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Citations de Sabine Sicaud (92)


Sabine Sicaud

Ne regarde pas si loin, Vassili, tu me fais peur.
N'est-il pas assez grand , le cirque des steppes ?
Le ciel s'ajuste au bord.
Ne laisse pas ton âme s'échapper au-delà comme un cheval sauvage.
Tu vois comme je suis perdue dans l'herbe.
J'ai besoin que tu me regardes, Vassili.

( " Feuilles de route")
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Sabine Sicaud

Le chemin de l'amour

Amour, mon cher Amour, je te sais près de moi
Avec ton beau visage.
Si tu changes de nom, d'accent ,de coeur et d'âge,
Ton visage, du moins, ne me trompera pas.
Les yeux de ton visage, Amour, ont près de moi
La clarté patiente des étoiles.
De la nuit, de la mer, des îles sans escales,
Je ne crains rien si tu m'as reconnue.
Mon Amour, de bien loin, pour toi, je suis venue
Peut-être.Et nous irons, Dieu sait où maintenant ?
Depuis quand cherchais-tu mon ombre évanouie ?
Quand t'avais-je perdu ? Dans quelle vie ?
Et qu'oserait le ciel contre nous maintenant ?

( " Chemins")
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Sabine Sicaud
Ses yeux bleus qui, plus tard, seront deux sequins d'or,
Tantôt s'ouvrent, ainsi que deux fleurs étonnées,
Tantôt ne laissent voir qu'une fente, cernée
De minuscules cils qui seront noirs. Tout noir,
Depuis son petit jusqu'au bout de la queue,

- Sauf l'imprévu de ces deux yeux en gouttes bleues -
On le prend pour un essuie-plumes, ou, le soir,
Pour un des pelotons de la corbeille ...

Grave, assise en presse-papier,
Sa mère le surveille, et nous surveille ...

Et le joujou de velours ras et noir, copié
Sur le plus grand jouet de peluche, en sourdine,
Déjà, tire l'on ne sait d'où, quand il lui plaît,
Un ronron d'avion qui part ou de rouet ...

Extrait du poème "La chatte et son fils"
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Sabine Sicaud
O glycine, collier des gouttières chagrines,
Manteau léger du parc aux grands escaliers blancs
Et de la pierre des vieux bancs
Devant les chaumes en ruines

Extrait du poème "La glycine"
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Sabine Sicaud
Il pleut mauve. Il a plu cette nuit, ce matin.
La terre est mauve ; l'herbe mauve. Le jardin
Est un jardin pareil à ceux que j'imagine
Autour d'un petit pont sur des lotus, en Chine.

Jardins d'Asie ... Ombre au pied des collines,
Toits retroussés, bassins fleuris et murmurants ...
C'est comme un frais bonheur inconnu qui me prend
Un bonheur du matin, fait d'air si transparent,
De couleurs et d'odeurs si fines,
Qu'on y sent toute l'âme en fête des glycines !

Extrait du poème "La glycine"
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Sabine Sicaud
Au loin, la lueur d'une lampe ou d'une étoile ;
Devant la porte, un peu d'air embaumé ...
Comme c'est simple, vois ! Qui parlait de tes voiles
Et pourquoi tant de mots pour te décrire ? Vois,
Qu'importent les images : maison blanche,
Oasis, arc-en-ciel, angélus, bleus dimanches !
Qu'importe la façon dont chacun porte en soi,
Même sans le savoir, ton reflet qui l'apaise,
Douceur promise aux coeurs de bonne volonté ...

Ah ! tant de verbes, d'adjectifs, de périphrases !
- Moi qui la sens parfois, dans le jardin, l'été,
Si près de se laisser convaincre et de rester
Quand les hommes se taisent ...

Fin du poème "La paix"
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Sabine Sicaud
Je sais un tunnel, un tunnel au porche vert,
Où nul train ne passe ...
L'été, le soleil y sème, de place en place,
De petites mosaïques ; l'hiver,
La neige le fleurit de blanc ; mais il est vert,
Tout vert dessous, et les moineaux s'y tassent

Extrait du poème "L'allée de bambous"
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Sabine Sicaud
- Du noir, du noir ... Un point luit,
Deux points ... deux vers luisants, vertes lanternes ...
Fafou, je ne veux pas !
D'où reviens-tu, démon, de quel sabbat,
De quelle grotte de sorcière,
Lorsque tes yeux me font cette peur, tout à coup ?

Extrait du poème "Fafou"

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Sabine Sicaud
Une patte en fusil, assise, la voilà
Qui se brosse, candide, et sa robe a l'éclat
D'un beau satin de vieille dame où se raccroche
La lumière du soir.
Une dame ? ou quelque vieux diable en habit noir ?

