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Critiques de S. A. Cosby (293)
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Le Sang des innocents

Sur le fil du rasoir.



Le héros, Titus Crown, ex agent du FBI, de retour dans sa Virginie natale pour s'occuper de son père, a été élu shérif du comté de Charon.



Premier souci : nous sommes dans un état sudiste et donc raciste. Or, notre héros est noir et affronte un double rejet : celui des blancs racistes et celui des noirs qui le traitent de « Bounty ». Titus est donc bien isolé.



Second problème, dans ce comté rural et plutôt paisible, un jeune noir, drogué et désaxé, assassine un prof blanc très apprécié ouvrant ainsi la porte d'un enfer que nul ne soupçonnait. Titus va mener une enquête dévastatrice pour le comté mais aussi salvatrice pour lui- même.



S.A COSBY nous offre un récit sombre et tendu, à l'atmosphère lourde et délétère, porté par un héros charnel, un héros qui se débat entre une aspiration à la quasi perfection et la difficile acceptation de ses démons intérieurs.

L'enquête particulièrement sordide et cruelle nous promène au sein d'une société sudiste où certains blancs rêvent encore de ségrégation, voire d'esclavagisme, et où certains noirs peinent à trouver leur place. L'ensemble baignant dans un climat de déclin économique mâtiné de problèmes sociaux et de fanatisme religieux.



Une fois encore, je réalise à quel point le racisme subi et raconté par un noir est insupportable : c'est toute une société qui s'est organisée pour formater les descendants des anciens esclavages, les programmer pour échouer, les pousser à s'automutiler psychiquement, à accepter leur sort minable.

En réponse à cette pression, Titus veut être plus que parfait, plus qu'irréprochable tant d'un point de vue physique, qu'intellectuel ou moral. Prisonnier de ses propres exigences, il transforme sa vie en épreuve permanente, en défi continu et s'oblige à refouler, fuir et enfouir tant et tant… En permanence sur le fil du rasoir, jusqu'au jour où…



Du style. Du contenu. J'ai particulièrement aimé.



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La Colère

Un cimetière, deux cercueils et deux pères que tout oppose.

Pourtant ils vont devoir s’associer pour mener l’enquête et venger leur sang dans une course effrénée contre la montre et les ombres rôdantes.



J’attendais de pieds fermes le second roman de SA Cosby ! Je n’ai pas été déçue !

J’aime sa signature : l’association improbable d’un redneck alcolo, pénible au plus haut point mais apportant une touche d’humour, aux côtés d’un afro-américain au passé trouble, repenti et devenu quelqu’un. Un drame les réunit.

Dans « les routes oubliées », c’était pour un braquage, dans « la colère », c’est pour venger la mort de leurs fils respectifs.



C’est parfaitement écrit, bien tourné, des idées originales, un rythme haletant et effréné, je suis devenue en deux lectures une fan de Monsieur Cosby.

Il est à suivre et à recommander !
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Les routes oubliées

Bonjour Booksta,

Voici « Les Routes oubliées »de S.A. Cosby. Ce livre fait partie des deux finalistes étrangers du Prix Nouvelles Voix du Polar Pocket pour lequel je suis très heureuse de faire partie du jury. Voici un roman noir, captivant au rythme effréné. L’auteur nous emmène en Virginie où un afro-américain décide de braquer une bijouterie pour éponger ses dettes. Mais les conséquences ne sont pas celles qui étaient prévues. Nous observons un personnage principal émouvant et attachant, otage de ses erreurs toutes prévisibles. Le lecteur ressentira son désespoir, son amour profond pour sa famille et sa mère. Des sujets puissants sont abordés avec brio, le racisme, les inégalités sociales, la délinquance, la misère et la violence. L’auteur s’est muni d’une écriture visuelle, quasi cinématographique et les scènes d’action défilent sur l’écran des pages d’un livre qui m’a offert un très bon moment de lecture.

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La Colère

C'est un polar mais avec des flics tellement peu concernés que Ike Randolph, le noir, et Buddy Lee, le blanc, vont se charger de l'enquête.

