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Critiques de Sefi Atta (33)
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Le meilleur reste à venir



Double portrait d'une Afrique, ici le Nigéria, à travers Enitan et son amie Sheri sur une trentaine d'années. Les deux jeunes filles sont enfermées dans un carcan ou la vie du pays est rythmée par les coups d'états. Enitan et Sheri élevées dans des familles aisées doivent aussi lutter pour faire avancer les droits des femmes ou l'allégeance aux hommes et aux pères est ancestral. Enitan et Sheri paieront parfois chèrement cette soif d'émancipation.

Sefi Atta nous offre un roman initiatique, traversant plusieurs décennies, d'une Afrique répètant inlassablement ces erreurs. Elle donne une image à la fois juste et peu optimisme d'un continent enfermé dans la corruption et l'arrivisme de ces dirigeants quel qu’il soit. le roman souffre certes de certaines longueurs, mais ces portraits de femmes sont touchants, confirmant la richesse de la littérature africaine. Une voix à découvrir pour ceux comme moi qui ne connaissait pas cette auteure.
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Avale

Au cœur de l’Afrique, si loin, si différent, un lieu exotique, à l’autre bout du monde, mais une héroïne qui pourrait être ma voisine ou ma sœur.



En voyage à travers le monde ou dans un parcours virtuel dans un livre, on rencontre le dépaysement, des langues, des cultures, des nourritures et des façons de vivre qui ne sont pas les nôtres. Ainsi, dans cette balade au Nigéria, on devient des « oyinbos » et on entend parler « yoruba ».



Mais peu importe l’endroit, on découvre des humains qui sont nos semblables, qui partagent des aspirations et des frustrations communes. Ainsi, ce roman nous présente une jeune femme qui habite la ville, qui travaille dans un bureau et qui adore la mode et surtout les chaussures. Elle a de bonnes amies, un amoureux qui refuse de s’engager et elle doit faire face à un patron aux mains baladeuses. On croit la connaître, non ?



Au final, un roman africain, mélange de modernité et de traditions ancestrales, un bon moment de lecture.



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Le meilleur reste à venir

Ce roman a deux voix en quelque sorte offre un portrait des femmes nigérianes. Celle traditionaliste à sa façon et celle militante et engagée. Mais pas seulement .... Sefi Atta nous fait découvrir avant tout l'histoire de son pays à travers le spectre de l'intime.

La force de ce roman est qu'il mêle à la fois témoignage et fiction. C'est une oeuvre indispensable qui nous démontre ce qu'est l'engagement politique au quotidien, l'enfermement, la disparition de ceux qui osent prendre position dans des cellules, les conditions de vie, le regard des africains sur leurs pays. C'est aussi les tracas du quotidien, la difficulté des déplacements, le regard des autres, la vie en communauté, la maternité, etc.

Au-delà de cette dimension "livre-témoin", le meilleur reste à venir est une oeuvre littéraire à part entière. Sefi Atta nous entraîne à travers ces mots. Les mots nous frappent, les dialogues souvent incisifs nous marquent.

Dans ce roman, rien nous laisse indifférent
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Le meilleur reste à venir

Quand m’est tombé par hasard dans les mains ce roman écrit par une auteure que je ne connaissais pas, dont l’action évoque comme le dit la 4ème de couverture le destin de "deux jeunes filles en rupture contre l’ordre et le désordre d’un Nigeria à peine sorti de la guerre du Biafra" et de plus édité par Actes Sud, je n’ai pas hésité…J’allais découvrir un pays mal connu et revenir vers une période de l’histoire contemporaine et qui a marqué mes premiers pas d’adulte…

Et je n’ai pas été déçu : je suis rarement resté insensible à la lecture d’un roman édité par Actes Sud.

Sheri et Enitan, la narratrice sont deux jeunes filles, deux voisines, devenues amies malgré les interdits familiaux et que nous allons accompagner pendant pendant près de trente ans.

