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Citations de Gabrielle Roy (232)


Gabrielle Roy
Après tout, pourquoi pas ? Il y a bien des écrivains qui tout au long de leur vie n'écrivent que d'habiles banalités. Pourtant, ils ont peut-être mis autant d'effort, autant de persévérance que d'autres à écrire leurs grandes oeuvres, et ce serait juste qu'ils ressentent un peu de fierté tout de même de leur semblant d'accomplissement.
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- [...] mais les étrangers sont rarement aussi étrangers qu'on le croit...
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Au fond, sauf la City et certains «coeurs» de la ville comme Charing Cross, Trafalgar Square, Chelsea, et peut-être SoHo, Londres n'était qu'une succession de boroughs, espèces de petites villes, toutes avec leur High Streeet, agglutinées en un interminable déroulement.
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- Vous avez de bons yeux.
- C'est que je me suis entrainée toute jeune à scruter la plaine à cette heure.
- Qu'y cherchiez-vous déjà? me demanda-t-elle, à la fois amicale et curieuse.
Je répondis, l'esprit au loin :
- Le bonheur! Maman disait toujours qu'un jour sûrement il passerait par chez nous. De peur qu'il ne se trompe de route, j'allais l,attendre au coin de notre petite rue Deschambault, le coin qui donnait sur l'espèce de campagne que nous avions alors là-bas, en ce temps-là, et que je pensais être déjà la plaine parce qu'on voyait loin. Il ne me semblait pas possible que le bonheur pût venir d'ailleurs qu'à travers ce grand paysage de songe.
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Le printemps, elle l'avait aimé autrefois ! Il y avait eu deux beaux printemps dans sa vie. Celui où elle avait rencontré Azarius, si gai à cette époque, que déjà la vieille madame Laplante, sa mère à elle, prophétisait : "M'est idée qu'il fera jamais rien de drôle, c'lui-là. Y est trop porté à tout voir en beau." Puis le printemps où était née Florentine, sa première. Elle se rappelait la douceur de ces deux printemps-là. Parfois, au fond de son souvenir, elle croyait en sentir encore jusqu'à l'odeur des feuilles fraîches. Elle se revoyait, en de rares moments de détente, poussant la voiturette de Florentine dans le soleil. Des voisins se penchaient sur les rubans, les dentelles, et disaient : "Vous vous donnez ben du trouble ; quand ce sera votre dixième, vous en ferez pas autant."
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D'où vient que le désespoir aussitôt après la joie s'est jeté sur elle? Je n'avais jamais vu auparavant le désespoir, et pourtant je l'ai reconnu. C'était bien cela : un moment de lucidité, où l'on voit sa vie et le mal qu'on fait aux autres, tout leur malheur, mais il n'est plus possible d'y rien changer ; il est trop tard ; ou encore on n'était soi-même que l'instrument de la souffrance... On ne peut rien à tout cela...
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La lumière a été longue à venir, à nous, femmes, à travers des siècles d'obscur silence.
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Mais il la retenait contre lui. Il savait maintenant que la maison de Florentine lui rappelait ce qu'il avait par-dessus tout redouté : l'odeur de la pauvreté, cette odeur implacable des vêtements pauvres, cette pauvreté qu'on reconnaît les yeux clos. Il comprenait que Florentine elle-même personnifiait ce genre de vie misérable contre laquelle tout son être se soulevait. Et dans le même instant, il saisit la nature du sentiment qui le poussait vers la jeune fille. Elle était sa misère, sa solitude son enfance triste, sa jeunesse solitaire ; elle était tout ce qu'il avait haï, ce qu'il reniait et aussi ce qui restait le plus profondément lié à lui-même, le fond de sa nature et l'aiguillon puissant de sa destinée.

C'était sa misère, sa tristesse qu'il tenait entre ses bras, sa vie telle qu'elle pourrait être, s'il ne s'était arraché d'elle comme d'un vêtement gênant. Il pencha la tête sur l'épaule de la jeune fille et, songeant au grand tourment d'affection qu'il avait eu, tout petit, il murmura sans y penser, comme si c'était dans le passé qu'il l'eût connue :
- Une petite taille de rien du tout. Mes mains en feraient le tour.
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«  La mort du présent n’est rien: c’est la perte de l’avenir en soi qui est déchirant » …
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“Il y a des mots comme cela: une fois dits, on les entendra toujours. Ils se logent dans quelque coin de la mémoire d’où on ne pourra les faire sortir. Ils nous attendent à un tournant de la pensée, la nuit souvent, quand nous ne pouvons nous rendormir, alors que ce sont toujours les vieilles souffrances qui viennent nous retrouver les premières. Peut-être, quand nous serons cendre et poussière, ou âme immortelle, que nous nous en souviendrons encore. Et s’ils nous traquent ainsi à travers la vie, et peut-être au-delà, c’est sans doute qu’ils contiennent une part de vérité.”
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l'image de Florentine pourrait mourir dans son souvenir,l'image de sa jeunesse pourrait se perdre,mais jamais il n'oublierait l'affreuse pauvreté qui avait entouré leur instant d'amour.Cela était la suprême offense qui déteignait sur son sentiment de supériorité,le gênait déjà jusque dans ses ambitions de l'avenir,se présenterait peut-être à lui chaque fois qu'il réussirait et d'autant plus qu'il réussirait.
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« Tout homme est rare et inimitable par ce que la vie a fait de lui ou lui d'elle. » p. 13.