Un couple d'homosexuels est assassiné. Isiah est le fils de Ike et Derek le fils de Buddy Lee. Les deux pères se rencontrent le jour de l'enterrement. Buddy Lee propose à Ike de l'aider à retrouver les criminels mais quand Ike est sorti de prison il s'est juré de ne plus laisser "sortir" sa violence. Le jour où il découvre que la tombe de isiah et Derek a été profanée, ses bonnes résolutions s'envolent.

Tout sépare les deux pères sauf trois choses: des années de prison, la mort de leur fils, et la colère qui les a envahis en apprenant l'homosexualité de leur fils .

Ni l'un ni l'autre étaient à leur mariage. Voilà que le remords les saisit et puis il y a Ariana leur petite fille... Isiah et Derek s'aimaient et eux n'ont rien compris, vieux réacs qu'ils sont. Une enquête très sanglante va commencer. Ils vont se trouver face à une bande de bikers hyper violents qui cherchent une certaine Tangerine qui semble être à l'origine de cette tragédie. Mais pour qui "roulent " ces dingues ?

Les deux pères se rapprochent peu à peu. Tous deux dévorés par le remords d'avoir rejeté leur fils vont unir leur rage pour trouver le coupable comme une sorte de rédemption

On est en Virginie il est question de racisme, d'homophobie et d'armes . Encore direz vous ? Oui mais ici c'est soutenu par un suspense bien ficelé et des rapports humains très forts.

Un bon thriller qu'on verrait bien sur grand écran !



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Le Sang des innocents

Magistral !

Quel bouquin ! Quelle écriture, quel style, quelle intrigue, quelle structure, quelle acuité sur notre époque !

Merci Monsieur Cosby.

Comment faire respecter la loi à ceux qui possèdent, qui sont riches, et donc sont, selon eux, au-dessus des contingences du peuple ? Comment expliquer à des suprémacistes que l’esclavage a été aboli ? Comment faire comprendre à tous les mouvements religieux que leur avis peut-être entendu mais qu’il n’est pas prééminent ?

Comment faire tout ça, et d’autres tâches, quand on a été élu pour porter l’étoile de shérif d’un comté de Virginie, état sécessionniste, alors qu’on est Afro-américain ?

La loi, toute la loi, rien la loi et ceci s’applique à tous.

Voilà ce qui guide notre incorruptible shérif et je ne dirais rien de l’intrigue pour que les futurs lecteurs prennent tout le plaisir que j’ai ressenti à lire ce livre majeur.

C’est un roman qui explique parfaitement les dérives de nos sociétés occidentales, où le récit national a supplanté le récit historique, et laisse envisager, hélas, toutes les dérives et y compris les pires.

Bonne lecture.

RD
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La Colère

Borsalino feutré et chemise blanche sur peau mate, lève le couvre-chef et retrousse les manches garçon, il est de mouiller la chemise.



S.A. Cosby revient confirmer un talent certain pour le roman noir des deux côtés : plume et pigmentation cutanée. Après un Fast & Furious rural qui avait frappé fort il revient ici avec un bouquin tout aussi maîtrisé mais gagnant en subtilité.



Papa ours et son compère bien blanc sortent du placard, avec des têtes pas possibles et des peintures de clans encrées sous la peau, histoire de bien faire voler en éclat le lien social ténu pour un taulard, y’a plus la combi full orange mais c’est tout comme.



En prison la nécessité de survie et l’envie de préserver l’accès aux orifices corporels à une utilisation personnelle poussent à la virilité absolue via le vecteur de la violence et du défi constant. La méfiance et la domination sont de rigueur.



Difficile de se détacher de ce passif une fois sorti du donjon..



Surtout quand ton fils et son mari se font assassiner et que la flicaille est trop occupée à exterminer la boîte de Donuts pour avancer sur une enquête de meurtre de fils de taulards.



Évidemment on sent que l’affaire va vite fait virer chocolat et on se délecte du déchaînement violent qui déboule vitesse MACH 12, mais S.A. Cosby sait se montrer plus finaud et soulève de vrais bons sujets.



