AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de S. A. Cosby (293)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La Colère

En Virginie, Ike, un homme noir d'une soixante d'années et ancien taulard, doit faire le deuil d'Isaiah, son fils. Il a été assassiné avec son mari Derek. Ike a toujours eu beaucoup de mal à accepter l'homosexualité de son fils. Ils étaient en froid depuis plusieurs années et le deuil est encore plus compliqué. En plus l'enquête de police n'avance pas. Alors quand Buddy Lee, le père de Derek, lui aussi ex taulard mais blanc, lui propose d'allier leurs forces pour retrouver les assassins de leurs fils, Ike voit un moyen de racheter sa culpabilité envers son fils.



J'ai adoré ce roman ! Les personnages de Buddy Lee et Ike sont tonitruants, attachants, émouvants. Les phases d'enquête sont explosives. J'ai rarement lu un livre où l'action se mélange autant à l'introspection. Il n'y pas une page d'ennui, le rythme est tout le temps soutenu.



Vraiment encore une excellente découverte chez Sonatine !



Merci à Netgalley et Sonatine pour cette lecture.
Commenter  J’apprécie          140
Le Sang des innocents

LE SANG DES INNOCENTS de S.A. Cosby

Lorsque se produit une fusillade au lycée de Charon, une ville du sud des Etats Unis, le chérif Titus Crown intervient, élu depuis peu dans sa ville natale, après avoir travaillé au FBI.

Un professeur apprécié par tous, Mr Spearman, vient d'être tué et l'assaillant, Latrell, descendu par les flics. Ressurgissent alors la colère des blancs qui n'imaginaient pas avoir un jour un noir comme shérif et la méfiance des noirs qui voient Titus comme un traitre à leur communauté, à la solde des blancs.

L'enquête aboutira à la découverte d'un sérial killer qui mutile ses victimes. Monsieur Spearman était il aussi sympathique et innocent qu'on le croyait ?...

Un style fluide teinté d'humour,

Une enquête à rebondissement bien menée,

Une atmosphère pesante,

Un personnage principal intelligent, perspicace, plein de doutes, de ténacité et d'humanité,

Un thriller mettant en lumière l'équilibre fragile des régions marquées par l'esclavagisme avec les problématiques raciales qui subsistent et les tensions qui émergent très rapidement dès le moindre problème.

Un roman noir addictif qui se dévore d'une traite.

A déguster sans hésiter, notamment pour son versant sociologique.
Commenter  J’apprécie          130
Le Sang des innocents

Le sang des innocents dont le titre et la sublime couverture annoncent d'emblée un roman d'une grande intensité tient toutes ses promesses.



On y fait la rencontre de Titus ancien agent du FBI devenu le premier shérif noir de la ville de Charon gangrenée par la corruption et la violence raciale. Titus est un de ces personnages puissants qui marquent une lecture. Profondément humain et foncièrement juste dans ses choix et ses actions, le fragile équilibre de sa ville vole en éclat lorsque"un jeune (fils d'un de ses ami enfance) est abattu par son équipe après avoir tué un professeur et semé la terreur dans le lycée.



D'une histoire un peu classique Cosby en fait un roman puissant, humain, qui combat les préjugés et le racisme qui pullule dans les rues américaines.

L'intrigue est complexe, portée par des personnages à la personnalité extrêmement travaillée. Rien n'est laissé au hasard pour plonger le lecteur dans un climat de tension dont il ne sortira pas indemne.



Je comprends les magnifiques critiques qui ont accueilli ce roman depuis sa sortie, le sang des innocents est un de ces récits puissants qui malgré sa violence laisse percevoir la bonté et la bienveillance de celui qui l'écrit...

Commenter  J’apprécie          130
Le Sang des innocents

Dans le cœur du Sud des États-Unis, "Le Sang des Innocents" nous plonge dans l'atmosphère électrique de Charon County, une ville épicentre de tensions raciales exacerbées par la crise des opioïdes.

À travers les yeux de Titus Crown, premier shérif noir du comté et ancien agent du FBI, l’auteur dépeint une société en ébullition, où le racisme et les vestiges de l'esclavage tissent le quotidien d'une communauté déchirée.

Charon County, cette ville de Virginie, apparait presque comme un personnage à part entière, et ses rues et ses secrets racontent l'histoire d'une ville, d’un pays en lutte constante contre ses démons.



Titus Crown est un héros profondément humain, marqué par un fort lien avec sa mère défunte qui continue, malgré son absence, de guider ses pas. Sa solitude et sa scrupuleuse intégrité dans l'exercice de ses fonctions contrastent avec la méfiance qu'il suscite de toutes parts.

Entre le rejet d'une partie de la communauté blanche et la défiance d'une frange de la communauté noire, Titus incarne la complexité d'être à la fois gardien de l'ordre et minorité visible. Sa relation avec son père et son frère participe également à cet attachement qu’on ressent pour lui.

Tiraillé entre son devoir et son identité, il parcourt ce roman de façon particulièrement forte.



Le roman explore aussi la place laissée à la religion dans la vie de Titus, illustrant la quête d'un homme pour trouver sa propre voie entre foi et scepticisme, héritage familial et convictions personnelles.



J’ai vraiment adoré cette lecture, c’est bien écrit, fluide, on ressent la tension palpable et l’atmosphère à chaque page. L’auteur tisse habilement les fils où le passé et le présent s'entrelacent, révélant les stigmates d'une Amérique déchirée.



C’est un roman bien noir et puissant dont on a du mal à lâcher la lecture !



La confrontation entre les communautés blanche et noire et la difficile acceptation d'un shérif noir rendent le récit à la fois poignant et profondément actuel.



Ce n’est pas qu’une enquête policière, c’est aussi une exploration nuancée des fractures sociales et raciales d'une Amérique toujours en proie à ses vieux démons.

À lire absolument !



