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Critiques de Samir Machado de Machado (35)
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Tupinilandia

Au milieu des années 80, le Brésil s'en revient peu à peu à la démocratie. Pour célébrer cette ère nouvelle dans l'histoire de la nation brésilienne, un richissime industriel, fervent admirateur de Walt Disney, décide de construire un immense parc d'attractions ultra-moderne au fond de l'Amazonie. Une construction réalisée dans le plus grand secret, mais dont les rumeurs sont cependant parvenues aux oreilles de quelques militaires férocement nostalgiques du bon vieux temps et des privilèges de la dictature. Convaincus que le futur Tupilnilândia est un projet communiste, les bons petits soldats intégralistes (càd admirateurs du fascisme) prennent le parc d'assaut le jour où se déroule la répétition générale de la cérémonie d'inauguration. Bilan : quelques morts et 300 otages. Mais les médias n'en parlent pas, donc ça n'existe pas...



30 ans plus tard, un archéologue, fasciné par ce parc mystérieux que personne n'a jamais vu, obtient des subsides pour aller explorer la région, avant que l'endroit ne soit noyé par la construction d'un barrage. Si lui et son équipe s'attendaient à découvrir des attractions en ruine, envahies par la jungle, ils n'imaginaient pas tomber sur une colonie fasciste, composée des descendants des otages des années 80, maintenus dans l'ignorance complète des événements et des progrès du monde extérieur, et dans la croyance qu'ils constituent une enclave de résistants oubliée dans un pays dominé par le communisme. Si l'archéologue et ses collaborateurs ne s'attendaient pas à cette découverte aussi fascinante que surréaliste, ils s'imaginaient encore moins courir un danger mortel face à l'hystérie des dirigeants de ce 1984 brésilien.



J'ai eu du mal à entrer dans ce roman, tant sa première partie foisonne de références à la culture et à la politique brésiliennes, que je suis loin de maîtriser. La suite est plus accessible, avec la construction de Tupinilândia, la prise d'otages puis la découverte de ce monde perdu par l'archéologue. On plonge alors en plein roman d'aventures, j'allais écrire "en plein film d'action", tant l'écriture est cinématographique. Les détails technologiques et autres cascades et courses-poursuites ne m'ont pas passionnée, mais je reconnais que l'auteur a une imagination incroyable et parvient à créer un univers totalement cohérent, entre Walt Disney, Orwell, Indiana Jones et Jurassic Park. Ce que je trouve bien plus intéressant, c'est la critique acerbe de la société et de la politique brésiliennes, passées et présentes, et le développement du thème de la nostalgie du bonheur perdu, d'où découle la volonté de recréer un monde nouveau à l'image de l'ancien, mais nécessairement hermétiquement clos et figé.



Avec humour et des personnages bien campés, l'auteur s'est fait plaisir en écrivant un vrai-faux divertissement, qui nous parle aussi du danger des extrémismes, du racisme, de l'homosexualité, de la mémoire et de la transmission.



En partenariat avec les Éditions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Tupinilandia

Oh, que je déteste les bandeaux racoleurs qui annoncent des romans exceptionnels et sont très souvent décevants. Celui-ci déclare : « Entre Orwell et Jurassic Park » et comme convenu, je me suis laissée appâter, mais le roman n'a pas été à la hauteur de mes espérances.

Qu'il est long ce roman…il y a 528 pages mais il y en a bien 200 de trop, il faut dire que l'intrigue est complexe et qu'il y a une foule de personnages et des références innombrables à la culture brésilienne.

Mais de quoi ça parle ? Et bien de nostalgie, ou plus exactement de cette nostalgie du passé qui nous pousse à vouloir revenir à une époque où tout semblait plus simple, plus joyeux, plus léger, et un homme a poussé ce concept jusqu'à créer de toute pièce une sorte de cité au coeur de la jungle brésilienne, entièrement dédiée à la nostalgie.



Ce parc idéal « Tupinilandia » a été inspiré à la fois par le concept des parcs Disney, mais aussi par un désir ardent de faire revivre un Brésil rêvé, exempt de violence, de pauvreté, et de la dictature.

Mais la violence va justement s'inviter lors de la visite inaugurale du parc car un groupe armé va prendre plusieurs centaines de personnes en otages.



Le début est assez lent, et j'ai lu poussivement jusqu'à ce que l'action démarre, mais à ce moment, le roman est devenu une sorte de caricature d'Indiana Jones, avec des flingues, des méchants cachés dans la jungle, des hélicoptères, des blessés, des cascades, des héros…et ça m'a semblé très exagéré.

Plus tard, le roman prend une autre tournure et met en scène des archéologues qui vont découvrir le parc alors qu'il est abandonné depuis des dizaines d'années, mais cette fois, ce sont les nombreux termes technologiques et les références aux années 80 qui m'ont perdu.



J'ai bien aimé la critique de la société brésilienne, présentée comme tournée vers la modernité mais rongée par la corruption, mais le roman m'a cependant semblé vraiment très long.

Beaucoup de passages sont carrément indigestes, je me suis parfois perdue dans la ribambelle de personnages et j'attends toujours les fameux dinosaures qu'on m'avait promis sur le bandeau d'annonce.



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Tupinilandia

João Amadeus Flynguer, riche industriel brésilien est resté un grand enfant : marqué par sa rencontre avec le grand Walt Disney à la fin de son adolescence, il consacre la fin de sa vie à construire une ville utopique en pleine Amazonie et un immense parc d'attraction à la gloire du Brésil, de son histoire et de sa culture. Mais l'inauguration est prévue l'année où la dictature militaire doit céder la place à la démocratie et généraux au pouvoir comme nostalgiques du fascisme et de l'ordre ancien n'ont pas dit leur dernier mot : la grande fête d'inauguration finira mal et Tupinilandia retournera à l'anonymat au fond de la jungle pour les 30 années suivantes.