Enitan est fille d’un célèbre avocat et d’une mère fidèle d’une de ces églises catholiques africaines, qui va abandonner époux et fille pour se consacrer à son église sectaire….Une jeune femme qui idolâtre son père qui l’a élevé seule, un père dont elle craindra pour la vie quand il sera emprisonné, mais un père qui descendra un jour de son piédestal…

Sheri est une métisse, orpheline de mère, une « Banane jaune », si belle qu’elle représentera le Nigeria au concours de Miss Monde….Si belle que sa vie en sera gâchée..

Deux gamines, deux ados, deux femmes s’appuyant l’une sur l’autre pour mener leur vie et restant amies pendant ces 30 ans.

« Sécheresse, famine, épidémie. Aucun des désastres qui frappaient ce continent n’était aussi terrible que la poignée d’hommes qui contrôlaient nos ressources : pétrole, diamants, êtres humains. Ils vendaient tout et tout le monde aux acheteurs étrangers »...Une phrase pour résumer une petite partie de cette découverte littéraire. Machisme des hommes, chômage, prostitution, coups d’État, emprisonnement et disparition des opposants politiques, place de la femme, droits coutumiers, rationnements…nombreux sont les thèmes évoqués. Et ce n’est pas parce qu’on est une femme qui a des diplômes et de l’argent, quand on est une femme qui a connu la vie occidentale ou qui est belle, qu’on passe à coté du destin des autres femmes africaines.

Heureusement que Sefi Atta n’a pas écrit un de ces romans à l’eau de rose, le roman de deux femmes qui ont tout pour réussir, possibilité de faire des études et naissance dans un milieu aisé pour l’une Enitan, beauté pour l’autre Shéri, un livre « se déployant dans le sensible jusqu’au cœur même de l’identité et de l’ambiguïté féminine ». Très peu pour moi ces 4ème de couverture de ce type…Heureusement je n’ai pas lu l’incipit jusqu’au bout, sinon je serais resté sur cette description un peu mièvre, j’aurai reposé le livre et je serais passé à coté de cette découverte.

Avec « Le meilleur reste à venir » Sefi Atta a écrit, en prenant pour cadre la vie privée de deux femmes, un livre sur l’Afrique, l’Afrique qui n’arrive pas à se développer malgré ses atouts et ses richesses, confrontée à tant de freins humains, politiques…sur ce continent qui semble dirigé par les hommes, toujours ou presque, machistes, cette Afrique violente dont tous les leaders ont connu la prison. Mais surtout une Afrique dont la force se trouve dans ses femmes….

Dans la lignée de Ahmadou Kourouma, Chinua Achebe, Paulina Chiziane, Sefi Atta est une auteure africaine à découvrir et à suivre. Ce premier roman est un roman plaisant, d’une écriture imagée et percutante.

A conseiller


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Avale

Un roman qui relate dans un langage léger et sans prétention, l'atmosphere générale de la vie des jeunes employés ou des jeunes en quête d'emploi ou simplement en quete d'une vie meilleure, qui sont parfois obligés de prendre des voies à risque

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Nouvelles du pays

Onze nouvelles ingénues et captivantes! Sefi Atta y appose une vision panoramique de la vie nigériane aussi bien de ses coutumes qui s'agencent avec un monde moderne traqué entre christianisme et l'islam, une femme adultère est condamnée à être lapider, un carrossier voit sa maison devenir un lieu de pèlerinage après l'apparition d'une image de la vierge marie sur un pare-brise que d'un Nigeria contemporain où le seul mobile est la survie, Toyosi rejetée comme fille-mère engagent des gars pour aller braquer sa sœur une banquière, une fille se fait passeur de trafic de drogue avalant des sachets avec l'huile de palme afin de les déféquer une fois à Londres, l'arnaque sur internet, ou le rapport entre la colonie et son colonisateur où on voit une diplômée en économie se fait réceptionniste dans une entreprise, mais quand elle parle de ses diplômes et de l'emploi qu'elle attend par rapport à ses diplômes, ses employeuses tombent des nues...
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Avale