Et la fin nous laisse un peu dans l’expectative, y aura-t-il une suite ? On a vraiment envie de savoir ce que devient Titus !

Commenter  J’apprécie          130
Le Sang des innocents

S.A Cosby nous propulse en Virginie, dans le Sud des État-Unis. À Charon, ville calme, mais au nom chargé de sens et d'un passé trouble fondé sur le chaos, la violence et le sang.



Le Sang des Innocents est un excellent thriller porteur de messages puissants et essentiels, mais tout en restant un divertissement pour le lecteur. L'écriture de S.A Cosby est très imagée et visuelle, j'ai eu la sensation d'être devant un chef d'oeuvre que pourraient porter David Fincher et Jordan Peele.



Une fusillade dans un lycée…point de départ d'une affaire sordide qui va mener le shérif Titus Crown, ex-agent du FBI et ses adjoints au coeur d'une enquête où racisme, religion, perversion, sadisme, cruauté, détournement de fond, fanatisme et abus de pouvoir se côtoient. Titus devra tout au long de son investigation faire face à la pression des extrémistes qui veulent le décrédibiliser et manifester pour célébrer le passé confédéré idéalisé de suprémacistes blancs à l'occasion de l'annuelle Fête de l'Automne et d'un jeune pasteur noir et ses adaptes qui ne croient plus en la justice.



En plus d'une superbe plume, la beauté et la réussite de ce polar tiennent à plusieurs raisons évidentes, des cliffhangers inattendus, des scènes d'une violence inouïe qui provoquent des hauts le coeur, un psychopathe introuvable profondément traumatisé par une enfance cruelle…mais surtout à son personnage principal, Titus Crown. Atteint de troubles obsessionnels compulsifs depuis la mort de sa mère, Titus a perdu la foi contrairement à son père très pieux. Il essaie tant bien que mal d'être le plus juste, le plus humble et le plus bienveillant possible dans une ville régie par la religion et les préjugés. Son cynisme m'a fait sourire plus d'une fois, la relation qu'il entretient avec son père, Albert est si tendre…Je pense que je ne m'étais jamais autant attachée à un personnage de Shérif/policier.



S.A Cosby dénonce la religion mais s'interroge surtout sur la foi et ce qu'elle nous apporte. Un passage résume clairement ce message qu'il tente de nous faire passer : la vraie foi n'est pas dans le beau discours mais dans les actes, et la charité en fait partie. Il s'interroge sur le fanatisme religieux qui passe par des intérêts personnels sans altruisme qui révèle racisme, maltraitancce psychologique et physique.



L'auteur dénonce aussi tout au long du livre le racisme avec beaucoup de sensibilité et d'intelligence, évidemment par les menaces proférées qui proviennent des suprémacistes mais aussi en faisant état d'un racisme banalisé notamment par des regards, des réflexions et des attitudes des habitants de Charon. Racisme ordinaire accentué lorsqu'un employé de Titus soumet l'idée que tous les blancs qui sont fiers de leur passé ne sont pas des racistes…L'auteur à travers Titus donne une voix à l'importance de l'intégrité, de la tolérance et de la lutte contre la discrimination, il est essentiel de condamner tout ceux et celles qui ne condamnent pas de près ou de loin le racisme tout autant passé qu'actuel car comme il le souligne « le racisme est loin d'avoir disparu ».



Je conseille sans modération ce roman, qui est un gros coup de coeur et que je mets dans mon top 10 polar !



J'ai toutefois quelques réserves,

La traduction du titre en français, je trouve que le titre original a beaucoup plus d'impact.

Le choix de la couverture française qui je trouve nous promet tout sauf un thriller musclé.

S.A Cosby nous informe que Titus est atteint de TOC mais ne s'en sert pas, que ce soit dans l'écriture ou l'intrigue, ce n'est pas grave en soi, mais je trouve que c'est vraiment dommage !



**Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices ELLE - lauréat du mois de janvier dans la catégorie Polar
Commenter  J’apprécie          130
Le Sang des innocents

Titus Crown a été élu premier shérif noir de Charon County une petite ville du Sud des Etats unis, terreau fertile des suprémacistes blancs. Il est bien décidé à faire preuve d’impartialité malgré la promesse qu’il s’est fait de lutter contre l’oppresseur.

Lorsqu’une fusillade intervient dans un lycée, l’auteur des faits, un jeune noir à la dérive, est rapidement abattu sur place. Sa seule victime est un professeur blanc. Pour tout le monde l’affaire est bouclée, l’assassin n’a eu que ce qu’il méritait. En proie aux pressions des deux camps, Titus, impassible, décide de découvrir ce qui a bien pu pousser ce garçon à tuer ce professeur aimé de tous. Ce qu’il va découvrir est bien plus tordu que ce à quoi il s’attendait.

Pas de rédemption pour Charon County devenue berceau du mal, Titus le sait, mais il n’est pas le seul …

Alors on serait tenté de dire que c’est encore la énième histoire sur le Sud esclavagiste, la communauté noire opprimée, le type au milieu qui fait tampon et s’en prend plein la face, blablabla …

Mais quelle erreur ! C’est sans compter sur la qualité narrative du récit et le talent inouï de S.A. COSBY qui écrit d’abord avec ses tripes et ses convictions. Il nous offre une lecture sans concessions en nous brossant le tableau persistant de toutes ces villes gangrénées par un racisme crasse, ancré depuis des générations, par l’ostracisation des plus faibles, et combien il peut être difficile d’être un homme loyal au sein d’une société corrompue.

C’est un roman à l’ambiance sombre emprunt de violence et de revendications, avec des personnages qui ne sont absolument pas dans la caricature, son héros d’ailleurs est de ceux que l'on n’oublie pas une fois le livre refermé et puis surtout c’est une enquête captivante qui à aucun moment ne ménage le lecteur.

