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Jean Bourdier (Traducteur)
EAN : 9782253139232
440 pages
Le Livre de Poche (01/03/1996)
3.81/5   78 notes
Résumé :
« Un roman superbe dans son propos comme dans sa forme. « Générosité, tendresse pour ses héros souffrants, humour discret imprègnent cette histoire où de simples gens cherchent le bonheur en tâtonnant et se déchirent à toutes les épines du conformisme. « Ce beau livre est d'une richesse que l'on dénature en le réduisant à son squelette. Imagination, compassion, disons que cette lutte d'une poignée d'hommes et de femmes pour connaître " l'expérience d'être vivant " e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Quête de l'impossible ou simplement difficulté à atteindre le but que l'on s'est assigné dans l'existence ?

A l'âge de 6 ans, Mary Ward prend conscience que la nature lui a joué un bien mauvais tour, son corps est celui d'une fille, mais elle sait, dans le fond d'elle même, qu'elle est un garçon. Elle n'est pas Mary, mais Martin. Pas question de s'en ouvrir à ses parents, un père violent, une mère perdue dans son propre monde et l'enfant devra garder le secret de sa véritable identité, jusqu'à ce que, une fois adulte, elle puisse enfin, dans la patience et en souffrance, s'affirmer en tant que mâle.
Rassurez-vous ce n'est pas un rabâchage sur ce sujet à la mode qu'est devenu la transidentité, mais un tableau émouvant de la différence, et un descriptif plein d'empathie des douleurs endurées par Mary-Martin.

Walter Loomis, quant à lui, est né dans une famille de bouchers-de-père-en-fils. Mais il ne se sent aucun goût pour le métier, non, lui, ce qu'il sait faire c'est chanter et ce qu'il veut, c'est en faire son avenir. Envers et contre tous, bien entendu, car ses parents n'envisagent pour lui rien d'autre que la boucherie, avec son lot d'insupportables servitudes à commencer par l'abattage des animaux ! ce pourquoi il n'a vraiment, mais alors vraiment, aucun goût.

De l'Angleterre au Tennessee, on suit les trajectoires (parfois) croisées de Martin et Walter, ainsi que leurs relations plus ou moins houleuses avec les proches.
Et Rose Tremain de balader le lecteur de Mary-Martin à Walter et vice-versa, en de courtes séquences et diverses saynètes, émaillées des pensées de chacun des protagonistes, le tout étalé sur une trentaine d'années.

C'est intéressant, conté avec tendresse, sans oublier une pointe d'humour, un regard distancié sur les héros ...
mais le format retenu ne donne des différents personnages qu'un aperçu, hélas trop schématique, tant les diverses scènes restent brèves et ne permettent pas d'appréhender la substance des différents comparses.
Car, le lecteur aimerait en savoir un peu plus sur les amours et les amis de Martin et Walter afin de mieux comprendre leur parcours et appréhender leur psyché. Jalousie, haine, homosexualité, violence, maladie mentale ... font partie des nombreux sujets abordés, mais la plupart du temps de manière beaucoup trop anecdotique, ce qui enlève de sa puissance au récit.

En parallèle, l'auteur offre un tableau de l'existence en Angleterre de 1952 à 1980, signalant les bouleversements sociétaux, mais en ne s'attardant pas suffisamment sur les modifications qui ont affecté dans la douleur la société anglaise. Dommage.

Pour autant, ces réserves, malgré la frustration éprouvée à la lecture, ne doivent pas empêcher le lecteur potentiel de se jeter sur cet ouvrage car Rose Tremain sait faire ressentir les affres de Mary-Martin, coincée dans un corps féminin alors qu'elle se sent véritablement un homme, et ce n'est jamais lourd, ni mièvre.
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Désarçonnée au départ par l'étrangeté des personnages mis en place, qui se croisent et se recroisent sans jamais réellement interagir, on entre en douceur dans ce récit, à travers le regard de Mary puis de Walter. Ici, l'important n'est pas tant le rapport aux autres que le rapport à soi dans ce long texte où chacun recherche sa propre identité et tente de définir sa vision du bonheur, malgré de profondes tensions familiales. Tandis que Mary / Martin considère que “Rester toujours à la même place vous défigurait.”, qu'il faut évoluer; Walter constate, un peu amèrement : “J'aurai voulu savoir il y a des années que la recherche du bonheur était un droit. A Swaithey, ce n'en était pas un, n'est-ce pas ? – Non, c'était un tort. “