Mieux qu'une confirmation : après Le meilleur reste à venir, Avale, le nouveau livre de la nigériane Sefi Atta, démontre qu'il va falloir désormais compter avec elle, dans le paysage romanesque africain. Elle y raconte avec une acuité extrême le quotidien d'une jeune femme dans le Lagos des années 80. Le harcèlement au travail, les mauvaises fréquentations, l'insécurité, la précarité financière ... Récit intime, souvent dramatique, nullement sinistre, car contre-balancé par une volonté de fer, celle de ne pas se laisser faire, de composer avec une société machiste, dans une ambiance de corruption généralisée et de lutte incessante entre les différentes ethnies qui composent le Nigeria. Louée soit l'écriture aérienne de Sefi Atta qui évite le désespoir, sans pour autant faire mine de croire en des lendemains qui chantent. Son héroïne, Tolani, est une battante, parfois abattue, jamais vaincue. Le style de la romancière est d'une énergie communicative, moderne, incisive, rageuse. Si Avale est une histoire éminemment nigériane, de par son contexte social et politique, sa portée est universelle, dans ce refus de céder à la loi du plus fort et de trouver sa propre voie, même en y laissant des plumes.
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L'ombre d'une différence

Sefi Atta est une romancière précieuse. Ses héroïnes sont assez souvent des femmes libres qui se sont fait une place sur l'échiquier social mais qui paient le prix de leur indépendance dans leurs rapports avec les hommes et leur famille. C'est le cas de Deola dans L'ombre d'une différence qui, de plus, est une expatriée vivant à Londres et donc confrontée à un ostracisme/racisme certes pas toujours direct mais réel. Le livre, sous des allures simples et un style limpide souvent baigné d'humour révèle une vraie complexité dans l'étude psychologique de ses personnages et, plus largement, dans l'analyse du système social du Nigeria, ce géant d'Afrique aux pieds d'argile, riche de son pétrole et malade de sa corruption et de son insécurité. C'est tout le talent de Sefi Atta que de mêler un destin individuel, une femme de 39 ans à un moment clé de sa vie (Londres ou Lagos ? Un compagnon ou la solitude ? Un enfant ou non ?), aux perspectives de développement ou d'enlisement d'un pays lui aussi à la croisée des chemins. Sefi Atta, et ce n'est pas la moindre de ses qualités, combat inlassablement les clichés attachés aux femmes africaines tout en se moquant avec finesse et affection des principales caractéristiques des nigérians. Le livre est subtil, élégant, racé, percutant et touchant. En un mot, excellent.
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Avale

Trois-quart d’heure que je déambulais comme une âme en peine dans cette grande surface dédiée à la culture en me demandant si les gens ne lisaient que des romans policiers/polars ou des biographies de gens dont je moque royalement… il y en avait de partout jusqu’à ce que je tombe sur cette couverture, superbe, et ce titre qui résonne comme une claque. Et puis, je voulais changer d’horizon, sortir de mon petit confort littéraire, être bousculée dans mes habitudes. Alors pourquoi ne pas plonger dans ce continent, découvrir de nouveaux auteurs qui m’en feront aimer d’autres.



Dans une langue colorée, énergique, imagée, Sefi Atta nous invite à découvrir Lagos à travers le véritable parcours du combattant que se livrent ses héroïnes, Rose et Tolani. Chaque jour se répète. Se lever, se préparer, quitter un appartement rongé par la moisissure, jongler entre les monceaux d’immondices posés devant l’immeuble, attraper le bus bondé qui vous mène au travail en espérant ne pas mourir en chemin car le chauffeur ignore superbement le code de la route et les mots « contrôle technique » et une fois sur place, se battre contre un chef pusillanime, libidineux, obséquieux et incommode. Colocataires et travaillant pour la même société, elles se battent tous les jours pour un salaire de misère sans grand espoir de grimper les échelons car dominées par une hiérarchie profondément machiste, viscéralement inféodée au pouvoir en place et peu encline à perdre les pots de vin qui agrémentent leur existence. Sans perdre le sourire, elles luttent contre leur pauvreté, leur statut de « second class citizen », l’absurdité du monde qui les entoure en achetant des chaussures, en rêvant de mariage, en gardant la foi en un avenir si ce n’est meilleur au moins moins sombre qu’il ne l’est déjà. Malheureusement Rose est licenciée pour insubordination. Dans un pays soumis à la récession économique, trouver un travail révèle du chemin de croix. Lorsque la seule ambition est de sortir à tout prix de l’indigence, n’importe quelle proposition est bonne à prendre, même au prix de sa vie.