Un coup de cœur monstrueux pour cet auteur !
Commenter  J’apprécie          130
Le Sang des innocents

Titus Crown, ex-agent du FBI devient le premier shérif noir du comté de Charon en Virginie. Il se trouve confronté à un tueur en série, dont la traque s’avère délicate et mobilise toutes ses ressources, son expérience d’ancien du FBI et des adjoints plus ou moins efficaces. Une intrigue bien maîtrisée dans une ambiance persistante de racisme sudiste et de fanatisme religieux, des personnages qui dévoilent progressivement leur personnalité font de ce polar noir un grand moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          130
Le Sang des innocents

« Le sang des innocents » est le troisième roman de Shawn. A Cosby paru en France et édité aux éditions Sonatine. Son second, « La colère » figurait sur la « Summer reading list » de Barack Obama. Rien que ça ! Shawn est né en Virginie occidentale, issu d’une famille pauvre et élevé en milieu rural. Il connaît donc parfaitement la notion d’appartenance à une communauté, les avantages et les inconvénients de vivre dans un monde relativement cloisonné. Aussi, à travers ses écrits, il décrit ce qu’il a expérimenté, constaté et ressenti, sur des sujets qui ont fait partie intégrante de son existence. Par exemple, dans « Les routes oubliées » il met en lumière ce que l’homme est capable de faire pour combattre la pauvreté, dans « La colère » il décortique l’intolérance, le racisme et l’homosexualité. Quid dans « Le sang des innocents » ?



Titus Crown, ancien agent du FBI, est de retour dans la ville qui l’a vu naître : Charon en Virginie. Il revient sur sa terre natale pour prendre soin de son père, mais pas seulement… Un évènement traumatique le hante. Durant ce temps passé à Charon, il décide de se porter candidat pour le poste de shérif. Contre toute attente, il remporte cette élection alors que traditionnellement le shérif a toujours été de couleur blanche. Titus Crown et donc le premier shérif noir à accéder à ce poste. En règle générale, il ne se passe rien de bien grave dans cette petite ville aux taux de criminalité relativement bas. Mais alors que Titus va célébrer sa première année de mandat, la communauté est secouée par un shooting au lycée Jefferson Davis. Lors de l’intervention des forces de police, le tueur est assassiné. Il s’agit d’un très jeune étudiant sans histoire. Il n’y a eu qu’une seule personne tuée lors de cet assaut : un professeur de géographie extrêmement apprécié de ses élèves et très respecté de la communauté. Une enquête est alors ouverte qui va révéler bien des zones d’ombre chez chaque protagoniste impliqué dans cette histoire, et amener les équipes de la police, mais aussi les habitants à s’immerger dans les ramifications d’une histoire sordide qui va secouer toute la communauté.



« Le sang des innocents » c’est d’abord le récit d’une communauté et du fameux « vivre ensemble » qui peut exciter autant que paralyser. S.A Cosby connaît et aime sa région. C’est sans doute ce qui lui permet d’en retranscrire l’atmosphère avec tant de pertinence et de finesse. Les descriptions qu’il fait de Charon permettent une immersion totale du lecteur autant au niveau de l’ambiance qu’au niveau du langage qu’il place dans la bouche de ses protagonistes. Car dans ce sud, celui qui a fait l’Amérique par son brassage culturel, sa diversité, ses évènements historiques et ses batailles, les problématiques inhérentes aux petites villes sont bien différentes de celles des grosses mégalopoles. « Bref, Charon était semblable à la majorité des villes et des comtés du Sud : son sol était imbibé de plusieurs générations de larmes et, ici, comme ailleurs, violence et chaos étaient érigés en symboles d’un passé idéalisé qu’on célébrait tous les ans, à l’occasion de la fête des Pères fondateurs. » Plus qu’ailleurs, à Charon, survivre est un combat permanent.



« Le sang des innocents » relate une enquête qui débute par une attaque armée dans une école, phénomène tristement fréquent dans les établissements scolaires américains : un prof aimé de tous, un gosse sans histoire, un flic chargé de l’enquête. Une histoire qui pourrait s’arrêter là sans l’exigence que Titus Crown place dans sa fonction. Personnage phare du roman, Titus a une haute opinion de sa mission et possède un vrai code moral. Chargé de « protéger et servir », de maintenir un code d’honneur basé sur l’irréprochabilité de sa fonction, Titus se fait un point d’orgue à suivre les procédures et à élucider ses affaires jusqu’au bout… quitte à subir les foudres de sa communauté lorsqu’il impose une enquête approfondie sur le tireur Latrell Macdonald, mais aussi sur la victime Jeff Spearman. De quoi s’attirer les foudres de la communauté blanche ET de la communauté noire. Car toute la problématique de ce personnage réside là : Titus est accusé d’être à la solde des blancs par ses pairs, mais aussi de protéger ceux de sa couleur de peau. Titus aime sa ville, mais celle-ci ne lui rend pas forcément son affection… Un amour à sens unique, pollué par un racisme intrinsèque générationnel. Cette enquête va pousser toute une communauté dans ses retranchements, et Titus dans les siens.



