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Critiques de Romane Lafore (30)
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Belle infidèle

Dans Belle infidèle, des Italiens mangent et boivent des repas merveilleusement méditerranéens dont on se délecte avec eux, tout en débattant des heures sombres de l'histoire italienne. Ils s'aiment, se quittent, se passionnent et font l'amour : on aime, on quitte, on se passionne et on fait l'amour avec eux. Ils mélangent l'italien et le français. Ils appartiennent au monde de l'édition ou ils gravitent autour de lui... Insidieusement, tout cela crée une ambiance qui m'a replongée dans celle du Pendule de Foucault, d'Umberto Eco.



Quelle heureuse coïncidence, pour un livre qui raconte justement une traduction dans laquelle le narrateur plonge jusqu'à laisser disparaître les frontières entre l'histoire racontée dans le livre qu'il traduit, et sa propre histoire ! Pour un livre où ce brouillage va très loin : quand un élément de sa réalité manque au livre, le narrateur ne l'interprète pas comme une différence entre sa réalité et celle de l'auteur, ou comme un écart entre réalité et fiction, mais comme une preuve que l'auteur s'est trompé ou a mal interprété la réalité ! J'ai plongé, j'ai lu Belle infidèle comme un Pendule de Foucault revisité ; à l'instar du narrateur qui tire de son expérience les clés de lecture du roman, j'ai cru que ce nouveau livre progressait vers une conclusion du même type que celle du roman d'Eco – celle qui amène à penser que le sens d'un texte est avant tout dans l'oeil de celui qui le cherche.



Il n'en est rien. La conclusion choisie par l'auteure est d'une autre nature. Par contre, sacrée mise en abyme que celle qui amène la lectrice d'un roman à vivre, en le lisant, une expérience emboîtée dans celle que vit le narrateur de ce même roman... Alors, quel est le sens d'un livre ? Une fois de plus, c'est celui que chaque lecteur lui donne dès lors que l'auteur a eu le talent de proposer un texte qui laisse la place aux projections. Encore faut-il, pour cela, raconter une histoire suffisamment captivante et passionnée. Romane Lafore a incontestablement ce talent, et je peux le dire : j'ai adoré Belle infidèle. Il paraît que c'est un premier roman : une auteure est née, j'ai hâte de suivre son oeuvre !



#BelleInfidèle #NetGalleyFrance

... je ne suis pas sûre que les # servent à quelque chose dans Babelio, mais merci à NetGalley et aux éditions Stock de m'avoir permis de découvrir ce livre.



[Ci-dessous, le lien vers la chronique que j'ai écrite pour 20 minutes]
Lien : https://www.20minutes.fr/art..
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Belle infidèle

Le traducteur, la belle italienne et la fiction

En se glissant dans la peau d’un traducteur qui croit reconnaître sa propre histoire dans le roman qu’on lui a confié, Romane Lafore signe un premier roman qui explore tous les arcanes de la création littéraire.



Julien Sauvage vit de traductions de livres de cuisine et de guides de voyage, mais il rêve d’écrire un roman, de raconter sa belle histoire d’amour avec Laura. Une fois de plus, il va devoir reporter son projet car Françoise Rahmy-Cohen le convoque pour lui proposer une offre qui ne se refuse pas: traduire Rebus, le roman d’Agostino Leonelli, l’étoile montante des lettres italiennes. L’éditrice, qui s’appuie sur les dires de Rodolphe Dupire, son conseiller, voit en lui celui qui sera capable de sublimer ce texte que s’arrachent les maisons d’éditions, maintenant qu’il figure sur les listes de nombreux prix et notamment le Stresa, c’est-à-dire le «Goncourt italien».

Julien, qui a lu le livre avant de donner son accord, a été touché par cette histoire d’amour qui ressemble à la sienne. Commence alors une sorte de double traduction, celle du texte italien avec ses pièges et celle de son propre vécu par rapport à la version d’Agostino.

Romane Lafore, qui s’est mis dans la peau de Julien, nous offre une belle réflexion sur l’exercice de la traduction et sur les libertés que peut s’octroyer un traducteur. Si au XVIIe siècle on parlait de «belle infidèle» pour souligner la liberté prise avec le texte original des auteurs de l’antiquité, les traducteurs emploient aujourd’hui plus prosaïquement l’expression «traduction-trahison» dans leur exercice. On comprend ainsi que le texte est autant le reflet d’une époque – on ne traduit plus certains mots de la même manière – qu’une interprétation, une réappropriation du traducteur. Surtout quand ce dernier découvre au fur et à mesure combien sa propre histoire entre en résonnance avec celle qu’il est chargé de traduire. Un trouble qui ne va cesser de croître, d’autant qu’il est conforté dans son idée par des proches et par son ami libraire, venu lui aussi d’Italie. C’est bien lui l’amant délaissé!