C’est Tolani la principale narratrice. A travers elle, on saisit la complexité du Nigéria et peut-être de l’Afrique. Après des luttes sans fin, le colonialisme, l’indépendance, le pays est toujours engoncé par un héritage culturel, familial, social. Faire face à la corruption ambiante est une tâche malaisée mais avoir aussi à guerroyer contre les habitudes ancestrales quand les seules préoccupations sont de pouvoir manger au moins une par jour, garder un toit sur la tête, espérer aucune coupure d’eau ou d’électricité, sortir du bouge puant la fosse septique, économiser un peu… ça en fait beaucoup pour cette jeune femme célibataire et pauvre. Touchante dans son combat contre la société en générale, ses pensées l’emportent souvent vers sa mère restée au village, une femme illettrée, teinturière émérite qui a su par son entêtement bousculer les conventions sociales et asseoir sa position au sein du village, de la famille. Une existence qui semble se dérouler sur un ring de boxe mais qui lui a apporté une indépendance d’esprit. Deux vies qui finalement se ressemblent car rien n’a jamais changé et certainement pas pour le meilleur. Toujours se démener contre les ragots, la jalousie, le tribalisme, le despotisme des hommes, le manque d’argent, la religion, l’exécrable puanteur, la chaleur …….. Et si l’avenir était ailleurs?







Excellent complément aux guides touristiques achetés en vitesse en prévision des vacances. Je doute qu’à part les formalités administratives, les plages, les monuments, le soleil, les conseils d’hygiène, on y aborde la réalité de la vie africaine. Ce livre recoupe les dires que mes amis africains m’ont fait partager. Tout y est. Même la joie de vivre qui ne les quitte jamais. J’ai vraiment goûté cette histoire très rythmée, imprégnée d’humour, vivante, efficace. J’ignore tout de la littérature africaine mais celui-ci me donne envie d’en découvrir plus. C’est un bon livre, une excellente surprise.
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Le meilleur reste à venir

A travers l’histoire d’Enitan et de Sheri, nous sommes plongés dans un Nigeria qui se cherche et se construit à l’instar des deux jeunes filles. L’histoire se déroule sur 25 ans et montre tant les désordres auquel fait face le pays que le sentiment de celles et ceux qui y vivent. C’est beau, dur, incisif. Le type de lecture qui vous fait sourire dans le métro au lieu de râler, qui vous apprend à relativiser…
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Nouvelles du pays

Lagos, le nord du Nigeria, Londres, les Etats-Unis. Ils sont nigérians et se battent pour survivre, avec leurs propres armes, souvent dérisoires face au machisme, au racisme et aux préjugés de toutes sortes. Ces Ils sont la plupart des Elles car Sefi Atta, comme elle l'a montré dans ses deux précédents et précieux romans, est une féministe engagée qui ne cesse de lutter, avec sa plume et dans la "vraie vie." Nouvelles du pays est un recueil de 11 nouvelles toutes emballés dans un style vif et alerte, ironique souvent, alors que les histoires racontent la pauvreté, l'exil, l'exclusion ou l'humiliation. L'intérêt des récits est inégal, Sefi Atta est visiblement plus faite pour le roman, mais aucun ne laisse indifférent. Il y en a des drôles (le garagiste qui doit composer avec l'effervescence suscitée par la pseudo apparition de l'image de la Vierge sur un pare-brise de voiture), des haletants (la passeuse/avaleuse de drogue), des émouvants (le calvaire des candidats à la traversée vers l'Europe), des jubilatoires (le quotidien des Yahoo Yahoo, ces garçons et filles experts dans l'escroquerie sur internet). Subtils, désenchantés, dynamiques, les portraits de Sefi Atta tracent les contours d'un des pays les plus chaotiques du monde, le Nigeria. Pas étonnant que le livre soit gorgé d'energie, beaucoup, et d'espoir, au moins un peu.
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Avale

Que ce soit au Cameroun dans Le soleil qui m'a brûlée de Calixthe Beyala, que ce soit entre France et Sénégal dans Trois femmes puissantes de Marie N'Diaye, on s'aperçoit que la vie d'une Africaine est parsemée d'embûches et soumise aux dures lois masculines.

