Serge Rubin est l'invité des ados du Quartier libre de Saint Maur en poche
Le film projeté est muet, mais la représentation n'est pas silencieuse. Une musique s'élève du pavillon d'un gramophone et, même si le son est un peu nasillard, la combinaison de l'image et de la mélodie suscite une vive émotion. L'équivalent d'un coup dans la poitrine qui vous empêche de respirer.
Nous sommes en 1908. Il est temps que le monde change... Je suis aussi capable que Clément de vivre une aventure.
J'ai une envie folle de crier à ce paon prétentieux que je ne suis pas sa poulette. Je déteste qu'on m'appelle ainsi. Même mon père ne s'y risque pas.
Avant qu'un rêve ne s'achève et que l'on ne se réveille, on est persuadé jusqu'au dernier moment que ce rêve est bien réel.
Alors, nous vivons encore trois ans dans un monde gouverné par un rêve étrange où l'esclavage a disparu.
Cette révélation peut faire capoter des négociations en cours. Les Etats sont comme des enfants. Ils constituent des équipes avant un match, sauf que la guerre n’est pas un jeu et elle se prépare dans la vieille Europe en cette année 1908. La région des Balkans est un gigantesque chaudron sur le point d’exploser. Certains pays veulent accéder à l’indépendance, d’autres former des empires et d’autres encore reconquérir des territoires perdus. Chacun cherche à conforter ses alliances en vue de la confrontation prochaine qui sera peut-être mondiale.
Je vous ai peut-être cassé le nez, mais je vous ai aussi sauvé la vie. Je pense que les deux actions s’équilibrent et que je ne vous dois pas d’excuses. Qui êtes-vous ?
-Louis Keller, je suis reporter-photographe à Paris-soir. C’est mon métier de photographier les combats, d’essayer de capter ce moment où le soldat ne sait pas s’il va survivre à la bataille qu’il livre. Je cours les mêmes risques que lui, moi aussi j’ignore si je vais vivre ou mourir. Je suppose que je vous dois des remerciements, Mademoiselle ?
-Pas Mademoiselle, je suis la capitaine Maya Roblès, señor Keller, répliqua la milicienne en réajustant une casquette trop grande...
La première fois que je l'avais vue avec cette étoile, je lui ai fait remarquer que les défenseurs de l'ordre sont toujours tous des garçons. Et j'avais rajouté : "Il n'est même pas écrit Shérif sur ton étoile."
Je scrute les petites constructions alignés en rang d'oignons face à la mer d'où sorte les estivants dans leur drôle de maillot de bains
-Il va me filmer ?
Les filles sont exaspérantes quand elles ont raison.