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Citations de Sabri Louatah (117)


Un des sujets favoris de Nesrine, c’est le sionisme. Chaque fois qu’un Palestinien tombe sous les balles de Tsahal elle décrète une édition spéciale. Les juifs français qui n’ont rien à voir avec Israël ne sont pas épargnés par « Ness’ », c’est comme ça qu’on s’adresse à elle dans les vapeurs roses du narguilé, sur les banquettes où elle pérore devant des milliers de spectateurs en direct. Elle s’en prend aux intellectuels médiatiques juifs qui ont trahi la gauche où ils avaientfait leurs armes pour soutenir la présidente.
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La vérité, c’est que Mehdi n’a pas la rancune facile, la religion lui a appris à accepter les sentences du destin. Il n’en a pas voulu à Allia, il adorait leur petite Sarah plus que tout au monde mais il ne l’avait pas portée dans son ventre pendant neuf mois, il comprenait que le déchirement était intolérable pour une mère, même s’il était également intolérable pour lui.
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Les enfants, c’est des éponges, tout ce qui se dit à la maison ils le répètent dans la cour. « Sale Arabe », « ta mère on va lui arracher son voile et la violer comme la pute qu’elle est », « rentre dans ton pays », vous entendez ça, « rentre dans ton pays », j’ai l’impression d’entendre mon pépé, Allah y rahmou… Vous trouvez ça normal, vous, il y a soixante-dix ans qu’on vit en France, mon petit Rayanne, c’est la quatrième génération, il va falloir combien de générations pour que vous nous foutiez la paix ? Combien ?
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On peut critiquer les réseaux sociaux et Dieu sait que je ne me prive pas de le faire, mais ils peuvent être utiles aussi, notamment pour révéler des choses qui passaient autrefois dans les bruits de couloir entre gens de bonne compagnie…
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Jusqu’ici 404 n’intéressait que les enfants, maintenant les adultes s’y sont mis, migrant depuis leurs Facebook Live où ils se sentaient surveillés, épiés, policés, même quand leur nombre de vues par direct n’atteignait jamais deux chiffres.
404 n’augmente pas leur audience, du moins pas encore, mais elle délie les langues. Les consignes d’Allia sont aussi élémentaires que l’application elle-même : elle refuse que les modérateurs s’attardent sur la modération des propos, même les plus épouvantables.
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On ne peut rien contre le tempérament, c’est têtu et dur comme le crâne d’une tête de mule.
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Il ne faut pas être trop dur avec les morts. Il faut les aimer, penser à eux, souvent. Si on ne leur donne pas la place exorbitante qu’ils exigent, ils la prennent tout entière, et on finit par devenir un fantôme entouré de fantômes.
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Les insomnies sont plus pénibles à la campagne, du moins pour lui. En dépit de ce que croyait Allia tout à l’heure, il est absolument un rat des villes et le silence qui enserre le presbytère comme une gangue lui est insupportable. Il a besoin, pour s’endormir, d’entendre des voitures qui démarrent en trombe, des ivrognes qui cassent des bouteilles, des sirènes, des cris.
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Ma stratégie, c’est d’arrêter d’être polie, décente, bien élevée, autant de choses inventées par les Français pour nous empêcher de prendre la parole et de dire ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre, et surtout nous, les femmes racisées.
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Les adultes ne s’intéressent pas encore à 404, ce qui explique son succès relatif auprès des collégiens, d’ailleurs : aucun gamin ne veut appartenir au même club que sa mère. Puisque rien ne peut être enregistré sur l’application, et que de toute façon les adultes regardent ailleurs, ça leur procure l’ivresse d’une liberté qui leur est propre, le sentiment qu’ils peuvent faire les quatre cent quatre coups, comme dit mon père.
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C’est dingue, l’incompétence de ces gens, parfois, comment il peut vouloir m’interviewer sur 404 sans avoir passé dix minutes sur Google pour comprendre ce que c’est qu’une application de live streaming ! Enfin, incompétence, je ne parle pas de toi, hein, chou, mais tu m’as comprise.
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Cette forme de boxe sans gants est interdite par la loi, mais la loi ne peut pas grand-chose si aucune trace ne demeure d’un crime, et qu’on ne peut s’appuyer pour déclencher une procédure que sur le témoignage d’utilisateurs choqués par la violence graphique d’un nez sanglant ou d’une mâchoire en morceaux. Car c’est le principe même de 404 d’empêcher tout enregistrement des images, toute conservation des archives.
