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EAN : 9791022613569
608 pages
Editions Métailié (15/03/2024)
3.56/5   78 notes
Résumé :
Situé au cœur de l’Amazonie, un fabuleux roman entre Orwell et Jurassic Park, un blockbuster d’aventures et une réflexion sur la nostalgie, la mémoire et le nationalisme.

Tupinilândia se trouve en Amazonie, loin de tout. C’est un parc d’attractions construit dans le plus grand secret par un industriel admirateur de Walt Disney pour célébrer le Brésil et le retour de la démocratie à la fin des années 1980. Le jour de l’inauguration, un groupe armé bouc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
3,56

sur 78 notes
Au milieu des années 80, le Brésil s'en revient peu à peu à la démocratie. Pour célébrer cette ère nouvelle dans l'histoire de la nation brésilienne, un richissime industriel, fervent admirateur de Walt Disney, décide de construire un immense parc d'attractions ultra-moderne au fond de l'Amazonie. Une construction réalisée dans le plus grand secret, mais dont les rumeurs sont cependant parvenues aux oreilles de quelques militaires férocement nostalgiques du bon vieux temps et des privilèges de la dictature. Convaincus que le futur Tupilnilândia est un projet communiste, les bons petits soldats intégralistes (càd admirateurs du fascisme) prennent le parc d'assaut le jour où se déroule la répétition générale de la cérémonie d'inauguration. Bilan : quelques morts et 300 otages. Mais les médias n'en parlent pas, donc ça n'existe pas...

30 ans plus tard, un archéologue, fasciné par ce parc mystérieux que personne n'a jamais vu, obtient des subsides pour aller explorer la région, avant que l'endroit ne soit noyé par la construction d'un barrage. Si lui et son équipe s'attendaient à découvrir des attractions en ruine, envahies par la jungle, ils n'imaginaient pas tomber sur une colonie fasciste, composée des descendants des otages des années 80, maintenus dans l'ignorance complète des événements et des progrès du monde extérieur, et dans la croyance qu'ils constituent une enclave de résistants oubliée dans un pays dominé par le communisme. Si l'archéologue et ses collaborateurs ne s'attendaient pas à cette découverte aussi fascinante que surréaliste, ils s'imaginaient encore moins courir un danger mortel face à l'hystérie des dirigeants de ce 1984 brésilien.

J'ai eu du mal à entrer dans ce roman, tant sa première partie foisonne de références à la culture et à la politique brésiliennes, que je suis loin de maîtriser. La suite est plus accessible, avec la construction de Tupinilândia, la prise d'otages puis la découverte de ce monde perdu par l'archéologue. On plonge alors en plein roman d'aventures, j'allais écrire "en plein film d'action", tant l'écriture est cinématographique. Les détails technologiques et autres cascades et courses-poursuites ne m'ont pas passionnée, mais je reconnais que l'auteur a une imagination incroyable et parvient à créer un univers totalement cohérent, entre Walt Disney, Orwell, Indiana Jones et Jurassic Park. Ce que je trouve bien plus intéressant, c'est la critique acerbe de la société et de la politique brésiliennes, passées et présentes, et le développement du thème de la nostalgie du bonheur perdu, d'où découle la volonté de recréer un monde nouveau à l'image de l'ancien, mais nécessairement hermétiquement clos et figé.

Avec humour et des personnages bien campés, l'auteur s'est fait plaisir en écrivant un vrai-faux divertissement, qui nous parle aussi du danger des extrémismes, du racisme, de l'homosexualité, de la mémoire et de la transmission.

En partenariat avec les Éditions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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João Amadeus Flynguer, riche industriel brésilien est resté un grand enfant : marqué par sa rencontre avec le grand Walt Disney à la fin de son adolescence, il consacre la fin de sa vie à construire une ville utopique en pleine Amazonie et un immense parc d'attraction à la gloire du Brésil, de son histoire et de sa culture. Mais l'inauguration est prévue l'année où la dictature militaire doit céder la place à la démocratie et généraux au pouvoir comme nostalgiques du fascisme et de l'ordre ancien n'ont pas dit leur dernier mot : la grande fête d'inauguration finira mal et Tupinilandia retournera à l'anonymat au fond de la jungle pour les 30 années suivantes.

