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Citations de Salman Rushdie (668)


La manière dont un homme gère la victoire dit de lui une forme de vérité : est-il un vainqueur magnanime ou un vainqueur assoiffé de vengeance ? Va-t-il demeurer humble ou se mettre à avoir une haute opinion de lui-même ? Va-t-il devenir dépendant de la victoire, avide de nouveaux triomphes, ou va-t-il se contenter de ce qu’il a accompli ? La défaite pose des questions encore plus profondes. De quelles ressources intérieures dispose-t-il ? La défaite va-t-elle l’anéantir ou révéler une capacité de résilience et des ressources jusque-là insoupçonnées, des qualités qu’il ne se connaissait pas lui-même ?
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(…) Pampa apprit la leçon que tout créateur devrait connaître, y compris Dieu. Une fois que vous avez créé vos personnages, vous êtes lié par leurs choix. Vous ne pouvez plus les refaire en fonction de vos désirs. Ils sont ce qu’ils sont et ils feront ce qu’ils voudront. Cela s’appelle le “libre arbitre”. Elle ne pouvait pas les transformer s’ils ne voulaient pas l’être.
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L’introduction du culte collectif de masse fut une innovation radicale que l’on commençait à connaître sous le nom de Nouvelle Religion et que désapprouvait violemment La Protestation, tous les tenants de l’Ancienne Religion dont les pamphlets insistaient sur le fait que dans la Vieille, et donc Véritable, Religion, le culte de Dieu n’était pas une affaire publique mais privée, une expérience reliant le fidèle dans son individualité avec Dieu et personne d’autre, et ces gigantesques assemblées de prière étaient en réalité des rassemblements politiques déguisés, ce qui était un détournement de la religion mise au service du pouvoir. Ces pamphlets n’étaient pratiquement pas connus sauf des membres de petites coteries intellectuelles qui n’avaient aucune empathie avec les gens et de ce fait, étant presque impuissantes, pouvaient être autorisées à exister.
L’idée du culte de masse devint à la mode. Vidyasagar murmura au roi que s’il dirigeait ces cérémonies, il se produirait un flou très profitable entre le culte du dieu et la dévotion à l’égard du roi, ce qui se vérifia.
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Ainsi étaient les hommes, se disait Pampa Kampana. Un homme philosophait à propos de la paix mais dans sa façon de traiter la pauvre jeune fille sans défense qui dormait dans sa grotte, il n’agissait pas conformément à sa philosophie.
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Ils n'ont plus aucun pouvoir dans le Monde Réel, [...], les antiques divinités du Nord, les dieux de la Grèce et de Rome, les dieux sud-américains, et les dieux sumériens et égyptiens d'il y a bien longtemps. Ils passent leur temps, leur temps infini, leur temps hors du temps, à faire semblant d'être toujours des dieux, rejouant sans cesse toutes leurs vieilles intrigues, menant de nouveau leurs anciennes guerres en s'efforçant d'oublier que plus personne ne s'occupe d'eux par les temps qui courent et que même personne ne se soucie de leurs noms.
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[...] l'Homme est le seul Animal qui raconte des histoires et que ces histoires constituent son identité, sa signification et le sang qui le fait vivre. Est-ce que les rats racontent ? Est-ce que les canards se narrent ? Est-ce que les éléphants éléphantasment ? Bien sûr que non, et tu le sais aussi bien que moi. Il n'y a que l'homme qui s'enflamme pour les livres.
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Il se trouva que l'instant choisi par Luka pour crier sa colère fut l'un de ces rares moments où par un inexplicable accident tous les bruits de l'univers se taisent en même temps, les voitures cessent de klaxonner, les scooters de pétarader, les oiseaux de cacarder dans les arbres et toutes les conversations s'arrêtent au même moment et dans ce silence magique la voix de Luka claqua aussi fort qu'un coup de fusil et ses mots s'étirèrent au point d'emplir le ciel tout entier et peut-être même se frayèrent-ils un chemin jusqu'à la demeure invisible du Destin, qui, selon certains, gouverne l'Univers.
