Sarane Alexandrian

Ainsi, le mot de Gnose est immortel et sert encore à désigner de nos jours une tentative d'avant-garde. Il est applicable à tout solitaire ou à tout groupe d'études qui s'attache au problème que Tertullien reprochait aux gnostiques de vouloir résoudre : unde malum et quare (d'où vient le mal et pourquoi ?), car il entraîne l’esprit fort loin, au point de lui faire contester les croyances les mieux acquises. Les gnostiques modernes sont également ceux qui cherchent les points de concordance de toutes les religions, qui revendiquent une morale anticonformiste, une prise en compte dans la connaissance des intuitions de la pensée magique, bref ceux qui proposent une méthode de salut aux êtres se sentant "étrangers" en ce monde.

(...) la Gnose, sous-entend la connaissance du Dieu étranger, source de toutes les connaissances possibles. Comme le traduit Henri-Charles Puech, résumant trois textes gnostiques : "Avoir la gnose, c'est connaître ce que nous sommes, d'où nous venons et où nous allons, ce par quoi nous sommes sauvés, quelle est notre naissance et quelle est notre renaissance."

Pour déraciner le paganisme, les auteurs chrétiens employèrent la propagande par le merveilleux, opposant aux mythes païens où les dieux agissaient, des vies de saints où les hommes de la vraie fi accomplissaient facilement tout ce qui est impossible. La conséquence inattendue fut de remplacer les anciennes superstitions par des nouvelles.