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Citations de Sandrine Berthet (24)


Nous avons voulu les mettre en application, nos idées de démocratie directe, d'égalité, de justice, et elles ont fait pisser dans leur froc tous ceux qui ont un nom, un avoir, une position. Ils ont vu quoi pendant les deux mois qu’a duré la commune ? Des manants qui commencent réellement à mettre une dérouillée à l'ordre des choses. Des gibiers de famine, des incultes, des athées qui s'octroient les responsabilités de la cité. Songe un peu à l’effet ! Nous leur avons fichu la peur de leur vie. Comment auraient-il pu ne pas nous en vouloir à mort, de cette peur qu'on aura flanquée ? Alors, dès qu'ils ont pris le dessus, ils ont eu en point de mire notre extermination méticuleuse, systématique, totale. 
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Je commence à penser que c’est la méthode de la Pénitenciaire, cette misère matérielle dans laquelle on nous a jetés : on veut nous maintenir dans un état de survie permanent pour que notre horizon soit borné aux besoins les plus primitifs – réussir à faire cuire la pitance pour qu’elle soit comestible, trouver comment manger à sa faim, se construire un abri qui nous protège de la pluie et du soleil, qui nous permette de dormir. Ainsi plus de temps et surtout plus de volonté pour réfléchir, pour penser au monde qu’on voudrait forger, pour songer à la manière de le changer.
Je pourrais me laisser aller et être terrifié par cette idée. Mais ils ne m’auront pas aussi facilement ! Je compte bien me défendre, je ne rendrai pas les armes. Je veux rentrer en France aussi vivant que j’en suis parti. Je le veux, et j’ai confiance : j’en suis capable, je tiendrai bon. Il le faut. (p.116)
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Sandrine Berthet
Quelques jours après la proclamation de la République, les Prussiens qui assistent Paris, le gouvernement qui s'enfuit et les Parisiens qui restent, forcés d'endurer la faim et le froid glacial pendant ces quatre mois de siège, le peuple qui n'a pas le sou mais qui se cotise pour couler des canons et résister. Et l'impossibilité après tous ces sacrifices d'accepter la traîtrise du gouvernement qui se précipite devant Bismarck pour accepter l'amnistie des vaincus et des lâches, l'humiliation.
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Chaque jour en montant sur le pont, j’espère découvrir une preuve qu’on en a bientôt fini avec l’océan Austral. Mais aujourd’hui le froid est toujours aussi vif et le vent semble aimanter les albatros, qui ont remplacé depuis longtemps les poissons volants des mers chaudes dans notre sillage. Ces volatiles sont prodigieux. Ce n’est pas tant leurs larges ailes qui impressionnent, mais leur manière de cheminer à travers ce temps d’apocalypse. Ils ont l’air de se jouer des rafales et de la houle, ils volent au-dessus de la vague, la longent au ras des flots, partent en chandelle, remontent au-dessus de la crête et recommencent cette danse encore et encore. Ils semblent goûter notre compagnie – ils ne doivent pas croiser grand monde dans ces parages. Ils ne se doutent pas du sort qui les attend.
Car les marins les apprécient beaucoup eux aussi : empaillés, ils se négocient très cher. Les bestioles sont facilement appâtées par un morceau de lard au bout d’un hameçon. Une fois attrapé, l’animal est suspendu par les pattes et entame une longue agonie. Les matelots en ont massacré plus de trois cents en deux semaines.
Il a fallu moins de temps au gouvernement pour régler leur compte à plus de vingt-cinq mille communards, femmes, enfants, vieillards et autres innocents compris. Vingt-cinq mille exécutions sommaires – ou trente mille, ou plus, on ne sait pas et à coup sûr, on ne saura jamais. (pp.72-73)
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Sandrine Berthet
Apprendre aux gamins à penser par eux-mêmes, à se vouloir libres et à vouloir que les autres le soient aussi, ça a été ça notre horizon.
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La multitude qui crie, qui est furieuse et soudain heureuse quand Gambetta déclare la déchéance de l'Empereur, et la vie qui se gonfle comme sous l'effet d'une bourrasque, et éclate en entendant la proclamation de la République. 4 septembre 1870, Troisième République française, 4 septembre 1870 et j'ai vingt ans.
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Si la République cherchait vraiment à civiliser les naturels, ce serait avec des maîtres d'école plutôt qu'à coups de fusil. P.308
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Sandrine Berthet
La peau est devenue sèche et épaisse, presque écailleuse et pigmentée de petits points violets. Puis les points sont apparus plus nombreux jusqu'à se rejoindre et former des tâches de vin, qui se sont étalées jour après jour sur les membres. Les gencives se sont faites rouges et boursouflées, puis violacée, saignantes. On a compris : le scorbut commençait ses ravages.
