Une première rencontre avec l' écrivaine palestinienne, Sahar Khalifa. Une plongée dans la communauté palestinienne des territoires occupés par Israël , à travers l'épopée de Zayna, une jeune femme née aux États Unis de mère américaine et de père palestinien. Les parents se séparent tôt alors qu'elle est encore enfant et c'est chez son père qu'elle grandit à Brooklyn jusqu'à ses quinze ans….. Des années plus tard citoyenne américaine , mais palestinienne d'âme , elle retourne chercher sur la terre de ses ancêtres son père qu'elle n'a plus revu depuis ses quinze ans….
“ Lost in translation “, ne maitrisant pas la langue arabe, n'ayant vécu la culture qu'à travers l'éducation de son père jusqu'à l'adolescence , et durcie par les années qui ont suivies chez la grand-mère américaine , ce retour et cette recherche d'identité va être ardu. Parmi ces deux cultures , deux mondes aux antipodes, cherchant l'affection, l'émotion , l'humanité qui lui a manqué après la séparation avec son père, elle se retrouve malgré elle au centre d'intrigues et problèmes compliqués et graves de la famille paternelle à Wadi al-Rihan en Cisjordanie , « les membres de ma famille n'étaient que des morceaux détachés d'une chaîne rouillée. J'avais peu à peu découvert que leurs liens n'étaient pas aussi forts que je le pensais ou qu'ils voulaient me le faire croire. Leur relation faisait partie des traditions et n'était que symbolique. Ils pensaient que parce qu'un frère, un père ou une soeur étaient des parents par le sang, ils étaient leurs proches et leurs plus chers. » Elle se retrouve en faites au centre d'une sale affaire de famille ….
Apparaît d'autres portraits de femmes fortes mais écrasées sous le machisme de la société musulmane où la religion,selon leur interprétation donne tous les droits à l'homme. Surtout si ces femmes sont veuves ou célibataire, le religion n'étant que prétexte. Ce qui leur importe c'est leur réputation femmes et hommes, dans ces sociétés fermées, archaïques du Moyen Orient où chacun épie l'autre, avec l'hypocrisie au summum. Que quelqu'un soit vraiment au fond heureux , honnête, sincère ou non n'a pas d'importance, pourvu qu'en apparence il le soit, « À la santé de mon partenaire, au meilleur partenaire. Si je n'avais pas eu peur des ragots des gens, j'aurais bu à ta santé. Kamal a ri de tout son coeur et a dit avec méchanceté : « Vous craignez les gens mais vous ne craignez pas Dieu ? Alors prenez une gorgée » ».
Khalifa nous décrit aussi par petites touches la vie infernale que mène les Palestiniens sur les territoires occupés. Emprisonnés dans des villes et villages encerclés par l'armée israélienne et ses colonies, à la merci de ce dernier, qui au moindre attentat ou autres délits punit sans merci toute la population. Elle touche aussi au contexte politique de l'histoire ce livre étant publié en 1997, et les accords d'Oslo signés en 1994 étant encore en cours.
Un récit passionnant qui s'accélère dans la deuxième partie devenant presque un thriller. Un livre sur la recherche d'identité difficile quand on est coincé entre deux cultures, mais outre quand le pays d'origine dont on a la nostalgie ne se révèle pas à la hauteur de nos attentes. Une recherche d'identité aussi en tant qu'homme ou femme dans une société où les normes définissent socialement la place de chacun négligeant totalement l'individualité de chacun.
Une autopsie brillante de l'Etat Palestinien et de sa société , mais hélas qui en donne une image peu luisante . Ils étaient désespérés en 95 malgré les accords d'Oslo, aujourd'hui c'est pire, mais le responsable n'est pas uniquement Israel, ils ont aussi oeuvré pour leur état actuel,misérable . Ce livre malheureusement n'a pas été traduit en français , un grand dommage car il est excellent. Mais Khalifa a quatre autres livres traduit en français et présents sur Babelio que je vais me dépêcher de découvrir.
As it weren't enough to put up with the Israelis, one has to put up with one's own people too!
Comme il ne suffisait pas de supporter les Israéliens, il faut aussi encore supporter son propre peuple !
You are in your country without being in….