Fafou, je n'aime pas ces yeux d'un autre monde,
Ces yeux de revenant ... Tout à l'heure croissants,
Maintenant lunes rondes,
Pourquoi ces trous phosphorescents
Dans cette face obscure ? Sur la toile
Qui se fonce, elle aussi - la toile du jardin

Extrait du poème "Fafou"
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Sabine Sicaud
Fafou se pose en gargouille. Un oeil las
Semble à peine s'ouvrir dans son profil où brille,
Cependant, quelque chose, on ne sait quoi d'aigu ...
Par là, se cache un nid d'oisillons nus
Pour qui la mère tremble - Fafou songe.

Un tout petit pétale rouge, qui s'allonge,
Marque d'un trait sa gueule fine - Un bâillement.
Puis un autre. Fafou dormait innocemment.
Fafou dormait, vous dis-je ! Elle s'étire

Extrait du poème "Fafou"
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Sabine Sicaud
Chimère, dromadaire, kangourou ?
Non, rien que cette ombre chinoise,
Fafou, sur la fenêtre, à contre-jour, Fafou,
Toute seule et pensive ... Un fuschia pavoise

Extrait du poème "Fafou"
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Sabine Sicaud
Mais c'est pour toi, cher petit cèpe, que je tremble !
Tu n'es encore qu'un gros clou bien enfoncé ;
Ta tête a le luisant du marron d'Inde et lui ressemble.
Surtout, ne hausse pas au revers du fossé
Ta calotte de moine ! on te verrait ... Je tremble.

Moi, tu le sais, je fermerai les yeux.
Exprès, je t'oublierai sous une feuille sèche
Je t'oublierai, petit Poucet. Je ne puis, ni ne veux,
Etre pour toi l'Ogre qui rêve de chair fraîche ...
Je passerai, fermant les yeux !

Dans mon panier, j'emporterai quelques fleurs, une fraise ...
Rien, peut-être ... Mais toi, sur le talus,
A l'heure où les chemins se taisent,
Levant ton capuchon, tu ne nous craindras plus !

Extrait du poème "Le petit cèpe"
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Sabine Sicaud
Des gens sont là, dont les grands pieds viennent vers toi.
On te cherche, mon petit cèpe ...
Que l'ajonc bourdonnant de guêpes,
Le genièvre et le houx cachent les larges toits
De tes aînés, les frères cèpes,
Car l'un mène vers l'autre, et la poêle est au bout !

Voici qu'imprudemment tout un village pousse :
Rouge et couleur de sang, vert et couleur de mousse,
Girolle en bonnet roux,
Chapeaux rouges, verts, blonds, partout,
Les toits d'un rond village poussent !

Extrait du poème "Le petit cèpe"
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Et pourtant que vos mains sont tremblantes !

Leurs veines

Se rompent une à une… Tant de sang…

Et cette odeur si fade, étrange.

Ces mains qui tombent d’un air las,

Ô vigne vierge, d’un air las et comme absent,

Ces mains abandonnées…

.

(Lady Macbeth n’eut-elle pas ce geste

Après avoir frotté la tache si longtemps ?)
p. 88
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Carte postale


Quand l’anémone rouge et les jacinthes bleues
Fleurissent les parcs d’Angleterre,
Une petite fille en robe rouge ou bleue
Descend les escaliers de pierre.

De green, les parterres, le lierre,
Les beaux arbres jamais taillés
Et les sous-bois pleins de jacinthes…

En robe rouge ou bleue - anémone ou jacinthe -
Une petite fille est peinte
Dans le printemps vert et mouillé
De la vieille Angleterre.
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Ah ! Laissez-moi crier…


Extrait 1

Ah ! Laissez-moi crier, crier, crier …
Crier à m’arracher la gorge !
Crier comme une bête qu’on égorge,
Comme le fer martyrisé dans une forge,
Comme l’arbre mordu par les dents de la scie,
Comme un carreau sous le ciseau du vitrier…
Grincer, hurler, râler ! Peu me soucie
Que les gens s’en effarent. J’ai besoin
De crier jusqu’au bout de ce qu’on peut crier.


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Sabine Sicaud
La Solitude.

Solitude. . . Pour vous cela veut dire seul,
Pour moi - qui saura me comprendre?
Cela veut dire: vert, vert dru, vivace tendre,
Vert platane, vert calycanthe, vert tilleul.

Mot vert. Silence vert. Mains vertes
De grands arbres penchés, d'arbustes fous;
Doigts mêlés de rosiers, de lauriers, de bambous,
Pieds de cèdres âgés où se concertent
Les bêtes à Bon Dieu; rondes alertes
De libellules sur l'eau verte. . .