Le racisme évidemment, subit ou pratiqué, grâce a un habile choix de héros monochromes.

La question de l’orientation sexuelle, de la masculinité toxique et donc surtout de l’acceptation de l’autre et de sa différence. Car pour le consentement on repassera la quête de rédemption étant nulle car scellée par une mort prématurée qui déclenche la prise de conscience, place au déchaînement de violence pas aveugle mais largement borgne car on trouve quand même un fond de jugeote.



Un nouvel opus clairement réussi qui confirme l’aptitude de Sonatine pour fourrager dans la créativité amerloque pour nous trouver des petites pépites. Et surtout d’un auteur de balancer un roman d’action efficace réfléchi qui chamboule un peu l’attendu. Belle surprise !

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La Colère

Une petite incursion dans le noir, de temps en temps ça défoule. Et on peut compter sur Sonatine pour nous fournir du bon, du costaud, du pas bête mais méchant juste ce qu'il faut. Rien que le titre, par les temps qui courent ça résonne même si le titre original Razorblade Tears semblait plus imagé. Quoi qu'il en soit, mission accomplie. J'ai dévoré, j'ai aimé le duo improbable formé par les deux pères en colère, j'avoue j'ai pris un certain plaisir au dérouillage en règle de quelques spécimens dont la société se passera sans peine et, sans vouloir me vanter j'ai deviné quelques minutes avant nos deux cadors l'identité du salopard en chef.



Ce duo improbable donc, association de circonstances est formé par Ike Randolph et Buddy Lee Jenkins. Le premier est noir, le second blanc et en Virginie occidentale rien ne les prédispose à faire équipe. Pourtant, ils ont des points communs. D'abord un pas si lointain souvenir de prison même si tous deux sont a priori rangé des voitures et de leurs anciennes habitudes de violence. Ike a une entreprise d'entretien de jardins, Buddy Lee vivote dans un mobile home délabré. C'est un enterrement qui va les réunir, celui de leurs fils respectifs qui étaient aussi amoureux l'un de l'autre, jeunes mariés et papas d'une petite Ariana. Isiah et Derek ont été assassinés et leurs pères, honteux de la façon dont ils se sont comportés à la découverte de l'homosexualité de leurs enfants sont bien décidés à faire la lumière sur ce meurtre alors que l'enquête de police piétine. Pour cela ils vont devoir passer outre leurs préjugés et retrouver avec une stupéfiante facilité les réflexes de leurs vies antérieures.



Toutes les conditions sont réunies pour un parcours épique et l'auteur fait habilement monter la sauce tout en proposant une exploration d'un territoire rongé par les a priori racistes et homophobes où sévissent des hordes de bikers aux cerveaux plus creux que leurs biceps. Nos deux héros en quête de rédemption qui apprennent peu à peu à se connaître et à s'apprécier sauront se montrer impitoyables face à des adversaires sans foi ni loi. Ce sont eux qui tiennent le roman de bout en bout, eux et la toile de fond sociétale qui dépeint la réalité d'un état de l'Amérique profonde dont on a pu se rendre compte des votes très récemment.



Résultat : un roman palpitant qui tient en haleine jusqu'à la fin et incite à vraiment s'attacher aux personnages principaux comme à certains plus secondaires. Une réussite.
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La Colère

Deux ex taulards, en colère, décident de venger l’assassinat de leurs fils. L’un est noir, l’autre est blanc. Leurs fils étaient gays, vivaient ensemble et avaient une fille.



L’histoire est avant tout une histoire d’incompréhension père-fils, de chagrin, de remords. Nos justiciers avaient une relation compliquée avec leurs fils parce qu’ils n’arrivaient pas à accepter leur homosexualité. Une fois morts et qu’ils ne peuvent plus réparer les choses, ils veulent régler leur compte aux gens qui les ont assassinés. Une manière de se racheter, une rédemption.

A travers ces deux pères, c’est toute l’intolérance de la société vis-à-vis de la communauté LGBTQ qui est mise à nu.