Tu es dans ton pays sans y être….
Commenter  J’apprécie         7612
Je devais lire ce livre pour le travail et franchement 'Cisjordanie', 'Intifada' pas vraiment emballée. Grossière erreur ! C'est dur et drôle à la fois, tout en subtilité. L'Intifada est en toile de fond mais on vit surtout avec ces femmes qui n'ont pas leur langue dans leur poche : tradition, machisme, thé et narguilé. Ce livre est plein de vie !
(Mention spéciale à la la qualité de la couverture de la nouvelle édition chez Elyzad)
Commenter  J’apprécie         130
L'histoire se situe à Naplouse, ville sur un territoire très sensible, pendant l'Intifada. Autant vous dire que je ne connaissais rien de tout cela avant cette lecture. L'auteure nous plonge dans le quotidien de femmes très différentes les unes des autres, nous permettant ainsi d'avoir un aperçu (peu reluisant) de la situation de la femme là-bas. Malgré leurs conditions compliquées, elles se serrent les coudes et s'entraident. Nous voyons également la très grande importance de la religion pour le peuple palestinien.
J'ai aimé la façon dont les femmes se retrouvent petit à petit dans cette fameuse maison.
La lecture a été agréable même si j'ai mis un tout petit peu de temps à rentrer dans l'histoire, faute de connaissances sur le sujet. J'ai également été un peu perdue dans la narration et notamment dans le passage du temps : quand a lieu telle scène, combien de temps s'est écoulé etc.
Une mention toute particulière aux éditions Elyzad qui font un travail magnifique ! Je ne peux m'empêcher de me dire haut et fort à chaque fois que j'ai un livre de chez eux, leurs couvertures sont tellement belles et le format agréable ! Félicitations !
Commenter  J’apprécie         86
Sahar Khalifa et les éditions Elyzad (dont les parutions sont vraiment qualitatives) nous emmènent dans l'impasse de Bab Essaha de Naplouse, en Cisjordanie (comprenez la Palestine).
Ce court roman traite de deux sujets importants : l'oppression des palestiniens par les israéliens (comment passer à côté de ce sujet..) et la condition de la femme.
Ces deux sujets sont très bien traités, en tout cas pour ma part. J'ai tout ressenti : l'oppression, la crainte, l'ambiance sombre, la nuit, l'obscurité des pièces, le calme inquiétant, puis les bruits inquiétants. Enfin tout y est !
Et puis c'est court, mais intense ! Et disponible en poche donc à petit prix, avec en plus une couverture magnifique ! Bref, il faut le lire !
Commenter  J’apprécie         50
Très beau roman, sensible, affûtée et drôle.
On ne s'ennuie pas une seconde...c'est la rencontre de plusieurs personnages, voisins, qui apprennent à se connaître,
sur fond d'Intifada.
Formidable conteuse, Sahar Khalifa décrit la vie de ses victimes du conflit Isralelo-palestinien.
Commenter  J’apprécie         30
Roman qui se situe dans le conflit israélo palestinien en Cisjordanie au travers de femmes qui côtoient
la guerre au quotidien et qui veulent pourtant exister tant dans leurs aspirations profondes que dans
leur féminité. La condition des femmes est analysée avec réalisme et justesse.
Commenter  J’apprécie         20
c'était une lecture particulière - très différente de ce dont je peux avoir l'habitude. Je ne me suis pas attachée aux personnages. Je pense que la plume un peu froide, bien que très belle par moment, m'en a empêché. La plume est par moment très poétique (la langue arabe en même temps!) mais par moment, j'avais du mal à comprendre la situation décrite. C'est un récit où il y a beaucoup de réflexion sur la condition des femmes, sur la Palestine mais assez peu d'actions au final. Normalement, cela m'ennuierait. Ici, j'étais comme envoûtée par la plume, par l'ambiance décrite.
Commenter  J’apprécie         10
Tout commence par un grillage et une histoire de chat…
Sahar Khalifa évoque un moment de cette Palestine et de ses habitant-e-s, nié par Israël, avec une infinie tendresse pour ses personnages et pour son pays. L’auteure ne nous conte pas une histoire linéaire, un blog sans faille, mais créatrice, écrivaine, elle donne vie à des personnes (Ahmad, Majid, Souad, Laura,etc.) fragiles, aux existences heurtées. Ici, pas de héros positifs.