Avale de Seffi Atta(romancière,nouvelliste et dramaturge contemporaine dont Le meilleur reste à venir a obtenu le prix Wole-Soyinka 2006) conte la vie pleine de péripéties, sinon de mort,de deux Nigérianes, Rose et Tolani, colocataires et amies, secrétaires dans une banque, harcelées successivement par leur patron vicieux.

Rose, loyale,d'un caractère fort et un brin vulgaire, passe d'homme en homme, des pas toujours recommandables(violents et même susceptibles de tuer) comme OC "pas net". Après avoir giflé Salako son directeur, elle est renvoyée et boit un peu trop.Une solution facile lui est proposée!

Tolani, sa "sister" plus discrète, ne rêve que de se marier avec le crédule Sanwo qui lui emprunte de l'argent et se fait arnaquer.

Renvoyée elle aussi,après s'être indignée des avances de Salako, sans le sou, elle se laisse influencer par le seul moyen possible de gagner un pactole.... avaler (d'où le tître Avale).

Avaler. Avaler quoi? De la cocaïne enfermée dans un préservatif. De la drogue à faire transiter vers Londres ou les Etats Unis.

Les "dents du bonheur" de Rose lui porteront-elles chance?

Les rêves prémonitoires de Tolani la mettront-ils en garde?

Avale est un roman rondement mené (en deux parties une plus longue avant "voyage" et une plus courte en guise de conclusion) entrecoupé des courts récits de la mère de Tolani qui revient sur le passé par "peur d'être une bâtarde", une écriture fluide et imagée, une ambiance vraie qui dénonce des trafics quotidiens sur fond de "mesures disciplinaires" du gouvernement car l'action se déroule en 1980 et un zeste de sorcellerie pour camper le décor superstitieux.

Sans "reconsidérer la question" comme Tolani, c'est décidé je choisis d'avaler une soupe d'igname ou même aux piments plutôt que...

Cinq étoiles!!!
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Avale

Tolani prend la vie en cours de route et elle peine à faire le point. Il faudrait ralentir pour faire le tri. Mais tout va tellement vite et le monde traîne tant de cadavres derrière lui...

Le lecteur lui s'amuse beaucoup malgré le panorama peu réjouissant. Vivre c'est apprendre à danser sous la pluie comme on dit et Tolani ne s'en sort pas si mal... Enfin, vu de l'extérieur...
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L'ombre d'une différence

Il y a de la finesse et de la subtilité dans ce roman de Sefi Atta, qui nous fait le portait de Deola Bello, 39 ans, nigériane installée à Londres entre deux cultures. Le roman nous emmène dans sa vie quotidienne - de sa confortable solitude londonienne, à son amour-haine pour un pays qui a beaucoup changé depuis qu'elle l'a quitté et pour une famille qui étouffe mais protège. Sefi Atta interroge avec beaucoup de justesse le sens d'appartenance que nous avons tous à un lieu, une communauté, une famille. Elle illustre avec brio les complexités de la vie entre plusieurs cultures et nous brosse une galerie de personnages très justes. Il y a peut-être quelques longueurs et des passages un peu plus difficilement compréhensibles sans une certaine connaissance du Nigeria; mais dans l'ensemble, une belle lecture.
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L'ombre d'une différence

J’avais découvert il y a deux ans Sefi Atta avec « Le meilleur reste à venir », dans lequel , en prenant pour cadre la vie privée de deux femmes, elle nous présentait l’Afrique qui n’arrive pas à se développer malgré ses atouts et ses richesses, une Afrique supportant encore les traces de son passé colonial.