L’histoire est rythmée, pleine de sang mais pleine de cœur aussi. On finit par s’attacher à nos 2 personnages homophobes, imparfaits mais animés d’une réelle volonté de devenir meilleurs, de comprendre et accepter les autres, de devenir de bons grands-pères après avoir échoué en tant que pères.



Avec ce roman, S.A COSBY a marqué des points. Je le lirai à l’avenir.

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Le Sang des innocents

Je gardais un excellent souvenir de ma dernière incursion dans le sud des Etats-Unis avec S.A. Cosby alors pourquoi ne pas remettre ça ? La Colère était un roman palpitant qui tenait sur les épaules d'un duo improbable mais diablement efficace, Le Sang des innocents est tout aussi palpitant, efficace et noir. Ce qu'il met au jour c'est l'héritage indélébile d'un territoire marqué à jamais par les violences qui y furent perpétuées et répétées contre les noirs, l'impossible oubli malgré la marche de l'Histoire. Pourtant, à Charon petite ville de Virginie, un shériff noir a été élu pour la première fois. Titus Crown, revenu sur ses terres natales pour prendre soin de son père après quelques années passées au FBI. Bon, ses raisons sont un peu plus obscures que la version officielle mais toutes les vérités ne sont pas toujours bonnes à dire. Quoi qu'il en soit le voila élu depuis quelques mois, soucieux de ne pas donner prise à ceux qui n'attendent qu'un faux pas pour le discréditer, d'un côté comme de l'autre. Fragile équilibre entre deux communautés qui se contentent de se supporter de loin. C'est alors qu'un terrible drame survient au cœur du lycée de la ville : l'un des élèves, un jeune noir tire sur le professeur préféré de tous et est ensuite abattu par l'un des hommes de Titus. Il n'en faut pas plus pour cristalliser rancœurs et haines accumulées, tandis que Titus tente tant bien que mal de conserver les rênes d'une enquête qui l'emmène dans l'exploration des plus bas instincts de l'homme.



Encore une fois, S.A. Cosby a réussi à me captiver. Le personnage de Titus est humain à souhaits, si désireux de bien faire, engagé et en même temps torturé par les réminiscences d'un drame ancien. Condamné à une vigilance de tous les instants, sur tous les terrains pour protéger son territoire, s'imposer et parvenir à faire son métier. Autour, les influences s'entrechoquent, entre barons locaux souvent blancs, trafiquants notoires, nostalgiques du sud d'antan ou encore pasteurs des nombreuses églises en veine de pouvoir. Les crimes atroces que l'équipe du shériff met au jour ne font que renforcer les menaces et l'auteur orchestre tout ça avec talent autour de personnages solidement incarnés. Sa narration très visuelle (ah ce geste de Titus pour enlever ses lunettes de soleil...) renforce la sensation de faire corps avec certains des protagonistes et projette dans un décor de cinéma. Son propos n'est pas tendre pour dénoncer l'emprise des religions, l'hypocrisie qui va avec et s'épanouit particulièrement sur ces terrains ruraux et antagonistes. On comprend pourquoi ce roman fut l'un des préférés de Barack Obama l'été dernier. Tension extrême et force du propos, c'est parfait.
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La Colère

La colère est une émotion difficile à contrôler. On la sent monter, prendre de l'ampleur, bouillonner. Cet état passager peut parfois se prolonger même après que la menace soit passée. Pour certains cela peut être long, très long.



Ike et Buddy Lee ont peu de point commun si ce n'est qu'ils ont chacun un fils, marié l'un à l'autre qui plus est et qu'ils sont en colère.

Leurs enfants ont été abattus comme des chiens. Animés par la vengeance, ils vont se lancer à cœur perdu dans leurs recherches afin de découvrir la vérité et faire payer les ordures qui ont tués leurs fils.



S.A Cosby arrive à transcrire les émotions ressentis par nos deux acolytes avec brio. On perçoit pleinement la haine, la tristesse, et bien sûr la colère que ces deux pères endurent mais également, tout l'amour qu'ils éprouvent envers leurs fils et qu'ils n'ont jamais été capable d'avouer. Il y a aussi beaucoup de regrets et d'amertume.