Quel roman incroyable que ce gros pavé brésilien mêlant allègrement roman d'aventure, réflexion politique, saga familiale et peinture historique du Brésil. On commence par un article de journal gentiment nostalgique qui décrit le Brésil idéal et fantasmé des années 50 avant de basculer directement dans la réalité de la dictature militaire des années 70 et 80. En apparence tout va bien et pourtant des personnes peuvent disparaître du jour au lendemain, des bombes explosent, une atmosphère pesante s'installe peu à peu. Et dans cette ambiance tendue, nous suivons Tiago, un jeune journaliste mandaté par João Amadeus pour écrire ce qui sera le récit de sa vie, de son oeuvre, Tupinilandia, ce parc d'attraction rêvé et grandiose. La construction est astucieuse car le lecteur découvre avec Tiago le personnage de ce riche industriel et sa création utopique, ce parc d'attraction incroyable dans lequel il investit sa fortune. L'auteur nous tient ainsi en haleine jusqu'au moment tant attendu de la visite du parc où nous partageons la fascination des visiteurs pour le décor monumental, la masse de détails et le réalisme des attractions que nous découvrons avec les personnages. Ca y est, nous sommes ferrés, il n'y a plus qu'à attendre que le drame arrive... et que le roman opère un virage à 180 degrés pour basculer dans le roman d'aventure le plus débridé, quelque part entre Jules Vernes et James Bond. La troisième partie sera encore différente, entre nostalgie et peinture d'une société dystopique terrifiante, nous forçant à nous interroger sur ce qui a mal tourné, sur ce qu'il reste de nos rêves d'enfants ou à l'échelle d'un pays des rêves de démocratie provoqués par la fin de la dictature.



Tupinilandia s'avère finalement aussi démesuré et imaginatif que le parc d'attractions utopique qui lui donne son titre. J'ai rarement lu un roman aussi original, capable de mêler d'une page à l'autre les références les plus diverses, de la sociologie au film de série Z, de la pop culture à la réflexion sur la politique brésilienne ou l'économie. L'auteur se permet tout et fait mouche à chaque fois, il nous embarque, nous emporte, ce roman est un vrai plaisir de lecture où on est totalement pris par l'ambiance et le récit. La partie aventures avec ses combats dans la jungle, ses méchants qui font froid dans le dos et ses enfants qui seront les plus malins pour s'en sortir vivants est écrite de manière très cinématographique avec le plus beau décor dont pourrait rêver un film d'action : franchement, voir des nazis se faire assommer par des dinosaures en pleine jungle brésilienne, il fallait le faire, non ? Pour continuer la référence cinématographique, j'ai parfois pensé à Quentin Tarantino pour la synthèse d'influences diverses, l'amour de la "sous-culture" que représente le cinéma, la BD ou ici les romans et jeux pour enfants et la capacité à intégrer et mêler des références complètement différentes. Le traducteur a d'ailleurs fait un excellent travail car même si l'essentiel des références sont purement brésiliennes et inconnues en France on ne s'y perd pas et même pour quelqu'un qui connaît assez peu le pays et son histoire l'intrigue et les scènes décrites restent très accessibles (même si forcément pour un lecteur brésilien le plaisir de lecture doit être encore plus grand).



Bref vous l'aurez compris gros gros coup de cœur pour ce roman inclassable et totalement réussi. Le contenu est si dense que j'aurais presque envie de le relire pour mieux en profiter et le savourer. Petit conseil si vous souhaitez le découvrir (et petit coup de gueule contre l'éditeur) : ne lisez pas la 4e de couverture qui raconte quasiment tout le livre et en donne en plus une description faussée en insistant sur ce qui est en fait que la 3e partie (et qui arrive donc aux deux tiers du roman). Ce petit détail mis à part, foncez vous ne le regretterez pas (enfin j'espère) !
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Tupinilandia

Ce que j’ai ressenti:



▪️Bienvenue à Tupinilândia.



Tupinilândia, c’est un parc d’attraction. Mais c’est tellement plus que cela : c’est un rêve, une idée démente, une utopie assumée. Quelque chose de grandiose qu’un homme un peu fou, décide de faire exister. Parce que quelque fois, il faut savoir réaliser, expérimenter, et donner vie à un projet, pour que ça ne soit plus seulement de l’intangible mais bel et bien, quelque chose de concret, de vivant, d’exaltant. Dépasser l’intention pour voir de ses propres yeux, son rêve en réalité. Tupinilândia, c’est donc une ville démesurément prodigieuse, démesurément moderne et rétro dans le même temps, démesurément fantastique. Une ville perdue au milieu de l’Amazonie et des années 80, créée de toute pièce à partir de rien, mais qui réunirai tous les espoirs de la société brésilienne, avec ce qu’il faut d’imaginaire et d’idéologie extrémiste…Une ville à aimer ou à détester démesurément…Ça sera à vous d’en décider…



"Nous ne renonçons pas facilement à ce que nous aimons."



▪️Début et fin d’un projet absolument fou.



En fait, Tupinilândia, c’est l’espoir et la déchéance d’une idée, d’un parc, d’une ville. C’est un roman d’aventures incroyable, qui fait des rêves des réalités, et des réalités des illusions spectaculaires, mais aussi des attractions véhémentes, des manèges de violences extrêmes, et puis des scènes de vies vraiment palpitantes…Tupinilândia, c’est 30 ans d’histoires, cachées, dissimulées aux yeux du monde, une enclave. 30 ans qui s’effritent parce que le bonheur est sans doute perdu, que la nostalgie n’a pas apporté toutes ses promesses…30 ans qui s’effondrent sous nos yeux avec un panache digne des plus grands films d’actions. Tupinilândia, il faut le vivre, tout simplement. Parce que c’est de l’intérieur qu’on ressent au mieux, son pouvoir d’attraction. C’est au plus près des limites qu’on peut comprendre les dangers. Il faut bien du courage et des sacrifices pour aller jusqu’au bout de ses idées, et cela les personnages de ce roman vont l’apprendre à leurs dépens…



"-Ma foi, conclut-il, n’importe où vaut mieux que nulle part."



