Interview de Rose TremainRose Tremain nous parle de son travail.
Dans les rues, tout allait vite - les voitures, les tramways et la foule - , comme si chacun avait hâte de se trouver ailleurs.

Notre moniteur, M. Borloz, était un homme jovial d’une quarantaine d’années, bronzé par la réverbération du soleil sur la neige et la glace. Les Allemandes et une ou deux filles du contingent anglais savaient déjà slalomer ; elles ont été retirées du groupe de Borloz et ont grimpé plus haut sur la montagne avec le téléphérique. Nous, nous sommes restées sur les pentes pour débutants, passant de longues heures de chaque séance à monter en crabe pour retourner là où nous pouvions risquer quelques manœuvres pour glisser. Avant chaque descente, M. Borloz était obligé de nous rappeler que nous devions être face à la pente, et au vide. Son expression pour résumer cette directive était de rester « nénés côté vallée », ce que des filles de seize ans considéreraient non sans raison aujourd’hui comme une blague sexiste, mais qui en 1960 nous faisait simplement rire. Et toute ma vie, avec ma famille et mes amis proches, l’expression a été utilisée comme une invitation comique à persévérer et affronter bille en tête l’adversité – exemple pertinent de la façon dont l’humour peut désamorcer la peur.
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Dans le calme de la nuit aux Diablerets, dans notre « Maison Chardon », Carol, Ginny et moi avons passé de nombreuses soirées à chuchoter en parlant de notre avenir. Mais qu’y avait-il à en chuchoter ? Notre enfance était terminée, et pourtant, il n’y avait pas grand-chose devant nous qui fût susceptible de nous donner envie d’avancer vers nos vies d’adultes. Un cours de secrétariat. Un travail monotone de secrétaire, à promouvoir les ambitions des autres. Les hommes. Le sexe. Une robe blanche. À mes yeux, cela ne suffisait pas. « Alors, m’a dit Carol, tu vas devoir t’armer de patience, La Rose. Que peux-tu faire d’autre ? Et pointe tes nénés côté vallée. »
Je sais que l'hiver approche, mais je ne sens pas le froid dans l'air. Je ne sens que les tempêtes à l'intérieur de moi.
- Vous faites quelque chose de votre vie en travaillant pour Belle Prettywood ?
- Oui, je suppose. Belle apprécie mon travail. Et vous, Sam Trench, qu'avez-vous fait de votre temps sur cette terre ?
- Je l'ai mis à profit, en toute modestie.
Je traque assidûment les criminels pour la police métropolitaine. Je suis commissaire maintenant. Section des enquêtes criminelles.
Lily a froid brusquement.
J'ai une vaste bedaine, elle aussi tachée de son, bien qu'ayant été fort rarement exposée au soleil. On dirait qu'un vol de mites minuscules s'y est posé durant la nuit.
J’aurai voulu savoir il y a des années que la recherche du bonheur était un droit. A Swaithey, ce n’en était pas un, n’est-ce pas ? – Non, c’était un tort. “
Mais elle se rendait compte enfin qu'elle n'éprouvait plus aucune curiosité
pour Joseph.
Car, lui semblait-il, savoir tout de l'autre est un enfer
et le mariage une calamité s'il impose cela.
Comment la société a t-elle pu avoir la sottise de décréter
que des époux, si distincts, si différents, ne devaient faire qu'un ??
Émilia regarde tomber la neige. Bénie soit la nature qui bouge et change sans cesse, procurant en permanence une distraction à ceux qui ont l'âme en peine.
Si vous travaillez dans un hôtel, vous n'avez plus besoin de vous servir de votre cerveau : vous demandez simplement à l'ordinateur. Je me dis qu'un jour, tous les gens, dans le monde occidental, allaient se retrouver avec des cerveaux de la taille d'un chou de Bruxelles.
1937
L'Europe s'avance, lentement, presque aveuglément, comme un somnambule vers la catastrophe.