Tout ce panel d'émotions transpire, dégouline dans le texte et ca fait mal.



Les personnages imaginés par S.A Cosby sont tous irrésistibles. Ike et Buddy Lee, chacun à leurs manières, malgré leurs failles, leurs tempérament, leurs défauts apportent un gros plus au récit. Ils sont très bien travaillés et on ressent une réelle empathie à leurs égards. Les personnages secondaires ne sont pas en reste évidemment et le tout permet une totale immersion dans l'histoire.



L'auteur en profite pour aborder un thème très actuel, les LGBT. Il est donc question des minorités mais aussi d'injustices raciales et sociales.

Le tout enrobé dans un récit haletant, un concentré de rage où l'on voit les protagonistes tout d'abord enragés, évoluer vers l'acceptation ...

L'intrigue tient la route et les motifs du double assassinats ne sont dévoilés que dans les toutes dernières pages.



C'est bien écrit, imagée à souhaits. J'ai souvent sourit en découvrant certaines descriptions. Un écrivain à suivre, je vais rapidement me pencher sur son premier roman.

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La Colère

Ike Randolph et Buddy Lee Jenkins vivent tous deux en Virginie occidentale, mais pourtant dans des mondes séparés, l'un étant noir, ex-membre d'un gang, mais revenu dans le droit chemin pour sa famille, et l'autre, blanc, sorti de prison aussi, alcoolique vivotant d'expédients dans un mobil home délabré.

Ce qui aurait pu les rapprocher, ce sont leurs fils, Isiah et Derek, qui s'aiment, se marient, et ont même une petite fille. Mais aucun des deux pères n'accepte l'homosexualité de son fils, et c'est bien trop tard, lorsque les deux seront tués par balle dans une rue de Richmond, qu'ils regretteront de ne pas avoir su les écouter ou leur parler. Dès lors, l'idée de vengeance germe chez l'un, puis chez l'autre, d'autant plus que la police n'a aucune piste pour enquêter sur ce meurtre…



La colère qui les éperonne va occasionner des scènes de brutalité un peu trop nombreuses. Ce roman n'est pas un polar, la police en est presque absente et même peu souhaitée entre les pages, il s'agit plutôt d'un roman noir où l'enquête est menée par les deux ex-taulards, ce qui n'est pas invraisemblable… On y croit vraiment.

Les deux personnages donnent du piquant au roman, notamment Buddy Lee qui ne manque pas d'un humour pas toujours partagé par son « collègue ». Par contre, l'auteur, lui, a le goût de la métaphore bien sentie, et ne manque jamais de faire des portraits bien croquignolets des personnages croisés : « le premier golgoth était doté d'une moustache noire si épaisse qu'on aurait dit qu'un chat avait élu domicile sur sa lèvre. Quant au second, il avait un strabisme qui devait lui permettre de vérifier les priorités à droite sans tourner la tête. »

L'évolution des deux pères, d'homophobes « de base » à plus de compréhension pour les différences, n'est pas mal vue, et donne de la profondeur à ce roman où l'action, pour ne pas dire la violence, n'est jamais loin. L'ensemble n'est peut-être pas follement original pour qui a déjà lu pas mal de romans noirs américains, mais si j'ai l'air de faire la fine bouche, comme ça, je ne me suis pas ennuyée un instant, et j'ai déjà en ligne de mire les deux autres romans.
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Le Sang des innocents

Titus est là, dès les premières pages. Et il ne nous lâchera plus. Dans ce roman de Cosby, tout tient grâce à ce personnage attachant. Tendre et désabusé, Titus, shérif noir dans une petite ville au passé confédéré encore bien présent, tente de faire respecter la loi. Tant bien que mal. Lui, l’ancien du FBI est de retour au bercail au côté de son père. Et puis une fusillade va bouleverser l’équilibre tout relatif de ce petit bout d’Amérique.