▪️Nostalgie d’une lecture fascinante…



Ce que je peux en dire, c’est que ce livre est dense. Très intéressant, il mérite une attention particulière, un investissement et quelques recherches personnelles, surtout quand il nous manque quelques références historiques et/ou socio-politiques de ce pays fascinant qu’est le Brésil. On fait face à beaucoup de violences, d’idéologies et d’imaginaires dans un lieu clos et ça provoque beaucoup de réactions et d’émotions qu’il nous faut intégrer. J’ai aimé cette proposition d’intrigue complexe et riche, ces moments féeriques et ceux, qui amènent à réfléchir sur les dérives du pouvoir. C’est une lecture qui laisse des traces. Peut-être que je laisserai Tupinilândia me donner un peu de ce sentiment fort qu’est la nostalgie, peut-être que quand je penserai aux années passées je serai plus attentive à y voir les tenants et les aboutissements des rêves un peu fous…J’ai adoré me promener dans les allées de ce parc et je vous recommande ce divertissement démesurément incroyable. Quitte à finir rongé, autant faire un tour de roue sensationnel, non?



"Réfléchissez avec moi: s’il existait une formule du bonheur, pourrait-on le fabriquer à l’échelle industrielle? Et, si oui, un parc à thème ne serait-il pas le moyen idéal?"
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Tupinilandia

J’ai failli abandonner ce roman à plusieurs reprises, mais je n’abandonne jamais les SP, aussi ai-je pris mon mal en patience durant une dizaine de jours. Le début est très lent, il se passe enfin quelque chose après quarante-deux pour cent du livre, ensuite la situation s’arrange un peu. Toutefois je suis loin de partager les chroniques enthousiastes que j’ai lues.



La première partie traite de la jeunesse de Joao Amadeus Flynguer, fils d’un entrepreneur américain émigré au Brésil qui a investi dans le BTP et le cinéma. A quatorze ans, il rencontre son idole Walt Disney et accompagne son groupe invité par son père pour une tournée dans le pays en 1941. Joao se passionne pour les films d’animation et en particulier pour Donald. La deuxième partie se passe environ quarante ans plus tard. Tiago un journaliste ami de Beto, le fils de Joao est invité par ce dernier à documenter la construction du parc d’attraction de Tupinilandia qu’il a bâti dans le plus grand secret près d’Altamira dans la jungle amazonienne. Il est convié avec la famille Flynguer et des invités triés sur le volet pour la pré inauguration du parc. Toutefois le régime militaire sera bientôt abrogé et un groupe de fascistes qui ne l’entend pas de cette oreille attaque le site durant le week end. Les festivités tournent au carnage. La dernière partie se déroule trente après le drame. Beto qui ne sait absolument rien des affaires familiales gérées par sa soeur est devenu un mécène. Le parc abandonné sera bientôt inondé par un barrage, aussi propose-t’il à un archéologue, qui est aussi un petit-cousin de cartographier les lieux. Artur Flinguer monte une expédition à laquelle participe sa fille Lara. Contrairement à ce que Beto croyait le parc n’est pas à l’abandon, mais le groupe qui s’en est emparé a prospéré en secret avec l’accord de sa soeur Helena, qui devra essayer de sauver les savants pris au piège.



Ce roman présente de nombreuses longueurs, il ne se passe pratiquement rien durant plus du premier tiers. Les descriptions sont sans fin et on se perd sans cesse dans les détails. L’intrigue aurait pu être condensée sur la moitié des pages et le livre aurait sans aucun doute gagné en intérêt. Quand l’action démarre enfin, elle se dilue aussi dans des détails inutiles qui la ralentissent. Certaines scènes sont franchement caricaturales notamment sur les diverses mésaventures des archéologues, il n’y a rien de crédible. J’ai supposé qu’il s’agit d’un pastiche d’Indiana Jones. Artur ne cache pas que le prénom de sa fille vient de l’héroïne de jeu vidéo Lara Croft, encore un cliché.



La thématique principale du roman tourne autour des régimes autoritaires et du fascisme au Brésil. Les gouvernements même démocratiques sont fortement corrompus et l’extrême-droite tient le haut du pavé, les maîtres de Tupinilandia sont complètement obsédés par le communisme et ont crée une réalité parallèle avec la bénédiction d’Héléna, qui s’y connaît en corruption. Joao a idéalise l’oeuvre de Disney, en particulier ses parcs. Il veut en faire une version brésilienne qui mettait en scène une vision rêvée du pays, tel qu’il devrait être et non tel qu’il est. La narration part dans tous les sens. oscillant entre détails inutiles, propos politiques et caricature d’Indiana Jones. La présentation était alléchante, mais les promesse sont loin d’être tenues, un grosse déception. Un livre à fuir.



#Tupinilândia #NetGalleyFrance !
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Tupinilandia

Lecture très compliquée pour moi. J'ai peiné plus d'un mois pour enfin y voir le bout. Roman aussi titanesque que le parc éponyme.



Au milieu des années 80, le Brésil commence une transition fragile vers la démocratie. Un industriel richissime, grand admirateur de Walt Disney et son univers, utopiste de génie créé une ville au fin fond de l'Amazonie, un parc d'attractions ayant pour thème la grandeur du Brésil d'hier et d'aujourd'hui.

Lors de l'inauguration un groupe armé d'intégralistes (nationalistes/fascistes ) attaque la ville et la prend en otage. Bain de sang, Tupinilandia est abandonnée.

Trente ans plus tard une équipe d'archéologues retournent sur place mais y découvre une sorte de société autarcique fasciste.

Le pitch est accrocheur et j'ai foncé mais j'ai été arrêtée net par la mollesse de l'action. La première partie est un exposé géopolitique noyé de références de culture populaire brésilienne.



Des dizaines (centaines) de mots non traduits, de références à des films, acteurs, boissons, aliments, dessins animés, livres etc complètement inconnus, je me suis sentie laissée sur le bas-côté de l'intrigue.

Ce doit être agréable pour ceux qui comprennent de se replonger avec nostalgie dans cette histoire du passé. Mais pour moi cela a été un supplice.

Seule la seconde partie lors de la prise d'otage dans le parc m'a plu car l'action s'est accélérée et j'ai aimé imaginer et visualiser le parc et ses attractions. Et ça ne représente pas grand chose sur la totalité du roman.

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Tupinilandia

Samir Machado de Machado est né en 1981 à Porto Alegre, Brésil. Ce n’est donc peut-être pas un hasard si Tupinilândia commence à Porto Alegre, en 1981.

Ça m’arrive encore de temps en temps, c’est la couverture qui m’a irrésistiblement attirée ainsi que, pauvre de moi j’aurais presque honte, le bandeau fort alléchant.

