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Citations de Sandrine Bourguignon (38)


Quelques lumières aux fenêtres. Elle aime ce silence, après les larmes, quand les lueurs du jour reviennent comme ça, sans raison.

Gorgées de café et les yeux qui se ferment un instant.

Prendre le temps avant de le donner.

Chacun vaque à son vide. Vacances d'hôpital. Déserts intérieurs.

Personne ne saura jamais pourquoi on s'échoue.

Il a menacé sa mère avec un couteau. Pas facile le gamin. Claire l'observe par le hublot de la chambre.

Dégingandé les oreilles décollées tout maigre.

Elle entre. Le détache. Elle n'a pas le droit mais c'est ainsi, la condition qu'elle met toujours. Ne pas parler à un homme attaché. L'équipe s'y est résolue. C'est en quelque sorte sa lubie.

Les jours d'enjour, les nuits d'ennui. L'an nuit.

Autrefois quand il partait, elle agonisait pendant des semaines. C'était presque bon, de l'amour comme ça qui saigne, le couteau dans la plaie. Aujourd'hui quand il s'en va, c'est juste un petit morceau d'amour qui reste coincé dans la porte, la gorge.

Vogue la galère, perpétuité sur ordonnance.

Le jour qui s'entame, ça le vulnère toujours un peu.

A quoi bon repérer le nord, autant le perdre.

La vie, ça vaut la peine d'essayer, parfois.

En amalgamant la folie à une pure dangerosité sociale, en assimilant d'une façon calculée la maladie mentale à la délinquance, on justifie un plan de mesures sécuritaires inacceptable.

Juste un désespoir qui coagule, ça fait des caillots dans la cervelle.

C'est parce qu'on interdit aux patients un peu plus d'exister, qu'ils se cognent contre les murs.

La sécurité, l'ordre public. Médicalisation absolue de l'existence.

Questionnaire d'évaluation et auto-questionnaire, diagnostic scientifique. Les déficits, les retards, troubles de l'humeur du comportement de la personnalité, ça fait des croix dans des cases. Des symptômes, pas des hommes.

Elle n'arrive pas à se convaincre qu'il faille persuader les gens de vivre.

Nul n'est à l'abri des grandes marées du délire.

Ça viendra jusqu'à vous cul sec.

La vie ne nous a pas fait crédit ni aucune ristourne, alors on resquille.

Il ne comprend pas au nom de quoi on oblige un homme à avoir un logis s'il a décidé de vivre nomade.

On a pas seulement sabré nos métiers, ces quarante dernières années.