Je ne vais pas expliciter plus en détail l’enquête abominable à laquelle va être confronté Titus, je préfère mettre l’accent sur la photographie que S.A Cosby fait de l’Amérique et des thématiques qu’il soulève. Il y a le racisme dont sont victimes les Noirs américains et dont les récents événements d’actualité démontrent l’omniprésence, mais il y a aussi la religion à laquelle Cosby consacre une très grande partie de son roman. Il faut comprendre que l’Amérique fonctionne sur un système de communautés : celle de l’école, celle de l’église, celle des opinions politiques. Les relations amicales se font uniquement par ce biais. Or, dans le comté de Charon, il existe vingt lieux de culte. Pour une si petite communauté, c’est énorme et cela divise. Le titre anglais du roman « All the sinners bleed » (littéralement, tous ceux qui ont commis des péchés saignent) met bien en avant cette notion de communautarisme par la religion. Dans « Le sang des innocents », le lecteur rencontre des confessions proches, mais différentes avec un regard assez cynique sur le sujet : « Une église aussi rentable aurait dû avoir les moyens de s’offrir un climatiseur central dernier cri. Ainsi que des bancs de meilleure qualité. Et un nouveau bardage. Par ailleurs, il ne pouvait pas s’empêcher de remarquer la belle robe noire aux broderies d’or du révérend Jackson, tout comme il n’avait pas manqué de remarquer la Lexus flambant neuve stationnée sur l’emplacement réservé au pasteur. Chaque année, une nouvelle voiture semblait y faire son apparition. Peut-être que c’était ça, en fin de compte, ce que les vrais croyants appelaient un miracle. » La balance incarnée par Helen, mère de Titus décédée est savoureuse : « Il ne suffit pas de monter dans une chaire pour être un pasteur, tout comme il ne suffit pas de se rouler dans la boue pour être un cochon. »



Certaines branches comme celle du Rocher Rédempteur en la personne du pasteur Elias Hillington décortiquent un microcosme de religion blanche pour blancs : « Le pasteur et les membres de sa congrégation ne cachaient pas leurs orientations politiques : entre deux sermons sur les flammes de l’enfer, Elias n’hésitait pas à s’emporter contre le mariage gay, la menace socialiste ou le mouvement Black Lives Matter. Les fidèles du Rocher sacré ne portaient pas de robes blanches et ne brûlaient pas de croix, mais Titus savait très bien ce qu’ils pensaient de lui et de tous ceux qui lui ressemblaient. Cela émanait d’eux par vagues, comme la puanteur qui se dégage d’une plaie infectée. Dans leur cas, c’était l’âme qui était vérolée. » D’ailleurs, l’anecdote de ce pasteur qui vit au milieu des serpents et les utilise pour ses prêches est tout à fait réelle, il vous suffit de taper « snake handling » ou « serpent handling » sur internet pour vous rendre compte du phénomène. Ce procédé sous-entend que leur foi est si forte que les serpents ne les mordront pas.



Même si Titus Crown est très critique face à la religion et qu’il a mis « un terme à cette relation abusive il y a déjà un bon moment », il respecte absolument les croyances de son entourage, notamment celle de son père. Ils existent chacun avec leurs croyances, mais existent aussi individuellement, en dehors de leurs spiritualités respectives. S.A Cosby fait d’ailleurs une différence majeure entre religion et spiritualité. Nul besoin d’aller à l’église pour être croyant – la foi est quelque chose de très personnel, hypocrisie de ceux qui se disent croyants et commettent ensuite les pires atrocités qu’ils vont confesser dans des lieux saints, mais qui ne les empêchera pas de recommencer leurs méfaits. Je voudrais d’ailleurs insister sur cette magnifique relation que Titus a avec son père, une relation d’amour désintéressé, sans jugement, respectueuse et incroyablement inspirante.



« Le sang des innocents » évoque également le sujet des armes à feu, autre problématique récurrente sur le sol américain. Comme vous le savez, sans doute la NRA, toute puissante, génératrice de lobbying et militante du fameux premier amendement de la Constitution, ne permettra jamais de résoudre ce problème. Shawn A. Cosby le sait très bien, et en profite pour aborder ce sujet de façon parfois assez cynique (« Vous voyez, c’est pour ça que j’ai toujours dit qu’il fallait que les enseignants aient le droit de porter une arme. ») ou de façon plus sérieuse (« Le comté de Charon comptait plus d’armes à feu que d’habitants, pour la bonne raison que la plupart des habitants possédaient plus d’armes à feu que nécessaire. »).



À travers le personnage de Titus Crown et des thématiques abordées, Cosby a un merveilleux alibi pour décortiquer avec lucidité son Amérique. Le dilemme de Titus, de devoir prouver qu’un shérif noir peut être aussi impartial et intègre qu’un shérif blanc est une croix quotidienne. « (…) s’il était élu, il serait un shérif noir, mais pas le shérif de la communauté noire. » Irréprochabilité, transparence et moralité combattent une affaire où mensonges, secrets et cruauté prennent toute la place. Dans une si petite communauté où chacun porte un masque, sait des choses qu’il faut taire, difficile de démêler le vrai du faux… « La vérité est encore à faire ses lacets que le mensonge a déjà parcouru la moitié du globe. » « Le sang des innocents » coule sur les terres de Charon, et il est principalement noir. Malgré un sentiment d’appartenance fort, et un amour sincère, pour ce lieu, les sentiments du shérif face à l’enquête qui doit mener restent ambivalents ; « C’était une période où, il devait bien le reconnaître, il avait honte de sa ville natale. Honte des péquenauds arriérés et racistes qui la peuplaient et de la petite mesquinerie de province qui la caractérisait. »



Toute la complexité de l’être humain et à travers lui de l’Amérique est présente dans ce roman. Une belle réussite pour un auteur qui prend incontestablement de l’ampleur !
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
Commenter  J’apprécie          132
Les routes oubliées

Un roman noir, prenant.



En commençant ce thriller, je ne savais pas à quoi m’attendre. Le rythme est lent mais convient parfaitement à l’histoire. Nous suivons Beauregard qui n’a pas eu de chance dans la vie mais qui n’a pas non plus fait les bons choix. Et ce sera encore le cas…



Il sort de prison, doit se ranger, mais rongé par les dettes qui s’accumulent, les frais qui tombent, il veut faire le dernier casse. Celui qui permettra de se ranger définitivement et de mettre sa famille à l'abri. Car oui, Beauregard n’est pas seul. Il a femme et enfants sur qui il doit veiller et pour qui il doit rentrer dans le droit chemin.