La 4ème de couverture a fini de me convaincre et elle est très largement en dessous du contenu du roman.

Ce superbe livre de plus de 500 pages est une mine d’enseignements, un divertissement de haut niveau, un conte, une métaphore, un manuel d’histoire.

Cette histoire se découpe en fait en trois parties toutes aussi travaillées, différentes, intéressantes, prenantes les unes que les autres.

La première nous parle de Joao Amadeus, héritier d’un empire du BTP brésilien, très riche et fan de Walt Disney. Il est interviewé par Tiago, jeune journaliste, sur la construction en cours d’un immense parc d’attraction au cœur de la forêt amazonienne et fortement inspiré par les parcs Disney et les films avec Indiana Jones. Joao raconte son pays, la dictature menée par l’armée, le passé nazi du pays. Il décrit aussi la misère et les rêves d’enfants qu’il a gardés. L’auteur revient ainsi sans fard sur l’Histoire du Brésil du XXème siècle, sans rancœur ni colère mais plus dans l’acceptation ou l’aveu. Il nous décrit une paranoïa issue de la guerre froide envers le communisme, vu alors comme un danger et qui doit être combattu avec force. Pour ceux, comme moi, qui ne connaissent ni le pays, ni son histoire, c’est réellement très intéressant même si on aura tendance à penser que l’histoire, soit n’est pas terminée, soit se répète avec le gouvernement en place aujourd’hui. Cette première partie nous mène jusqu’au jour prévu de l’inauguration du parc Tupinilandia où on s’émerveille devant les attractions, les enclos à thèmes, les automates, les comédiens et la visite de la grande tour de contrôle truffée des technologies les plus modernes dans les années 80. Nous aussi, comme dès qu’on passe l’arche de l’entrée de DisneyLand, on redevient des gamins.

La deuxième partie change radicalement d’ambiance puisque lors de cette inauguration, les invités et leurs familles, ainsi que tous les employés, sont attaquées par une faction armée d’extrême droite et séquestrés dans le parc au prétexte qu’ils sont tous communistes. Or, c’est bien une débauche capitaliste que représente ce parc où tout fonctionne à l’aide de billets à l’effigie du par cet dont on doit faire le change à l’arrivée. Produits dérivés, gadgets, peluches, figurines, nourriture, casquettes et autres articles textiles, tout est fait pour que les futurs visiteurs achètent et le plus possible. Est-ce une manière de dire que ces factions d’extrême droite sont formées d’idiots ? oui, on peut dire que l’auteur en profite un peu (beaucoup) pour se moquer de ces militaires qui ont plus de muscles que de neurones. Mais l’intérêt aussi de cette deuxième partie c’est qu’elle est quand même bourrée d’action et d’effets spéciaux (littéraires). Le bandeau ne ment pas, on est en plein dans un Jurassic Parc à la mode Disney avec des enfants audacieux et futés, et des adultes parfois un peu patauds qui les suivent. Ça mitraille et ça castagne jusqu’à la toute fin de cette deuxième partie.

Vous ferez ensuite un bond de trente ans pour vous retrouver au présent avec un archéologue, Arthur, qui a entendu parler d’un parc d’attraction abandonné en plein milieu de la forêt amazonienne. Il rencontre alors Beto et Helena, les enfants de Joao, décédé depuis, ainsi que de Tiago. Tous trois lui racontent ce qu’il s’est passé trente ans auparavant et Arthur décide de partir en excursion pour visiter et faire une reconstruction virtuelle du parc avec deux de ses étudiants, dont sa fille Lara. Arrivés là-bas, ils vont avoir la surprise de découvrir une vraie colonie qui a vécu enfermée pendant ces trois décennies dans le parc. Persuadés qu’au dehors tout a sombré dans le chao du communisme, idée entretenue par le groupe qui dirige telle une mini dictature en autarcie complète, à coup de messages via des haut-parleurs et des écrans télé, où tout est contrôlé depuis le centre informatique du parc, où il n’y a plus aucune loi hormis celles édictée par le Général Kruel, chef suprême du camp. Là encore, le bandeau ne nous trompe pas et Orwell est partout présent dans cette dernière partie qui tendra à démontrer également qu’un régime dictatorial ne peut pas fonctionner et combien, aussi, il est facile de manipuler les esprits à l’aide de médias truqués.

Je pourrais parler des heures sur ce livre que j’ai trouvé hors normes et en dehors de tout code, impossible à classifier : politique, aventure, grand spectacle, il est tout ça et bien plus encore.


Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Tupinilandia

Ce roman ne m'a pas intéressé. On dirait que le but de l'auteur est d'empiler les lignes inutiles et de noircir sans fin du papier. L'intrigue, la narration vont dans tous les sens de manière absolument plate et je n'ai trouvé aucun élément susceptible de m'accrocher. (Simple opinion)
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Tupinilandia

Ce livre est beaucoup de choses à la fois, alors ça risque d'être difficile de faire court…



Premièrement, c'est un roman de science-fiction rétrofuturiste brésilien! (Déjà, ça commence fort!) L'histoire prend place à deux époques différentes: la première partie se déroule dans un passé alternatif, où est créée une «ville du futur» utopique, tandis que la deuxième, dont l'action se passe dans le présent, met en scène une société dystopique autarcique restée coincée dans les années 80.



En plus de jouer avec les codes de la sci-fi de façon tout à fait divertissante, ce livre aborde des sujets plus sérieux en revisitant l'histoire récente du Brésil et en proposant une critique sociale et politique du pays. Mes connaissances de la politique brésilienne étant assez limitées, je suis surement un peu passée à côté de certaines choses – difficile aussi de démêler ce qui est vrai de ce qui a été inventé par l'auteur –, mais ce n'était pas trop dérangeant. L'auteur dénonce le fascisme, le patriotisme aveugle ainsi que l'américanisation de la culture, et propose plusieurs réflexions intéressantes sur la société et notre rapport au temps, passé et futur.



D'ailleurs, la nostalgie est un thème central du roman, qui est également un hommage à la culture populaire, particulièrement à l'oeuvre de Walt Disney. C'est bourré de références sorties tout droit de notre enfance, incluant à Jurassic Park, à Indiana Jones et à Musclor!