Entre paranoïa et recherche de tous ces petits détails qui pourraient le conforter dans sa conviction, le lecteur va pouvoir se délecter du roman en train de s’écrire et du roman dans le roman – celui qu’il traduit – qui raconte aussi une histoire familiale, un parcours qui passe par les années de plomb. Quant à ceux qui auront envie de se régaler des mœurs du petit monde de l’édition germanopratin, ils seront également servis. Romane Lafore, qui est éditrice et traductrice de l’italien, a ainsi mis toute son expérience personnelle dans ce premier roman. Pour notre plus grand plaisir.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Belle infidèle

Belle Infidèle Romane Lafore chez Stock Août 2019

.#BelleInfidèle #NetGalleyFrance

Quand Julien Sauvage est contacté par Françoise Rahmy-Cohen il n'en revient pas. La directrice d'une maison d'édition prestigieuse le contacte ,lui, pour traduire le roman italien le plus en vue du moment. Agostino Leonelli est l'auteur de cette pépite. Julien broie encore du noir. Laura et lui se sont quittés il y a plus de trois ans et pas une journée ne se passe sans qu'il y pense. Alors il accepte et se retrouve en Italie, dans les Pouilles, la région où justement il a fait la connaissance de Laura. La belle Rachele fait son apparition sous la plume de Leonelli. Rome, Paris , Angelo, Rachele et soudain le doute s'installe et si ....

Romane Lafore nous embarque dans un imbroglio fascinant. Maniant la plume avec dextérité et hardiesse elle nous concocte un roman dans le roman et les pages se tournent ..Un bien beau roman , un très bon premier roman, une auteure à suivre cela va de soi.

Un grand merci aux éditions Stock pour ce partage.



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Leçons de bonheur

Que fait-on en premier lorsqu'on doit déménager de toute urgence ? Brutalement quittée par son ex petit ami, alors qu'elle met en cartons dix ans de sa vie, l'autrice commence par vider, étagère par étagère, sa bibliothèque. Elle retrouve ses livres de philosophie, étudiés bien des années auparavant. Des livres qui ont pris la poussière. Et c'est là qu'elle a une révélation, en éternuant, assise au milieu de livres. Elle va leur demander de l'aide, elle va reprendre, à leur contact, une éducation philosophique et partir à la recherche du bonheur. Sa méthode : choisir six écoles de philosophie grecque ; pendant six semaines, elle essaiera de suivre les enseignements pratiques de ces écoles.... en les adaptant à notre époque....



Nous allons suivre un parcours insolite, une reconstruction à la lumière de Pythagore, Parménide, Pyrrhon, Epictète, Epicure et Diogène.

Leçons de bonheur - exercices philosophiques pour bien conduire sa vie est un ouvrage original - ni traité philosophique aride réservé à des initiés, ni ouvrage proposant des leçons de bonheur rapides et faciles. En effet, Ilaria Gaspari tient une sorte de journal philosophique dans lequel, chaque semaine, fait part de ses découvertes, de ses attentes, de la manière dont elle applique les théories des grands maîtres anciens - et elles peuvent parfois paraître insolites et décalées, comme lorsqu'elle achète un livre de cuisine grecque et cuisine d'énormes de quantité de nourriture pour mettre en pratique les enseignements stoïciens !



J'ai beaucoup aimé découvrir cette expérience philosophique qui dépoussière les enseignements classiques. Si les enseignements des pythagoriciens ne m'ont pas convaincue, j'ai lu en revanche avec beaucoup d'intérêt "la semaine sceptique" et "la semaine stoïcienne".

Au terme de l'ouvrage, lors de la "semaine cynique" l'autrice fait face à un sinistre, dégât des eaux qui laisse un trou béant dans son plafond, détruit son ordinateur, son portable et ses travaux en cours... et là, nous comprenons que ces six semaines ont vraiment porté leur fruit et que l'autrice, en dépit de tout ce qui lui arrive, va pouvoir tourner la page, et aller de l'avant : elle conclut par ces phrases : "J'ai perdu beaucoup, y compris les choses que je croyais dominer, posséder, connaître : mais cela, au moins, me permet de continuer à chercher, demander, étudier, scruter la vie sous toutes ses coutures. Je vis en cherchant quelque chose, mais quoi, je l'ignore ; peut-être seulement le bonheur de continuer à chercher. Je pense aux mots de Socrate : une vie sans examen ne mérite pas d'être vécue".



Ilaria Gaspari est une jeune femme qui a fait des études de philosophie à l'école normale supérieure de Pise, et docteur en philosophie de l'université Paris 1 Panthéon Sorbonne.



Pour ceux, celles qui souhaitent en savoir plus, je conseille le podcast de France Info : l'heure philo, le bonheur selon les philosophes antiques avec Ilaria Gaspari. Vous découvrirez la voix de l'autrice qui nous fait part de son expérience, dans un français parfait.

Bonne lecture, bonne écoute à toutes et tous.



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Belle infidèle

Julien Sauvage est traducteur. Quand la grande Françoise Rahmy-Cohen, directrice d'une maison d'édition de prestige le contacte pour lui proposer de traduire le roman italien de l'année, Julien n'en croit pas ses yeux. Lui, qui avait juré de ne plus rien traduire avant d'avoir terminé son propre roman. Un texte qui pourrait être bien plus qu'un simple travail de traduction.



"Rebus" d'Agostino Leonelli, devient le chemin de croix de Julien. Au fur et à mesure de son travail de traduction, Julien retrouve de drôle de similitudes avec sa propre vie, son passé et décide de mener une enquête... L'histoire dont s'inspire "Rebus" pourrait-elle être aussi la sienne ?



