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Citations de Sandro Veronesi (156)


Des gens qui ont tout perdu, des enfants des personnes âgées restés seuls au monde : et ils doivent vivre parce que leur destin en a décidé ainsi. Il ne s'agit pas seulement de problèmes matériels. Je les aide à concevoir leur existence et, croyez moi c'est la chose la plus utile que je pouvais faire.
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(...) je n'avais jamais eu l'occasion de me retrouver au milieu du déménagement d'un inconnu. Ca fait froid dans le dos. Malgré le soin avec lequel ils sont emballés, beaucoup d'objets sont reconnaissables à travers la cellophane ou sous le papier journal - queues de casserole, manches, pieds de lampe - et il y a quelque chose de suppliant dans leur façon de dépasser des cartons comme s'ils appelaient à l'aide pour s'échapper. La trace désolée des tableaux sur la tapisserie, les marques de coins de meuble inconnus dans le mur, la brutale suspension de la sollicitude domestique qui, des années durant, a dû rendre cette salle de séjour accueillante, contribuent à donner l'impression qu'on se trouve soudain "ailleurs", dans un espace imaginaire truffé de symboles à interpréter, comme dans les rêves ; (...)
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La psychanalyse était comme le tabac, il ne suffisait pas de ne pas fumer, il fallait aussi se protéger des fumeurs. Sauf que la seule façon connue de se protéger de la psychanalyse des autres était d’en suivre une soi-même, et sur ce point, il n’entendait pas céder.
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Il est monté dans ma voiture, s'est assis à côté de moi et m'a regardé un moment en s'efforçant de sourire, mais sans rien dire. Son regard, déjà paranoïaque en temps normal, tout en clins d'oeil obliques et en battements de paupières, ressemblait à un vol d'oiseaux après une détonation, s'éparpillant dans toutes les directions avec une frénésie qui avait quelque chose de funeste : le regard d'une personne en grand danger.
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Ils n’étaient pas faits l’un pour l’autre. À vrai dire, personne n’est fait pour personne, et des gens comme Marina Molitor ne sont même pas faits pour eux‑mêmes.
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[Adele, qui vient d'accoucher, à son père:]
"Tu as vu, papa? Beau début. L'Homme du Futur est une femme."
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Tu te souviens quand maman nous emmenait dans le jardin de Villa Celimontana ? Tu te souviens quand je montais sur la balançoire et que tu tournais les cordes ? Maman ne voulait pas mais nous attendions qu'elle soit partie, et lorsque tu les tordais, je devais baisser la tête et rester courbé en attendant que tu aies fini , et que tu relâche. Les cordes se déroulaient et moi sur la balançoire, je me mettais à tourner, et je tournais, Tournais, de plus en plus, de plus en plus, de plus en plus fort, tu te souviens ? Et quand maman s'en apercevait, c'était trop tard elle ne pouvait pas arrêter ce tourbillon, et arrivé a un moment, les cordes avaient fini de se dérouler, mais alors je tournais si vite et après une espèce de soubresaut, elle s'enroulaient de l'autre côté, et puis elles se déroulaient à nouveau, et s enroulaient de l'autre, et ainsi de suite jusqu'à ce que la balançoire s'arrête et que maman se fâche et nous emmène.
C'était la fin du premier déroulement, le plus rapide, quand il y a le soubresaut, avant que les cordes commencent à s'enrouler de l'autre côté. C'était ça le moment fantastique. Je n'ai plus jamais vécu de tels moment, il y avait tout ce que je désire dans la vie : Donc forcément c'est irrésistible, la vitesse, la peur et par conséquent aussi le courage, l'adrénaline, l'étourdissements, parce qu'à force de tourner j'étais complètement déboussolé; et au moment du soubresaut, tout ça a était très intense, tu comprends si intense que je me sentais grand, très grand, pour réussir à l'éprouver, à le contenir. J'ai essayé des centaines de fois de reproduire cet instant : en surf, en parachute, en saut à l'élastique, en prenant des drogues, et j'ai eu beau m'en approcher car il y avait des forces, l'adrénaline, étourdissement, la trouille il manquait toujours quelque chose. Tu vas me dire qu'il manquait l'enfance, mais je t'assure que quand tu te jettes d'un avion dans le vide ou quand tu te défonce pour la première fois avec une drogue puissante que tu ne connais pas, tu es un enfant non, ce n'est pas ça. Ce qui manque, c'est ce qui n'est plus là. Toi, tu me manques, maman me manque.