On a torpillé les hommes.
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Il voudrait faire de la peinture de mauvais goût, quelque chose de si laid que ça retournerait le monde, donnerait la nausée, pousserait à la révolte.
Peindre comme on chie comme on vomit en pire.
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Nulle part où aller où qu'on aille on est encore ici.
A quoi bon repérer le nord autant le perdre.
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On assaisonne tout au plus nos existences, on les met comme on peut à notre sauce et puis un jour, l'écœurement. Certains se bouchent le nez en continuant d'avaler des couleuvres, pendant que d'autres empoisonnent à leur tour les assiettes de leurs progénitures.
Toi, tu étais de celles qui renversent la table.
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Un soir, je suis descendue seule sur la rive. Il y avait deux lunes. L’une dans le ciel et l’autre (son reflet) au fond de l’eau. J’ai sorti de mon portefeuille la dernière photographie que j’ai prise de toi et je l’ai délicatement plongée dans l’eau. J’ai attendu que l’encre se dilue. Je me suis déshabillée et j’ai plongé, nue, dans l’une des deux lunes. Bain de mère et la promesse, chamanique, qu’il n’y aurait jamais plus la moindre séparation.
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L’amour est parfois un écran de fumée.
Tant qu’il ne s’est pas dissipé, on vit sur un nuage.
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C’est dans tes lettres et dans le clapotis de l’eau que je découvre les indices. Modiques. Celle que tu as été avant d’être ma mère. Tu ne m’as jamais rien raconté et durant mon adolescence, j’ai beaucoup lu sur cette période ( la tienne ). Je regardais les documentaires et j’étais fascinée, admirative aussi. Sous les pavés de ta jeunesse, il y avait la plage. Les femmes dans la rue racontaient leurs dépucelages, les avortements, la militance et sur les images en noir et blanc, je les trouvais belles. Tu aurais pu être l’une d’entre elles. Elles parlaient de toi, de ton corps et tu n’en étais pas.
Tu étais de celles nombreuses qui habitent les angles morts de l’Histoire. J’ai toujours eu l’impression que la mémoire collective t’avait jetée aux oubliettes. Classe moyenne vie moyenne et il n’y aurait rien à raconter, rien à dire. Il n’existe aucun livre sur les gens comme toi, dont l’histoire s’écrit à l’encre sympathique.
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La mort est réelle et constante et cela fait vingt ans que tous les matins, elle frappe à ma porte. Ta mort m’accuse et je suis la recluse. J’ai fait naufrage en bord de mère. Il me faudra quitter la rive. Il me faudra comme un saumon remonter le courant, pondre mon œuf.
Puisqu’ils en ont décidé ainsi.
L’aspect de la plaie correspond à un orifice d’entrée d’un projectile à balle d’arme à feu, d’un tir effectué à bout touchant.
La dissection de ton cadavre au lendemain de ta mort a été pour moi comme une violation de domicile, la maison mère qu’on éventre. Des vandales. La peau qu’on incise, le crâne qu’on découpe ( scie électrique ) et les viscères qu’on éviscère.
Ils n’ont rien découvert, rien appris puisque le corps dont je suis issue est un corps sangsue sans issue. Je suis la seule à te connaître par cœur, par corps. Partout ton odeur ta peau ton haleine le matin. Le goût de tes larmes, la sueur sous tes bras, en culotte et les seins nus.
Vivant pouls dans mon pouls, le même sang, chair de ma chair.
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Chacun vaque à son vide. Vacance d'hôpital. Déserts intérieurs.
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Le téléphone sonne on ne répond pas on est en réunion.
Le téléphone sonne on finit par répondre.
Magali s’étrangle avec le fil.
Elle raccroche et nous annonce.
Une patiente a été violée chez elle.
Le chef de service court la retrouver commissariat hôpital n’importe où.
Où qu’elle soit on l’accompagne on pense à elle, on est là.
Elle n’est pas toute seule, qu’elle le sache qu’elle en soit sûre, on est là.
N’empêche.
Peut-être qu’elle n’était pas prête pour cet appartement, peut-être qu’elle n’a pas su se protéger tout verrouiller, on savait bien pourtant qu’elle était fragile.
On a honte, coupables on ne devrait pas mais c’est comme ça.
Nausée collective ce matin.
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Vous avez décidé à soixante-dix-sept ans d’écrire votre vie, et vous dites que ce projet aura habité votre esprit comme une chauve-souris s’agrippe aux combles d’une vieille maison. Écrire comme elle vole, à l’aveugle, à l’estime et guidée par son propre cri
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Je ne fais pas une enquête sur votre vie, vous n’êtes ni coupable ni suspect et vous avez droit à vos jardins. Secrets
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Il faudrait pouvoir faire tourner la terre dans l’autre sens mais pour le moment, il y a cet oiseau, mauvais augure, qui insiste et revient taper à la fenêtre de votre existence
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Et dans les débris, comme autant de branchages, récupérer ce qui nous servira plus tard à construire un feu. Éclairer la nuit, se réchauffer un peu et dans les forêts, les noues, les lézardes du monde, retaper comme nous le pourrons ces vieilles ruines qui sont autant d’éboulis. De nous.
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Le ciel le vent la pluie les saisons passent sans vous. C’est un peu comme si vous étiez porté disparu pour de bon. Beaucoup mieux que la mort, et pas pire que la vie.
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Car il y a bien bel et bien un défaut quelque part. Et vous émettez l’hypothèse que c’est au cœur de l’homme-que-nous-sommes que se loge la véritable malfaçon.
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J’ai tout lu dans l’abbatiale. C’est là que sont désormais conservés vos manuscrits. J’ouvre la première chemise. Grise. Le trac de vous lire. Je découvre votre façon de tracer les lettres. Votre encre et le crayon de bois qui scande les virgules, les tirets. Vous comparez l’écrivain à un alpiniste qui s’encorderait au lecteur.
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Comme la plupart des gens de ta génération ( après la guerre avant la crise ), tu es montée à bord de ton existence comme on monte dans un train.
Tu as pris ta place numérotée près de la fenêtre, tu t'es assise sur la banquette et tu as regardé le monde, la vie défiler.
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