Ce premier roman est tout simplement époustouflant ! "Belle Infidèle" n'est pas une simple histoire, mais deux récits imbriqués, deux drames narratifs en une, et c'est spectaculaire !

On ressent à travers les lignes, la passion de l'Italie chez Romane Lafore. Les couleurs, les odeurs, les paysages, l'amour de la littérature nous mène directement en Italie.



Le parti pris de l'auteure d'inclure beaucoup de la langue italienne (sans pour autant le traduire) m'a agréablement surpris, et donne une tonalité remarquable et inédite au roman. Qui a-t-il de plus beau que de lire et d'entendre les sonorités de la langue italienne ?



A travers l'histoire de Julien et Laura, l'auteure explore la question de la fidélité en traduction. De la littérature, de la passion, des secrets, des mensonges, aux mystères des dessous du métier de traducteur ; les sujets sont traités avec musicalités et finesse. La plume de Romane est rythmée, addictive et sensuelle.



De Paris à l'Italie, un roman qui tient en haleine jusqu'au final, avec une pointe de suspense, un soupçon de comédie et une pincée de romanesque, ce qui donne un très beau premier roman !
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Leçons de bonheur

L'auteure, philosophe de formation, décide de se replonger dans ses syllabus alors qu'elle empaquette sa bibliothèque en vue du déménagement imposé par sa rupture amoureuse. Elle part d'un constat, irréfutable : nous, humains du 21ème siècle, vivons des peines et des doutes, mais les hommes sont y confrontés depuis toujours. Et des philosophes renommés ont consacré leur vie à penser à ces questions et, en particulier, à la notion de bonheur. Comment être heureux ? Ou comment ne pas être malheureux ?

En bonne élève, l'auteure décide de s'inscrire dans une école philosophique par semaine, et d'explorer le bonheur selon les maitres antiques.

Avec Pythagore, nous apprendrons à nous abstenir de fèves, mais surtout que nous ne pouvons pas nous accuser de TOUT ce qui arrive dans nos vies.

Avec Parménide et ses disciples, nous découvrirons l'expérience de l'émerveillement, et aussi que l'existence n'est pas aussi linéaire que nous le voudrions et que chaque action a un sens, même si elle n'atteint pas forcément son but.

Les sceptiques nous enseigneront à questionner nos sens et notre expérience, et par-là même à suspendre notre jugement. Aphasie et ataraxie, silence et tranquillité.

La semaine stoïque a été ma préférée, nous y apprendrons que ce n'est pas l'évènement en lui-même qui occasionne la souffrance, mais bien l'évaluation qu'on en fait. Un grand pas sur le chemin de l'apathie, qui n'est pas un concept négatif puisqu'il signe l'absence de pathos du stoïque. Ce chapitre nous donne également l'occasion de redécouvrir le manuel d'Epictète et ses conseils plein de bon sens.

Epicure nous définira quant à lui la vie bienheureuse, faite de simplicité et d'amitié, loin des ambitions et des conflits. Ataraxie et aponie, tranquillité et absence de douleur.



Finalement, nous découvrirons le cynisme, pour qui la vertu consiste à vivre avec la nature. Autarcie et autosuffisance. Deux préceptes qui questionnent notre société actuelle dont l'abondance provoque chez nous une soif de possessions matérielles...



Ce livre est arrivé dans mes mains à point nommé vu que je traverse la même crise que l'auteure. Peut-être est-ce pour cela qu'il m'a tellement parlé ? Si certains chapitres m'ont semblé plus complexe (notamment celui sur l'école éléatique), j'en suis systématiquement ressortie avec une leçon de bonheur. Et quand un livre tient sa promesse, j'applaudis.

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Leçons de bonheur

Bien que ce petit livre soit bourré de références et d'érudition, il est étonnant de le trouver chez les PUF tant on est loin des essais ennuyeux et autres manuels (je me dis que je dois avoir une vision erronée des PUF). On pourrait le trouver au rayon "développement personnel" d'une librairie (encore que ce serait lui faire peu d'honneur) ou tout simplement classé parmi les romans qui vous font du bien.



Ilaria Gaspari nous invite à visiter les écoles des grands philosophes grecs de l'antiquité, certes.

Mais surtout, la narratrice se présente comme une femme ordinaire, qui vient de se faire larguer et cherche à garder la tête hors de l'eau en quittant l'appartement où elle a vécu 10 ans avec celui qui l'a quittée.

L'exercice proposé n'est donc pas de faire de la philo pour la beauté de la pensée, mais de s'essayer vraiment aux conséquences pratiques d'un mode de vie qui s'imprègne de ces préceptes jusque dans le quotidien.



Des règles incompréhensibles de Pythagore ("ne touche pas le coq blanc" ???) à l'humour décapant de Diogène dans son tonneau, en passant par les lapalissades de Parménide (l'être est, le non-être n'est pas...), le paradoxe d'Achille et de la tortue, les doutes des stoïciens et les sévères plaisirs d'Epicure, ce livre nous offre une boîte à outils complète pour remettre en cause notre façon de vivre et de penser. Interrogeant notre rapport au plaisir, au désir, au temps qui passe, aux choses matérielles, à notre corps et aux autres, il nous invite à repenser notre définition du bonheur.