Tout tourne en effet autour de cette ville, qui étouffe les personnages par ses conventions, ses préjugés : là-bas, chacun a sa place, souvent celle de ses parents; chacun est déterminé par sa naissance. Et quiconque tente d'y déroger sera mal vu. Au milieu de tout ça, des caractères écorchés vifs, qui se rendent compte que ce n'est pas leur vraie place, et qu'ils ne peuvent être eux-même ici. Mais leur combat pour la liberté de le penser, et d'agir, sera long : la narratrice les suit de 1950 à 1980. Au-delà des histoires personnelles, c'est donc aussi une évocation des Trente Glorieuses où l'on voit évoluer l'Angleterre, d'une société d'après-guerre rurale, paysanne à une société industrialisée, citadine, où les désirs des individus sont davantage pris en considération.

Malgré tous les obstacles, les luttes et déboires de ces personnages attachants, on ne peut que garder espoir, grâce à un certain humour britannique, une petite dose d'ironie grinçante qui rend ce texte moins cruel, plus lumineux. Dans une ambiance très particulière, Rose Tremain nous emmène donc dans un monde doux-amer, peuplé d'êtres rationnels portant chacun leur grain de folie et leurs désirs secrets.

Un livre à l'abord un peu difficile, mais qui finit par passionner.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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C'est à l'occasion de deux minutes de silence, observées lors de l'enterrement du Roi George VI le 15 février 1952, que Mary Ward (âgée de six ans) a une révélation de taille : elle n'est pas une fille – contrairement aux apparences – mais bel et bien un garçon ! Malheureusement, Mary ne peut révéler cette extraordinaire découverte à personne, si ce n'est à Marguerite, la pintade de la ferme … Tout comme elle tente de taire (en vain) sa haine de Timmy, son petit frère de trois ans son cadet, qui lui a brutalement volé – le jour de sa naissance – la place qu'elle occupait dans le coeur de son père Sonny et au creux du lit de ses parents …

Les faits se déroulent aux abords de Swaithey, dans le Suffolk (Angleterre) Mary n'est pas douce mais rebelle. Mary n'est pas gracieuse mais pataude. Sonny imagine donc que la danse lui apprendra à se mouvoir : hélas ! … Échec total ! La rudesse – et le manque d'affection – de son père à son égard deviendront la cause d'une telle souffrance que Mary décidera, la nuit de Noël 1955, de tuer son frère à l'aide du pulvérisateur à insectes. Ce qui lui vaudra une correction d'une violence inouïe et un rejet définitif de la part de Sonny. En 1957, on l'enverra vivre chez son grand-père Cord à Greasham Tears, ville éloignée de dix-huit kilomètres du foyer paternel (finalement une bouffée d'air frais auprès de ce parent compréhensif qui l'appellera désormais Martin !) Mary est bonne élève et son père prétextera un meilleur accès aux études. En réalité, Estelle sa mère est internée à Montview (elle le sera à plusieurs reprises, au fils des années) et son père n'imagine pas vivre avec cette fille dénaturée, en compagnie de son fils adoré.

Rose Tremain nous conte également, avec beaucoup de compassion, l'histoire parallèle d'Irène (que Mary considère comme sa mère adoptive) et Pearl sa jolie fillette, ainsi que de Mr Edward Harker, seul homme à pouvoir leur éviter la misère (viendra plus tard un petit Billy au sein de ce couple)

