Sandie Jones

Comme toutes les mères, j’imagine. Elle sait tenir son foyer, est conciliante, loyale et protectrice envers ses enfants. J’espère que je lui offre la même loyauté en retour. Je ne supporterais pas qu’on dise du mal d’elle. C’est une femme bien.
Comme si je ne m’étais pas déjà suffisamment mis la pression quant à l’impression favorable que je devais lui faire ! Il venait de me donner le coup de grâce. Et qu’on me pardonne cette pensée, mais si moi je n’aimais pas sa mère, je signais sur-le-champ mon retour à mon statut de célibataire. Pour le salut de notre couple, il fallait que ça fonctionne entre sa mère et moi.

Ces attentions avaient sans doute plus de valeur que trois petits mots stupides, non ? Tout le monde peut les prononcer sans les penser. Les actes sont plus révélateurs que les paroles, telle était ma philosophie, et je m’y tenais, jusqu’au jour bien sûr où il me dirait l’irremplaçable : « Je t’aime », et alors les actes ne vaudraient plus rien de rien.

Chaque chose a ses petits défauts et ses qualités ; or, pour la première fois dans ma vie d’adulte, je me sentais entièrement moi, comme si toutes les pièces du puzzle s’étaient mises en place.

Enfin, ce n’était pas le genre d’aventure comme vous les jeunes l’envisagez aujourd’hui, avait-elle dit. Nous ne nous voyions pas de façon clandestine ni ne couchions ensemble de façon illégitime, puisqu’aucun de nous n’était marié, donc ce n’était pas à proprement parler une liaison, juste une belle rencontre entre deux personnes qui étaient sur la même longueur d’onde.

Peu importait le sujet, j’aurais aimé qu’il me donne accès à son monde. Or, en dépit de mes efforts, nous finissions toujours par parler du mien, même quand c’était moi qui posais les questions. Indéniablement, cela représentait un agréable changement par rapport à mon précédent compagnon qui passait toutes ses soirées à parler des jeux vidéo, son unique obsession. Cependant, sa façon de toujours se dérober me laissait dubitative : que savais-je réellement de lui ?
Voilà pourquoi j’avais besoin de Seb. C’est le genre de personne qui va droit au but, qui sait s’immiscer sous les couches complexes de chacun pour en atteindre l’âme ; en général, les gens s’ouvrent à lui quelques minutes après avoir fait sa connaissance. Un jour, il avait demandé à ma mère si mon père était le seul homme qu’elle avait connu.

C’était d’ailleurs un trait spécifique, chez Adam : plus détendu, et il se retrouvait à l’horizontale. Dans son monde, tout était calme et sous contrôle, comme un océan sans vagues. Il ne s’énervait jamais, même quand on était coincés derrière une voiture qui n’avançait pas. Il ne débitait pas un chapelet de jurons quand son train était en retard, et ne considérait pas non plus que les réseaux sociaux étaient responsables de tous les malheurs du monde.

Je ne pouvais plus entrer dans mon jean taille 38 que je portais l’été précédent, mais plutôt que m’en acheter un nouveau en 40, j’avais préféré écumer toutes les boutiques en quête d’un jean 38 taillant plus large et dans lequel je pourrais entrer. J’avais passé tout l’été « dans le déni » et je me mentais toujours à moi-même en affirmant qu’avec l’été indien qu’on prévoyait, je retrouverais des motivations pour me mettre au régime.

J’aimerais pouvoir défier nos contempteurs et leur démontrer que nous ne sommes pas tous dépourvus de morale ou de déontologie.