Finalement, l'ensemble est également une gigantesque mise en abyme, puisque en créant sa ville ultra-moderne, le personnage du roman tente de concilier ses idées philosophiques et politiques avec un objet de divertissement commercial et populaire, soit un parc d'attraction; ET C'EST EXACTEMENT CE QUE L'AUTEUR FAIT LUI-MÊME AVEC SON LIVRE! – Boom! Mind blown! Il en ressort un roman d'aventure en apparence assez léger, rappelant même les films d'action américain, mais empreint d'une réflexion sociale très étoffée.



Ce roman n'est pas parfait. La mise en place de l'histoire est assez longue et les personnages sont un peu génériques. J'aurais aimé être d'avantage émerveillée par les descriptions du mystérieux parc. Malgré cela, c'est une lecture qui vaut la peine qu'on s'y attarde pour l'originalité de l'histoire et la pertinence des analyses, ou ne serait-ce que pour l'étonnante analogie entre la Seconde Guerre mondiale et le film de Bambi!

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Tupinilandia

Mais quelle histoire ! Quelle aventure ! J’ai passé une dizaine de jours dans cet incroyable roman, parce qu’il est dense (512 pages quand même) et que je l’ai débuté à une période où je n’avais pas beaucoup de temps pour lire, mais c’est sans regrets car j’ai pu rester plus longtemps encore dans cette épopée totalement incroyable, et c’était vraiment agréable de pouvoir prolonger l’expérience. Sur le bandeau du livre, l’éditeur situe ce roman entre Orwell et Jurassic Park, c’est vrai qu’il y a un peu de ça car l’histoire mélange à la fois le portrait d’une société galvanisée par l’extrêmisme et un parc d’attraction grandiloquent érigé grâce à la folie dépensière d’un homme fortuné n’ayant jamais abandonné ses rêves d’enfant.



C’est en plein cœur de l’Amazonie que Joao Amadeus Flynguer, qui est à la tête d’une prospère entreprise de BTP et jouit d’une immense fortune familiale lui permettant toutes les folies et toutes les corruptions, décidera de construire dans le plus grand secret une ville futuriste, un rêve de toujours inspiré par l’univers de Walt Disney qu’il rencontra enfant lorsque celui-ci voyagea au Brésil, et par la ville créée par Henri Ford, Fordlandia. Cette ville, c’est Tupinilandia : plusieurs parcs à thème, des bassins, un zoo, des répliques de dinosaures, la pointe de la technologie des années 80, une conscience écologique, un immense dôme central, un centre de commandement avec centrale informatique, un aéroport privé, une fausse monnaie, des navettes sur monorails, des véhicules électriques, …



Après des années de travaux menés à grands frais dans un étonnant secret, Tupinilândia est inaugurée pour le bénéfice d’une poignée d’amis proches. Seulement voilà, la ville est prise d’assaut par un petit groupe de militaires d’extrême droite affiliés à un général écarté du pouvoir politique aux dernières élections démocratiques. Si la famille Flynguer peut s’échapper, c’est au prix d’un compromis passé avec les nationalistes.



Trente ans plus tard, alors que les turbulences de cette journée à Tupinilândia n’ont pas dépassé le cercle du pouvoir, un archéologue nostalgique de son enfance dans les années 80 obtient à sa grande surprise un financement pour son projet d’exploration des vestiges de la ville. Ce que lui et son équipe y découvriront dépasse ses rêves les plus fous !



Bon vous l’aurez compris, j’ai adoré cette lecture, cette immersion dans le parc fonctionnel à son inauguration dans les années 80 et dans ses vestiges pas si abandonnés que ça à notre époque furent un immense plaisir à lire. Si les références culturelles et politiques sont propres au Brésil et ne m’ont pas toujours parlé, j’ai traversé ces 500 pages comme si je vivais une folle aventure au cinéma : ce livre serait d’ailleurs génial à adapter au cinéma, ou en mini-série ! N’hésitez pas, faites le voyage à Tupinilândia, vous ne le regretterez pas.
Lien : https://www.hql.fr/tupinilan..
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Tupinilandia

Un bandeau un brin racoleur, un titre énigmatique et un résumé qui l'est beaucoup moins. Ainsi démarre mon histoire avec Tupinilandia. Beaucoup d'attentes quant à ce livre qui promet une incroyable fresque romanesque à la sauce blockbuster. 



On met un peu de temps à entrer dans le vif du sujet, ça tombe bien, j'aime plutôt ça. L'auteur laisse le temps au lecteur d'apprivoiser les personnages, les lieux et le contexte sociopolitique du Brésil. En effet, impossible d'apprécier la suite de l'histoire sans ces éléments, ces clés. Néanmoins, plus de 200 pages avant d'atteindre le fameux élément perturbateur présenté à la deuxième ligne du résumé, c'est peut-être un poil beaucoup. Mais ce n'est pas l'auteur qui est à brimer mais bien l'éditeur qui a fait un drôle de choix en déflorant ainsi le récit dès la quatrième de couverture. Car dans l'absolu, sans ce résumé, je pense que je n'aurais eu aucune impatience quant à la suite de l'histoire et la surprise aurait été au rendez-vous.  le début de la lecture est fluide, intéressant, on prend plaisir à rencontrer des personnages attachants aux personnalités fortes et originales, à en savoir plus sur l'histoire si riche et "contrariée" du Brésil, à prendre part à la construction de ce parc pharaonique et aux projets fous de ce richissime mégalo fan de Walt Disney.  



Bref, passons à la seconde partie du récit, la fameuse scène de putsch lors de l'inauguration du parc. Beaucoup d'action, les scènes sont visuelles, plausibles, très cinématographiques. On passe un très bon moment et l'auteur nous offre du grand spectacle. Petite déception néanmoins, pas de grande surprise (forcément) et surtout cet élément présenté comme central est vu assez rapidement. Tout cela se règle finalement bien vite, tout le monde rentre chez soi et on ferme le parc. Et zou...



S'ensuit la troisième partie de l'ouvrage qui se passe 30 ans plus tard et se concentre sur la personne d'un archéologue que j'ai trouvé plutôt attachant. Là encore, on nous a prévenu dans la quatrième de couverture donc bon.... Retour à Tupinilandia où lui et son équipe découvre une micro-société fasciste (montée par les putschistes de la seconde partie) qui vit dans le parc depuis sa fermeture, complètement coupée du monde. A nouveau des scènes d'action plutôt bien menées et rythmées et un final à la hauteur du reste de l'ouvrage... malheureusement assez prévisible. 