Dans « L »ombre d’une différence », elle s’intéresse aussi à ses compatriotes expatriés à Londres ou vivant à Lagos, à leurs amours et peines de cœur, à leurs conditions de travail ou à leur pauvreté.

Son héroïne, Deola (Adeola Bello), la trentaine, est britannique mais se considère toujours comme nigériane. Célibataire sans enfant, elle travaille dans un cabinet conseil spécialisé dans les associations à but non lucratif.

Son emploi l’amène à faire des allers-retours entre Londres et Lagos…deux villes dans lesquelles elle ne se sent pas complètement chez elle.

Elle traîne avec elle un malaise indéfinissable, une distance avec les événements, avec la vie, qui ne la rendent pas très attachante et ne m’ont pas permis d’être bien à ses côtés.

J’ai été cependant ravi pas les passages dans lesquels Sefi Atta nos dépeint l’Afrique et les Africains, et s’interroge sur les conditions de développement de ce continent et surtout du Nigeria riche de son pétrole, mais confronté à la corruption, et laissant des habitants vivre dans la pauvreté malgré le secours des organismes de charité….ce que j’avais déjà trouvé dans « Le meilleur reste à venir ». Mais aussi Londres, ville de plus en plus cosmopolite accueillant de nombreux nigérians

Une Afrique et un Nigeria devant, afin de faire face à la pauvreté « quémander à droite et à gauche? » Un continent se posant une question récurrente : « Pourquoi est-ce que l’Afrique est condamnée à l’aide humanitaire? » . Des pays s’interrogeant aussi, du fait de la religion à des questions relatives à la sexualité ou à l’homosexualité.

Ces œuvres humanitaires apportent certes beaucoup d’argent mais qui, sans doute par ces apports et par ces disponibilités financières, n’incitent pas les africains à se prendre en charge, à investir dans leur développement économique.

Et j’avoue peu intéressé par les problèmes de cœur de l’héroïne, ses interrogations face à une maternité non désirée mais imposée par un préservatif défaillant, son désir d’enfant, ses rencontres avec d’autres nigérians, dont certains préoccupés par la préparation de leur mariage. Sauf quand ces rencontres et ces conversations me permettaient d’en savoir plus sur leur cadre et leurs conditions de vie.

Bien nulle part, elle hésite entre Londres et un retour au pays.

Semi-déception donc, sans doute due à la multiplication des personnages secondaires, à la frivolité de certaines de leurs conversations et des centres d’intérêt de plusieurs d’entre eux…et peut-être due aussi à des considérations et un état personnels qui ne m’ont pas permis d’être totalement disponible pour qu’elles me touchent.

La chronique du Nigeria et de ses habitants, expatriés ou vivant à Lagos m’a toutefois passionné.

C’est le point positif que je conserverai de ce livre que je relirai certainement quand mon esprit ne sera plus accaparé par ailleurs.