Lors de cette lecture je me suis demandée si on peut s’en sortir, quand dès le départ la famille n’est pas assez présente, ou pire trempe dans des trafics douteux… Car c'est le cas de Beauregard, et peut-être que cet environnement l’a conditionné à ne pas chercher mieux, à fermer les yeux. Dans un pays où le racisme ambiant est pesant, ce thriller nous entraîne vers les choix sombres du personnage principal.



On pourrait presque voir deux hommes, Beauregard, ce père de famille qui aime ses proches et ferait tout pour eux et Bug (j’ai d’ailleurs eu du mal à m’y faire) cet ex taulard qui ne sait pas arrêter quand il le faut.



Je me voyais bien dans mon canapé à regarder l’adaptation ciné de ce roman noir qui m’a pris aux tripes. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à le lire.



Ce titre concourt aux Nouvelles Voix du polar 2023, dans la catégorie littérature étrangère face aux “Samaritains de Bayou”..
Commenter  J’apprécie          130
La Colère

📚Le polar a toujours été un genre ancré dans la société et porteur d'interrogations de notre temps. Et, en attribuant le Prix Quais du Polar des Bibliothèques 2024 à Shawn A. Cosby pour La Colère, la ville de Lyon ne s'y est pas trompé. Dans son roman, l'auteur américain réunit deux pères dont les fils respectifs viennent d'être assassinés. Deux pères dont les fils étaient mariés l'un à l'autre et parents d'une petite fille. Deux pères, l'un noir, l'autre blanc, qui vont mener l'enquête pour venger la mort de leurs enfants. Ces enfants qu'ils avaient rejetés pour leur homosexualité et dont ils vont vouloir venger l'honneur. Et la vengeance a un goût amer...



🖊La Colère de Shawn A. Cosby est une photographie sombre et violente de l'Amérique contemporaine, gangrénée d'homophobie et de racisme. A travers la quête de vengeance de deux pères old school et empreints de préjugés qui vont s'unir pour défendre l'honneur de leurs fils, on découvre cependant que la colère peut amener à la rédemption. Le duo d'Ike et Buddy Lee est percutant (au sens propre comme au sens figuré) et leur fureur débordante n'empêche pas la remise en question. Pour que les larmes qui coulent comme des lames de rasoir deviennent des larmes de pardon.



👩chronique complète : https://www.mtebc.fr/la-colere-cosby/
Lien : https://www.mtebc.fr/la-cole..
Commenter  J’apprécie          120
La Colère

"La colère" c'est du roman noir américain contemporain pur-jus, presque un archétype.

Tellement un archétype qu'il confine de temps en temps à la caricature à force de métaphores inspirées, d'images ou de comparaisons formulées à l'arrache dans des situations toutes plus improbables et extrêmes les unes que les autres...



Mais "La colère" c'est d'abord un cri du coeur;

Ici La colère est appel au secours,

L'appel d'air du manque d'amour

Ici la Colère c'est la rage après l'erreur

C'est l'espoir à tort et à travers

Ici même si la colère est vulgaire

Au final la colère est terreur mais pas d'erreur,

Presque ici la dernière dignité.



En tous cas pas à dire ça dépote. Généreusement !

Ca saigne, ça crache et ça krashe, ça kalashe, ça décoiffe.

Dans tous les coins ça tire.

Toujours vers le bas les coins des lèvres et des yeux, toujours au bord du cri,

comme dans un DÜRER une extase à l' envers...



C'est tellement extrême, tout ça, qu'on est parfois fasciné.

Et bien sûr qu'on s'attache, du coup.





On s'attache à Buddy Lee, le blanc qui a plutôt mal tourné, le looser au bout de sa route.

On s'attache à Ike, le noir qui a fait la route à l'envers jusqu'à un peu de lumière, le char d'assaut trop blindé qui manque de meurtrières et marche à l'aveugle un peu, du coup...



On s'attache à ces deux-là, nos semblables quand même, nos frères humains malgré tout.



Mais ce noir roman-là, à moi en tous cas, ne donne pas envie d'Amérique !



Pour moi en tous cas, pas l'idéale antidote à la mysanthropie essentielle...

Commenter  J’apprécie          120
Le Sang des innocents

Titus est le 1er shérif de couleur de Charon ville du Sud des États Unis. La ville est marquée par son histoire ségrégationniste et la présence d’un sherif noir n’est pas acceptée par tout le monde. Dans ce décor il va se produire une fusillade dans le lycée de la ville dans laquelle le professeur le plus apprécié est tue ainsi que l tueur, un jeune noir abattu par un collègue blanc de Titus.

L’intrigue est plutôt classique mais ce qui fait que ce livre est très marquant se situe plus dans la plume de l’auteur.

En effet son écriture est très fluide le déroulé se passe à une bonne vitesse ni trop rapide ni trop lente.

Il y a l’intrigue principale avec la recherche du tueur qui est pour moi une enquête plutôt classique mais les éléments de la vie de Titus, son histoire ses doutes sont très bien distillés tout au long du récit principal et crée une profondeur à l’histoire qui sans ça serait moins prenante. On est également grâce à ca totalement plongé dans cette ville du Sud et son contexte historique. Ça m’a rappelé Brasier Noir que Greg Isles ce qui est très bon signe.

Je vais garder en tête cet auteur qui semble prometteur comme souvent avec Sonatine.



Commenter  J’apprécie          120
Le Sang des innocents

Premier roman que je lis de cet auteur, et c'est un coup de coeur , le premier de cette année ! 



Après quelques années à travailler pour le FBI, Titus revient à Charon, sa ville natale, où les mentalités n'ont pas l'air d'avoir évolué pour certains. Élu shérif du comté de Charon, Titus va devoir enquêter sur une tragédie survenue dans un lycée. Face a de nombreux détracteurs, il va devoir prouver que l'enquête est plus complexe qu'il n'y paraît et que quelque chose de plus sérieux se cache là-dessous. Une course contre la montre est lancée car les meurtres, eux, continuent...



