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4.13/5 (sur 27 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Séverine Danflous est écrivain et critique de cinéma (pour Transfuge, Culturopoing), auteur de romans et d'essais.
Elle a publié deux romans aux éditions Marest : Brune platine et S'abandonner.

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Entretien avec Séverine Danflous à propos de son live : "Brune platine" publié aux éditions Marest


Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Le paradoxe de l’œuvre de Tennessee Williams, sur les planches comme au cinéma, c'est qu'elle est dans le même temps portée aux nues et conspuée. Révélatrice des névroses de l'Amérique sudiste puritaine, blanche, raciste et ruinée, elle donne une voix aux déclassés, à ceux qu'il considère comme des boiteux de l'âme.
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« Il n’y avait qu’un idéaliste ou un hollywoodien pour croire que la danse et le chant pourraient contribuer à sauver le monde. Un extra-terrestre, en somme. Buzz venait d’une autre planète. »
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Les mots déforment notre perception. L’amour, ça se ressent, ça s’éprouve, ça n’a pas besoin de mots. La chair seule doit communiquer le verbe.
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À l’issue de la lecture, les quelques personnes présentes applaudissent. Le libraire en charge de la soirée commence à poser ses questions, devant une assistance passablement attentive. Certains somnolent, d’autres quittent les lieux le plus discrètement possible. L’auteur, impassible, boit une gorgée d’eau avant ses réponses, suspend son verbe – instaurant une forme de latence qui donne du poids à chacune de ses interventions. Sa voix gagne en puissance au fur et à mesure que les aiguilles s’égrènent sur le cadran de l’horloge murale. Après ce tour de chauffe, elle est prête à en découdre malgré l’audience clairsemée. Elle raconte les transactions de livres, ces ouvrages en transit entre eux et elle. Lorsqu’elle en offre un, elle sait qu’il deviendra une trace de son passage. « Les livres propagent la nostalgie. Pensez-y en faisant vos provisions tout à l’heure », lance-t-elle aux derniers auditeurs présents. Soudain, l’un d’eux prend la parole pour évoquer sa propre expérience de l’abandon. Il parle longtemps puis finit par demander des précisions sur la nature du lien entre l’auteur, l’amour et les livres. Elle se fend d’une anecdote au sujet de son dernier amant qui voulait lui emprunter le M Train de Patti Smith : « Quand je le lui ai tendu, un ticket est tombé. Un ticket de librairie avec une date et une heure. Je l’ai repris après sont départ. Il datait précisément du vingt-deux mai, veille de la rupture avec l’homme précédent. Le livre était une merveille. Lu plus tard dans la peine. Le ticket gisait sur les lames du parquet. J’ai aussitôt pensé que, dans un roman de Stendhal, il aurait annoncé une nouvelle rupture. Mais je tentais de poser de la réassurance sur mes angoisses : la vie n’est pas un roman de Stendhal. Bref, tout ne fait pas toujours signe. Et puis, peu de temps après, l’histoire avec cet homme-là s’est terminée, elle aussi. Hasard du calendrier ou signe avant-coureur ? Je n’en sais rien. »
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Le cahier des charges était plutôt laconique, d’une indigence crasse en fait : la rupture, de l’Antiquité à nos jours ; on m’aavait balancé une vague notule tartinée au baratin avec un titre qui revenait à chaque page, Les Héroïdes. Ovide, je crois. Mon premier mouvement avait été de refuser, je sortais moi-même d’une rupture passablement amoché. Pourquoi me replonger dans l’état léthargique dont je peinais à m’extirper ? Ben, il y avait bien une raison : le fric. J’en avais drôlement besoin. Depuis la rupture, je trimballais ma carcasse d’appartements en appartements – des amis m’offrant leur canapé pour une nuit ou deux. J’étais presque sans domicile fixe, avec pour seuls bagages une caméra, un peu de matos, une valise de bouquins, un vieil ordi, et un sac de jute contenant trois futs, quelques slips, deux tee-shirts et trois pulls. Elle m’avait rhabillé pour l’hiver. La rupture je pouvais en parler, moi, la dérouler avec acrimonie, colère et rage rentrée, une hache serrée entre les dents pour laisser couler mon venin entre les brèches. Mais composer dessus, écrire un documentaire, me remettre à la tâche après ces mois désertiques, abandonnés aux quatre vents, au vent des autres, aux odeurs amères des appartements endormis qui – lorsque j’ouvrais certains placards – me sautaient à la gorge. Ça sentait le couple, l’union suave, les vestes savamment repassées, les escarpins bien alignés qui faisaient cuire ma blessure, la salle de bain et ses shampoings au design reluisant… L’idée était idiote et surtout elle faisait affreusement mal. Sans doute aurais-je dû confier cette besogne à d’autres ?
