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Charlotte Woillez (Traducteur)
EAN : 9782742797127
288 pages
Actes Sud (11/05/2011)
3.89/5   28 notes
Résumé :
Chaque matin, Rose et Tolani suivent ensemble le parcours du combattant qui, de trottoir puant en bus surpeuplé, les mène de leur appartement à la banque où elles travaillent. Leur quotidien dans Lagos en ces années 1980, alors que le gouvernement nigérian multiplie les mesures disciplinaires, est celui d'une multitude de femmes jeunes, célibataires et pauvres : leur milieu professionnel, leur vie de tous les jours et même leurs relations amoureuses sont régis par d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Au coeur de l'Afrique, si loin, si différent, un lieu exotique, à l'autre bout du monde, mais une héroïne qui pourrait être ma voisine ou ma soeur.

En voyage à travers le monde ou dans un parcours virtuel dans un livre, on rencontre le dépaysement, des langues, des cultures, des nourritures et des façons de vivre qui ne sont pas les nôtres. Ainsi, dans cette balade au Nigéria, on devient des « oyinbos » et on entend parler « yoruba ».

Mais peu importe l'endroit, on découvre des humains qui sont nos semblables, qui partagent des aspirations et des frustrations communes. Ainsi, ce roman nous présente une jeune femme qui habite la ville, qui travaille dans un bureau et qui adore la mode et surtout les chaussures. Elle a de bonnes amies, un amoureux qui refuse de s'engager et elle doit faire face à un patron aux mains baladeuses. On croit la connaître, non ?

Au final, un roman africain, mélange de modernité et de traditions ancestrales, un bon moment de lecture.

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Trois-quart d'heure que je déambulais comme une âme en peine dans cette grande surface dédiée à la culture en me demandant si les gens ne lisaient que des romans policiers/polars ou des biographies de gens dont je moque royalement… il y en avait de partout jusqu'à ce que je tombe sur cette couverture, superbe, et ce titre qui résonne comme une claque. Et puis, je voulais changer d'horizon, sortir de mon petit confort littéraire, être bousculée dans mes habitudes. Alors pourquoi ne pas plonger dans ce continent, découvrir de nouveaux auteurs qui m'en feront aimer d'autres.

Dans une langue colorée, énergique, imagée, Sefi Atta nous invite à découvrir Lagos à travers le véritable parcours du combattant que se livrent ses héroïnes, Rose et Tolani. Chaque jour se répète. Se lever, se préparer, quitter un appartement rongé par la moisissure, jongler entre les monceaux d'immondices posés devant l'immeuble, attraper le bus bondé qui vous mène au travail en espérant ne pas mourir en chemin car le chauffeur ignore superbement le code de la route et les mots « contrôle technique » et une fois sur place, se battre contre un chef pusillanime, libidineux, obséquieux et incommode. Colocataires et travaillant pour la même société, elles se battent tous les jours pour un salaire de misère sans grand espoir de grimper les échelons car dominées par une hiérarchie profondément machiste, viscéralement inféodée au pouvoir en place et peu encline à perdre les pots de vin qui agrémentent leur existence. Sans perdre le sourire, elles luttent contre leur pauvreté, leur statut de « second class citizen », l'absurdité du monde qui les entoure en achetant des chaussures, en rêvant de mariage, en gardant la foi en un avenir si ce n'est meilleur au moins moins sombre qu'il ne l'est déjà. Malheureusement Rose est licenciée pour insubordination. Dans un pays soumis à la récession économique, trouver un travail révèle du chemin de croix. Lorsque la seule ambition est de sortir à tout prix de l'indigence, n'importe quelle proposition est bonne à prendre, même au prix de sa vie.