Ecrit dans une langue savoureuse, accessible malgré la complexité de certaines notions, il sait trouver un juste équilibre entre le subtil et le trivial, avec une pointe de suspense.



Un livre à lire et à relire sans modération, pour celles et ceux qui veulent changer leur vie... ou la voient changer sans pouvoir rien y faire.
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Belle infidèle

Certains romans agissent comme des étincelles au creux d'une vie. Ils y prennent corps, chair et esprit, s'y roulent et s'y déploient, s'installent et s'y endorment pour en faire émerger, quelques jours, mois ou années plus tard, le plus magistral des feux d'artifice.

Il s'agit de romans que l'on imagine avoir été écrits pour nous. Qui résonnent avec notre âme et lancent dans l'espace contenu entre nos vertèbres une mélodie qui semble sortie d'un autre temps. Déplaçant tout. Annulant tout.

Ce sont des romans capables de changer une vie, de lui donner un autre sens, une autre matérialité, une fulgurante grandeur.

Dès l'instant où ils se sont vus miroiter sur le tapis de notre rétine, où ils ont pris racine dans notre coeur et se sont enfoncés dans notre épiderme, c'est tout notre être qu'ils ont colonisé. Sans crier gare. Sans s'annoncer.

Et même si l'on ne sait encore trop comment, ils ont fait fructifier dans nos entrailles, le minuscule germe d'une chose qui s'apprête à nous engloutir. Superbement.





Belle infidèle de Romane Lafore fait partie de ces perles abritées au creux de magnifiques collections elles-mêmes déployées au sein de très belles maisons d'éditions. Comment ne pas être saisi, dès le premier regard, par cette superbe couverture aux lignes si pures, à l'esthétique si douce ? Comment ne pas avoir envie de faire glisser la pulpe de ses doigts sur son doux papier brut et terreux. Comment ne pas être envouté par ce chemin encadré de rouge, d'orangers et de parfums bucoliques descendant vers l'infinité d'une mer couleur d'encens ?

Alors on retourne la pépite. On la pose sur sa paume et on y lit :





Julien Sauvage est traducteur. Abonné aux guides de voyage et aux livres de cuisine, il rêve en vain d'écrire son propre roman : le récit sublimé d'un chagrin d'amour. Une façon pour lui d'en finir avec Laura, sa belle franco-italienne qui lui a piétiné le coeur. Mais contre toute attente, une éditrice parisienne le contacte pour traduire en urgence un roman encensé en Italie : Rebus, l'oeuvre d'un brillant trentenaire, Agostino Leonelli.

Alors qu'il avance dans la traduction, Julien retrouve la terre rouge des Pouilles, les figuiers de Barbarie, les jardins riches en plantes grasses avec la mer à l'horizon. Il plonge dans les années de plomb, que son vieux mentor Salvatore, libraire exilé à Paris, rechigne à évoquer. Il revoit Laura, sa lumière, son ventre constellé de grains de beauté. Il embrasse à nouveau la souplesse et les caprices de la langue italienne…

Jusqu'à ce que le doute l'étreigne : l'histoire dont s'inspire Rebus pourrait-elle être aussi la sienne ?





«Comme le vocabulaire est pauvre, quand il meuble l'éloge. »



Oui, que le vocabulaire est pauvre quand il meuble l'éloge ! Il va sans dire.

Je viens de terminer le roman le plus lumineux, le plus soigné, le plus haletant, le plus incandescent de ces derniers mois, et je ressens comme une imposture le fait de devoir lui rendre grâce. Jamais mes mots n'en sauraient égaler la forcer, jamais mes phrases ne seront capables de vous en faire saisir l'essence.





Romane Lafore a su donner naissance à des personnages plus vrais que nature, ondulant sous le soleil de l'été italien, scintillant dans les rues d'un Marais Parisien haut en couleur, se détruisant entre les pages d'un roman qui était bien plus encore. Des personnages vrais, bruts, jubilatoires. Une intrigue menée de virtuose manière. Des émotions, des passions et des fureurs, dégorgeant de chaque scène. Un décor campé comme dans les plus grands films. Et une langue, sillonnant entre deux cultures, deux parlers, deux atmosphères.

Un roman tout en finesse, somme toute, et en sobriété. Incroyablement moderne également. De cette modernité capable de nous rappeler que la fiction est encore capable de très grandes choses.





« On ne guérit pas d'une peau, d'un ventre, d'une frange de cils ourlés par le sel. /…/ On ne guérit pas du jour de la rencontre – aucune annonce dans les nuages ce matin-là, aucun soin particulier devant le miroir -, on ne guérit pas de s'être trouvé à un endroit, d'avoir lâché sans y penser des mots qui fonderaient un univers. On ne guérit pas d'avoir aimé. »





Et on ne guérit peut-être pas toujours de romans comme celui-ci. Mais c'est tant mieux.

Qu'une peau tatouée de cicatrices romanesques doit-être belle, lorsqu'elle se trouve éclairée !
Lien : http://www.mespetiteschroniq..
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Belle infidèle

Evadons-nous dans le monde des traducteurs sous une envoutante musique italienne.