Loin d'être le coup de coeur espéré, ce livre a au moins le mérite de dénoncer les versants les plus sombres de la société brésilienne (et également de la société capitaliste et consumériste dans son ensemble) mais probablement de façon un peu simpliste. Il me paraît ainsi exagéré de se référer à Orwell... J'ai tout de même passé un bon moment, comme on apprécie de temps en temps de regarder un bon gros blockbuster pour se détendre. ;)
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Tupinilandia

J'ai passé une bonne partie de ma lecture à pester : Mais qu'est-ce qui est passé par la tête de l'éditeur de divulguer ainsi en 4e de couverture l'intégralité de l'histoire ? J'ai vérifié : il faut atteindre la page 383 pour découvrir de nouveaux éléments de l'intrigue ! Heureusement, tout le sel de ce roman ne repose pas sur le suspense, mais tout de même, quel gâchis ! Il faut d'ailleurs que je prenne gare à ne pas faire de même et à ne rien révéler pour celles et ceux des lecteurs qui auront eu la chance de couvrir cette maudite 4e de couverture avant qu'elle ne dévoile tout. Et je vois bien qu'il est très difficile de parler de ce roman sans rien en raconter. Restons en au tout début et soyons vague sur le reste : un homme richissime, fasciné par l'univers de Walt Disney et par le pouvoir de séduction mis en oeuvre dans ses parcs d'attraction , décide d'utiliser les mêmes moyens scénographiques pour créer un parc à la gloire de la nation brésilienne au fin fond de la forêt amazonienne. Avec tout ce que cette ambition suppose de cadrages et d'interprétation de l'histoire équivoque du pays (extermination des Indiens, dictature militaire...). Le roman déroule le projet, l'inauguration et ses suites... aventureuses. C'est plein de rebondissements, de grands méchants aussi bêtes que cruels, de gentils héros, de cascades et de trouvailles technologiques datées 80's. C'est aussi une réflexion sur l'utopie, un éloge paradoxal de la nostalgie et une réflexion fine sur les fonctions d'une dystopie. Le tout sur fond de jungle, avec course poursuites et personnages bien troussés ; c'est tout à la fois plaisant et instructif, plein d'humour et très juste. Un très bon moment de lecture donc.
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Tupinilandia

J'enlève d'office 0,5 à ma note, tant pour le bandeau que pour la quatrième de couv.

Le bandeau d'abord, qui invoque "Jurassic Park" et "Orwell". Si l'équation "Jurassic Park = parc d'attractions d'un megalo" me semble correcte, l'évocation de ce nom renvoie d'abord, avant tout et absolument à des dinosaures ! Rajoutez-en un sur la couverture et c'est parti pour un mélange qui s'annonce si savoureux... Mais de dinosaures il n'y en aura que sous format animatronique. La mention d'Orwell tient un peu plus, vu notamment la fréquence à laquelle il y est fait référence.

La quatrième de couv à présent. Je serai plus bref, elle spoile beaucoup trop. Elle annonce des choses qui ne prennent corps que passé la 300ème page (sur 500 c'est quand même gênant). Par chance, j'arrive parfois à oublier les résumés. Ce qui fut le cas ici et qui me permit de savourer quand même ma lecture !



Venons-en au livre en lui-même. Une dernière chose qui gênera sûrement certain.e.s : la profusion de notes du traducteur.

Certes, le cadre est très brésilien et de nombreuses références seront inconnues de la majorité du lectorat sous nos latitudes. Mais la plupart ne sont pas forcément indispensables, m'a-t-il semblé (à l'exception par exemple de celle concernant le dicton raciste).

Ceci étant dit, j'ai plutôt passé un bon moment à suivre sur plusieurs périodes une famille de megalos un brin dégénérée. Le voyage de Disney au Brésil et la passion du grand-père alors enfant pour le cinéma composent la début du roman.

Puis vient la volonté du garçonnet, devenu père, de construire un parc d'attractions en pleine forêt amazonienne. Il gère l'affaire avec sa fille, froide et efficace. Son fils quant à lui mène la belle vie.

S'ajoutent un journaliste à qui l'on demandera de prêter sa plume, puis longtemps après un archéologue et son équipe pour un travail en lien avec le parc.

De belles formules sur la mémoire parsèment les pages. Qui regorgent aussi d'informations sur l'histoire du Brésil, notamment concernant les troubles périodes récentes.

Quand la corruption généralisée et devenue banale fait écho aux horreurs de la dictature militaire.



Un livre étonnant, aussi passionné par les débuts de Disney que pointu sur l'histoire politique brésilienne.

À recommander (notamment) à qui s'intéresse au Brésil des années 30 à aujourd'hui. En prenant en compte les problèmes éditoriaux évoqués plus haut.
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Tupinilandia

Alors attention, c'est un gros pavé ! Mais il est divisé en trois parties bien distinctes, chacune écrite avec un style et un rythme bien différent.

La première partie foisonne de références culturelles et politiques brésiliennes. Je n'y connait rien mais j'ai trouvé intéressant de découvrir le pays. Quand j'ai commencé à trouver ça ardu, la deuxième partie prenait le relai. Et là, on plonge dans une immense description du parc d'attractions. Aucun détail n'est négligé et le lecteur est véritablement happé dans cet univers.

Là aussi, quand j'ai commencé à me dire que bon, les descriptions c'est sympa mais c'est longuet, hop... début de la troisième partie, 30 ans plus tard.

Le rythme change complètement, on est littéralement propulsé dans un film (oui un film, pas un roman) d'action et d'aventure qui nous tient en haleine.

En fait toute cette deuxième partie descriptive permet de poser un contexte qui rend encore plus vivant et imagé les actions de la troisième partie.

Une belle réussite pour un roman que je recommande vivement.
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Tupinilandia

Mais pourquoi une telle déception par rapport au bandeau publicitaire du livre ? Certes il est racoleur, et c'est bien l'objectif ! Mais je n'ai personnellement pas été déçue par ses promesses. J'y ai trouvé du Orwell et du Jurassic Park, et bien plus encore...

