AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Serge Bouchard (243)


L'humain, au temps où il avait les yeux ouverts, a toujours vu les mille facettes d'une chose, les mille sens d'un mot, les mille visages des bêtes, les mille couleurs d'une plante, ainsi que les liens mystérieux qui unissent le fer à l'étoile, le brouillard à l'arbrisseau, la montagne à la mort, la mort au corbeau et le mélèze à l'enfantement. L'anthropologie nous enseigne que les chiffres anciens étaient magiques, qu'il y avait un tableau des correspondances poétiques entre tous les éléments de la nature, que les arbres avaient charge symbolique, que les animaux et les étoiles se rejoignaient dans des assemblées nocturnes et que chaque geste s'inscrivait dans la démarche sacrée d'une âme en train de suivre une voie.

Nous avons raconté des mythes et des légendes autour d'un feu commun, nous avons ensemble mimé notre vie et fixé les règles du vivre-ensemble. Ce premier droit coutumier ne faisait pas de distinction entre la poésie et le monde. La communauté, son histoire, ses outils, ses courses, ses maisons, ses naissances et ses morts, tout existait dans l'ordre d'une poétique qui donnait vie à l'épée, un visage à la gargouille, une fonction protectrice à la branche de sapin, un sens à la mort de l'oiseau, un pouvoir à la pierre noire et une raison à l'antre de marbre dans les montagnes blanches du royaume des caribous magiques. La pensée originale a le penchant du beau, elle appréhende une totalité, là où l'ourse est ma mère, où les bouleaux sont des jeunes filles mortes enveloppées d'une écorce blanche, où les canots volent dans les nuages de la nuit, où des larmes de fantômes fuient les esprits malins, et ce sera le brouillard qui court à la surface des lacs, aux aurores d'octobre.
Commenter  J’apprécie          00
Ceux qui s'ouvrent les yeux voient grand.
Commenter  J’apprécie          00
Mourir nous libère de la mort.
Commenter  J’apprécie          00
Il pleut des cordes, il fait noir comme chez le loup, le vent tourne à la tempête, venez vous abriter. Venez vous asseoir près du feu, à ma table de cuisine, dans mon humble maison, nous partagerons autant la soupe que la souffrance, autant la tourte que l’espérance.

(Boréal, p.53)
Commenter  J’apprécie          00
Curiosité, sensibilité, imaginaire, poésie, il est possible de se mettre dans la peau de tout ce qui existe. J’appellerais cela l’empathie sauvage d’un cœur à l’affût, remède absolu contre la négligence.
Commenter  J’apprécie          00
Serait-il possible de redonner tous ses droits au caractère sacré de la beauté du monde ?
Commenter  J’apprécie          00
Puisque la réalité nous frappe, nous passons notre vie à absorber ses chocs. Ils sont physiques, thermiques, émotionnels, on passe de l’eau trop chaude à l’eau trop froide, on frissonne, on grelotte, on crève, on souffle, on sue, ne sommes-nous pas toujours en quête de confort et de réconfort ? En quête de douceur, de bonheur, de facilités ? Pour ce faire, nous travaillons d’arrache-pied pour maîtriser notre environnement en nous réfugiant dans nos routines, nos habitudes, notre monde connu, dans nos quartiers, nos appartements. Mais la réalité nous rattrape toujours. Tout ce qui était si solide peut se dissoudre en un instant, toute cette unité de lieu peut se défaire en un clin d’œil.
Commenter  J’apprécie          00
Il n’est rien de plus triste qu’un enfant qui vieillit.
Commenter  J’apprécie          00
Toute culture est un système d’explication du monde, une toile tissée au fil des générations humaines et des siècles de pratiques pour appréhender la réalité. Et du moment que l’on se trouve à l’intérieur d’une culture, on voit le monde d’une certaine façon. À cet égard, la diversité est grande, les vérités nombreuses. Cependant, dans cette diversité culturelle originale, un principe demeure : l’humanité et la nature ne font qu’un.
Commenter  J’apprécie          00
Quand j’étais jeune, j’avais des idées curieuses, des projets merveilleux, et rien ne pouvait m’arrêter. L’expression même — « lorsque j’étais jeune » — s’aggrave de jour en jour. Pour peu que l’on dure et que notre vie s’allonge, la jeunesse est un pays qui s’éloigne de plus en plus de nous.