L'autrice nous emmène auprès de Julien, qui vivote en faisant des traductions d'italien. Il s'épanche régulièrement auprès de son groupe d'amis à propos de sa rupture avec Laura, une belle franco-italienne : il n'arrive pas à tourner la page de cette relation passionnelle.

Une proposition de traduction d'un best-seller italien lui tombe dessus. En acceptant, il se transporte en Italie, dans les Pouilles et rapidement, les mots vont faire écho avec sa propre histoire, sa relation amoureuse avec Laura. Des similitudes perturbent le jeune homme, qui se retrouve envahi de doutes et de questionnement.

Un roman riche et intense, servi par une écriture enivrante, rythmée par des extraits en italien (mais un peu trop à mon goût, moi qui n'en comprends pas un mot....). Les descriptions nous transportent littéralement dans un univers franco-italien où on sent le soleil nous réchauffer la peau.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce très beau premier roman : une très belle évasion !



Je remercie NetGalley & Stock
Lien : http://etlemondedesosso.cana..
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Leçons de bonheur

Voilà un livre très étonnant... Attirée par un titre prometteur, je ne pensais pas que j'allais devoir mettre mon cerveau à l'envers, me concentrer sur des pensées antiques, et enfin apprendre autant sur les philosophes et ... moi même ! Il y a encore pas mal de route jusqu'au bonheur finalement 😉

Le niveau de ce livre est assez élevé pour qui ne lit pas tant de philosophie comme moi et pourtant je vais vous dire de vous accrocher à cette lecture qui apporte tant.

D'accord l'auteure est d'un très haut niveau en philosophie mais elle a su je trouve avec beaucoup de pédagogie nous faire passer des messages essentiels sur les principales pensées philosophiques. Pour cela elle utilise un événement de vie particulier à savoir la rupture. Cela reste cependant je trouve en toile de fond mais nous permet d'avoir un fil conducteur.

Nous faisons également la connaissance des philosophes principaux et de leur écoles respectives. L'auteure nous décortique des petits bouts de la vie des penseurs incroyables et intéressants. En un mot, elle sait nous les rendre vivants !

N'oublions pas l'humour que l'auteure a utilisé à bon escient qui m'a ravit tout au long de ma lecture.



Une très belle rencontre avec un petit livre de seulement 170 pages mais qui m'a amené à une expérience étonnante, instructive et drôle. Un livre à lire et à relire. Je conseille évidemment!!

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Belle infidèle

Julien est traducteur littéraire mais il a mis sa jeune carrière en pause pour écrire le roman de sa vie. le roman qui, peut être, le guérira de son amour perdu: Laura, une jolie italienne rencontrée dans les Pouilles alors qu'il était étudiant Erasmus.

Mais lorsqu'il est contacté par la directrice d'une grande maison d'édition parisienne pour traduire "Rébus", premier roman d'une étoile montante italienne, promis au prestigieux prix Strega, il ne résiste pas à la traduction qui pourrait faire décoller sa carrière.

Mais alors qu'il avance dans sa traduction, les similitudes entre l'histoire racontée par Agostino et la sienne deviennent trop nombreuses pour être ignorées et Julien devient fou à déchiffrer ce rébus invraisemblable. Se pourrait-il qu'il soit un pion sur l'échiquier d'une vengeance menée par son rival ?

Un roman beau, chaud et haut en couleurs. L'écriture de Romane Lafore est belle et enivrante, on a envie de soleil, d'escapade dans les Pouilles et à la fois, on ne peut s'empêcher d'être emportée par la folie de Julien jusqu'au dénouement final.

Merci à NetGalley et aux éditions Stock de m'avoir permis de découvrir cette merveille avec 2 mois d'avance :)
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Belle infidèle

Ne vous laissez pas abuser par ce titre qui pourrait vous laisser croire qu’il s’agit d’un roman à l’eau de rose. Il est vrai que l’expression de «belle infidèle» est aujourd’hui largement tombée en désuétude. Comme l’auteure nous l’apprend, elle fait référence à certaines traductions faites au XVIIe siècle d’œuvres de l’Antiquité qui privilégiaient la beauté du texte produit à la fidélité à l’original. Or, de traduction il est amplement question dans ce premier roman de Romane Lafore, qui doit s’y connaître en la matière, étant elle-même éditrice de romans étrangers et traductrice.





Le héros de ce roman, Julien Sauvage, jeune trentenaire, exerce également cette profession. Il est plutôt abonné aux ouvrages pratiques, qu’il se résigne à traduire en attendant d’écrire lui-même le roman dont la rupture amoureuse avec la belle Laura, dont la blessure peine à se refermer, pourrait lui offrir la matière. Aussi, lorsque l’une des grandes éditrices de la place de Paris - dont nous est offert un savoureux portrait - l’appelle pour lui demander de traduire en urgence le premier roman d’un jeune prodige italien qui pourrait bien se voir décerner le prestigieux prix Strega (l’équivalent de notre Goncourt), la surprise est de taille ! Impossible de refuser une telle proposition...



Julien s’attèle à la tâche. Mais à mesure qu’il avance dans son travail, il est gagné par le trouble. L’héroïne ressemble furieusement à Laura et l’histoire fait étonnamment écho à la sienne. Et puis son amie Valérie, qui l’a lu dans sa version originale, retrouve également dans les traits de l’un des personnages ceux de l’un de leurs amis communs, le vieux gérant de la librairie italienne de Paris, dont elle aimerait connaître le passé au temps des années de Plomb...