Un magnifique roman dont les nombreux protagonistes sont vraiment attachants (notamment Walter Loomis, le boucher de Swaithey). Une très lente évolution des moeurs, trop lente pour l'épanouissement de Mary-Martin. Ce qui est inenvisageable à Londres serait-il possible en Amérique ? … La transidentité de Mary Ward, l'homosexualité de Walter Loomis, deux sujets totalement tabous en cette période d'après-guerre (le récit se situe entre les années 1952 et 1980) C'est tendre, mélancolique et cruel à la fois. Un beau texte qui ne laisse pas indifférent !
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Depuis son plus jeune âge, Mary Ward sait qu'elle est un garçon né dans un corps de fille. Mais elle se tait, étouffée entre un père violent qui lui préfère son frère et sa mère enfermée dans son monde. On découvre la vie de Mary qui veut devenir Martin, celle de Walter, boucher comme son père avant lui, mais qui rêve de devenir chanteur de country. A travers leurs yeux critiques, on rencontre leurs familles, leurs amis, leurs amours, eux aussi, chacun à leur manière, à la recherche de leur royaume interdit. Dans une Angleterre et une Amérique en plein changement, un regard sur le monde juste et implacable.
Un beau roman, dommage qu'il y ait si peu d'action et que les personnages, bien que magnifiquement décris mentalement et dans leur façon de penser et d'agir ne soient pas attachants. Malgré tout, une réflexion intéressante sur la société dans laquelle nous vivons et une belle philosophie de vie !
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Un vrai coup de coeur pour cette histoire très attachante.

J'avais pris ce livre à cause de la ressemblance avec Middlesex de Jeffrey Eugenides que j'avais adoré. Un des points communs est justement l'utilisation du symbole de "Middlesex", ville des Etats-Unis et quartier de Londres où habitent Cal (chez Eugenides) et le chirurgien de Mary/Martin (chez Tremain). On peut faire de multiples comparaisons entre les deux même si Middlesex est infiniment plus complexe avec les thèmes mélés de l'hermaphrodisme , de l'immigration , du secret de famille et de l'Histoire. Pourtant le Royaume Interdit , s'il n'est pas aussi foisonnant, ressemble lui aussi à une petite saga. C'est non seulement une histoire de transexualité, de recherche d'identité, de relations familiales tendues mais aussi une évocation des 30 Glorieuses où l'on voit l'Angleterre passer d'une société d'après-guerre rurale, paysanne à une société thatcherienne, industrialisée, citadine.

C'est le genre de livre qui commence doucement , on rencontre les différents protagonistes, on se fond dans cette ambiance un peu particulière (dans tous les sens du terme car tous les personnages ont leur grain de folie), puis sans s'en rendre compte , les pages défilent , et on est déjà au bout des 400 pages , complétement ensorcelée.

Lien : http://mesbettys.over-blog.c..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Pour endormir Pearl, je lui racontai une histoire à propos de Joseph Mongolfier, Français, 1782, inventeur du ballon à air chaud. Dans mon histoire, Mongolfier parcourait le ciel en ballon, cherchant l'univers et ne le trouvant pas, parce que son engin se déplaçait aussi vite que le soleil. À la place, il découvrait l'Australie et décidait d'y rester, et, durant sa première nuit dans la jungle australienne, entouré de kangourou et de perroquets caquetant et bavardant dans un langage qu'il ne pouvait comprendre, il regardait le ciel et voyait soudain l'univers. Il pensait alors : « Oh, sacrebleu, c'est trop loin. On est mieux en Australie. »
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“Ce qui est arrivé, Mary, c’est ceci. L’Ange de l’Oubli commet lui-même, de temps en temps, un oubli. Il oublie d’effacer de nos mémoires toutes les traces de nos vies antérieures. Et quand cela se produit – comme cela s’est produit avec toi – la personne est hantée par la conviction qu’il ou elle ne se trouve pas dans la vie adéquate”.
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J’aurai voulu savoir il y a des années que la recherche du bonheur était un droit. A Swaithey, ce n’en était pas un, n’est-ce pas ? – Non, c’était un tort. “
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les gens au moins m'appelaient parfois "monsieur". Des barmen. Des serveurs. De vendeuses. J'aimais bien cela. Je m'installais au bar en souriant béatement. Mais je ne ressentis plus jamais l'impression de félicité imbécile qui m'avait envahie près de la Serpentine lorsque le préposé aux bateaux m'avait appelée "mon garçon". Il y a dans l'inattendu quelque chose qui nous touche profondément. Comme si tout, dans la vie, se payait d'une manière ou d'une autre, sauf ces moments uniques qui, eux, seraient gratuits.
p 279
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Il y a dans l'inattendu quelque chose qui nous touche profondément. Comme si tout, dans la vie, se payait d'une manière ou d'une autre, sauf ces moments uniques qui, eux, seraient gratuits.
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