Citations de Serge Mongeau (29)
Il faudrait pouvoir nous désintoxiquer du capitalisme en changeant de style de vie, car c'est en lui et par lui que se concentrent et se reproduisent toutes nos aliénations. Cela serait une véritable révolution. Encore faudrait-il la vouloir vraiment et cesser de croire qu'on peut vivre comme des capitalistes en évitant de tomber dans les horreurs du capitalisme.
• Alain Accardo, 'Les liens', in 'La décroissance' (mars 2013)
Ce qu'il faut [pour conquérir la vraie liberté], c'est plutôt se libérer de l'obligation de gagner beaucoup d'argent, des modes et des courants, qui forcent à renoncer à ses différences et parvenir à un esprit communautaire véritable, où l'on ait le goût et la possibilité d'oeuvrer avec les autres quand il le faut.
[Sur la manière de vivre :]
La plupart des gens s'engagent dans des voies qu'ils ne remettent jamais en question, en particulier parce qu'il est toujours plus facile de refaire la même chose, de développer des habitudes et de se contenter de les suivre. Nombre de personnes - sûrement la plupart - ont des éclairs de lucidité qui provoquent certains regrets ; mais, le plus souvent, elles refusent de voir ce qu'elles sont devenues par rapport à ce qu'elles auraient aimé être ; car cela les obligerait à faire une remise en question trop profonde qui les forcerait à apporter des modifications trop importantes dans leurs vies. Le confort de l'habitude prend le dessus, on écarte la vision critique de soi-même et on continue comme avant.
Notre planète me fait de plus en plus penser à un organisme vivant dont chacun de nous ne serait qu'une cellule. Cet organisme se comporte de la même façon que notre corps. Quand un des organes ou une partie du corps est touché par la maladie ou fonctionne mal, cela déclenche une réaction de l'ensemble de l'organisme ; tout cela se fait de façon involontaire, sans intervention de l'intelligence. Le même phénomène se produit actuellement sur la planète : les symptômes des atteintes graves qu'elle subit deviennent chaque jour plus évidents, mais de la même façon que nous soignons le plus souvent nos maladies en traitant les symptômes sans toucher les causes, nous cherchons les moyens d'atténuer la crise sans nous préoccuper d'en tarir la source.
Jamais l'humanité n'a disposé d'autant de richesses, jamais elle n'a possédé de techniques aussi efficaces et puissantes, jamais elle n'a maîtrisé un tel savoir, et pourtant jamais, au cours de l'Histoire autant d'êtres humains n'ont été privés de l'essentiel
Aujourd’hui, je me rends compte que la voie de la simplicité volontaire ne constitue pas seulement le meilleur chemin pour la santé de ceux qui l’empruntent, mais qu’elle est sans
doute l’unique espoir pour l’avenir de l’humanité.
Il faut de toute urgence trouver des voies de sortie.
Certains se laissent rassurer par les beaux discours
des politiciens, qui année après année promettent la
fin de la « crise ». Les gouvernements ne trouvent ce-
pendant rien de mieux à faire que de suivre servilement
les demandes de l’entreprise privée, qui exige qu’on
concède toujours plus de terrain au « marché » pour
résoudre quelque problème que ce soit. En fait, les
gouvernements ont perdu le sens de leurs responsabi-
lités. Du service du peuple — dans une « démocratie »,
n’est-ce pas le peuple qui doit gouverner ? — ils sont
passés au service des intérêts des groupes de pression
les plus puissants, ceux qui sont riches et contrôlent le
mieux les médias, les deux allant de pair. Et le premier
intérêt des puissants est de garder en place le genre de
dirigeants qui s’y trouvent déjà. Alors, on ne peut
attendre de gouvernants cherchant avant tout leur ré-
élection qu’ils proposent à leurs électeurs les me-
sures radicales pouvant seules avoir des chances d’éviter
la catastrophe inévitable à plus ou moins longue
échéance.
Mon jardin est une école,mais aussi un havre de paix,et de sérénité.
Nos actes déterminent ce que nous devenons et ce
que devient le monde. Au lieu de laisser le système
agir sur nous et nous assimiler, nous pouvons nous re-
prendre en mains, retrouver notre pouvoir sur nous-
mêmes et parvenir ainsi finalement à remodeler la so-
ciété. C’est là, me semble-t-il, faire le choix de la liberté.
L’homme et la société n’ont plus de liberté de choix,
d’orientation ; le seul choix qui leur reste est de
s’adapter ou de périr. S’adapter aux nouvelles techno-
logies, à la mondialisation libéralisée, déréglementée,
privatisée, compétitive, et aux contraintes des mar-
chés financiers. On considère tout cela (de manière
tout à fait arbitraire) comme étant des phénomènes
exogènes à la société et obéissant à des « lois » qui
leur seraient propres, donc pas modifiables par la
société.