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Tout nouvel endroit où des gens ont décidé de vivre demande du temps avant d’être perçu comme réel, dit-elle, cela peut prendre une génération ou davantage. Les premiers occupants arrivent chargés d’images du monde dans leurs bagages, avec des choses venues d’ailleurs plein la tête, mais le nouvel endroit leur paraît étrange, ils ont du mal à croire en lui, même s’ils n’ont nulle part ailleurs où aller et ne peuvent être personne d’autre. Ils se débrouillent de leur mieux avec leur héritage et puis ils commencent à l’oublier. Ils en racontent une partie à la génération suivante, ils oublient le reste et les enfants en oublient encore davantage et modifient leur état d’esprit, mais ils sont nés ici, c’est là toute la différence, ils sont de cet endroit, ils sont cet endroit et cet endroit est eux, et leurs racines en se développant apportent à ce lieu la nourriture dont il a besoin, alors il fleurit, bourgeonne, il se met à vivre et lorsque les premiers occupants disparaissent, ils peuvent partir heureux car ils savent qu’ils ont initié quelque chose qui va perdurer.
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Au dernier jour de sa vie, alors âgée de deux cent quarante-sept ans, la poétesse aveugle, faiseuse de miracles et prophétesse Pampa Kampana acheva son immense poème narratif consacré à Bisnaga et l’enterra dans une jarre en argile scellée à la cire au cœur des ruines de l’Enceinte Royale, en guise de message adressé à l’avenir. Quatre siècles et demi plus tard, nous avons découvert cette jarre et lu pour la première fois l’immortel chef-d’œuvre intitulé le Jayaparajaya, ce qui signifie “Victoire et Défaite”, rédigé en sanskrit, aussi long que le Ramayana, composé de vingt-quatre mille vers, et nous avons appris les secrets de l’empire qu’elle avait cachés à l’histoire pendant plus de cent soixante mille jours. Nous ne connaissions que les ruines qui subsistaient et notre souvenir de son histoire était lui aussi en ruine, à cause du passage du temps, des imperfections de la mémoire et des falsifications de ceux qui vinrent après. À la lecture du livre de Pampa Kampana, le passé fut retrouvé, l’empire de Bisnaga fut ressuscité tel qu’il avait existé avec ses guerrières, ses montagnes d’or, son esprit généreux et ses époques de mesquinerie, ses faiblesses et ses forces. Nous entendîmes pour la première fois le récit complet de ce royaume qui commença et finit par un incendie et une décapitation. Voici cette histoire, racontée cette fois dans une langue simplifiée par l’auteur de ces lignes qui n’est ni un savant ni un poète mais un simple raconteur d’histoires et qui offre cette version pour le pur divertissement et l’éventuelle édification des lecteurs d’aujourd’hui, vieux et jeunes, très instruits ou pas tant que cela, ceux en quête de sagesse et ceux que la folie amuse, les gens du Nord et les gens du Sud, les fidèles de diverses religions et les athées, les larges et les étroits d’esprit, hommes, femmes et représentants de tous les genres au-delà et entre les deux, rejetons de l’aristocratie et roturiers, bonnes gens et fripouilles, charlatans et étrangers, humbles sages et fous égocentriques.

(INCIPIT)
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Disons tout simplement que Grimus possède la clé d’une découverte absolument prodigieuse, reprit Virgil un peu plus tard. Voilà : nous vivons dans une dimension parmi une infinité d’autres. Et accepter la réalité de ces Dimensions implique qu’il nous faut entièrement réviser nos idées sur nous-mêmes et sur la nature de notre univers. Donc, réécrire le Grand Livre des Lois depuis le début. Voici la question qu’on doit se poser : peut-on accuser la Connaissance d’être trop grande ? Si quelqu’un fait une découverte extraordinaire mais dont on ne peut pas contrôler les effets, doit-il essayer de la détruire ou considérer que les intérêts de la science l’emportent sur la société et même sur la conservation de la race ? Vaut-il mieux mourir en ayant eu la connaissance, ou ne rien avoir connu ? Question fort délicate… et grave.