Quel roman incroyable que ce gros pavé brésilien mêlant allègrement roman d'aventure, réflexion politique, saga familiale et peinture historique du Brésil. On commence par un article de journal gentiment nostalgique qui décrit le Brésil idéal et fantasmé des années 50 avant de basculer directement dans la réalité de la dictature militaire des années 70 et 80. En apparence tout va bien et pourtant des personnes peuvent disparaître du jour au lendemain, des bombes explosent, une atmosphère pesante s'installe peu à peu. Et dans cette ambiance tendue, nous suivons Tiago, un jeune journaliste mandaté par João Amadeus pour écrire ce qui sera le récit de sa vie, de son oeuvre, Tupinilandia, ce parc d'attraction rêvé et grandiose. La construction est astucieuse car le lecteur découvre avec Tiago le personnage de ce riche industriel et sa création utopique, ce parc d'attraction incroyable dans lequel il investit sa fortune. L'auteur nous tient ainsi en haleine jusqu'au moment tant attendu de la visite du parc où nous partageons la fascination des visiteurs pour le décor monumental, la masse de détails et le réalisme des attractions que nous découvrons avec les personnages. Ca y est, nous sommes ferrés, il n'y a plus qu'à attendre que le drame arrive... et que le roman opère un virage à 180 degrés pour basculer dans le roman d'aventure le plus débridé, quelque part entre Jules Vernes et James Bond. La troisième partie sera encore différente, entre nostalgie et peinture d'une société dystopique terrifiante, nous forçant à nous interroger sur ce qui a mal tourné, sur ce qu'il reste de nos rêves d'enfants ou à l'échelle d'un pays des rêves de démocratie provoqués par la fin de la dictature.

Tupinilandia s'avère finalement aussi démesuré et imaginatif que le parc d'attractions utopique qui lui donne son titre. J'ai rarement lu un roman aussi original, capable de mêler d'une page à l'autre les références les plus diverses, de la sociologie au film de série Z, de la pop culture à la réflexion sur la politique brésilienne ou l'économie. L'auteur se permet tout et fait mouche à chaque fois, il nous embarque, nous emporte, ce roman est un vrai plaisir de lecture où on est totalement pris par l'ambiance et le récit. La partie aventures avec ses combats dans la jungle, ses méchants qui font froid dans le dos et ses enfants qui seront les plus malins pour s'en sortir vivants est écrite de manière très cinématographique avec le plus beau décor dont pourrait rêver un film d'action : franchement, voir des nazis se faire assommer par des dinosaures en pleine jungle brésilienne, il fallait le faire, non ? Pour continuer la référence cinématographique, j'ai parfois pensé à Quentin Tarantino pour la synthèse d'influences diverses, l'amour de la "sous-culture" que représente le cinéma, la BD ou ici les romans et jeux pour enfants et la capacité à intégrer et mêler des références complètement différentes. le traducteur a d'ailleurs fait un excellent travail car même si l'essentiel des références sont purement brésiliennes et inconnues en France on ne s'y perd pas et même pour quelqu'un qui connaît assez peu le pays et son histoire l'intrigue et les scènes décrites restent très accessibles (même si forcément pour un lecteur brésilien le plaisir de lecture doit être encore plus grand).

Bref vous l'aurez compris gros gros coup de coeur pour ce roman inclassable et totalement réussi. le contenu est si dense que j'aurais presque envie de le relire pour mieux en profiter et le savourer. Petit conseil si vous souhaitez le découvrir (et petit coup de gueule contre l'éditeur) : ne lisez pas la 4e de couverture qui raconte quasiment tout le livre et en donne en plus une description faussée en insistant sur ce qui est en fait que la 3e partie (et qui arrive donc aux deux tiers du roman). Ce petit détail mis à part, foncez vous ne le regretterez pas (enfin j'espère) !
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Oh, que je déteste les bandeaux racoleurs qui annoncent des romans exceptionnels et sont très souvent décevants. Celui-ci déclare : « Entre Orwell et Jurassic Park » et comme convenu, je me suis laissée appâter, mais le roman n'a pas été à la hauteur de mes espérances.
Qu'il est long ce roman…il y a 528 pages mais il y en a bien 200 de trop, il faut dire que l'intrigue est complexe et qu'il y a une foule de personnages et des références innombrables à la culture brésilienne.
Mais de quoi ça parle ? Et bien de nostalgie, ou plus exactement de cette nostalgie du passé qui nous pousse à vouloir revenir à une époque où tout semblait plus simple, plus joyeux, plus léger, et un homme a poussé ce concept jusqu'à créer de toute pièce une sorte de cité au coeur de la jungle brésilienne, entièrement dédiée à la nostalgie.