« Il y avait là comme une histoire écrite sur la neige. Des empreintes la racontaient. » p. 43.

« Depuis si longtemps il n'avait vu ces jeux exquis auxquels se livrent les choses les plus ordinaires sous l'effet de quelque lumière. » p. 56.

« Les fines couleurs éphémères n'avaient plus d'abri et de vie que dans ce regard fixe qui en lui-même les poursuivait. » p. 57.

« À perte de vue, en été, le ciel regarde cette terre vide, et la terre vide regarde ce ciel si curieusement plein de clarté. » p. 89.

« Qui n'a rêvé, en un seul tableau, en un seul livre, de mettre enfin tout l'objet, tout le sujet ; tout de soi : toute son expérience, tout son amour, et combler ainsi l'espérance infinie, l'infinie attente des hommes. » p. 104.

« La mort du présent n'est rien ; c'est la perte de l'avenir en soi qui est déchirante. » p. 124.

« Sans doute entre l'homme et certains aspects de l'univers y a-t-il des ententes secrètes dont rien ne transpire. » p. 145.

« Idée, forme, matière, tout cela n'était qu'un ; la vision même d'une âme, et si claire, si limpide, qu'on y pouvait entrer sans heurt comme dans la vérité. » p. 173.

« Il lui semblait avoir assisté à un geste d'art pur, le peintre en quelques mots brefs, sans hésitations, abandonnant l'entière récolte de sa vie aux seuls amis. » p. 217.

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Qui n'a rêvé, en un seul tableau, en un seul livre, de mettre enfin tout l'objet, tout le sujet ; tout de soi : toute son expérience, tout son amour, et combler ainsi l'espérance infinie, l'infinie attente des hommes.
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Nous connaîtrions-nous seulement un peu nous-mêmes sans les arts ?
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Parfois, quand le soleil se couchait au fond de la ruelle et sur notre arrière-cour, nous croyions le voir allongeant aussi sa lumière dorée parmi les hauts blés frémissants de notre terre en Saskatchewan.
Le plus curieux de toute cette histoire est que, lorsque je la vis enfin de mes yeux, longtemps au reste après qu'elle eut cessé de nous appartenir, elle n'apparut conforme à la vision que nous en avions eue dans nos rêves les plus exaltés. C'était vraiment une échappée de ciel ardent, de moisson blonde et d'espace à consoler le coeur.
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Il m'apparait parfois que l'épisode de nos vies au Manitoba n'avait pas plus de consistance que dans les rêves emportés par le vent et que, s'il en subsiste quelque chose, c'est bien seulement par la vertu du songe.
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Il me revient maintenant que nous ne nous sommes guère aventurées dans la riche ville voisine que pour acheter. C'était là qu'aboutissait une bonne part de notre argent si péniblement gagné - et c'était le chiche argent de gens comme nous qui faisait de la grande ville une arrogante nous intimidant. Plus tard, je fréquentai Winnipeg pour bien d'autres raisons, mais dans mon enfance il me semble que ce fut presque exclusivement pour courir les aubaines.
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De pitié, Pierre s'était arrêté, laissant s'abreuver le caribou dont il connaissait, par sa propre soif, la soif intolérable. Puis il se ressaisit, bondit, frappa le cou ployé.
Les yeux du caribou écroulé se tournèrent vers lui, le fixèrent avec une détresse vivante encore, infiniment résignée, puis s'obscurcirent. Alors, transi de froid, Pierre se laissa glisser près du caribou mort qui doucement commença à le réchauffer.
L'aube parut. L'intensité de sa faim ranima Pierre.
Mais quelques heures plus tard, lorsque, l'animal dépecé, un morceau cuit sur un feu vite fait, Pierre porta à sa bouche un peu de cette viande à vrai dire coriace, il eut un haut-le-cœur, s'efforça d'avaler et, subitement, se mit à pleurer. La souffrance des bêtes lui apparaissait infinie, horrible, à jamais inacceptable.
Il voyait des visons ronger leur patte meurtrie par le piège, des chiens hurler leur faim atroce, le regard du caribou mourant. Il mangeait et pleurait - pleurait sur cette création, son inimaginable dureté.
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Sous tant de ciel, les humains font pitié.
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Comment ne sait-on pas plus tôt qu’on est soi-même son meilleur, son plus cher compagnon? Pourquoi tant craindre la solitude qui n’est qu’un tête-à-tête avec ce seul compagnon véritable? Est-ce que sans lui toute la vie ne serait pas un désert?
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