Romane Lafore se plaît à ouvrir les pistes, à semer les indices, à sonder les hypothèses. Existe-t-il une relation entre l’auteur et son traducteur ? Ou bien chaque lecteur est-il tenté de chercher un miroir dans le texte qu’il lit ? A travers une intrigue bien menée - quoique parfois peut-être légèrement alambiquée - elle nous offre un savoureux jeu de chat et la souris entre auteur et lecteur, au sein duquel le traducteur, qui endosse les deux rôles, doit à tout prix éviter de se perdre...
Lien : https://delphine-olympe.blog..
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Belle infidèle

Premier roman de Romane Lafore publié dans la collection Arpège chez Stock, Belle infidèle est l’occasion de se lancer à la poursuite d’un texte. Un texte à traduire qui pourrait être bien plus que ça pour Julien Sauvage, personnage principal. Lettres it be s’est lancé dans cette poursuite et vous en ramène quelques souvenirs.



# La bande-annonce



Belles infidèles : traductions libres, fleuries et souvent parcellaires des textes de l’Antiquité, qui privilégient l’élégance finale du français à la fidélité au texte d’origine.



Julien Sauvage est traducteur. Abonné aux guides de voyage et aux livres de cuisine, il rêve en vain d’écrire son propre roman : le récit sublimé d’un chagrin d’amour.Une façon pour lui d’en finir avec Laura, sa belle Franco-Italienne qui lui a piétiné le coeur. Mais contre toute attente, une éditrice parisienne le contacte pour traduire en urgence un roman encensé en Italie : Rebus, l’oeuvre d’un brillant trentenaire, Agostino Leonelli. Alors qu’il progresse dans la traduction, Julien retrouve la terre rouge des Pouilles, les figuiers de Barbarie, les jardins riches en plantes grasses avec la mer à l’horizon. Il plonge dans les années de plomb, que son vieux mentor Salvatore, libraire exilé à Paris, rechigne à évoquer. Il revoit Laura, sa lumière, son ventre constellé de grains de beauté. Il embrasse à nouveau la souplesse et les caprices de la langue italienne… Jusqu’à ce que le doute l’étreigne : l’histoire dont s’inspire Rebus pourrait-elle être aussi la sienne ?



# L’avis de Lettres it be



On est intrigué. À la lecture d’une telle quatrième de couverture, on ne sait pas vraiment à quoi s’attendre. On craint le roman français trop français, embourbé dans des dialogues sans fin et des considérations amoureux pire qu’inintéressantes. On craint l’histoire qui se cherche derrière un premier plan faussement intellectualisant. « En se glissant parfaitement dans la peau d’un homme […] », comme si cela pouvait être d’emblée gage de qualité… Alors on se laisse tenter et on découvre cette Belle infidèle.



Un appel, une éditrice célèbre, un roman à traduire, une opportunité à saisir. Tout commence, ou presque, comme dans un film français période Printemps du cinéma lorsqu’il faut remplir les salles à pas cher. Petit à petit, cette Belle infidèle se prélasse sous nos yeux, prend son aise et son temps. On devine l’origine de ce projet de traduction, on comprend la situation de Julien au centre de l’histoire, on entend parler d’amour encore et toujours. Tout se met en place dans un rébus littéraire qui ne se laisse que trop peu deviner. Pourquoi cette histoire d’amour prend-elle autant de place ? Que cherchent à défendre tous les personnages en présence ? On se gratte la tête, et on tourne les pages.



Ce pourrait être l’un des futurs Woody Allen. Romane Lafore manie avec élégance l’art de l’imbroglio, du quiproquo. Parce qu’on est en Italie, de près ou de loin, ce livre est fort en comédie, en situations bien amenées et senties à merveille. On plonge dans le monde de l’amour, dans le monde de l’édition, dans le monde du souvenir, et le voyage est d’une cohérence telle qu’il nous laisse tout le loisir de profiter de chaque escale. Quand on sent poindre l’ennui et le désintérêt, l’auteure trouve toujours le bon tiroir à ouvrir pour relancer la machine. Et vogue la belle galère… On se laisse porter, et finalement c’est très bien comme ça.



Une fois encore, la mise en abîme de l’écrit dans l’écrit. La recette pourrait sembler dépassée, sans goût authentique. Pourtant, et pour un premier roman, Romane Lafore parvient à donner la touche nécessaire pour sortir Belle infidèle du sentier et en faire un objet littéraire à part entière. L’Italie et sa table, cet amour dans lequel on se jette à corps perdu pour mieux s’en retirer… Autant d’éléments, et bien d’autres encore, qui donnent l’originalité que l’on espérait. C’est joli, c’est doux, c’est surprenant. On reste aisément fidèle à ce genre d’infidèle.



Retrouvez la chronique en intégralité sur Lettres it be


Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Belle infidèle

Un premier opus qui se dévore ..

Des personnages hauts en couleurs

Moi j'adore Salvatore le libraire italien et sa femme Giuseppina qui cuisine des gnochi et autres gratins qui mettent l'eau à la bouche!!