Sans Titus, sa capacité fédératrice sans tomber dans une fausse bienveillance trop lisse et ses failles cachées, je n’aurais sûrement pas à ce point accrochée au texte. Parce qu’il y a des passages un peu convenus que l’on retrouve dans la plupart des romans américains qui parlent de ségrégation raciale. Cependant, si Cosby ne révolutionne pas le genre, il le maîtrise. C’est un texte qu’on ne lâche pas, il y a un côté « netflixien », on imagine assez bien à la lecture ce qu’on pourrait en tirer à l’écran, avec un jeune Forrest Whitaker dans le rôle principal.



Pour ce qui est de l’intrigue policière, elle m’a fait penser à celle de La cour des mirages de Benjamin Dierstein (accrochez vos ceintures, mais lisez-le !). Mais le côté très politique en moins. Et c’est peut-être là que se niche mon bémol. J’ai lu un roman policier. Vraiment bon. Mais j’ai regretté de ne pas lire un véritable roman noir. Le tueur machiavélique dessert à mon sens le propos social du texte. Cela donne un rythme, une efficacité mais nous focalise sur une enquête à rebondissements là où j’aurais préféré lire un texte qui creuse plus les différences sociales à Charon. Pas besoin d’un tueur baigné de religiosité qui fait subir les pires atrocités pour comprendre les mécanismes de la haine et du racisme. Surtout que le personnage principal s’y prête complètement.



Pour autant, je suis contente d’avoir découvert cet auteur et je pense lire ses premiers romans. Il a l’art et la manière de créer des personnages attachants et ça demande bien du talent.

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La Colère

La colère ... Celle que Ike et Buddy Lee ressentent à l'égard des assassins de leurs fils, mais aussi celle qu'ils éprouvent envers eux-mêmes pour avoir rejeté leur enfant par homophobie, celle qu'ils éprouvent en réalisant, trop tard, qu'ils aimaient vraiment leur fils et qu'ils ont été tellement odieux dans leur homophobie. Ce road trip des pères en quête de vengeance est certes très violent, mais il est aussi terriblement émouvant. Car ces deux hommes, qui ne sont pas des enfants de chœur, vont progressivement découvrir la vérité sur la mort de Derek et Isiah, mais aussi faire tomber les barrières qui les séparaient et devenir des défenseurs des minorités LBGTQ. Au passage, l'auteur nous dresse un portrait d'une société corrompue, raciste, homophobe qui ne fait vraiment pas envie.

Une excellente lecture, vraiment!
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Le Sang des innocents

S.A. Cosby, « l'héritier du thriller américain » ? À n'en pas douter !

Le Sang des innocents est en effet un très grand polar. Il en a tous les ingrédients : action, suspense, effroi, émotions multiples, psychopathe très très méchant. Mais c'est la générosité et la puissance avec lesquelles ils nous sont offerts qui m'a marquée : avec lui, le lecteur part très loin, très fort et, détail notable, n'est pas déçu par le dévoilement final. Quand on ouvre ce livre, on veut juste suivre les pas de Titus Crown, ancien du FBI devenu shérif de sa petite ville de Virginie, on veut l'aider à résoudre une enquête compliquée. Tout le reste n'a plus aucune importance.

Déjà, l'auteur est très fort dans les scènes d'action, si difficiles à maîtriser. La tuerie au Lycée comme la grande Foire d'automne, aux deux extrémités du récit, sont emportées dans un souffle narratif puissant et confiant. J'y ai retrouvé l'élégance des grands romanciers sudistes que j'aime, Robert Penn Warren, Flannery O'Connor, Carson McCullers… On a l'impression de les connaître, ces habitants de Charon, leurs petites habitudes nous sont familières, on aime leurs plats traditionnels et on prend goût à leurs bagarres. On en ressent aussi le malaise profond, mélange de racisme et de l' « hypocrisie du christianisme », qui rend impossible l'entente entre Noirs et Blancs. La série de crimes abominables qui va être commise par le «Dernier Loup » peut ainsi être lue comme une punition pour toutes les fautes passées de Charon, pour la douleur de l'esclavage et la cruauté d'un passé jamais expurgé.