Dans l'eau, reflets de marronniers,
D'ifs bruns, de vimes blonds, de longues menthes
Et de jeune cresson; flaques dormantes
Et courants vifs où rament les «meuniers»;
Rainettes à ressort et carpes vénérables;
Martin-pêcheur. . . En mars, étoiles de pruniers,
De poiriers, de pommiers; grappes d'érables.
En mai, la fête des ciguës,
Celle des boutons d'or: splendeur des prés.
Clochers blancs des yuccas, lances aiguës
Et tiges douces, chèvrefeuille aux brins serrés,
Vigne-vierge aux bras lourds chargés de palmes,
Et toujours, et partout, fraîche, luisante, calme,
L'invasion du lierre à petits flots lustrés
Gagnant le mur des cours, les carreaux des fenêtres,
Les toits des pavillons vainement retondus. . .
Lierre nouant au front du chêne, au cou du hêtre,
Ses bouquets de grains noirs comme un piège tendu
À la grive hésitante; vert royaume
Des merles en habit - royaume qui s'étend
Ainsi que dans un parc de Florence ou de Rome
En nappes d'émeraude et cordages flottants. . .
Lierre de cette allée au porche de lumière
Dont les platanes séculaires, chaque été,
Font une longue cathédrale verte - lierre
De la grotte en rocaille où dorment abrités
Chaque hiver, les callas et les cactus fragiles;
Housse, que la poussière blanche de la ville
Givre à peine les soirs de très grand vent - pour moi,
Vert obligé des vieilles pierres,
Des arbres vieux, des toits qui penchent, des vieux toits -

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Des livres? Soit. Mais en hiver.
Que le jardin soit gris, la vitre grise!
Que la brise, dehors, soit de la bise
Et la chaleur, dedans, celle de tisons clairs.

Des livres. . . Mais un ciel de Londres
Et des larmes, sur les carreaux, en train de fondre. . .

Manteaux sentant le vétiver ―
Chats en boule, manchons, marrons, l’hiver!

Alors, si vous voulez, un livre ― pas des livres ―
Un seul, mais beau comme le printemps vert,
L’été doré, le rouge automne grand ouvert,
Plein d’oisillons bavards et de papillons ivres!

Lequel m’offrirez-vous, lequel
M’apportera cela, demain, père Noël?

Des images, bien sûr. . . C’est le temps des images.
Saluons-nous, Bergers, Rois Mages!
Et des contes. . . Bonjour, prince Charmant!
Et de l’histoire. . . ― que vois-je, mais autrement ―
Et des voyages. . . que me gâtent les naufrages!
Père Noël, père Noël, ne cachez-vous
Dans votre hotte, un brin de houx,
Dans votre barbe, un grain de givre?

Ne remplaceraient-ils ce gros livre, entre nous?
Mon livre à moi n’est pas un livre
Comme ceux qu’on imprime, et, jusqu’au bout,
Vos feuillets bien coupés, je ne pourrais les suivre.

On ne lit pas un conte. . . On s’en souvient.
Je l’écoute, brodé par les flammes dansantes,
Ceux qu’on ne me dit pas, je les invente!

L’Histoire? Un conte aussi. Pour les voyages, rien,
Rien, sachez-le, ne me retient
Si quelque oiseau bleu me fait signe.

Quant aux poèmes. . . soit. Nous attendrons l’été.
L’été n’a pas besoin de rimes qui s’alignent.
Attendons seulement le pourpre velouté
De cette rose que je sais, près de la vigne. . .
Décembre 1925
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Sabine Sicaud
Seule m'attire la plus haute marche de l'escalier.
Certains dorment ou jouent sur la plus basse. Qui a raison ?
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Sabine Sicaud
Elle - sa mère - nous regarde. Sa figure,
Qui trouve le moyen d'évoquer à la fois
Le Soudan noir, le Siam jaune et le mystère
De ce Nil vert qui reflétait les sphinx de pierre,
Sa figure, soudain, se crispe ... Deux plis droits
Rétrécissent le front et deux plis élargissent
La lèvre retroussée ... Est-ce un rire muet ?
Une ride chagrine ? L'on ne sait.
Hors de leur gaine, en pointes lisses,
Dix griffes, un instant, se montrent ... Qu'y a-t-il ?

Mais rien ... Deux rouets, maintenant, tournent ensemble,
Et c'est comme le grincement léger d'un fil
Reliant deux petits moteurs, dans l'air qui tremble.

Fin du poème "La chatte et son fils"

Note : ce poème fut couronné par le public aux Jeux Floraux de France en 1925 (5e prix)
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