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Le meilleur reste à venir

Le début du livre est raconte par une enfant de sept ans , Enitan, et se passe en 1971 , c’est aussi le début d’une guerre civile au Nigeria, la petite fille a par ailleurs a perdu son frère gravement malade. C’est a cette époque que la mère d’Enitan s’est tournée vers la prière, les esprits et la délivrance. Akanni un personnage secondaire raconte a la jeune fille les histoires de combats qui font rage , cette guerre civile durera 3 ans.Puis un jour du mois de Septembre 1971 Enitan rencontre Sheri , elles ont toutes les deux onze ans. Elles décident d’être des amies inséparables. Enitan va rentrer au collège cette année,elle est très impatiente à cette idée. Sheri et Enitan font plus ample connaissance autour d’un repas l ‘une veut devenir actrice , l’autre présidente. Sheri n’a pas connu sa mère c’est sa grand-mère qui l’a élevé. Le père de Enitan reste assez compréhensif par contre sa mère ne veut plus de son amitié avec Sheri. La mère de Enitan prend Sheri pour une enfant des rues c’est donc discrètement qu’elles continuent leur amitie. Enitan découvre les joies et les malheurs de l’internat avec des jeunes filles de tout horizons. Durant tout ce temps la situation du pays changeait.les deux amies entretiennent des relations par courriers, le père de Sheri veut qu’elle devienne médecin mais Sheri détestent les matières scientifiques.Au cours d’une soirée , Sheri se fera violer par un groupe de garçons : »ils allaient souffrir après ce qu’ils avaient fait.Il se souviendraient de nous , de nos visages ». Peu après un coup d’état militaire Enitan apprend que Sheri est enceinte de ce viol , les parents d’Enitan l’apprennent à leurs tours et demandent des comptes à leur fille. Enitan prend conscience de plus en plus de l’atrocité de notre monde à cause des soldats qui tabassent un conducteur.Les parents d’Enitan décident alors de l’envoyer dans un internat en Angleterre ou elle perdra sa virginité et ou elle apprendra le divorce des ses parents.Pendant ce temps es nouvelles du pays ne sont pas très bonnes. Enitan revient au Nigeria en 1984 pour y faire une école de droit. Elle va travailler au cabinet de son Père pendant qu’une nouvelle fois la situation politique du pays va changer.Puis elle est envoyé dans un camp pour faire son service ou elle rencontre un jeune garçon Mike qui est artiste.Ses relations avec sa maman deviennent de plus en plus difficile.Le pere d’Enitan voudrai changer les choses , que les militaires partent du pays par exemple.Mike va devenir prof de dessins et contrairement aux autres profs ne frappe jamais ses élèves. Enitan se sent opprimé et trouve que la tolérance change à son égard depuis qu’elle travaille au cabinet d’avocat de son pere. Le nouveau régime exécute des gens dans le cadre de la guerre menée contre l’indiscipline. Enitan se mariera en 1995.Elle aura beaucoup de difficultés à tomber enceinte.Pendant ce temps, un nouveau gouvernement provisoire se met en place pendant 3 mois avant un nouveau coup d’etat.Le pere d’Enitan sera emprisonné et sa mere mourra.Ce roman parle des libertés que les hommes s’octroient avec les femmes et aussi du combat feminin dans un pays comme le Nigeria au travers de deux destins.

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Le meilleur reste à venir

La narratrice, Enitan, est une fille de bonne famille : père avocat, études en Angleterre, du personnel de maison : on réalise vite que ce quotidien est celui d'une petite portion de privilégiés.

Néanmoins, en suivant sur trente ans la vie d'Enitan et de son amie Sheri, on réalise aussi que, riche ou pas, on n'est pas à l'abri des inconvénients de la vie nigériane, des coupures d'électricité aux attaques de voleurs armés, de la pression d'eau insuffisante pour prendre une douche (quand on en a une dans sa maison) à la malaria, sans oublier les deux principaux problèmes du pays : la domination des femmes par les hommes et la domination du peuple (pauvre ou riche, d'ailleurs), par les différentes dictatures qui se sont succédé.

Ce roman permet, de ce fait, une découverte de la sociologie et de la politique de ce grand pays, divisé en multiples ethnies et religions, et dominé par la violence, la corruption, l'intimidation et les arrestations d'opposants (et il suffit de dire quelques mots ou d'assister à une réunion un peu subversive pour être étiqueté opposant). Pourtant, l'auteur, qui retrace trois décennies de la vie du Nigéria, avec un très grand réalisme et une foule de détails, nous permet aussi de suivre, non sans humour et sans émotion, l'évolution d'une petite fille qui devient ado, puis femme (jusque là, rien de plus logique) et qui connait les mêmes questions, les mêmes joies, les mêmes blessures que toutes les petites filles du monde. Dans un contexte bien particulier que résume très bien cette phrase :

"Mais c'était une chose de faire face à une communauté africaine et de leur dire de traiter une femme comme un être humain. C'en était une autre de faire face à une dictature africaine et de leur dire de traiter les gens comme des citoyens."
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Avale

Voilà un livre à côté duquel je suis contente de n'être pas passée. Il fait réfléchir, et décrit avec délicatesse le parcours de femmes fortes, qui savent ce qu'elles veulent, mais n'empruntent pas toujours le bon chemin pour y arriver. Trois femmes (en parallèle, il y a le récit de la mère de Tolani), qui refusent de se laisser étouffer par le carcan des conventions, qui ne se résignent pas, veulent faire valoir leur droit au respect.