Car la force de roman réside aussi dans son double fond religieux : la Bible est partout, elle s'inscrit jusque dans la chair des victimes et dans le titre, elle se lit dans la culpabilité des personnages, parmi les prêtres trop nombreux et leurs fidèles plus ou moins fanatiques. Titus, lui, a cessé de croire, il a cassé la « relation abusive » qui le liait à la foi. Comment peut-on continuer à prier quand l'horreur s'abat sur une ville ? Quand notre maman, notre fils, nous est arraché trop tôt ? Les meurtres ne sont pas qu'un des attributs obligés du polar, ils deviennent l'occasion d'un questionnement douloureux sur le Mal et la difficulté de s'en libérer. L'atmosphère est lourde, comme l'air de l'église en fin de messe, chargé de sueur et d'encens. Elle nous poursuit longtemps.



Et puis il y a Titus Crown, dont la personnalité complexe sert le suspense dans un mélange de nonchalance et d'efficacité. Toutes les facettes de sa personnalité et de son passé créent du conflit : ancien du FBI, il vit comme une déchéance son retour pour soigner son père malade et pourtant, les connaissances qu'il y a accumulées sur les tueurs en série vont éclairer l'enquête. Homme de couleur, il est lâché par sa communauté et devient la cible des blancs suprémacistes. Idéaliste, il est animé d'un idéal d'ordre et de justice mis à mal par l'ambiguïté du monde. Shérif, il doit régler les tâches administratives et les menus délits alors qu'un psychopathe terrorise la ville entière. La menace du tueur brasse les cartes, oppose l'ordre au désordre, la justice à l'arbitraire, le futur au passé, la vertu au péché. C'est dans le personnage de Titus que convergent tous ces conflits, comme si toute la pression du roman, qui monte au fur et à mesure de l'enquête, venait converger en lui. Cela rend éminemment attachant cet « homme condamné à passer l'éternité à courir après les désastres sans pouvoir les empêcher ». On s'y attache comme à une bouée qu'on a envie de consoler.



Lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices Elle 2024

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Le Sang des innocents

On le sait tous, on ne peut pas faire l'unanimité. Le shérif Titus Crown, lui, le sait mieux que personne. Premier shérif noir de la région, depuis son élection à la tête du bureau de police de la ville de Charon (Virginie), il dérange à peu près tout le monde. Aussi bien une partie de la population blanche qui exhibe sans vergogne le drapeau confédéré comme si ce n'était qu'un héritage culturel, que la plupart des concitoyens noirs de la ville qui se sentent trahi par son allégeance à la loi des oppresseurs.

Bref, l'atmosphère n'est pas hyper sereine dans ce comté "fondé dans le sang et l'obscurité" qui n'a toujours pas soldé ses comptes avec la ségrégation et l'esclavage.



Ajoutez à cela une tuerie dans un lycée, qui révèle une sombre histoire de serial killer dont les victimes sont toutes de jeunes garçons noirs... rien ne va plus dans la vie de Titus! Et il va mettre tout en oeuvre pour coincer le cinglé qui fait trembler la ville.



Si j'avais déjà trouvé que S. A. Cosby possèdaient un sens aiguisé du rythme et un talent certain pour les personnages complexes et attachants dans son précédent roman "La colère", je dois admettre que pour ce 3e roman, il s'est surpassé!L'auteur a encore affiné sa capacité à faire des situations que vivent ses personnages des révélateurs des maux de la société américaine. Entre thriller et roman noir social, c'est une réussite absolue, d'abord et avant tout grâce à son personnage principal,Titus Crown, son sens de la justice, les blessures de son passé, son attachement viscéral à sa terre, au Sud dans toutes ses contradictions. Et c'est justement sur ce point que Cosby excelle encore : il apporte un éclairage nouveau sur les nombreuses plaies du Sud des Etats-Unis que rien ne semble réussir à refermer. Il raconte les tensions raciales évidemment, mais aussi la drogue, les laissés-pour-compte, le fanatisme religieux qui minent sans relâche aussi bien Charon que tout le pays.



Je ressors complètement convaincue du talent de S. A. Cosby donc! Gros coup de 🖤 pour ce roman impossible à lâcher, et sa sublime couverture.