Les appels à l’action fusent de toutes parts, pour la justice sociale, pour la solidarité, pour le respect de la nature, mais rien n’y fait : ce sont les entreprises multinationales qui contrôlent le monde et, avec la complicité des gouvernements qui se soumettent à leurs desiderata, établissent les priorités nationales et internationales, lesquelles se résument à « profits », « compétitivité » et «libre-échange».
En travaillant dans mon jardin,j'aile sentiment de participer à quelque chose de valable,de beau,à une oeuvre qui me dépasse.
Dans la nature chaque plante et chaque animal essaie d'abord et avant tout de survivre. La nature est neutre:il n'y a pas de bons ou mauvais organismes,il n'y a pas de subordination des uns aux autres.
Mes deux années de pratique médicale en tant qu’omnipraticien m’ont mis en contact intime avec des gens qui vivaient dans des conditions telles que n’en pouvait résulter que la maladie ; et c’est dans l’espoir de trouver des moyens de les aider à changer ces conditions que je suis retourné à l’université pour étudier en organisation communautaire.
Nous vivons dans un monde en crise : les conséquences environnementales de notre mode de vie, l’écart de plus en plus important entre les riches et les pauvres, le stress et le sentiment de vide provoqués par le tourbillon du
productivisme et du consumérisme, la dépolitisation des citoyens.
Je suis révolté par la disparité des conditions humaines et pourtant j’accepte de vivre bien confortablement. Je trouve dangereuse l’influence de la télévision — au point de ne plus avoir d’appareil depuis plus de quinze ans — mais
j’accepte encore d’y être interviewé.
Peu de gens acceptent d'envisager lucidement ce qui risque de se passer dans les prochaines années quand la bulle financière éclatera, quand le coût du baril de pétrole dépassera les 150 $, quand les nappes phréatiques seront taries, quand la sécheresse détruira les récoltes ou qu'ailleurs la pluie les noiera. C'est exactement dans ce sens que travaillent les Villes en transition, ces regroupements citoyens qui se répandent rapidement dans le monde pour rendre leur communauté résiliente.
Il n’y a pas de choix : quiconque prend conscience
de la gravité des menaces qui pèsent sur la planète
doit entreprendre les actions nécessaires. La responsabi-
lité de trouver la voie de la viabilité — pour l’épanouis-
sement des individus, des collectivités et de toute la
vie sur Terre — revient à celles et à ceux qui ont vécu
au cœur de l’abondance et ont pu en constater les effets
nocifs. Et je ne parle pas seulement d’environnement
ici : de ce côté, les scientifiques, même s’ils ne s’enten-
dent pas tous sur la gravité des phénomènes en marche,
nous donnent tout de même la mesure de la détériora-
tion de nombre de paramètres. Non, quand je pense
aux conséquences négatives de la société d’abondance,
je pense à la vie de tous les jours, à la santé, au travail,
à l’amour, à la solidarité communautaire, au bonheur,
tout cela qui ne s’achète pas ou, quand on croit pouvoir
l’acheter, coûte finalement trop cher, car on doit sacri-
fier le meilleur de sa vie à gagner de quoi le payer.
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE La crise des valeurs
CHAPITRE PREMIER Consommer, consommer, consommer
CHAPITRE II La crise
CHAPITRE III La conscience étouffée par la surconsommation
CHAPITRE IV Changer de cap
CHAPITRE V La révolution intérieure
Quantité et qualité
Individualisme et solidarité
Compétition et participation
Dépendance et autonomie
DEUXIÈME PARTIE La vie quotidienne
CHAPITRE VI Une alimentation qui réponde à nos besoins
L’emploi
L’environnement
La santé
CHAPITRE VII La maladie, un moment clé
CHAPITRE VIII Des loisirs qui libèrent
CHAPITRE IX L’automobile : liberté ou aliénation?
CHAPITRE X Se fondre dans l’environnement
CHAPITRE XI Le travail : plus qu’un salaire
L’utilité pour la société
Les conditions d’épanouissement
L’intégration harmonieuse à l’écosystème
CHAPITRE XII Une économie centrée sur les besoins
Les corvées
Les ressourceries
Copropriété, colocation et coopératives d’habitation
Le gardiennage des enfants
Les ateliers communautaires
CHAPITRE XIII Accroître son autonomie
CHAPITRE XIV Se libérer du système
CHAPITRE XV La simplicité volontaire
ANNEXES
I – Un contre-projet au système agro-alimentaire industriel
Brigitte Pinard
II – Pour la création d’entreprises paroissiales
Gérard Bernatchez
III – Quelques adresses en France, en Suisse et en Belgique
Le lion fort ne détruit pas les lions les plus faibles; mais en période de sécheresse,quand les proies se font plus rares, il réussi à survivre,là où l'autre n'y arrive pas.