C'est Tolani la principale narratrice. A travers elle, on saisit la complexité du Nigéria et peut-être de l'Afrique. Après des luttes sans fin, le colonialisme, l'indépendance, le pays est toujours engoncé par un héritage culturel, familial, social. Faire face à la corruption ambiante est une tâche malaisée mais avoir aussi à guerroyer contre les habitudes ancestrales quand les seules préoccupations sont de pouvoir manger au moins une par jour, garder un toit sur la tête, espérer aucune coupure d'eau ou d'électricité, sortir du bouge puant la fosse septique, économiser un peu… ça en fait beaucoup pour cette jeune femme célibataire et pauvre. Touchante dans son combat contre la société en générale, ses pensées l'emportent souvent vers sa mère restée au village, une femme illettrée, teinturière émérite qui a su par son entêtement bousculer les conventions sociales et asseoir sa position au sein du village, de la famille. Une existence qui semble se dérouler sur un ring de boxe mais qui lui a apporté une indépendance d'esprit. Deux vies qui finalement se ressemblent car rien n'a jamais changé et certainement pas pour le meilleur. Toujours se démener contre les ragots, la jalousie, le tribalisme, le despotisme des hommes, le manque d'argent, la religion, l'exécrable puanteur, la chaleur …….. Et si l'avenir était ailleurs?



