Citations de Sébastien Bohler (247)
La conviction de sa propre supériorité sur tout ce qui existe dans l'univers est sans doute le propre de l'homme. Jamais ce discours n'a varié depuis que l'humanité a commencé à se penser autour d'une tradition écrite. Ce fait nous fonde en tant qu'espèce destructrice.
Voilà, à grands traits, ce qui saute aux yeux lorsqu'on examine l'humanité sur le plan du langage, de la cognition, de l'émotion et de l'action. Nous avons devant nous un être à l'ego démesuré, obsédé par la manipulation, dénué d'empathie et totalement impulsif.
Que signifie cet ensemble de traits caractéristiques ? Pour qui est rompu aux notions classiques des neurosciences et de la psychiatrie, le diagnostic est immédiat. En réalité, tellement clair qu'on aurait envie d'arrêter là notre analyse, de refermer ce livre et de penser à autre chose.
Car ce que dessine sous nos yeux ce tableau clinique, c'est le portrait exact d'un psychopathe.
" Je dois voir les informations ", " laisse-moi me connecter ", sont des phrases que nous entendons quotidiennement. Pour la plupart des personnes accros à l'info en boucle, être informé de ce qui s'est passé au gouvernement, de la météo qu'il fait à Rennes ou du déraillement d'un train en Inde ne changera pas leurs décisions ni leur comportement pendant les jours et les semaines qui vont suivre. Il est probable qu'elles se sentiraient mieux en ciblant leur besoin d'information, et en s'occupant à d'autres activités récréatives. Mais notre comportement est principalement déterminé par le striatum, et non par la raison. Nous sommes devenus des obèses informationnels, un phénomène désigné sous le terme d'infobésité, néologisme qui résume le parallèle avec la consommation effrénée de nourriture dans un monde de pléthore alimentaire, ayant conduit aux taux d'obésité sans précédents que connaît le monde " développé ".
Ecoutez comment les collègues sur votre lieu de travail parlent de leur dernier iPhone ou Androïd, des applis qu'ils y téléchargent et de toutes les fonctionnalités dont ils disposent, et demandez-vous dans quelle mesure ils projettent ainsi une image avantageuse d'eux-mêmes. La plupart du temps, ces mêmes personnes se présentent comme dotées d'une conscience écologique et ont renoncé à l'usage personnel d'un véhicule essence ou diesel. Elles omettent cependant de dire que la fabrication des smartphones ainsi que l'usage récréatif quotidien des moteurs de recherche et le visionnage de vidéos sur Internet sont générateurs de plus de gaz à effet de serre que le trafic aérien de la planète, avec plus de huit cents millions de tonnes de dioxyde de carbone émis annuellement.
99% des individus ne sont pas des psychopathes, mais c'est le comportement collectif découlant d'une organisation devenue massive qui les rends dangereux.
Dans le journal "Le Soir " du 17 février 2022.
J'ai tendance à penser que l'on est peut-être en train de vivre les dernières décennies des libertés individuelles telles qu'on les conçoit aujourd'hui: la liberté de voyager, de consommer, de posséder.
Dans le journal "Le Soir " du 17 février 2022.
Dangereuse pour son environnement, donc pour elle-même. L'humanité est une psychopathe suicidaire.
Dans le journal "Le Soir " du 17 février 2022.
Mettons qu’un individu vous dépasse sans vergogne et prenne votre place dans la file d’attente. Vous lui ferez remarquer qu’il devrait retourner dans la queue comme tout le monde. Mais l’autre vous rit au nez d’un air méprisant et ne bouge pas d’un pouce.
D’une façon ou d’une autre, envisager une guérison totale de la bête malade exigera de lui donner la perception de la profondeur du temps et une conscience à long terme.
À chacun des échelons de la transmission des ordres, une procédure d’échange est nécessaire. L’exécutant doit pouvoir faire part de son vécu, et fournir un « retour du terrain » à son supérieur. Cet échange est à lui seul de nature à briser le caractère unidirectionnel de l’action et à fragiliser l’état agentique.
Les gens appuient donc sur le bouton et voient leur victime se tordre de douleur jusqu’à faire une crise cardiaque (en réalité, le rôle de la victime est tenu par un acteur qui joue de façon très réaliste et convaincante).
L’attribution à un être vivant de la capacité de ressentir relève d’un choix éthique, et non d’une prétendue différence neurologique.
Dans le monde tel qu’il continue de fonctionner, les États puissants restent en définitive les seuls à décider de leurs actions vis-à-vis de l’environnement. Aussi serait-il plus intéressant de concevoir une telle instance sur le modèle de l’Union européenne, qui dicte des lois contraignantes par l’intermédiaire du droit européen.
Seul un psychopathe ne sait pas que sa situation serait bien meilleure s’il se comportait dans le respect d’autrui. Parce qu’il n’a pas de cortex orbitofrontal. Il faut donc, une fois encore, insister sur la nécessité de doter l’humanité d’une telle fonctionnalité.
Manipuler autrui, intrinsèquement, revient à le considérer comme un moyen, et non comme une fin. C’est pourquoi le contraire de la manipulation consiste à considérer l’autre comme une fin, et non comme un moyen. C’est cette relation entre la fin et le moyen qu’il s’agit d’inverser chez notre malade.
Pour garantir la paix sociale et contenir la menace de la récidive, le psychopathe meurtrier doit être maintenu à l’écart de la société. Il s’agit là d’un principe essentiel en criminologie et en justice pénale.
Sacraliser l’humain était une folie résultant d’une dérive empathique, cette dernière qualité ne circulant plus qu’à l’intérieur d’un cercle fermé, celui d’Homo sapiens réfugié dans sa tour d’ivoire.
Nous vivons toujours et plus que jamais dans la sacralité de notre espèce, mais l’homme de Vitruve ne règne à présent que sur un monde desséché d’où s’élèvent des colonnes de fumée noire. Et le voilà condamné à devoir répondre, dans l’avenir, à des questions insolubles.
N’oublions jamais cela : la paix n’a été gagnée que grâce à la prospérité, et la prospérité n’a été gagnée qu’au prix d’une violence inouïe exercée sur la nature.
Certaines personnes peuvent en douter en voyant les conflits et la violence se répandre sur leurs téléviseurs. Et il est vrai que le spectacle du monde qui nous entoure peut laisser penser que l’espèce humaine est de plus en plus violente. Les conflits au Moyen-Orient, en Afrique subsaharienne, au Tibet, sans compter la réalité du terrorisme généralisé qui est devenue la toile de fond de nos existences, peut donner cette image.