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Je l’ai dit aux carabiniers, je l’ai dit au Procureur, je l’ai dit à tous ceux qui m’ont demandé « qu’est-ce que vous avez vu ? » : l’arbre, nous avons vu l’arbre, l’arbre glacé. C’est la première chose que nous avons vue, dès que nous sommes arrivés dans la forêt – et même par la suite quand nous avons vu le reste, c’était encore la seule chose entière que nous ayons vue. L’arbre. Il était là, à sa place, à l’entrée de la forêt, cristallisé comme toujours dans son manteau de glace, dont la transparence était ternie par la neige fraîche – mais il était rouge. Il était rouge, oui, comme si Beppe Formento, au moment où il le glaçait, avait mis du sirop de griotte dans le canon
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Dans cette blancheur fatale il était la seule chose qui gardât une forme, et il paraissait – je n’exagère pas – allumé, palpitant de cette intime lumière aurorale qui revient aujourd’hui encore dans mes rêves. Je rêve de cette transparence rouge, oui, aujourd’hui encore, et je la rêve sans l’arbre, désormais, sans même la forme de l’arbre : je rêve de cette couleur et rien d’autre. Un couchant emprisonné dans un ciel de gélatine, un rideau de scène en quartz rouge qui tombe sur mon sommeil, un immense bonbon Charms qui dévore le monde, j’ai continué à rêver de cette transparence rouge et je continue à le faire, parce que c’est ce que nous avons vu, quand nous sommes arrivés à la forêt. Qu’est-ce que vous avez vu ? Nous avons vu l’arbre glacé trempé de sang.
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Maintenant je sais comment s’appelle cette façon de faire, maintenant je sais tout sur les impulsions autolésionnelles et les actes manqués, mais alors je n’étais qu’une fille de seize ans idiote qui fait la chose à ne pas faire. Donc je force sur mon couteau et la lame, mince et flexible, au lieu de pénétrer dans la croûte, ricoche et me tranche l’index de la main gauche, juste à la jointure – je la vois s’enfoncer profondément dans ma chair. Je n’éprouve aucune douleur, mais de l’horreur : je vois le rose du doigt devenir rouge, je vois l’éclat de la chair vive s’agiter dans l’entaille, au fond de laquelle je vois quelque chose de blanc – l’os –, et je sens que je m’évanouis.
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Nous avons pris la route vers la forêt, dans une blancheur aveuglante, avec la neige qui nous fouettait le visage. En tombant si drue, elle avait déjà effacé les traces du traîneau
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Je me présente aux urgences avec les pantoufles de Mickey. Bon, il n’y a plus grand-chose à faire, désormais, je suis entrée. Tchao Luciano, tchao Ignazio. Les infirmiers me regardent drôlement, mais j’avance tout droit, je sens que je ne peux expliquer qu’une seule fois, à Crocetti, cette affaire inexplicable, au moment où il va me recoudre. Le voilà, debout devant la porte des consultations : il ne fait rien, aucune urgence, il bavarde avec l’infirmière belle, comment s’appelle-t-elle, Sofia…
— Giovanna, dit-il, quand il me voit.
— Mario. Tu dois me recoudre.
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Du sang. Sur les draps, sur l’oreiller, partout. Est-ce qu’on m’a tuée ? On est entré pendant que je dormais et on m’a tranché la gorge ? Mon cœur bat affolé, j’ai peur : j’ai peur de découvrir qu’on m’a tuée. Mais je dois regarder, je dois vérifier. Pourtant, je vais bien, je me sens bien : le sang pourrait ne pas être le mien. À qui est-il ? Cela me fait encore plus peur.