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Salman Rushdie
Nous nous croyions, ma génération, tolérants et progressistes, et nous vous laissons un monde intolérant et rétrograde. Mais le monde est un lieu plein de résilience et sa beauté est toujours époustouflante, son potentiel toujours étonnant ; quant à la pagaille que nous avons provoquée, vous pouvez y remédier et je pense que vous allez le faire. Je soupçonne que vous êtes meilleurs que nous, plus attentifs au sort de la planète, moins sectaires, plus tolérants, et vos idéaux pourraient bien résister mieux que les nôtres.
Ne vous y trompez pas. Vous pouvez changer les choses. Ne croyez pas ceux qui vous disent le contraire. Voici le moyen d’y arriver. Remettez tout en cause. Ne tenez rien pour acquis. Discutez toutes les idées reçues. Ne respectez pas ce qui ne mérite pas le respect. Donnez votre avis. Ne vous censurez pas. Servez-vous de votre imagination. Et proclamez ce qu’elle vous dit de proclamer.
Vous avez reçu ici tous les outils nécessaires grâce à votre éducation sur ce magnifique campus. Servez-vous-en. Ce sont les armes de l’esprit. Pensez par vous-mêmes et ne laissez pas votre esprit suivre des rails posés par quelqu’un d’autre. Nous sommes des animaux parlants. Nous sommes des animaux rêveurs. Rêvez, parlez, réinventez le monde.

(extrait du discours prononcé par Salman Rushdie à l’adresse des étudiants lors de la cérémonie de remise des diplômes à l’Université d’Emory en 2015)
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C’était le 82e anniversaire de sa mère. Quand il lui annonça au téléphone qu’il allait publier un nouveau livre en 1999, elle lui répondit : «Cette fois-ci, écris un livre qui plaît. » (page 645)
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[...] nous possédons déjà ce que nous cherchons ardemment.
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Si le pouvoir des femmes est bien réel, celui des hommes, nous laisse-t-on entendre, est illusoire.
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"Over the Rainbow" est, ou devrait être, l'hymne de tous les émigrants du monde entier, de tous ceux qui partent en quête du lieu où "se réalisent les rêves que tu oses faire".
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Le nom de la rose est bien la rose, après tout.
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Salman Rushdie
Je dois dire que la simple idée que James Bond pourrait devenir politiquement correct est presque comique, [...] il faut laisser les livres venir à nous depuis leur époque, et être de leur époque et, s'ils sont trop difficiles à lire, laissez-les de côté. Lisez un autre livre, mais n'essayez pas de refaire des œuvres du passé à l'aune de nos comportements actuels.
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Mes ennemis engagent des types médiocres qui bourrent les oreilles du peuple ignorant de vilaines histoires sur mon compte et le peuple ignorant gobe ça comme du petit lait. C’est pour cette raison que je me suis adressé à vous, éloquent monsieur Rachid. Vous allez raconter des histoires heureuses, qui dégagent de la bonne humeur et le peuple vous croira, il sera heureux, et il votera pour moi.
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Oui : il nous faut séjourner pour quelque temps chez les Anglais, que l'on a si longtemps tenus pour le peuple le plus pragmatique et le plus doué de bon sens qui soit et qui se retrouve aujourd'hui à l'écart à cause d'une décision violente et nostalgique relative à son avenir (...)
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L'art était fort, les artistes l'étaient moins. L'art pouvait peut-être se défendre tout seul. Les artistes avaient besoin d'être défendus. Il avait été défendu par ses collègues, les autres artistes, quand il en avait eu besoin. Il essaierait désormais de faire la même chose pour ceux qui en auraient besoin, pour ceux qui repoussaient les frontières, pour ceux qui transgressaient et qui blasphémaient, pour tous ceux qui ne voulaient pas laisser les hommes de pouvoir ou le clergé tracer des lignes dans le sable et interdire de les franchir.
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