Excellent complément aux guides touristiques achetés en vitesse en prévision des vacances. Je doute qu'à part les formalités administratives, les plages, les monuments, le soleil, les conseils d'hygiène, on y aborde la réalité de la vie africaine. Ce livre recoupe les dires que mes amis africains m'ont fait partager. Tout y est. Même la joie de vivre qui ne les quitte jamais. J'ai vraiment goûté cette histoire très rythmée, imprégnée d'humour, vivante, efficace. J'ignore tout de la littérature africaine mais celui-ci me donne envie d'en découvrir plus. C'est un bon livre, une excellente surprise.
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Mieux qu'une confirmation : après le meilleur reste à venir, Avale, le nouveau livre de la nigériane Sefi Atta, démontre qu'il va falloir désormais compter avec elle, dans le paysage romanesque africain. Elle y raconte avec une acuité extrême le quotidien d'une jeune femme dans le Lagos des années 80. le harcèlement au travail, les mauvaises fréquentations, l'insécurité, la précarité financière ... Récit intime, souvent dramatique, nullement sinistre, car contre-balancé par une volonté de fer, celle de ne pas se laisser faire, de composer avec une société machiste, dans une ambiance de corruption généralisée et de lutte incessante entre les différentes ethnies qui composent le Nigeria. Louée soit l'écriture aérienne de Sefi Atta qui évite le désespoir, sans pour autant faire mine de croire en des lendemains qui chantent. Son héroïne, Tolani, est une battante, parfois abattue, jamais vaincue. le style de la romancière est d'une énergie communicative, moderne, incisive, rageuse. Si Avale est une histoire éminemment nigériane, de par son contexte social et politique, sa portée est universelle, dans ce refus de céder à la loi du plus fort et de trouver sa propre voie, même en y laissant des plumes.
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Que ce soit au Cameroun dans le soleil qui m'a brûlée de Calixthe Beyala, que ce soit entre France et Sénégal dans Trois femmes puissantes de Marie N'Diaye, on s'aperçoit que la vie d'une Africaine est parsemée d'embûches et soumise aux dures lois masculines.
Avale de Seffi Atta(romancière,nouvelliste et dramaturge contemporaine dont le meilleur reste à venir a obtenu le prix Wole-Soyinka 2006) conte la vie pleine de péripéties, sinon de mort,de deux Nigérianes, Rose et Tolani, colocataires et amies, secrétaires dans une banque, harcelées successivement par leur patron vicieux.
Rose, loyale,d'un caractère fort et un brin vulgaire, passe d'homme en homme, des pas toujours recommandables(violents et même susceptibles de tuer) comme OC "pas net". Après avoir giflé Salako son directeur, elle est renvoyée et boit un peu trop.Une solution facile lui est proposée!
Tolani, sa "sister" plus discrète, ne rêve que de se marier avec le crédule Sanwo qui lui emprunte de l'argent et se fait arnaquer.
Renvoyée elle aussi,après s'être indignée des avances de Salako, sans le sou, elle se laisse influencer par le seul moyen possible de gagner un pactole.... avaler (d'où le tître Avale).
Avaler. Avaler quoi? de la cocaïne enfermée dans un préservatif. de la drogue à faire transiter vers Londres ou les Etats Unis.
Les "dents du bonheur" de Rose lui porteront-elles chance?
Les rêves prémonitoires de Tolani la mettront-ils en garde?
Avale est un roman rondement mené (en deux parties une plus longue avant "voyage" et une plus courte en guise de conclusion) entrecoupé des courts récits de la mère de Tolani qui revient sur le passé par "peur d'être une bâtarde", une écriture fluide et imagée, une ambiance vraie qui dénonce des trafics quotidiens sur fond de "mesures disciplinaires" du gouvernement car l'action se déroule en 1980 et un zeste de sorcellerie pour camper le décor superstitieux.
Sans "reconsidérer la question" comme Tolani, c'est décidé je choisis d'avaler une soupe d'igname ou même aux piments plutôt que...
Cinq étoiles!!!
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Un roman qui relate dans un langage léger et sans prétention, l'atmosphere générale de la vie des jeunes employés ou des jeunes en quête d'emploi ou simplement en quete d'une vie meilleure, qui sont parfois obligés de prendre des voies à risque
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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Les Haoussas, on ne peut pas leur faire confiance, surtout quand ils sourient. Tu es à peine le dos tourné qu'ils sortent leur poignard. ceux qui ne leur servent à rien, ils ne leur sourient même pas, leurs visages sont de véritables murs. Ils sont parfaitement capables de te sourire tout en complotant ta mort...
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- Les ministres volent, continuait-elle, les gouverneurs d'État volent, les entrepreneurs volent, le président vole. Et toi, tu trimes, tu trimes, tu trimes. Tu peux même pas te payer un peu de viande pour le dejeuner. Tu te fais insulter par un directeur. Je le jure devant Dieu, si je revois cet homme, quand j'en aurai fin avec lui, il se croira à Armageddon.
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J'avais commencé à m'entrainer à avaler cette semaine là et j'avais passé la matinée à vomir. Je sortis pour m'aérer un peu. ma bouche avait le gout d'huile de palme. Je n'arrivais pas à avaler mon préservatif, il était aussi gros que mon pouce et aussi dur qu'un os. Ma gorge était devenu un tuyau , mes intestins une canalisation, mon estomac une valise vide. J'avais l'impression d'être assaillie par toutes émotions possibles et inimaginables, j'étais complétement à plat...
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Je savais que les gens m’observaient, guettant le moindre faux pas. Les gens sont bizarres. Quelqu’un d’important te fait du tort et tout le monde te traite comme si c’était de ta faute. Même toi tu commences à avoir l’impression que c’est de ta faute. Pourquoi ? Il n’y a pas de raison. Absolument aucune raison.
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Elle se retourna pur regarder la télévision et je l’imitai, résignée. Il y avait une annonce gouvernementale que nous récitions ensemble d’habitude, elle revenait si souvent, comme les annonces sur la Guerre Contre l’Indiscipline. Dans celle-ci, Andrew, un Nigérian qui revenait tout juste des Etats-Unis, se plaignait de la vie au Nigeria. « Pas d’eau, pas d’électricité. Je repars. » Une voix-off répliquait, sur le ton d’un père agacé : « ANDREW. Le Nigeria est NOTRE pays. Nous devons y rester et le SAUVER ensemble. »
Ça se terminait sur un jingle : « Sauvons le Nigeria aujourd’hui... »
« Andrew » était devenu le surnom de tous les Nigérians qui vivaient à l’étranger. Ce n’étaient pas de bons citoyens, contrairement à nous, qui restions et souffrions.
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