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Parfois, mes paroles étaient plus inspirées, ou peut-être y avait-il vraiment des désespérés parmi les touristes, et alors on perdait un peu de temps parce que quelqu’un décidait de s’agenouiller devant la statue et de réciter la prière pour demander une grâce.
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Pendant que les touristes se restauraient, il déchargeait les marchandises, puis, avant de repartir, il conseillait à tous une visite de l’église ; les touristes suivaient immanquablement ses conseils et c’est là que moi, j’entrais en scène : je les accueillais à l’entrée, je leur montrais le crucifix en bois du xve siècle, la chaire tardo-gothique avec ses bas-reliefs, la statue de la Madone des Forêts et celle de notre saint, à propos duquel j’expliquais ce qu’il y avait à expliquer : Saint Judas Thaddée (tout le monde croit toujours qu’il s’agit de Judas Iscariote, le traître), apôtre, frère de Jacques le Mineur et cousin du Christ, mort martyrisé en Orient, protecteur des déshérités et de tous ceux qui n’ont plus d’espoir.
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Beppe Formento arrêtait le traîneau sur la place du village, descendait, annonçait un arrêt de vingt minutes et les touristes transis de froid se réfugiaient dans le bar de son frère pour boire des cafés et des cappuccinos. C’était lui qui apportait les légumes frais et la viande, tous les matins, et l’eau minérale, le lait, le café, les pâtes, le fromage, le vin et les boissons à l’épicerie de ses frères, sur un chariot à patins fixé à l’arrière du traîneau. Pendant que les touristes se restauraient, il déchargeait les marchandises, puis, avant de repartir, il conseillait à tous une visite de l’église ; les touristes suivaient immanquablement ses conseils et c’est là que moi, j’entrais en scène (...)
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Borgo San Giuda n’était même plus un village, c’était une bourgade. Soixante-quatorze maisons, dont plus de la moitié abandonnées, un bar, une épicerie et l’église avec son presbytère – disproportionnés, par rapport au reste. Fin. Pas de marchand de journaux, pas de salon de coiffure, pas d’urgences, pas d’école élémentaire : pour tout cela, et pour les autres fruits de la civilisation, il fallait aller à Serpentina, au-delà de la forêt, ou bien à Doloroso, à Massanera, à Gobba Barzagli, à Fondo, à Dogana Nuova, ou même descendre jusqu’à Cles. Pourtant il y avait un forgeron, façon de parler, qui faisait les clous à la main et ressemblait à Mangiafuoco, et un cimetière avec plus de trois cents tombes. Vivre là n’avait aucun sens, mais ils étaient quarante-trois à y vivre – plutôt quarante-deux, depuis que le vieux Reze’ était mort. C’était un endroit qui n’existait presque pas, et personne n’arrivera jamais à comprendre pour quelle raison ce qui s’est passé s’est passé justement là, où il ne se passait rien.
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Les actions qu’il a commises ces deux dernières années n’étaient pas en lui. Comme les photons, elles sont apparues à un moment bien précis, pour ds causes bien précises.
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L’impression d’efficacité et de force qui se dégageait de son être et qui rendait rassurant le fait de l’avoir à se cotés était la négation même de l’indolence qui aurait pu me tenter. Habitué comme je l’étais à vivre à la montagne, je subissais le charme des jeunes filles frileuses, qui serrent l’ourlet de leurs manches dans leurs poings et dont la pointe du nez rougit tout de suite - mais Giovanna était capable de résister dans la tourmente pendant une heure sans se plaindre. […]
Elle était belle, Giovanna, bien sûr que oui, mais par bonheur c’était une beauté plus athlétique que celle avec laquelle mes reins avaient l’habitude de lutter, et j’aimerais pouvoir expliquer combien cette pauvre constatation parvenait à me réconforter en ce moment
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"Voyez-vous, continue t-il, je suis canadien, pas américain. Mes parents ont émigré à Toronto, et je suis né la-bas. Je suis né juif canadien. Dans les affaires, j'ai appris à ne pas accorder trop de poids à cette distinction., mais dans les questions de conscience, elle est cruciale : car les Canadiens ont une conscience, et pas les Américains. Et c'est justement à cause de cette conscience reçue en partage, que j'ai perdu ..."
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