Le roman est original, touffu et extraordinairement riche. On peut sans doute lui reprocher quelques longueurs dans l'analyse de l'histoire politique du Brésil qui ne nous est pas familière. Mais en même temps, on apprend beaucoup sur les régimes totalitaires, violents, et corrompus qui se sont succédés.



La comparaison avec Orwell ( utilisé en tant que référent) vaut dans la mesure où il est question d'utopies qui dysfonctionnent et qui deviennent des sociétés totalitaires, où la technologie se met au service d'un régime policier et liberticide. Tout cela apparaît clairement dans la représentation de la colonie integraliste. La réflexion sur la démocratie et sur le point de rupture avec la dictature est déclinée tout au long du roman et interpelle le lecteur, qui ne peut que se réjouir qu'on fasse appel à son intelligence.

Et plus encore, Samir Machado de Machado propose des réflexions philosophiques sur la nostalgie, la mémoire, le pouvoir et l'ambition. Il fait rire avec ses descriptions d'une société de consommation délirante et absurde, il nous met en garde contre les manipulations des gouvernements.



En ce qui concerne Jurassic Park, ce parc d'attraction imaginé dans le délire d'un amoureux de Disney au fond de la forêt amazonienne, évoque la folie d'un démiurge narcissique à la Fitzcarraldo. Ce parc d'attraction hors-normes nous transporte avec une extravagance enfantine dans un univers complètement fantaisiste. Et même les dinosaures sont présents, sous la forme malicieuse d'automates monstrueux et tout aussi dangereux. Avec un humour décalé, l'auteur nous régale d'une parodie des films d'action : hélicoptères, armes en tous genres, explosions de sang, combattants féroces et maladroits. Et, bien sûr, des enfants très astucieux qui surpassent les adultes dans la gestion du conflit et la connaissance du terrain. Bref, nous voilà transportés à Jurassic Park !

De l'intelligence, de l'aventure et de l'humour : les ingrédients d'un très bon roman.
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Tupinilandia

L'excellent éditeur aurait-il eu un coup de mou avec la quatrième de couverture? Non qu'elle soit menteuse, bien au contraire, mais elle raconte les trois quarts du roman, et c'est bien dommage. Cependant il en restait heureusement beaucoup à découvrir.



Un (très) riche industriel brésilien fan absolu de Walt Disney a lancé la construction d'un parc d'attractions au fin fond de l'Amazonie, parc devant être inauguré en 1984 (si!) , au grand moment du retour de la démocratie au Brésil, après 20 ans de dictature militaire.



Hélas rien ne va se passer comme prévu...



Idée fort originale, imagination parfois délirante, description du parc dans les moindres détails, évocation de cette culture brésilienne des contes, livres d'enfants et objets de collection, boissons colorées, héros de l'enfance, tout est là! Un peu trop d'ailleurs, j'ai un peu fatigué, ce n'est pas mon univers. Pourtant j'ai arpenté avec délices trois parcs Disney et Epcot center, c'est dire que j'ai gardé une âme d'enfant au fil des décennies. Mais c'était plus proche de mes souvenirs d'enfance.



"A Tupinilândia, la réalité grise de l'inflation et de la déforestation incontrôlée, de la dette extérieure et des généraux antipathiques, des oligarques brutaux et des célébrités vulgaires serait effacée par une autre, bariolée comme un décor de BD, où tout fonctionnerait toujours parfaitement, où tout le monde serait en permanence joyeux et enthousiaste."



On le sent, l'auteur va aussi présenter un Brésil en proie à la corruption, la violence, surtout durant ces années noires.



Et les personnages? Pas de souci, ils sont hauts en couleurs, le "méchant" se nomme Kruell, et il l'est! Face à lui, la famille du concepteur du parc, dont Helena, un bon personnage féminin flamboyant.



Ajoutons de l'humour, et beaucoup beaucoup d'action, parfois, dans un parc imaginé (il y a un plan à la fin). Au point que j'ai un peu fatigué à m'imaginer tous les déplacements (mais pas grave, on suit!)



"Si, quand j'avais onze ans, quelqu'un m'avais annoncé que je me retrouverais un jour dans une ville perdue en pleine Amazonie, entouré de dinosaures et en train de combattre des nazis avec le capitaine Aza, je l'aurais pris pour un débile."



Donc ça bouge, ça castagne, mais pas que. De belles pages sur la nostalgie. De bons retours en arrière pour ceux qui ont vécu les années 80. "La dernière décennie où, pour parler à quelqu'un, vous deviez attendre que ce quelqu'un rentre chez lui."



Et le bandeau? Orwell oui finalement puisqu'on découvre un monde évoquant pas mal 1984; quant aux dinosaures, ils ne sont pas vivants, mais le parc recèle un bassin de loutres pas sympathiques quand on les dérange...
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Tupinilandia

Titanesque, voilà le premier mot qui me vient à l'esprit pour parler de Tupinilândia.



Déjà parce que c'est un sacré petit bébé à lire, mais surtout par la masse de thèmes abordés, la richesse du travail de l'auteur qu'il convient vraiment de saluer.



Ce roman nous raconte de sa genèse à sa déchéance, toute l'histoire de Tupinilândia, un parc d'attraction, ou plutôt une expérience de vie dans un concept de ville idéale ...ou pas.



Que diriez-vous de vivre dans un endroit conçu comme un parc d'attraction, un hommage à Walt Disney, mais à la sauce brésilienne et surtout dans une ville où les années 80 ne s'arrêteraient jamais ?



Sur le papier, on a envie (surtout si comme moi vous êtes nés à la fin des années 70) de demander où est-ce qu'on signe ?



Mais voilà, tout ne va pas se passer comme prévu dans la tête de son inventeur.



Son concepteur c'est Joao Amadeus Flyunger un riche entrepreneur brésilien, dont on peut se demander s'il était un doux utopiste idéaliste fasciné par Walt Disney ou un conservateur nationaliste fanatique ?