Ce parc idéal « Tupinilandia » a été inspiré à la fois par le concept des parcs Disney, mais aussi par un désir ardent de faire revivre un Brésil rêvé, exempt de violence, de pauvreté, et de la dictature.
Mais la violence va justement s'inviter lors de la visite inaugurale du parc car un groupe armé va prendre plusieurs centaines de personnes en otages.

Le début est assez lent, et j'ai lu poussivement jusqu'à ce que l'action démarre, mais à ce moment, le roman est devenu une sorte de caricature d'Indiana Jones, avec des flingues, des méchants cachés dans la jungle, des hélicoptères, des blessés, des cascades, des héros…et ça m'a semblé très exagéré.
Plus tard, le roman prend une autre tournure et met en scène des archéologues qui vont découvrir le parc alors qu'il est abandonné depuis des dizaines d'années, mais cette fois, ce sont les nombreux termes technologiques et les références aux années 80 qui m'ont perdu.

J'ai bien aimé la critique de la société brésilienne, présentée comme tournée vers la modernité mais rongée par la corruption, mais le roman m'a cependant semblé vraiment très long.
Beaucoup de passages sont carrément indigestes, je me suis parfois perdue dans la ribambelle de personnages et j'attends toujours les fameux dinosaures qu'on m'avait promis sur le bandeau d'annonce.

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Ce que j'ai ressenti:

▪️Bienvenue à Tupinilândia.

Tupinilândia, c'est un parc d'attraction. Mais c'est tellement plus que cela : c'est un rêve, une idée démente, une utopie assumée. Quelque chose de grandiose qu'un homme un peu fou, décide de faire exister. Parce que quelque fois, il faut savoir réaliser, expérimenter, et donner vie à un projet, pour que ça ne soit plus seulement de l'intangible mais bel et bien, quelque chose de concret, de vivant, d'exaltant. Dépasser l'intention pour voir de ses propres yeux, son rêve en réalité. Tupinilândia, c'est donc une ville démesurément prodigieuse, démesurément moderne et rétro dans le même temps, démesurément fantastique. Une ville perdue au milieu de l'Amazonie et des années 80, créée de toute pièce à partir de rien, mais qui réunirai tous les espoirs de la société brésilienne, avec ce qu'il faut d'imaginaire et d'idéologie extrémiste…Une ville à aimer ou à détester démesurément…Ça sera à vous d'en décider…

"Nous ne renonçons pas facilement à ce que nous aimons."

▪️Début et fin d'un projet absolument fou.

En fait, Tupinilândia, c'est l'espoir et la déchéance d'une idée, d'un parc, d'une ville. C'est un roman d'aventures incroyable, qui fait des rêves des réalités, et des réalités des illusions spectaculaires, mais aussi des attractions véhémentes, des manèges de violences extrêmes, et puis des scènes de vies vraiment palpitantes…Tupinilândia, c'est 30 ans d'histoires, cachées, dissimulées aux yeux du monde, une enclave. 30 ans qui s'effritent parce que le bonheur est sans doute perdu, que la nostalgie n'a pas apporté toutes ses promesses…30 ans qui s'effondrent sous nos yeux avec un panache digne des plus grands films d'actions. Tupinilândia, il faut le vivre, tout simplement. Parce que c'est de l'intérieur qu'on ressent au mieux, son pouvoir d'attraction. C'est au plus près des limites qu'on peut comprendre les dangers. Il faut bien du courage et des sacrifices pour aller jusqu'au bout de ses idées, et cela les personnages de ce roman vont l'apprendre à leurs dépens…

"-Ma foi, conclut-il, n'importe où vaut mieux que nulle part."