Si je comprends pourquoi Rose est ainsi, je ne suis pas parvenue à la trouver réellement sympathique. À l'instar de la narratrice, le lecteur sait très vite qu'elle se fourvoie: elle fait de mauvais choix, donne de l'importance à des choses qui n'en ont pas, est assez têtue pour s'obstiner dans la mauvaise direction, tout en le sachant. Elle en a assez de cette vie qui la malmène, et veut atteindre l'aisance financière coûte que coûte. Elle ne veut pas s'en laisser conter par Johnny ou par la voisine. Elle refuse d'être l'objet de monsieur Salako. Soit. Seulement, Rose dépense beaucoup d'énergie à tout faire de travers. Elle se montre immodérée, exubérante, hurlant pour un rien, s'en prenant aux mauvaises personnes...

[...]

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Le meilleur reste à venir

Une vie, c'est des matins heureux et des journées tragiques, des rencontres et des deuils... Une vie de femme, c'est les rêves d'amour et de maternité, mais aussi les révoltes contre les injustices sociales, contre les volontés familiales machistes. Une vie de femme nigériane, c'est tout ça multiplié par dix, c'est le contexte politiques des coups d'état à répétition, le désordre post-Biafra. C'est les pressions religieuses musulmanes et catholiques, et heureusement, l'espoir indéfectible. Enitan est une jeune fille promise à une carrière d'avocate, comme son père. Divorcés, ses parents s'évitent et sa mère sombre dans l'obscurantisme religieux sectaire. Enitan fait la connaissance de Sheri, jeune métisse effrontée, provocante, libre, élevée par sa grand-mère. Malgré les réticences des parents d'Enitan, les deux filles, puis les deux femmes, ne se perdront jamais de vue. Malgré leurs vies respectives, malgré le drame qui s'abat sur Sheri, ces deux femmes, fortes, courageuses, affrirmées, traverseront non sans mal les décennies de 1970 à 1995.



Sefi Atta, avec Le meilleur reste à venir, a réussi là un excellent premier roman. Une lecture aux accents intenses, tragiques et lumineux à la fois. Il y a de la lumière, il y a des drames qui nouent le coeur, il y a des odeurs et la chaleur des plats épicés mijotés. A travers les décennies on suit le destin des deux femmes, on se réjouit quand elles se relèvent de difficultés, et on accuse le coup lorsque de nouvelles tragédies inattendues bouleversent leurs vies. Enitan partira étudier en Angleterre, mais elle reviendra au Nigeria y travailler en tant qu'avocate, et retrouvera son amie Sheri, une Sheri différente, mariée à un homme polygame, elle qui était l'insoumise par excellence. Mais ce qu'elle a subi lors de sa jeunesse avait douloureusement compromis son destin. Enitan, après de multiples échecs amoureux, se mariera, non sans réticences familiales, à un homme divorcé. Une fois mère, elle n'abandonnera pas son combat pour la Justice, et, son père étant en prison, elle luttera de plus belle, au péril de sa vie.



Et c'est avec ces personnages bien campés que l'on traverse aussi l'Histoire contemporaine du Nigeria, sans lourdeur de la part de l'écrivain, mais sans l'ignorer. Très pédagogique.



Au final, on referme le livre avec déjà nostalgie, mais les rires de Sheri, la démarche pesée d'Enitan... on a l'impression de les entrendre encore.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Avale

Nous voici comme plongé au coeur du Nigéria... pays que pour ma part je ne connais pas. Une chose est sûre, une fois ce livre refermé, j'ai eu l'impression de capter un petit bout de ce qui fait le quotidien de ce peuple et à ce titre j'ai aimé cette lecture. Un roman vivant et imagé.
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Portraits d'écrivains par des peintres

Bien avant de devenir Premier peintre du roi, et de réaliser les décors de la galerie des Glaces à Versailles, Charles Le Brun fut élève de Simon Vouet. De quel tragédien fit-il le portrait en 1642 ?

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