Dans les pages de ce roman, vous trouverez cité entre autre Walt Disney l'homme, Fantasia le dessin animé qui fête ses 80 ans en 2020, Donald, Astérix, Musclor, Dorothy du Magicien d'Oz, Indiana Jones, Lara Croft, Donjon & Dragons, Depeche Mode, The Cure, Aldous Huxley, Bernard Gitton, Ayrton Senna, Spielberg, Tarantino et j'en passe...



C'est toutes mes références culturelles, j'adore ; mais c'est aussi un roman qui a les défauts de ses qualités et les qualités de ses défauts.



Je m'explique il y a énormément de références historiques, culturelles, cinématographiques, musicales, littéraires, artistiques et peut être justement un peu trop, c'est hyper intéressant mais très dense, peut-être trop, surtout si comme moi vous n'avez aucune connaissance sur l'histoire et la politique de l'Amérique du Sud et en particulier du Brésil (heureusement qu'il y avait des références internationales et même françaises). Et en même temps ce fut pour moi une lecture enrichissante, j'ai découvert et appris plein de choses, j'ai cherché beaucoup aussi, ce qui explique le temps pris pour cette lecture.



Et puis surtout il y a cette analyse fine des dangers des utopies, de la rapidité des dérives, de la minceur des frontières entre dictature et démocratie, c'est hyper intéressant cette critique du nationalisme, il en démontre parfaitement les mécanismes et la dangerosité.



J'avoue que j'ignorais que le nazisme s'était exporté à si grande échelle de l'autre côté de l'Atlantique, je savais bien entendu que d'anciens responsables nazis avaient trouvé refuge et impunité en s'expatriant, mais je n'aurais jamais pensé que les idéaux nazis les y avaient précédés.



En conclusion et parce que le sens de l'humour est la seule chose qu'il convient de toujours garder intact, j'ai envie de vous dire que je comprends parfaitement le choc émotionnel de Nestor à la fin j'ai eu le même, et je pense vraiment inciter mes filles à devenir scout, sait-on jamais ça pourra toujours leur être utile ...

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Tupinilandia

J’ai trouvé ce livre d’une originalité rare.



On fait la connaissance d'un journaliste qui va être sollicité pour une mission pour le moins étrange : couvrir l'ouverture d’un parc d'attraction, en pleine Amazonie, inspiré par Walt Disney par un riche industriel brésilien. Mais très vite ce qui devait être une grande fête tourne au drame... 30 ans plus tard, un professeur d'archéologie monte une mission pour partir à la recherche de ce parc disparu. Mais ce qu'il va trouver va dépasser ses pires cauchemars...



Je me suis attaché à la galerie de personnages plus loufoques les uns que les autres, j’ai redécouvert (je suis lusophone) une partie sombre de l’histoire du Brésil.

Page après page, il y a de l'aventure, du suspens…



Ce livre fait la part belle a l’imaginaire, dans une ambiance années 80, tout en dénonçant les dangers d'un nationalisme poussé à l'extrême.



Il y a du Indiana Jones, du Jules Verne, du Disney, du Tears for Fears (j’adoooore) …

Bref, l’auteur a réussi à m’emporter dans son univers !





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Tupinilandia

Un parc d'attractions inspiré de Walt Disney construit dans les années 1980 en pleine jungle amazonienne et abandonné après une inauguration catastrophique. Un archéologue qui y revient 30 ans plus tard et découvre une colonie de paléo-fascistes et leurs otages, restés bloqués à la guerre froide. ce roman hilarant et bourré d'actions n'est qu'un prétexte pour évoquer les vieux démons du Brésil et ses dérives politiques. A lire !
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Tupinilandia

Il est rare que je craque pour un livre en me basant sur sa couverture et son bandeau, mais l’accroche mêlant Jurassic Park et Orwell était bien trop tentante !



Je commencerai cette critique en vous conseillant de vous méfier du résumé. Celui-ci annonce des événements qui ne commencent en réalité qu’à la moitié du livre. Ne sachant pas cela, j’ai lu la première moitié du livre en étant déçue de ne pas y trouver ce que je cherchais. Car avant cette prise d’otages, l’auteur revient sur la création du parc et son lien très étroit avec la politique brésilienne des années 1980. Après m’être détachée du résumé, j’ai pu apprécier à sa juste valeur ce roman. Car c’est un livre passionnant si on s’intéresse à Disney et à l’univers des parcs d’attractions ! Samir Machado de Machado y démontre l’impact culturel qu’a eu Walt Disney et ses envies d’un parc-monde où on pourrait réellement vivre. Outre cet aspect qui ravira les fans du genre, l’auteur permet aussi d’ouvrir le lecteur à la politique brésilienne. Ce sujet finalement assez peu connu en France, sauf de quelques érudits, se révèle complexe et extrêmement dense. On y découvre les accointances avec le nazisme à la sortie de la guerre, la peur croissante du communisme, … Et puis, la moitié du roman passée, l’histoire devient un film d’action avec prise d’otages, guerre au sein d’un parc d’attractions, manipulations des foules, … Le tout donne au lecteur l’impression de lire deux livres en un.



J’ai trouvé ce livre d’une originalité rare dans son fil narratif et dans son sujet. Il est également captivant de par la part importante faite à l’histoire politique du Brésil et celle des parcs d’attractions. Mais aussi haletant à partir de l’ellipse qui nous fait retrouver le parc presque quarante ans après son abandon.



Et que dire des personnages ? La représentation est présente (personnages de couleurs et sexualités diverses), les femmes sont badass (peut-on s’arrêter quelques instants sur Helena ? Une vraie reine !) et même les enfants se révèlent intéressants et non pas juste des personnages secondaires peu utiles à cause de leur âge. Attention toutefois, j’ai eu quelques difficultés au départ à m’y retrouver parmi la multitude de personnages, mais cela peut tenir à leurs noms aux sonorités étrangères que j’avais malheureusement tendance à mélanger.



Son seul défaut est la lenteur de sa première partie mais elle s’avère nécessaire pour en comprendre toutes les implications par la suite. Avec son histoire bien construite, l’originalité de son sujet et le courage de ses personnages, Samir Machado de Machado m’a fait forte impression. Ce livre est à lire pour en apprendre plus sur le Brésil, passer une nuit blanche à s’inquiéter pour les personnages et retomber en émerveillement devant les parcs d’attraction.
Lien : https://leslubiesdeole.wordp..
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