▪️Nostalgie d'une lecture fascinante…

Ce que je peux en dire, c'est que ce livre est dense. Très intéressant, il mérite une attention particulière, un investissement et quelques recherches personnelles, surtout quand il nous manque quelques références historiques et/ou socio-politiques de ce pays fascinant qu'est le Brésil. On fait face à beaucoup de violences, d'idéologies et d'imaginaires dans un lieu clos et ça provoque beaucoup de réactions et d'émotions qu'il nous faut intégrer. J'ai aimé cette proposition d'intrigue complexe et riche, ces moments féeriques et ceux, qui amènent à réfléchir sur les dérives du pouvoir. C'est une lecture qui laisse des traces. Peut-être que je laisserai Tupinilândia me donner un peu de ce sentiment fort qu'est la nostalgie, peut-être que quand je penserai aux années passées je serai plus attentive à y voir les tenants et les aboutissements des rêves un peu fous…J'ai adoré me promener dans les allées de ce parc et je vous recommande ce divertissement démesurément incroyable. Quitte à finir rongé, autant faire un tour de roue sensationnel, non?

"Réfléchissez avec moi: s'il existait une formule du bonheur, pourrait-on le fabriquer à l'échelle industrielle? Et, si oui, un parc à thème ne serait-il pas le moyen idéal?"
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J'ai failli abandonner ce roman à plusieurs reprises, mais je n'abandonne jamais les SP, aussi ai-je pris mon mal en patience durant une dizaine de jours. le début est très lent, il se passe enfin quelque chose après quarante-deux pour cent du livre, ensuite la situation s'arrange un peu. Toutefois je suis loin de partager les chroniques enthousiastes que j'ai lues.

La première partie traite de la jeunesse de Joao Amadeus Flynguer, fils d'un entrepreneur américain émigré au Brésil qui a investi dans le BTP et le cinéma. A quatorze ans, il rencontre son idole Walt Disney et accompagne son groupe invité par son père pour une tournée dans le pays en 1941. Joao se passionne pour les films d'animation et en particulier pour Donald. La deuxième partie se passe environ quarante ans plus tard. Tiago un journaliste ami de Beto, le fils de Joao est invité par ce dernier à documenter la construction du parc d'attraction de Tupinilandia qu'il a bâti dans le plus grand secret près d'Altamira dans la jungle amazonienne. Il est convié avec la famille Flynguer et des invités triés sur le volet pour la pré inauguration du parc. Toutefois le régime militaire sera bientôt abrogé et un groupe de fascistes qui ne l'entend pas de cette oreille attaque le site durant le week end. Les festivités tournent au carnage. La dernière partie se déroule trente après le drame. Beto qui ne sait absolument rien des affaires familiales gérées par sa soeur est devenu un mécène. le parc abandonné sera bientôt inondé par un barrage, aussi propose-t'il à un archéologue, qui est aussi un petit-cousin de cartographier les lieux. Artur Flinguer monte une expédition à laquelle participe sa fille Lara. Contrairement à ce que Beto croyait le parc n'est pas à l'abandon, mais le groupe qui s'en est emparé a prospéré en secret avec l'accord de sa soeur Helena, qui devra essayer de sauver les savants pris au piège.

Ce roman présente de nombreuses longueurs, il ne se passe pratiquement rien durant plus du premier tiers. Les descriptions sont sans fin et on se perd sans cesse dans les détails. L'intrigue aurait pu être condensée sur la moitié des pages et le livre aurait sans aucun doute gagné en intérêt. Quand l'action démarre enfin, elle se dilue aussi dans des détails inutiles qui la ralentissent. Certaines scènes sont franchement caricaturales notamment sur les diverses mésaventures des archéologues, il n'y a rien de crédible. J'ai supposé qu'il s'agit d'un pastiche d'Indiana Jones. Artur ne cache pas que le prénom de sa fille vient de l'héroïne de jeu vidéo Lara Croft, encore un cliché.

La thématique principale du roman tourne autour des régimes autoritaires et du fascisme au Brésil. Les gouvernements même démocratiques sont fortement corrompus et l'extrême-droite tient le haut du pavé, les maîtres de Tupinilandia sont complètement obsédés par le communisme et ont crée une réalité parallèle avec la bénédiction d'Héléna, qui s'y connaît en corruption. Joao a idéalise l'oeuvre de Disney, en particulier ses parcs. Il veut en faire une version brésilienne qui mettait en scène une vision rêvée du pays, tel qu'il devrait être et non tel qu'il est. La narration part dans tous les sens. oscillant entre détails inutiles, propos politiques et caricature d'Indiana Jones. La présentation était alléchante, mais les promesse sont loin d'être tenues, un grosse déception. Un livre à fuir.