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Sandrine Berthet
Pour lui, le carnage de la Semaine sanglante, quoi de plus normal ? Nous avons voulu les mettre en application, nos idées de démocratie directe, d'égalité, de justice, et elles ont fait pisser dans leur froc tous ceux qui ont un nom, un avoir, une position. Ils ont vu quoi, pendant les deux mois qu'a duré notre Commune ? Des manants qui commencent réellement à mettre une dérouillée à l'ordre des choses. Des gibiers de famine, des incultes, des athées qui s'octroient les responsabilités de la cité. Songe un peu à l'effet ! Nous leur avons fichu la peur de leur vie.
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Sandrine Berthet
Je lui ai raconté le monde nouveau, la justice sociale, tout ce qu'on attendait depuis la Révolution. Crever le vieux monde, crever l'Eglise et les militaires, et les privilèges, mettre hors la loi l'exploitation des pauvres, sortir les gosses des ateliers pour les installer sur les bancs d'une école qui en fasse des citoyens, instaurer le suffrage universel et donner le gouvernement au peuple, bâtir une République libre, une société égalitaire et solidaire, pour de bon !
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Et je lui raconte la défaite de Bonaparte à Sedan, l'humiliation couronnée par sa capture par les Prussiens et, une fois la nouvelle parvenue à Paris, la foule qui afflue vers le centre de la capitale, qui descend des quartiers populaires de l'est de la ville, les ruisseaux humains qui débordent de partout et se rejoignent pour inonder la place de l'hôtel de ville.
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Sandrine Berthet
Après la promulgation de la séparation de l'Eglise et de l'Etat début avril, les oiseaux noirs et les religieuses remplacés par des enseignants laïcs, arrondissement par arrondissement, l'école qui devient gratuite, laïque, obligatoire, et pour tous - les filles ne sont pas en reste. Le tiers des gosses de Paris qui vont pour la première fois mettre leurs fesses sur un banc d'école. Les premières écoles professionnelles qui ouvrent, même une d'art industriel pour les jeunes filles - fini la couture à laquelle les religieuses les cantonnaient ! J'ai vécu une ivresse qu'aucune absinthe ne me procurera jamais. Je n'ai pas dessaoulé durant ces dix semaines.
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Sandrine Berthet
La Commune, elle les vengeait de la misère. Celle de leurs parents, celle de leur enfance, celle qu'ils ne pouvaient éviter à leurs gosses. Et de l'injustice, des patrons qui les volent comme ils ont volé leurs pères et leurs mères avant. Si on ne fait rien, les riches domineront toujours ! Ce gouvernement, c'était le leur, de quoi en finir avec le vieux monde, en construire un tout neuf. La mort, la peur de se faire descendre, l'idée qu'ils pourraient être vaincus...ça ne faisait pas le poids.
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Sandrine Berthet
C'est là qu'était ma place. Aucune hésitation. Mon rêve de République, mon idéal absolu, ma religion.
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Sandrine Berthet
La fièvre a duré soixante-douze jours.
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Sandrine Berthet
On imaginait quoi ? Que le reste du pays, monarchiste et rétrograde, ne réagirait pas à la proclamation d'une République indépendante de Paris, à l'établissement d'un gouvernement du peuple, à un programme d'égalité et de justice sociale ? Le projet de la Commune était si captivant qu'on n'a pas eu un seul instant pour penser à l'échec.
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Sandrine Berthet
Les matelots en ont massacré plus de trois cents en deux semaines.
Il a fallu moins de temps au gouvernement pour régler leur compte à plus de vingt-cinq mille communards, femmes, enfants, vieillards et autres innocents compris. Vingt-cinq mille exécutions sommaires - ou trente mille, ou plus, on ne sait pas et à coup sûr, on ne saura jamais.
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Sandrine Berthet
Et puis février 1871, l'élection d'une Assemblée nationale, la glaise qui s'assèche d'un coup, terminée la sculpture, elle est à peine commencée et déjà elle se craquelle, elle se désagrège, de la poussière, de la saleté entre les doigts. Quatre cents députés monarchistes, quatre cents ! Pour seulement deux cents républicains. A Paris et dans les grandes villes, tous les votes pour affermir la République sont assommés par la massue monarchiste, étranglés par ces ruraux qui continuent de vouloir un maître, qui sont terrifiés à l'idée de ne plus être les esclaves d'un souverain. La République à peine née qui allait se faire éventrer.
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Sandrine Berthet
Je voudrais pouvoir me baigner dans cette eau féerique, fouler ce sable d'une blancheur inouïe, me laisser engloutir par cette végétation prodigieuse, cela devient une obsession.
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Durant le siège de Paris par les Prussiens, les steaks de Castor et Pollux, les éléphants vedettes du Jardin d'Acclimatation, se sont parait-il négociés à prix d'or dans les beaux quartiers de l'Ouest. Les revenus plus modestes de mon père nous ont cantonnés à un gibier plus modeste de chats et de rats.
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