Vivement le prochain !

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Les routes oubliées

Beauregard, ancien braqueur, tient un garage mais les affaires vont très très mal. Criblé de dettes, il doit être présent pour son épouse, ses enfants, sa mère (très vilaine).



D’autant plus présent que son père à lui a été absent. Il a disparu. Après une vie de violence et de coups plutôt foireux. « Une malédiction que ni l’amour ni l’argent ne peuvent conjurer ». « Mon papa, c’était un peu comme un ouragan dans un monde sans vente. Toujours dans l’excès ».



Acculé, Beauregard cède aux sirènes d’un coup soit-disant parfait, il est au volant, entouré de bras cassés. Il veut à la fois savoir conduire et savoir se conduire.



Les routes oubliées, un polar plutôt réussi de S.A Cosby qui nous entraîne dans son « Cosby show », c’est un peu prévisible, mais c’est prenant, divertissant, Prends-toi en main, Beauregard, c’est ton destin.

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Le Sang des innocents

Le sang des innocents de SA Cosby est un très bon thriller américain.

Titus Crown est le premier shérif noir à être élu dans le comté de Charon, en Virginie. Après douze ans au FBI, il est revenu sur sa terre natale et a provoqué la colère de beaucoup de blancs.

Le roman commence par une fusillade dans un lycée et l'enquête ne va pas être aussi simple, surtout que le prof adulé par tous, est vite mis en cause dans des meurtres horribles.

C'est une histoire très intéressante avec un personnage très fort qui fait tout l'attrait de ce roman.

Premier livre que je lis de cet auteur mais sans doute pas le dernier !
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Le Sang des innocents

J’avais raté les deux premiers opus de l’auteur qui pourtant avaient eu bonne presse ; le troisième ne pouvait pas m’échapper à nouveau !

‶Titus s’était toujours dit qu’en intégrant le système, il pourrait changer les choses de l’intérieur. Lorsqu’il avait été élu, il s’était promis que son département serait exemplaire. Malheureusement, les évènements lui avaient prouvé qu’il s’agissait d’un vœu pieux. ‶

Titus est de retour chez lui, dans la le comté de Charon. Ancien du FBI, il a été élu schérif. Noir, il sait que la partie ne va pas être facile pour lui, sur ces terres du sud raciste et rural ; une région ravagée par les crises, la consommation d’opioïdes, et la violence qui va avec, sans oublier l’hypocrisie religieuse ambiante.

Titus est extrêmement scrupuleux. S’il se fait un point d’honneur à faire respecter les lois de l’état, à être le plus impartial possible, il veille à maintenir un équilibre précaire entre les communautés.

Cet équilibre vole en éclat le jour où alors qu’un professeur est sauvagement assassiné par un noir, lui-même abattu par la police. Légitime défense, bavure policière ? Il n’en fallait pas tant pour ranimer la haine qui couvent depuis tant d’années.

Pour Titus et son équipe démarre une enquête qui va s’avérer on ne peut plus sordide et explosive. Il n’aurait sans doute pas dû regarder dans le téléphone du mort…mais voilà, maintenant que c’est fait, Titus ne peut plus reculer….

Cet opus, à la fois véritable polar, et roman noir met en scène des personnages attachants, très bien campés ; des hommes avec leurs forces, et leurs failles, décrits avec naturel, sans que l’auteur ait eu besoin de forcer le trait.

Superbement construit, et traduit, ce roman installe d’emblée son lecteur dans l’ambiance lourde et macabre.

Je sais désormais ce qu’il me reste à faire : mettre très vite la main sur les précédents opus de l’auteur !


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Le Sang des innocents

Un très bon polar dans le sud des États-Unis.

Titus Crown est le shérif élu depuis 1an, il est noir! Il y a une fusillade dans le collège de la ville.

Un seul mort, un enseignant aimé de tous.

Son meurtrier est un jeune noir qui ne se rend pas et est abattu.

L'enquête va amener Titus à découvrir le vrai visage de l'enseignant et déclencher une série de meurtres qui changera à jamais cette petite ville.
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Le Sang des innocents

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