#Tupinilândia #NetGalleyFrance !
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Une large ouverture, laissant passer une route à double voie pour les entrées et les sorties des véhicules, faisait office de portail. Elle était surplombée par une immense statue de béton, colorée, joyeuse et souriante d’Arthur Arara qui, à mi-chemin entre le Christ rédempteur et l’aigle emblématique de l’école de samba de Portela, accueillait tout le monde à bras ouverts, les ailes un peu en avant comme s’il se préparait à donner l’accolade, au-dessus du fronton qui disait en lettres géantes :
BIENVENUE A TUPINILÂNDIA
Au moment où il passait dessous, Tiago jeta un coup d’œil par-dessus son épaule pour regarder non pas les autres voitures, mais la piste en terre en train de disparaître derrière lui. N’était-ce pas le but de tout ça, finalement ? Fuir, s’évader. Il comprenait maintenant l’état d’agitation infantile dans lequel semblait vivre le vieux Flynguer, il comprenait maintenant sa croyance quasi religieuse en la nécessité de catharsis collectives et ses espoirs de manipuler les émotions du public comme un chef d’orchestre face à ses musiciens.
A Tupinilândia, rien n’irait jamais de travers, car cet endroit avait été conçu pour être ainsi, pour étouffer sous l’euphorie de la samba, sous les saveurs de ses fruits et sous la rapidité de ses rythmes cette tristesse du Brésil si subtile et si bien cachée, née du sentiment d’échec produit par le mirage du progrès, du pays du futur, un futur constamment en vue mais qui n’en finissait pas de fuir, quelle que soit la vitesse à laquelle on lui courait après. A Tupinilândia, la réalité grise de l’inflation et de la déforestation incontrôlée, de la dette extérieure et des généraux antipathiques, des oligarques brutaux et des célébrités vulgaires serait effacée par une autre, bariolée comme un décor de BD, où tout fonctionnerait toujours parfaitement, où tout le monde serait en permanence joyeux et enthousiaste, comme dans ces émissions pour enfants où chacun repart avec son cadeau. Tiago sourit en arrivant à la conclusion que, finalement, c’est une idée géniale : si Tupinilândia n’avait pas existé, il aurait fallu l’inventer.
Et c’est ce qu’avait fait Joao Amadeus Flynguer.
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Mais la nostalgie n'est pas le désir d'un lieu, c'est celui d'un temps et d'une époque qui ne sont pas les nôtres et que nous associons en général au passé, même s'il existe aussi une nostalgie prospective, qui est le regret d'anciennes visions du futur devenues obsolètes. Plus largement, le sentiment nostalgique est une façon de nous rebeller contre la vitesse de notre temps, de ce progrès qui se focalise sur les améliorations à venir sans réfléchir au passé. Après tout, la romantisation des sentiments a été une réponse au XIXe siècle au rationalisme des Lumières. Et ce n'est pas une coïncidence si, par exemple, ce même XIXe siècle des romantiques a vu apparaître le phénomène du nationalisme. Les deux sont liés. Sauf que, pour fonctionner, l'objet de la nostalgie romantique doit toujours être lointain, soit au-delà du temps et de l'espace présents, soit sur des territoires perdus, utopiques, où le temps ne passe jamais.
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Réfléchissez avec moi: s’il existait une formule du bonheur, pourrait-on le fabriquer à l’échelle industrielle? Et, si oui, un parc à thème ne serait-il pas le moyen idéal?
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Mickey et Donald sont des symboles aussi présents dans une enfance que ceux du baptême et de la première communion – voire davantage, si l’on tient aussi compte des vêtements et des jouets d’un enfant. Il y a plus de points communs entre les pèlerins d’Aparecida et ceux de Disney World qu’on ne l’imagine : les uns et les autres recherchent une forme d’expérience transcendante.
(p. 387, Partie 2, “Monde perdu”, Episode 4 : Une nouvelle espérance, Chapitre 12, “Capturés”).
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La meilleure définition des gens nés avec une cuiller d'argent dans la bouche a été donnée par Fitzgerald: a voice full of money. Beto avait cette voix-là, signe que la fortune dans laquelle on naît ne peut être séparée du corps et continue de vous accompagner même quand l'argent est perdu
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