Citations de Sébastien Joanniez (49)
C'est le soir,
j'ai laissé mes parents vieillir dans la cuisine.
j'ai trop de choses à faire, je m'occuperai d'eux plus tard,
au cimetière.
( p14)
J'essaye de l'aimer ma petite sœur.
Mais c'est plus fort que moi.
J'arrive pas à m'empêcher de la
détester.
Mais je l'aime aussi des fois.
Quand je la vois pas.
Quand elle est partie en vacances.
Quand elle est allée chez une copine.
Là je l'aime.
Mais sinon je la déteste de tout mon
cœur.
Homo apocalyptik
Maintenant qu'
On a supermarché sur la Lune
On a ultra-violé le Soleil
Il nous reste la Terre à terroriser
Nous sommes les pires meilleurs
Au podium de la fin du monde
Nous avons l'art du chaos
La passion des ruines
Nous avons la science de l'incendie
La politique du cyclone
Nous savons avancer à reculons
Nous savons grandir en rétrécissant
Rien ne pourra nous empêcher d'échouer !
(p. 99)
Dire qu'avant, ma grand-mère n'avait pas le droit de travailler, de voter, d'avorter, d'avoir un compte en banque.
Dire qu'avant le téléphone avait un fil, la télé moins de chaînes et Internet n'existait pas.
Dire qu'avant je n'étais pas née.
Comment faisait le monde pour tourner ?
(p.139)
(Début)
Elle se croit belle mais elle est moche !
Elle fait trop sa belle !
Tout le temps ça m'énerve !
Elle croit qu'elle sait tout parce qu'elle est grande !
Mais elle fait jamais rien !
On entre dans la salle de sciences physiques,
robinet labo tube à essai station électrique,
si seulement on apprenait à fabriquer un ampli de guitare
ou la chimie des émotions
ou la fréquence d'une langue qui chante
ou les forces en présence dans une amitié,
mais le prof nous explique le principe du climatiseur.
Par la fenêtre , le jardin se réveille péniblement. Les arbres sont fatigués, les fauteuils boitent sur la terrasse, les oiseaux piaillent ( c'est le nom de leur cri, je l'ai appris hier)
Tout le monde m'appelait Chocolat. Et je les appelais Vanille. Alors ils m'appelaient Tête de Nègre et je les appelais Faces de Fromages. Alors ils m'appelaient Tais-Toi et je les appelais Pourquoi.
J'ai perdu mon grand-père, mon autre grand-père, ma grand-mère, mon prof d'anglais, ma voisine, ma tortue, mon chat. Je ne les ai jamais retrouvés. Ils reposent sous une tonne de terre, dans un pot à cendres, au fond du jardin, dans un cimetière à mille kilomètres de moi, quelque part où je n'irais jamais et pour quoi faire ? Quoi dire à du marbre ou des herbes ? Ceux qui sont morts sont morts. Morts à tous, à moi, aux amis comme à la famille, aux sons, aux couleurs. Pas besoin de les visiter sur leur tombe, ils font partie du décor. Ils ont rejoint les vers, les limaces, les airs. Ils pleuvent partout. Ils reviennent en champignons ou en mouches. Si je voulais les revoir, il me suffirait d'attraper un rhume, un papillon, une idée.
J’ai eu une bonne note aujourd’hui : c’est un Si bémol.
(Début)
Je la déteste quand elle danse.
Je la déteste quand elle mange.
Je la déteste quand elle dort.
Je la déteste quand elle parle.
Encore pire quand elle chante.
Je la déteste au point de la taper si elle chante.
Me demeurent des photos, des messages d'un autre temps, à relire juste pour regretter. Pour savoir comment on rate nos rencontres sur toute la ligne de vie. Comme on pourrait tellement faire mieux entre nous, se dire je t'aime plus souvent, se prendre dans les bras, s'écouter, se parler. Mais c'est trop tard, la mort est déjà passée, les bras serrent déjà le vide.
Des vitraux orange et jaune éclairent le curé devant mon oncle et ma tante qui se marient.
- Il n'est pas bon que l'homme reste seul, dit le curé dans son micro, et c'est pourquoi Dieu a créé les animaux.
Mais les animaux n'aidaient pas assez l'homme. Alors Dieu a créé la femme.
(p 115)
On pourrait voyager avec des ailes mais aussi avec la tête
R.Du
Ils reposent tous sous une tonne de terre, dans un pot à cendres, au fond du jardin, dans un cimetière à mille kilomètres de moi, quelque part où je n'irai jamais et pour quoi faire? Quoi dire à du marbre ou des herbes? Ceux qui sont morts sont morts. Morts à tout, à moi, aux amis comme à la famille, aux sons, aux couleurs. Pas besoin de visiter leur tombe, ils font partie du décor. Ils ont rejoint les vers, les limaces, les airs. Ils pleuvent partout. Ils reviennent en champignons ou en mouches. Si je voulais les revoir, il me suffirait d'attraper un rhume, un papillon, une idée.
Et pas la peine de comprendre, juste le devoir d'apprendre, par cœur, par cul et chemise, l'Histoire (avec un grand H de Honte, Horreur et Holala) de France (avec un grand F de Fuck, Foutre, Fusil d'assaut de l'armée Française, Fédération nationale de la chasse à la French touch), la nation est grande et moi aussi, pas besoin de me répéter le règlement, la loi du plus fort !
(p. 23)
Faut rester assis toute la journée sans bouger faut tout écouter les choses qui te serviront à quoi plus tard quand t'auras jamais le temps de penser qu'à la fin du mois combien il te reste si t'enlèves la maison le supermarché.
Qu'est-ce qu'il te reste faut pas réfléchir même à ce que tu rêves quand la sonnerie va bientôt sonner faut pas rêver ni des yeux qu'elle a ni des jambes qu'elle a ni de sa voix quand elle chuchote à sa voisine qu'elle te trouve mignon faut tout ignorer d'elle et du monde et des émotions .
J'y vais de ce pas voir Justine en me jurant tout bas de lui proposer quelque chose rapport à ses seins puisque j'ai rien osé lui demander comme j'en sais rien si elle me dirait oui ou non et qu'à non je saurais pas quoi lui répondre sinon la honte de lui avoir proposé quelque chose et qu'elle soit pas d'accord ou que ça la choque l'idée des seins.
Je me mets à courir, à courir de plus en plus vite et le froid me fouette au visage et mes larmes glissent en arrière
Mensonges. Partout des mensonges autour de moi, des trahisons.