Cosby écrit avec justesse et réalisme le quotidien de cette petite ville du sud-est des États-unis encore bien ancrée dans son passé ségrégationniste...  Racisme, injustices sociales, violence et fanatisme religieux sont les thèmes parfaitement maîtrisés de ce thriller.



Je me suis rapidement attachée à Titus, droit,  loyal mais avant tout profondément humain. C'est un homme tourmenté par ses propres démons, qu'il essaie tant bien que mal d'occulter, mais cela n'est pas une chose facile avec les éléments de cette enquête. 



J'ai adoré l'ambiance du roman,  sordide et angoissante à souhait, et où la tension monte crescendo au fur et à mesure de l'enquête. On ne s'ennuie à aucun moment, et les pages défilent sans que l'on s'en rende compte. 



Ce roman est une vraie claque que je vous conseille vivement si vous aimez les thrillers denses. Je ne tarderai pas à lire les premiers romans de cet auteur! 



Je remercie les éditions Sonatine et Netgalley de m'avoir permis de découvrir ce roman.



Commenter  J’apprécie          120
Le Sang des innocents

Dans le comté de Charon, la saison des larmes vient de débuter.



Après avoir travaillé quelques années au FBI, Titus Crown revient dans la ville où il est né et a grandi. Il devient le premier shérif noir en l’emportant sur son prédécesseur véreux. Bien décidé à remettre la justice au centre de son action, il est pris entre ceux qui le haïssent pour sa couleur de peau et ceux qui le jugent comme traitre à la cause noire.

Un an jour pour jour après son élection, un professeur est tué dans le lycée local par un ancien élève. Un professeur blanc adoré par tous tué par un jeune noir, lui même abattu par les adjoints blancs de Titus: les divisions ne font qu’augmenter dans la communauté alors que cette fusillade met à jour une série de crimes et l’existence d’un tueur en liberté.



Comme dans ses précédents romans, Cosby utilise le roman noir pour dresser le portrait de l’Amérique. Il fait un magnifique travail en décrivant la dynamique d'une petite ville aux prises avec son héritage historique et ses divisions raciales qui alimentent les conflits sans oublier l’omniprésence de la religion.



Toujours habile à créer des personnages forts, Cosby donne vie à ce shérif noir qui se bat avec ses propres traumatismes et doit naviguer dans la politique locale. Titus Crowne est un personnage complexe confronté aux conflits intérieurs qui l’agitent sur ses fonctions de shérif noir, déterminé à être irréprochable, s’efforçant de ne pas franchir la mince frontière entre le bien et le mal mais tenu de protéger même ceux qui prônent des idées nauséabondes. Un homme imparfait et tourmenté, animé par une quête incessante de justice pour tous.



C’est encore un sans faute pour cet auteur. Trois romans - trois réussites - tous différents mais avec un art, désormais reconnaissable, pour marier les sujets difficiles et l’action, la sensibilité et la violence.

Commenter  J’apprécie          120
La Colère

« La colère » de S.A Cosby raconte la quête de vérité de deux pères après l’exécution de leurs fils Isiah et Derek mariés et pères d’une petite Arianna. Le père d’Isiah, Ike est noir et n’a jamais accepté l’homosexualité de son fils. Le père de Derek, Buddy Lee est blanc et n’a jamais accepté l’homosexualité de son fils. Après l’enterrement, il pleut des Razorblade Tears, littéralement des larmes de rasoir (titre original du roman) et une énorme culpabilité frappe les deux pères. Deux mois plus tard, lorsque la pierre tombale des défunts est vandalisée, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. « Et comme si ça ne suffisait pas, les vandales avaient ensuite inscrit par-dessus les noms leur point de vue sur l’homosexualité et les relations interraciales à la bombe vert fluo. Un nègre pédé. Un suceur de nègre pédé. » Ike et Buddy Lee se lancent à la recherche du ou des meurtriers de leurs fils. Malgré leurs différences, ils vont devoir apprendre à composer avec l’autre, se comprendre et s’apprivoiser.



Voilà un roman qui tire son épingle du jeu ! S.A Cosby met en scène deux êtres que tout oppose, unis par un but commun : retrouver l’assassin de leurs fils alors que l’enquête de police piétine. L’auteur affirme que son thriller est basé sur le concept de « masculinité toxique ». Effectivement, « La colère » s’appuie sur une dose de testostérone maximale et développe deux thématiques centrales : le racisme et l’homophobie. Ike et Buddy Lee ont tous les deux fait de la prison. Ils ont évolué dans un univers de violence durant des années. Une fois sortis, ils se tiennent à carreau, mais les exécutions de leurs fils respectifs ravivent des instincts primaires.



Dans le titre français « La colère », on perçoit très aisément les notions de vengeance, de revanche et de violence. « C’était le problème avec la violence : quand on la cherchait, on la trouvait, mais elle vous prenait aussi souvent au dépourvu. » L’enquête les amène très rapidement à côtoyer un groupuscule appelé « Les Sang pur » (cela en dit long sur leurs appétences) qui baigne principalement dans le trafic d’armes et de méthamphétamine. Les interactions avec ce groupe nous emmènent très rapidement sur les terres de la série Sons of Anarchy où l’on retrouve les prospects et la fameuse table où sont prises les décisions. Je suis une fan absolue de cette série et autant dire qu’en faisant le choix d’installer ce type d’ambiance, S.A Cosby a immédiatement retenu toute mon attention.