(Boréal, p.11)
Commenter  J’apprécie          00
Je pense qu’il fallait du courage pour faire ce que nous faisions. J’ai connu des familles qui revenaient à Mingan complètement découragées parce qu’elles ne trouvaient pas de caribou. Sans caribou, il faut manger son pain et ensuite il faut retourner chercher des provisions au village. Mais pour avoir des provisions, il fallait tuer des animaux à fourrure. Pour tuer des animaux à fourrure, il fallait d’abord tuer des caribous. C’était le caribou le plus important. Sans le caribou, personne n’aurait eu la force de travailler comme on le faisait. Le caribou donne de la force, du courage. Il est difficile à trouver. Mais il faut le trouver. Les familles se décourageaient faute de trouver le caribou.
Commenter  J’apprécie          00
C’était important d’avoir de la viande. Les Anciens se nourrissaient avec de la viande. Nous aussi, nous mangions seulement de la viande et de la graisse. On était habitué. La farine, le sel, le sucre et la graisse du magasin, le chasseur essayait toujours de s’en passer. Nous en gardions le moins possible. On calculait toujours ce qu’on prenait en essayant d’en consommer très peu. Les seules choses dont le chasseur ne pouvait pas se passer pour lui-même, c’étaient le thé et le tabac. Nous aimions boire du thé et fumer.
Commenter  J’apprécie          00
Quelques jours plus tard, nous quittions North West River pour revenir dans le bois. Là, c’étaient les caribous qui nous intéressaient le plus. La chasse au caribou nous éloignait du campement familial, nous, les hommes, pendant quatre semaines. En notre absence, les femmes ne souffraient pas de la faim. Elles chassaient, comme je l’ai déjà dit. Elles abattaient des bouleaux. Vous savez que cela attire les lièvres. Alors, là où elles avaient coupé les bouleaux, elles faisaient plusieurs collets. Elles vérifiaient les filets sur le lac.
Commenter  J’apprécie          00
Les femmes aussi travaillaient beaucoup. Elles tendaient des collets pour attraper des lièvres, elles pêchaient le poisson, chassaient les porcs-épics, s’occupaient des enfants et des vieux, faisaient la nourriture, prenaient grand soin du feu et de la réserve de bois de chauffage. Elles faisaient bien d’autres choses encore. Comme nous, elles n’arrêtaient jamais de travailler.
Commenter  J’apprécie          00
Il s’est trouvé des gens pour dire que les Indiens ne chassaient pas assez dans le bois et qu’ils passaient tout leur temps à dormir dans les tentes. Les marchands et les missionnaires disaient cela, je les ai entendus maintes fois. Je crois qu’ils se trompaient et qu’ils ne disaient pas la vérité.
Commenter  J’apprécie          00
Dans cette histoire que je vais raconter, il est encore question de la chasse et de la vie dans le bois. Nous prenions toujours le même chemin pour monter dans le bois : la rivière Saint-Jean. Cette histoire parle de l’année où nous avons chassé dans la région du lac Atikunakᵘ.
Commenter  J’apprécie          00
C'est un pays venteux. L'automne, on entend le rugissement de la mer et le bruit des vagues venant du large. Pour moi, la baie James fut avant tout cette mer tumultueuse, grandiose. Ce furent des tempêtes, des hautes vagues raccourcissant l'horizon, des éclairs tracés perpendiculairement et les rugissements des vagues s'alliant aux éclats du tonnerre. Devant tant de puissance et de force, je ne pouvais que m'incliner devant le Créateur de tout cela en lui demandant d'avoir pitié de nous.
Commenter  J’apprécie          00
Or, il me semble bien que le père Guinard a toujours conservé ce penchant pour la parole. Il avait la répartie facile et ses talents de conteur furent souvent appréciés. On lui a toujours reconnu un esprit vif et une parole extrêmement vivante. L'auteur de la notice nécrologique du père Guinard, le père Eugène Nadeau, n'est cependant pas tendre à l'endroit de Guinard, l'écrivain, le rédacteur de ses mémoires: ils sont décousus, de valeur inégale, anecdotiques, souvent mal écrits. Décidément, cet homme n'est pas un homme de lettres. Mais le père Nadeau s'empresse d'ajouter que si le père Guinard écrivait mal, il parlait par contre avec aisance et racontait des histoires à la façon des meilleurs conteurs. Bien triste consolation, d'autant plus que l'image qui domine dans la présentation que fait le père Nadeau du père Guinard est celle d'un homme persévérant et obéissant dont la plus grande qualité fut d'avoir été le type même du «père-n'importe-qui», toujours disponible; l'éternel remplaçant, le père, finalement, qui est toujours là, utile, bien qu'on ne le remarque jamais.
Commenter  J’apprécie          00
Les derniers survivants furent simplement abatus, en cette Californie paradoxale qui se rangeait parmi les États anti-esclavagistes mais qui permit, jusqu'au début du xxe siècle, l'assassinat des Indiens contre une prime du gouvernement.
Souvenons-nous de Kintpuash, chef modoc, connu sous le nom de Captain Jack au lieu dit Lava Bed. En 1872, sa bande de rebelles fut encerclée, massacrée et finalement anéantie par l'armée américaine. Le Capitaine fut pendu, véritable lynchage de premier ordre. Souvenons-nous d'Ishi, le dernier des Yanas, trouvé errant en bordure d'Oroville en 1911 et qui vécut les cinq dernières années de sa vie au Musée d'anthropologie de la Californie, sous la loupe bienveillante de l'anthropologue Alfred Louis Kroeber. Il mourut de tuberculose en 1916. Il ne s'appelait même pas Ishi; ce nom lui avait été donné par le musée car, dans sa fierté traditionnelle, le dernier des Yanas demeura toujours muet sur son identité face à ce monde étranger qui venait d'exterminer son peuple.
Commenter  J’apprécie          00
Le fait de se décourager ou de se débarrasser de la viande était une faute grave. Il faut toujours se préparer pour éviter la famine.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Serge Bouchard (390)Voir plus

Quiz Voir plus

Le Japon 🗾

Combien y a t-il de systèmes d'écriture au japon?

2
7
3
45
8

5 questions
10 lecteurs ont répondu
Thèmes : japon , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}