Citations de Sabrina Bensalah (43)
" le bonheur c'est peut être quand tout reste a écrire"
Elle ouvre les yeux encore chargés de mascara et, en nuisette, va s'assoir sur son balcon. Elle pose ses fesses sur le carrelage froid et fait glisser ses jambes nues entre les barreaux. Tandis qu'elle s'enivre du chant des oiseaux, la douceur du monde finit de la réveiller, alors elle baille en grand pour avaler la vie et la recracher avec ardeur
-Oh là ! ...Tu entends mon cœur battre, toi? s'écrit soudain mémé. Parce que moi je ne l'entends plus.
-Quoi? s'affole Avril.
-Du calme, ma chérie. C'est seulement ce que je ressens. Je ne serais pas en train de te parler s'il ne battait plus.
- "Abuse pas, non plus ! C'est si douloureux ? demande Antonia en arrivant dans le salon.
- Atroce ! Ça me brûle dans le bas du dos et j'ai l'impression qu'une main est en train de chercher ses clés de voiture dans mon ventre... J'en ai des vertiges, ma soeur.
- A ce point ? Moi aussi, ça me fait mal, parfois. Surtout au début de mes règles.
- Pas autant qu'à moi !
- Haha, évidemment, même ta douleur est mieux que les autres !
- Mais non, je... Aïe-aïe-aïe, continue Jolène en se trémoussant comme un ver de terre.
(...)
- Qu'est ce qui se passe ? demande Judy, un torchon sur l'épaule.
- Quelqu'un a perdu ses clés de voiture." répond Antonia.
Avril aime à croire que son rire peut s'étirer à l'infini pour embrasser le cou de mémé. Alors elle rit plus fort.
- Dans cette puberté, il n'y a pas que le corps qui se prépare à devenir celui d'une femme ; il y a aussi ta réflexion, ta vision du monde, tes émotions, ta sensibilité.
- Aidez-moi, je vais mourir ! continue le cri.
- Mais putain, c'est quoi ?
- C'est rien, c'est Jolène ! Elle a ses règles.
[...]
- Abuse pas, non plus ! C'est si douloureux ? demande Antonia en arrivant dans le salon.
- Atroce ! Ça me brûle dans le bas du dos et j'ai l'impression qu'une main est en train de chercher ses clés de voiture dans mon ventre.
Une vrai femme, c’est peut-être juste une femme libre !
J’m’en moque moi, de vos seins. C’est votre visage qui m’intéresse et vos cheveux surtout. Un visage marqué, c’est bien plus qu’une question de beauté. Chaque ride est une ligne de vie. Vous voyez celle qui court le long de vos yeux ? C’est un sillon creusé par une larme de joie quand votre fils est né. Et celle-ci, cette ride un peu plus longue tout près de votre bouche ? C’est votre appétit de vivre.
(…)
Et il y a les petites, là, les intimes qui renferment vos secrets, vos peurs, vos chagrins… vos rides sont des chemins qui ont serpenté dans la vie.
Il n’y a jamais de secret, mémé, juste des phrases qu’on a oubliées de prononcer. Le secret, en somme, c’est une étourderie, sourit Avril.
- Dans cette puberté, il n'y a pas que le corps qui se prépare à devenir celui d'une femme ; il y a aussi ta réflexion, ta vision du monde, tes émotions, ta sensibilité.
- Avoir des sœurs est une de mes grandes forces alors que, bêtement, j'ai souvent envié les enfants uniques.
- Mais qu'est-ce que vous avez, avec vos copines ? C'est fait pour être sincère, l'amitié, pas pour frimer !
-[...] Chaque ride est une ligne de vie. Vous voyez celle qui court le long de vos yeux ? C’est un sillon creusé par une larme de joie quand votre fils est né. Et celle-ci, cette ride un peu plus longue tout près de votre bouche ? C’est votre appétit de vivre.
-Vu comme ça...
-Et il y a les petites, là, les intimes qui renferment vos secrets, vos peurs vos chagrins... Vos rides sont des chemins qui ont serpenté dans la vie.
- Venez on va danser ! s'agite Marieke.
- Oh ouaiiiiiis ! s'enthousiasment les trois autres.
Elles investissent la piste. Marieke et Jolène, aspirées par la musique, se trémoussent à s'en déchirer les vêtements. Judy et Antonia tentent de suivre la cadence.
Un, deux, trois, quatre sœurs. Qui se rejoignent pour onduler en duo. Se séparent pour des solos. Dont les corps rient.
Un, deux, trois, quatre sœurs. Qui se plient, se tordent, en mouvement rythmés. Dont les corps sautent, volent presque.
Un, deux, trois, quatre sœurs ne font plus qu'une.
Elle se faufile sous la couette de Jolène. Elle chasse de son esprit l'idée qu'un jour, sa famille s'éparpillera. Chacune quelque part, avec sa propre vie.
Elle ne pensait pas que l'adolescence se traversait forcément dans la douleur, à grands coups de pied au cul...
— Hé, les filles ! murmure t-elle. A votre avis, ça a le goût de quoi, le bonheur ?
Trois paires d’yeux se tournent vers elle. Réflexion.
— De barbe à papa ? improvise Antonia en posant le magazine sur ses genoux.
— De chiotte ! lâche Jolène, pas joueuse.
— Et toi Judy ? Tu dirais quoi ?
— Vous vous moquez pas de moi, hein ?
— Quelle idée ! répond Marieke
— Je dirais que le bonheur a le goût des quenelles de Papa.
— Et s’il était une couleur ?
— Couleur de peau, répond Antonia sans hésiter.
— Couleur page blanche, propose Jolène. Le bonheur, c’est peut-être quand tout reste à écrire ?
— Le marron des yeux de Maman.
— Et si c’était un bruit ? rebondit Marieke.
— Un premier cri, murmure Antonia.
— Les pages d’un livre qui se tournent.
— Vos rires et le mien, ensemble.
— Et un mot ?
— Farès.
— Cogito…
— Sœurs.
L’autorité de la mère se loge dans ses cordes vocales : ses phrases fusent avec tant de ferveur qu’elles en deviennent palpables. Elles ricochent contre les murs, envahissent les chambres pour soulever le menton des filles et les rappeler à elle.
— Pourquoi tu fais de moi un monstre ? Celui qui quitte, celui qui ne veut pas devenir père ? C’est pratique, ça aussi ! Tu l’as pas vu ma souffrance, alors ? Elle t’a pas paru assez grosse ?
Son coeur agonise. Il est un chien abandonné sur le bord de la route. Est-ce vraiment la dernière fois que je te tiens la main, Antonia ? Suis-je capable de vivre sans toi ? Il essuie ses larmes […] Farès ferme les vitres par peur que ses rêves ne s’envolent.