Dans le titre anglais « Razorblade Tears », la dimension de larmes, donc de chagrin, de douleur, d’amertume prend davantage de place. Si Ike et Buddy Lee organisent une vendetta en mémoire de leurs enfants, ils cherchent aussi une forme de rédemption qui se rapproche du pardon. Ni l’un ni l’autre n’a jamais réussi à accepter l’homosexualité de son fils. « Ike ne comprenait pas. Comment Isiah pouvait-il ressentir la même chose pour Derek que lui pour Mya ? » Même la mère de Derek, remariée, tient des propos qui vont dans le même sens. « Notre fils avait choisi un mode de vie dépravé et malsain que ni mon mari ni moi ne pouvions tolérer sous notre toit. Alors oui, je l’ai mis dehors, mais je ne l’ai jamais frappé, moi. »



« La colère » se déroule en Virginie du Sud, dans une ville éloignée de tout. Les deux protagonistes passent énormément de temps en vase clos, en voiture notamment, un espace confiné d’où il est impossible de s’échapper et qui oblige à terminer les conversations, même en cas de désaccords ou de sujets délicats. Cela donne lieu à des joutes verbales nerveuses où les choses sont dites parfois de manière extrêmement brutale. Ne pas pouvoir s’échapper oblige l’autre à écouter, mais aussi à réfléchir sur les sentiments de celui qui parle. Ainsi sont abordés l’homosexualité de leurs enfants et les regrets de ne pas avoir su l’accepter, mais aussi les problèmes d’Ike liés à la couleur de sa peau. D’une certaine manière, il ouvre les yeux de Buddy Lee sur ce qu’il risque tous les jours dans sa peau d’homme noir. « Je pense que pour la première fois, tu découvres à quoi ressemble le monde pour ceux qui n’ont pas la même tête que toi. » Ces deux hommes que rien n’aurait emmenés à faire front commun, se révèlent capables de confronter leurs différences pour démêler le nœud de la haine facile ou héréditaire. « J’ai jamais affirmé que t’étais raciste. T’es juste un péquenaud qui n’a jamais réussi à se soucier de ce que traversaient ceux qui n’ont pas la même couleur de peau que toi. »



Enfin, « La colère » traite du prix de la vengeance. Est-elle nécessaire ? Jusqu’où et à quel prix ? Ike et Buddy Lee vivent dans une culpabilité sans fin qu’il est impossible de racheter autrement que dans le sang. Avant l’intention de retrouver les meurtriers de leurs enfants, il y a l’intention de se racheter vis-à-vis d’eux-mêmes. « On fait un truc pour nos gosses. Enfin. Et pour la première fois depuis une éternité, j’ai pas l’impression d’être le pire père de la terre. » Il m’a semblé qu’à travers ses deux personnages qui deviennent de plus en plus attachants, il restait un petit espoir auquel se raccrocher dans le grand maelström de notre intolérance collective et notre propension à juger l’autre très rapidement. Si deux vieux « rednecks » parviennent à faire preuve d’un minimum de réflexion et d’intelligence, tout devient possible ! « Mais j’imagine que si, un jour, on se rend compte qu’on a été un sale con, ça veut dire qu’on peut s’améliorer. » Tout à fait Monsieur ! Alors certes, cela se fait dans le sang, ambiance vieux western, mais avec gros calibres, dans des courses poursuites dignes des meilleurs films de genre, grâce à des scènes où l’on prend plaisir à voir les « méchants » se faire décalquer la tronche, mais que cela fait du bien de voir au milieu de tout cela deux hommes qui parviennent à se comprendre et à se respecter.



« La colère » de S.A Cosby est un roman fort, très abouti autant sur la forme que sur le fond. L’empathie monte crescendo vis-à-vis des deux justiciers, malgré leurs failles, leurs paroles parfois détestables, parce qu’il y a au fond d’eux une véritable intention de devenir meilleurs. « On n’a pas été de très bons pères, mais peut-être qu’on sera de meilleurs grands-pères. » Cela me redonne un peu de foi en l’espèce humaine.


Lien : https://aude-bouquine.com/20..
Commenter  J’apprécie          120
La Colère

Ike et Buddy Lee se rencontrent le jour de l’enterrement de leurs fils, Isiah et Derek, un jeune couple qui a été froidement assassiné. Les deux pères n’ont a priori rien en commun. Un est blanc, un est noir. Un tate de la bouteille et vit dans une caravane, l’autre vit prospère en gérant son entreprise de jardinage.

Pourtant ces deux hommes si différents en apparence partagent deux choses: le même passé derrière les barreaux et les mêmes regrets. Ni l’un ni l’autre n’a accepté l’homosexualité de son fils. Ils se sont comportés comme des cons avec leur progéniture.

Malheureusement, aujourd’hui il est trop tard pour leur demander pardon.

Ike et Buddy Lee vont s'unir dans leur désir désespéré de vengeance. Ils vont chercher à retrouver les meurtriers et tenter de faire mieux pour leurs fils dans la mort qu'ils ne l'ont fait dans la vie.

Ces hommes endurcis vont affronter leurs propres préjugés et faire pleuvoir leur colère sur ceux qui ont tué leurs garçons.



La quête rédemptrice de ces deux pères homophobes est une totale réussite. Ce thriller au rythme fou parvient à vous tenir en haleine tout en abordant des sujets de société (paternité, homophobie, racisme).

A cela se rajoute les âmes imparfaites d'Ike et Buddy Lee qui se faufilent dans le cœur du lecteur alors que l’on assiste à la naissance d’une amitié improbable, forgée dans le feu et la rage.



« La colère » est un manège à émotion et à sensation. Tout comme dans son précédent roman, « Les routes oubliées », S.A Cosby trouve avec virtuosité l’équilibre entre l’action et la psychologie des personnages. En seulement deux romans, il s’impose comme un boss du roman noir.
Commenter  J’apprécie          120
Le Sang des innocents

Ancien agent du FBI, Titus Crown a été élu shérif de la ville de Charon County en Virginie, dont il est originaire. Mais il est noir, et les Blancs le considèrent indigne de porter l'uniforme et de représenter la loi, tandis que les Noirs lui reprochent d'avoir trahi sa communauté. Titus tâche de faire au mieux malgré les tensions et la méfiance, jusqu'au jour où un jeune Noir tire sur un enseignant très apprécié du lycée avant de se faire abattre par les collègues de Titus. Celui-ci, tiraillé entre les deux communautés, se retrouve alors chargé d'une enquête explosive, dans une ville sudiste où les tensions raciales sont encore très présentes...



