait avaler dans ma vie, mais je n'ai jamais connu une nature aussi insatiable.
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- Aniela, pourquoi maman pleure-t-elle en regardant mes yeux ?
Aniela parut gênée. Elle était avec nous depuis ma naissance et il y avait peu de choses qu'elle ignorait.
- C'est à cause de leur couleur.
- Mais pourquoi ? Qu'est-ce qu'ils ont, mes yeux ?
- Ils la font rêver, dit-elle évasivement.
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Je n'ai pas réussi à redresser le monde, à vaincre la bêtise et la méchanceté, à rendre la dignité et la justice aux hommes, mais j'ai tout de même gagné le tournoi de ping-pong à Nice, en 1932, et je fais encore, chaque matin, mes douze tractions, couché, alors, il n'y a pas lieu de se décourager.
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Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu'à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. (...)
Malheureusement pour moi, je me connais en vrais diamants
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La vie est pavée d'occasions perdues.
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