Des descriptions de jeunes femmes à la peau constellée de points de beauté aux clavicules saillantes ...mélange d'italien et de français sans passage par la case traduction linéaire..

Kiffance quoi!

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Belle infidèle

Belle infidèle... D'après la 4ème de couverture, ce roman avait tous les ingrédients pour me plaire ! Malheureusement, je suis passée à côté, je n'ai pas compris où l'auteur voulait en venir, le rythme est lent et j'ai eu l'impression que l'on tournait en rond sur certains chapitres. Julien, le traducteur fait de nombreuses déductions qui sont à priori évidentes, elles ne l'étaient pas pour moi, j'ai trouvé l'histoire un peu alambiquée pour certains points..



J'ai tout de même apprécié, que nous soyons d'un point de vue masculin, les relations établies entre certains personnages tels que Salvatore, Valeria mais idem j'ai trouvé certaines réactions un peu excessives comme si l'on avait manqué des épisodes pour être sur la même longueur d'onde que les protagonistes.



Étonnamment je le relirai sûrement pour tenter de récupérer les maillons qu'il me manquait pour être conquise par ce livre, car j'ai tout de même la sensation que j'aurais pu l'être !
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Belle infidèle

Ça s'écoule, calme, paisible.

Sans vague.

Un courant léger, qui fait progresser Julien dans une vie sans relief.

Julien, qui dérive tranquillement, entre son appartement, la librairie de Salvatore et les bars qu'il fréquente avec ses amis.

Jamais trop loin.

Son coeur accroché au rivage, une ancre solidement attachée : Laura, la belle infidèle.

Laura qui écoule en lui ses trois affluents, souffrance, peine et chagrin.

Laura qui siphonna, goutte après goutte, tout amour de Julien.



Subitement, le fleuve tranquille s'emballe.

Julien qui se voit confier la traduction d'un roman italien, Rebus, navigue en eaux troubles, emporté par le courant du roman dans les profondeurs de sa vie.

Il remonte le cours de son histoire tout en avançant dans le roman.

Chahuté par les flots, il dérive entre réalité et fiction.



L'un se diluant en l'autre, jusqu'à ce qu'elles ne forment plus qu'une vaste étendue déserte et désolée à laquelle Julien vient s'échouer.

Un îlot sur lequel il trouvera la solution du rébus. La clé de l'énigme.

Pour lâcher les amarres, remonter l'ancre. Reprendre le cours de sa vie 💧

Belle Infidèle est un "roman aquatique" aux mots qui coulent en vous comme une eau de source.

De Laura "Belle Infidèle" singulière au singulier, aux "belles infidèles" plurielles qu'emploie Julien lors de la traduction de sa réalité fictionnelle, le roman navigue vers une dramaturgie du pluriel ou signifiants se divisent en plusieurs signifiés qui suivent les méandres du récit, comme autant de niveaux de lecture.

Un roman qui dérive du sens propre au sens figuré.

Une énigme sur le sens de la fiction et les liens qui l'unissent à la réalité. Qui se diluent l'un dans l'autre pour ne finalement former qu'un.


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Belle infidèle

Pas aimé du tout ce roman que la couverture et la 4è m'avaient pourtant bien vendu. C'est long, lent, emberlificoté. Un certain style cependant. A force d'avoir voulu tresser les deux histoires, l'auteur nous perd, on ne sait plus qui est qui. Très déçue...
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Belle infidèle

De Paris, j’aime ses rues longilignes et sinueuses, qui se déploient tel un dédale. On y flâne, on se promène, on se perd dans ses pensées, dans son passé. De Rome, j’aime la vie qui déborde des rues étroites, les accents chantants, la passion qui anime la ville. Je me suis fait la promesse d’explorer ce pays plus avant, étant tombée éperdument amoureuse d’une de ses villes.



Avec Belle Infidèle de Romane Lafore, je me suis trouvée projeter dans le Paris de mes débuts. Celui de mon premier boulot, de mes premières nuits parisiennes (mention spéciale à Georges, rue des cannettes), de mes balbutiements dans cette ville si vaste et en même temps si étroite. Cette lecture m’a submergée de doux souvenirs, peut être déformés par le temps, mais indélébiles malgré tout. A l’instar de Julien. Endeuillé de deux pertes. Celle de sa mère et de sa petite amie. Un décès et une rupture qui laisse des bleus, au cœur et à l’âme. Et qui l’empêchent de jouir de sa vie. « Belles infidèles : traductions libres, fleuries et souvent parcellaires des textes de l’Antiquité, qui privilégient l’élégance finale du français à la fidélité au texte d’origine.