Une fusillade dans un lycée, voici hélas un fait divers auquel l’actualité nous a habitués. Mais l’histoire va se compliquer : l’enquête principale d’abord, révèle un tout autre visage de la victime que celle de l’enseignant préféré de l’établissement ; l’enquête interne, censée déterminer s’il s’agit d’une bavure policière, va mettre au jour une véritable guerre d’influence au sein de la communauté de Charon. L’intrigue se ramifie ensuite au fur et à mesure de la progression de l’enquête, sur fond de nostalgie sudiste, de suprémacisme blanc, de corruption et d’Eglises toutes puissantes. Alors que l’on découvre l’ampleur de la barbarie du tueur et que l’atmosphère devient irrespirable, Titus reste droit dans ses bottes, d’une honnêteté et d’une droiture sans faille malgré les pressions, une sorte de surhomme dont les failles apparaissent au fil de l’histoire pour donner au personnage une dimension humaine qui vient contrebalancer son côté flic entièrement dévoué à sa mission et le rend diablement attachant. Un très bon cru.
Commenter  J’apprécie          110
Le Sang des innocents

Dans les États du Sud, l’histoire n’a qu’un passé peu glorieux. Les suprémacistes ont la dent dure, toujours à l’affût. La communauté noire quand à elle est sur le qui-vive après les événements dramatiques survenus à Charon.

Je ressens bien la tension qui se dissimule entre les lignes, la transparence sur le racisme encore présent, qui rend perplexe les échanges humains.

Le récit prend rapidement une tournure accablante de terreur, c’est viscéral et en alerte que me mettent les découvertes macabres. C’est trépidant, l’enquête absorbe, quelques mystères flottent. Le texte est percutant, met en émoi, il trouble par le ressenti qui se dégage des personnages. La partie historique est passionnante certes peu glorifiante des confédérés et de leurs déviances mais l’auteur retranscrit de manière réaliste et remet les détracteurs à leur place.

La plume est hypnotique et incisive, un véritable régal à découvrir, à lire, à ressentir. Elle transperce, je suis conquise.

L’atmosphère est lourde, cela monte crescendo en intensité, elle laisse peser les craintes, les abominations, le racisme, la peur, que ce loup incruste dans chaque esprit tourmenté de Charon.

On se retrouve face à l’irascible, le violent, le haineux à la gloire du passé.

Un polar ségrégationniste sur lit de thriller diabolique. Je me suis laissée emporter par cette marée noire gluante qui tente de nous noyer dans les ténèbres.

Ce livre est une pépite !
Commenter  J’apprécie          110
Le Sang des innocents

Titus Crown, ancien agent du FBI, est le premier shérif noir élu à Charon, ville dans laquelle il a grandi. Un jour, une fusillade a lieu. Latrell, un jeune homme Noir, vient de tirer sur Monsieur Spearman, un prof adulé de tout le lycée. Cet événement réactive les braises, certains parlent de terrorisme, d’autres d’une bavure policière. L’enquête débute et emporte le jeune shérif sur les chemins sensibles et terreux du sud rural des Etats-Unis. En Virginie. Le racisme. La violence. Et l’omniprésence de la religion.



L’atmosphère du roman est pesante, sombre. Charon, ville damnée au passé lugubre, ne peut que connaître un présent morbide.



Le récit est empli de richesse, l’auteur nous propose un roman social où il saisit avec force la violence, les rapports de force entre les Hommes, la persistance du racisme, les personnes sans nuances ou l’intransigeance, le poids de la religion, le port d’armes…



Titus, personnage complexe, dur et sensible, essaie d’accorder un équilibre à sa ville et à ses habitants qui le refusent strictement. À la paix, ils choisissent systématiquement le conflit. Titus n’est ni accepté par les habitants Blancs ni par les habitants Noirs. C’est seul, ou avec ses propres démons, qu’il tente d’avancer vers la vérité, sans oublier de concilier le shérif et l’homme présents en lui.



Tous les personnages de ce roman sont criants de vérité. Ils suintent le réalisme, oxygénés par la plume puissante et poétique et l’analyse psychologique finement détaillée de l’auteur. Un excellent roman au rythme intense, parsemé d’humour et d’émotions.



Après la lecture des Routes Oubliées, S. A. Cosby est devenu mon auteur contemporain favori. Le Sang des innocents confirme ma sensibilité à ses écrits. Je viens donc d’acquérir La colère pour clore son œuvre.
Commenter  J’apprécie          111
Le Sang des innocents

Premier roman de cet auteur pour moi. Une voix intéressante dans l’univers du polar. J’ai eu l’impression que l’auteur s’inscrivait à la croisée de Stephen King et Michael Connelly (les premiers romans) tout en conservant son originalité propre. Ses personnages et son décor sont travaillés avec soin. Une plongée dans l’Amérique sudiste dans la peau d’un shérif noir et athée. Un livre qui se dévore tout en traitant de thèmes actuels : la discrimination raciale, les violences infantiles, la lâcheté ordinaire, … Une belle découverte qui donne envie de se plonger dans ses précédents romans.
Commenter  J’apprécie          110




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de S. A. Cosby (1011)Voir plus

Quiz Voir plus

La bête et Bethany

Où vit la bête ?

dans une cave
dans un grenier
dans une chambre
dehors

4 questions
1 lecteurs ont répondu
Thème : La Bête et Bethany, tome 1 de Créer un quiz sur cet auteur

{* *}