Sahar Khalifa anime les situations, et jamais manichéenne, nous montre des réalités difficiles, contradictoires, au sein même de la société palestinienne.
Elle porte haut les interrogations en colère ou désespérées de ces principaux personnages et assume à la fois les cris et les colères.
L’écriture n’est peut-être pas totalement à la hauteur dans la partie centrale de l’œuvre, le moment de l’attaque de l’armée israélienne et des destructions. Mais comment pouvait-il en être autrement dans ce déchaînement de violence, dans la description de crimes de guerre.
Derrière de multiples interrogations, l’auteure garde ouverte une porte vers l’espoir, vers un possible pacifié.
Un beau livre, loin des visions unilatérales, des mensonges propagés, et un ouvrage de résistance contre les frontières, les murs et le mur.
Commenter  J’apprécie         10
Je suis tombée par hasard sur ce beau roman à la bibliothèque et je suis heureuse de cette rencontre. On y découvre le quotidien de palestien·nes de Naplouse sous occupation israélienne dans les années 60-70, à travers des personnages qui réagissent de manière très différente à la présence et aux lois imposées par la colonisation. On rencontre par exemple Oussama, un jeune homme revenu au pays après des années à l'étranger et qui veut lutter de l'intérieur, Adel, qui tente de maintenir sa famille à flot même s'il doit pour cela se compromettre, abandonner l'exploitation agricole familiale et aller travailler dans une usine israélienne ou encore Lina et Nouwar, trop peu évoquées mais résistant elles aussi dans l'ombre.
D'emblée le ton est donné. On suit au départ Oussama alors qu'il doit franchir les douanes pour retrouver sa mère à Naplouse. L'interrogatoire intense que lui fait passer le soldat israélien, et la voix de femme qu'Oussama entend crier "Salauds" dans la pièce voisine nous donnent tout de suite une idée du contexte et des méthodes des colons. Par la suite, j'ai beaucoup aimé comment l'autrice mélange les modes de narration, passant d'un point de vue externe au point de vue de différents personnages, dont le monologue intérieur montre la colère et la volonté de riposter face aux injustices de l'occupant. C'est souvent dans ces passages qu'on découvre la mentalité de personnages qui autrement, par leurs apparences, semblent s'être résignés.
Oussama ouvre le récit, mais on se concentre aussi sur Bassel, arrêté pour avoir crié des slogans révolutionnaires avec d'autres jeunes dans la rue, et que l'on va suivre en prison. Il y a quelque chose de puissant à lire la façon dont les autres hommes détenus l'accueillent dans leur cellule. Ils lui rendent honneur, lui demandent des nouvelles de sa famille, lui font sentir qu'il est venu un homme en s'inscrivant à leur suite dans la résistance. La familiarité et la solidarité dont ce groupe fait preuve en prison malgré les humiliations et l'injustice m'ont touchée. Le récit nous présente aussi de nombreuses mères soucieuses de l'avenir de leurs enfants, et qui sont montrées comme se soutenant entre elles.
De manière générale, ce roman m'a plu pour sa façon de montrer à la fois la force et la colère des personnages investis dans une résistance active, la résilience de chacun·e et la tendresse des liens qui unissent le personnes d'une même communauté, qu'iels soient voisin·es, frères, sœurs, cousin·es éloigné·es. C'est une lecture que je recommande , ne serait-ce que parce qu'il me semble particulièrement important aujourd'hui de lire, de faire lire et de donner à entendre des voix arabes.
Commenter  J’apprécie         00
joli moment de lecture ; Sahar Khalifa est une véritable conteuse. Elle nous immerge dans le quotidien de Cisjordanie où les hommes sont traqués, où les femmes et les enfants résistent aussi à leur manière
Commenter  J’apprécie         00
Par deux fois, j'ai essayé de lire ce roman, par deux fois, j'ai abandonné avant la trentième page. Fait rare chez moi que de ne pas aller au bout d'un livre. Je n'ai accroché ni au style lapidaire, ni au personnage principal féminin hystérique.
Commenter  J’apprécie         00