Julien Sauvage est traducteur. Abonné aux guides de voyage et aux livres de cuisine, il rêve en vain d’écrire son propre roman : le récit sublimé d’un chagrin d’amour.Une façon pour lui d’en finir avec Laura, sa belle Franco-Italienne qui lui a piétiné le coeur. Mais contre toute attente, une éditrice parisienne le contacte pour traduire en urgence un roman encensé en Italie : Rebus, l’oeuvre d’un brillant trentenaire, Agostino Leonelli. Alors qu’il progresse dans la traduction, Julien retrouve la terre rouge des Pouilles, les figuiers de Barbarie, les jardins riches en plantes grasses avec la mer à l’horizon. Il plonge dans les années de plomb, que son vieux mentor Salvatore, libraire exilé à Paris, rechigne à évoquer. Il revoit Laura, sa lumière, son ventre constellé de grains de beauté. Il embrasse à nouveau la souplesse et les caprices de la langue italienne… Jusqu’à ce que le doute l’étreigne : l’histoire dont s’inspire Rebus pourrait-elle être aussi la sienne ? »



Julien vit avec le fantôme de sa relation avec Laura. Il l’a cristallisée, idéalisée. Trois ans que le spectre de sa relation passée vient le hanter. Dans sa vie. D’homme, de romancier. Lui qui s’était promis ne plus traduire les autres tant qu’il n’aurait pas révélé sa plume. Mais il accepte pourtant, jusqu’à que sa lecture originale se transpose à ses souvenirs. Jusqu’à ce que la traduction impacte sa vie. Jusqu’à la prise de conscience que l’histoire traduite, normalement romance fictionnelle, est intimement lié à son ex spectrale. Qui n’a jamais été aussi présente que depuis qu’elle brille par son absence.



Nous assistons à différente strate de la mise en abyme. De la vie vie d’écrivain. De la perspective d’un premier roman. D’une vie volée, vécue en parallèle. De l’urgence. L’urgence de savoir, l’urgence de comprendre. De dénouer ce Rebus, cette énigme, qui apporte un éclairage nouveau sur les interrogations d’une vie fanée. Rien de plus ironique que de découvrir les clés de son malheur, écris par un autre, pour pouvoir toucher des doigts un bonheur en suspens depuis trop longtemps. Le tout saupoudré d’accents chantant méditerranéens, de sentences italiennes, qui viennent colorer cette histoire d’une teinte soyeuse et joyeuse.



Même s’il traverse une sacré turbulence, une sorte de passage à l’âge adulte chaotique, Julien reste solaire malgré tout. Il avance tant bien que mal, grandit et murit. Et lâche prise, une fois l’énigme de sa vie résolue.



J’ai eu un véritable coup de cœur pour la Belle Infidèle de Romane Lafore, premier roman plein de promesse, qui m’a emmené enquêter sur fond de Dolce Vita. Foncez, vous ne serez pas déçus.
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Belle infidèle

Romane Lafore nous propose avec son premier roman de replonger dans les senteurs et les couleurs qui font l’Italie… ou presque. Car le voyage est avant tout littéraire ; c’est Julien Sauvage qui s’apprête à le faire, depuis son appartement parisien sous les toits jonché de cadavres de bières et de cartons de pizzas. Depuis la mort de sa mère et sa rupture avec Laura, son programme est tout trouvé : profiter de la vie et enfin se mettre à rédiger son premier roman dont il repousse l’écriture depuis des années. C’est pourtant sans compter sur l’appel d’une éditrice parisienne qui lui propose une mission de traduction en urgence. Sa maison est prestigieuse, et pour Julien, plutôt abonné aux traductions de livres de cuisine, l’occasion est trop belle. Surtout, il s’étonne : pourquoi est-il choisi pour traduire le roman qui a été encensé dans toute l’Italie, alors qu’il n’est qu’un traducteur peu expérimenté ?



Alors qu’il décide enfin de se mettre au travail, il se rend bien compte que la tâche va être plus ardue que prévue… Le personnage féminin du roman lui rappelle étrangement Laura, avec qui il a eu une relation passionnelle autant que conflictuelle. Il ne s’en est toujours pas remis, et sa chevelure comme son attitude transpirent à travers les pages. Mais un portrait aussi fidèle n’est-il vraiment que le fruit d’un incroyable hasard ? Au fur et à mesure qu’il traduit son texte, Julien n’en est plus si convaincu… Et s’il faisait partie de ce roman malgré lui ?



A travers ce premier roman jubilatoire, Romane Lafore explore la question de la fidélité en traduction. En quoi un traducteur doit-il tour à tour coller comme se détacher du texte ? Elle nous raconte l’histoire de Julien et celle de Rebus, qui ne forment bientôt plus qu’un joyeux mélange. L’intrigue se resserre et devient d’autant plus pesante que les personnages gagnent en profondeur. De Paris aux chemins des Pouilles, l’auteure nous invite à faire un voyage littéraire aussi prenant que désopilant.



Belle Infidèle de Romane Lafore mêle le suspense d’un thriller et les rebondissements d’une comédie à travers un roman qui fleure bon l’Italie. Un premier roman qui m’a tenue en haleine tout du long !
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Belle infidèle

Je m'ennuyais avec le nouveau Chalandon, alors j'ai attaqué celui-ci. A l'écriture confortablement installée et sans surprise du premier a succédé l'audace de la primo-romancière, avec juste ce qu'il faut de déséquilibre pour me mener par le bout du nez.

Certains passages étaient si lucides et justes, l'image si parfaite, qu'ils m'ont arrêtée dans ma lecture, et ce genre de chose m'arrive trop peu. Pour les amoureux de l'Italie, mais pas seulement.

En somme, un beau premier départ, j'ai hâte de voir ce que l'auteur peut faire dans un second roman !
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