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Il n’y a pas un mur où ne soit suspendu un tapis ou un tableau bordé de draps. On trouve une seule photo de La Mecque dans la maison, dans l’entrée, cachée par le rideau d’une porte vitrée toujours ouverte. En revanche, un drapeau amazigh trône, bien en vue, au-dessus de l’ordinateur fixe logé sous l’escalier.
— Mon père est un berbériste convaincu, se justifie Allia. Ce qui énervait prodigieusement ma mère.
— Elle n’était pas kabyle ?
— Si, si, mais algérienne avant tout. Je te laisse deviner les discussions quand j’étais gamine…
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« Qu’elle soit vraie ou fausse, la vidéo dit une vérité qu’on ne veut pas voir. »
On s’en prend ensuite aux vidéos montées par les journalistes méticuleux et professionnels, ceux qui s’attachent aux faits et aux vérifications et qui donnent des leçons de morale à longueur de journée : qui certifie qu’elles ne sont pas fausses, elles aussi ? Pourquoi croire à Romain plutôt qu’à Rabah ? Pourquoi se fier aux images des médias officiels notoirement détenus par quelques grandes fortunes plutôt qu’à celles du bon peuple exilé dans le bandeau infini de Twitter ?
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Les statistiques ethniques sont normalement interdites en France, on comprend pourquoi le recensement avait été tenu secret, ou plutôt comment il aurait pu l’être. Pour illustrer et appuyer les conclusions du rapport, le reportage emmène le spectateur sur les places des villages et des petites villes du département d’environ 340 000 habitants. Partout, sur les marchés, dans les écoles et les parkings des centres commerciaux, au coin des rues, au fin fond du bocage, on ne voit en effet presque que des Arabes, c’est-à-dire qu’on ne voit qu’eux. Quelques femmes portent le hijab, un barbu arbore sa calotte et son qamis, mais l’immense majorité ne porte aucun signe distinctif.
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Ton cerveau sait que c’est faux, mais l’œil est plus fort que le cerveau, lui explique Allia. C’est ça, le problème avec les mirages. Même si on sait qu’une vidéo est fausse, on a tellement tous été habitués à croire ce qu’on voit que ça reste, même si on te démontre par a plus b que c’était une illusion.
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Imagine un miroir qui ne reflète que ce qui se passe pendant que ça se passe, s’échauffe Allia. Il faut être là, ici et maintenant, pour le voir… Il faut vouloir vraiment regarder ce qui se passe. Un clignement d’œil et on l’a raté pour toujours. C’est une technologie pour nous libérer de la technologie.
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Ils forment un beau couple, ils dégagent quelque chose de spécial, une chaleur humaine. Pourtant, au moment de les quitter, Ali est saisi d’un doute, un doute terrible, qui va le torturer pendant des mois, des années, même : Allia n’a pas prononcé son prénom une seule fois avant que Mehdi ne lui demande de le lui redonner, bien qu’il ne le lui ait jamais dit. Se peut-il qu’elle ne s’en soit pas souvenue ?
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La grand-mère d’Allia a vingt ans lorsqu’elle tombe amoureuse d’Ali, un moudjahid du même âge qu’elle. Il joue les coursiers pour les chefs du FLN exilés à Cologne. C’est lui qu’on choisit pour les convois délicats, grâce à son type ethnique, cheveux roux, peau blanche tirant sur le rose, on dirait un Belge. Arrivé en métropole, Ali le valeureux emmène la jeune Sarah voir les bidonvilles de Nanterre. Les ouvriers algériens vivent dans des cahutes, ils font les trois-huit, s’endorment sur la couche encore chaude des cauchemars de leur camarade qui vient de repartir au turbin. Ali a la chance d’habiter à Paris, dans ce qu’on appelle alors un « meublé ». Le père de Sarah essaie vaguement de la dissuader de s’impliquer, il n’insiste pas, ces événements en Algérie le révoltent autant qu’elle. Les descentes de police se multiplient dans les meublés, les contrôles au faciès sont permanents, systématiques.
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Elle n’est pas assez belle pour susciter des jalousies mortelles, tout en n’étant pas assez ordinaire non plus pour laisser indifférents celles et ceux qui, bientôt, si vite, se mettent à graviter dans son orbite. Quelque chose en elle, pourtant, décourage l’intimité, elle a des manières trop franches, une sensualité virile, c’est difficile de l’imaginer en train de s’abandonner à l’étreinte, de céder aux avances.
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