L’histoire commence par un fait divers, somme toute banal aux États-Unis, malheureusement : une fusillade dans une école, qui se clôture par la mise à mort de l’assaillant. L’événement, qui défraie la chronique, n’aurait peut-être mérité que quelques lignes dans les journaux locaux, voire suscité quelques débats télévisés sur le deuxième amendement de la Constitution américaine, si l’attaquant abattu par la police n’était pas noir. Bavure policière ? Par ailleurs, les derniers mots prononcés par le jeune homme ne cessent de raisonner dans l’esprit de Titus Crown, ex-agent du FBI et désormais shérif, qui peine à faire régner l’ordre dans ce comté rural de Virginie, où les plus fervents partisans de la Confédération n’acceptent pas qu’un homme noir soit le digne représentant de la loi et où la communauté noire le voit comme un traître.
Je craignais que ce livre ne soit rien de plus qu’un pamphlet BLM, au détriment de l’intrigue, mais ce ne fut nullement le cas. Certes, l’auteur met en exergue tous les obstacles que les Noirs rencontrent encore aujourd’hui, plus d’un siècle après l’abolition de l’esclavage – et ce d’autant plus dans un État où les préjugés ont la vie dure et où l’on célèbre les Fondateurs, réécrivant souvent l’Histoire –, tout en maniant les mots avec dextérité pour nous faire (re)sentir toute la frustration du personnage principal, ainsi que l’atmosphère oppressante que la chaleur humide ne fait qu’accroitre, mais, et c’est là où réside tout son talent, il nous propose aussi un récit où l’action et les rebondissements sont légion.
En effet, si, d’une part, il ressort de ce récit une lenteur propre des lieux, et des mentalités, je n’ai ressenti aucune longueur. Concernant les personnages, ils sont si bien dépeints que l’on s’attache à certains et qu’on aimerait distribuer des baffes aux autres. Et puisqu’on parle de descriptions, les lieux et l’ambiance sont si bien décrits que l’on s’y croirait presque, l’auteur nous faisant plonger la tête la première dans la noirceur de l’âme, à la poursuite d’un tueur en série qui s’en prend à des jeunes filles et des jeunes garçons, noirs, les torturant jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Mais dans cette région du Sud, peuplée de suprématistes blancs, de fanatiques religieux et de consommateurs d’opioïdes, les gens sont-ils prêts à remettre en question leurs convictions et leur credo ?
Bref, si vous êtes en quête d’un roman noir digne des grands écrans, avec des personnages plus vrais que nature, une mise en scène bestiale, des dialogues cinématographiques et une intrigue époustouflante, ne cherchez plus !
Pour ma part, S.A. Cosby s’inscrit désormais, à l’instar de R.J. Ellory, au palmarès de mes coups de cœur !...
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