Dans le canapé-lit, le soir où j’ai accepté, après avoir acheté les fameuses Héroïdes, je me suis dit que c’était ça qu’il fallait faire, interroger des femmes, utiliser leurs voix en les faisant dialoguer avec les héroïnes antiques, toutes ces voix endeuillées, abandonnées à la terre gaste. J’aimais bien l’expression « voix endeuillées ». Persuadé d’avoir trouvé là une perle, je la tapais sur mon moteur de recherche et trouvais aussitôt une référence, un essai. Nicole Loraux, La voix endeuillée, essai sur la tragédie antique et en le feuilletant au Luxembourg, sur une chaise en plein soleil hivernal, je tombais sur cette phrase : Une femme est ainsi faite qu’elle charme ses ennuis en les ayant sans cesse à la bouche. C’est de là qu’il fallait partir.
Restait à trouver ces femmes, les choisir, circonscrire un lieu capable d’accueillir leur parole meurtrie. J’aime bien les cafés, mais c’est bruyant, les cafés, comment capter l’intime dans tout ce tumulte ? Un studio ne me semblait pas l’idéal non plus. J’ai envisagé les parcs, une rupture c’est un peu un deuil, il faut un lieu de recueillement qui ne soit pas non plus un cimetière, car la vie s’agglutine en nous, elle attend la suite, l’après, le moment où l’on reprendra le dessus, où l’on sera plus fort que tout ce qui nous rompt. Le corps en miettes aspire à se recomposer et le cœur cherche, lui, les morceaux à recoller. Chacune à leur tour devant ma caméra, elles viendraient exposer l’ampleur des dégâts. La peine, les plaies, le chagrin qui ne passe pas. J’étais loin d’imaginer que cette douleur qu’elles calmaient en l’ayant sans cesse à la bouche, était si poétique, si nécessaire.
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Les petits mots reprennent la forme des billets d’antan, nostalgiques. Avant le temps où l’on se tenait l’un contre l’autre au bout du fil et malgré le fil, le temps où l’on se tenait dans les voix. Eux se tiennent dans les doigts. Pour faire taire la distance, le manque. Sans les voix. Ils convoquent la silhouette, la présence, le son de l’autre. Retrouver son odeur dans les mots. Les billets de verre se transmettent comme un jeu et s’amusent à se prendre pour un jeu. Sans fil, pas moyen de s’attacher, semblent-ils égrainer au rythme de la pulsation des doigts. Pas moyen de se lier trop fort.
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Après moult salons d’un soir, moult refuges provisoires, c’est Véra, la première, qui m’offre son canapé pour une durée prolongée. La rupture, la nôtre, a été presque indolore. Nous avons su dès le départ que notre histoire était une erreur, que nous n’avions… Véra s’est penchée au-dessus de moi alors que j’écris ces mots. Il n’y a pas eu d’histoire. Une nuit d’ivresse fébrile, la rencontre de deux corps fragiles qui se crochètent, s’emboîtent pour s’assurer qu’ils existent encore, qu’ils désirent encore, qu’ils ont encore des choses à offrir. Mais tu ne peux pas parler d’une histoire au sens strict d’une histoire d’amour, avec contrat et rupture du contrat. Nous nous aimons assez pour nous voir périodiquement, assez pour que je te prête mes clés. Et je ne t’offre pas mon canapé mais mon appart, ma sous-location étant partie avant terme. Arrête d’enjoliver. Essaie d’être honnête avec toi-même et ton projet de collections de voix. Je ne sais pas pourquoi elle t’a quitté, et je m’en fiche, mais soyons sincères l’un envers l’autre. Respectons l’impératif catégorique kantien. Nous n’avons pas eu d’histoire et moi, je te prête mon appartement – le temps d’achever mon séminaire au Japon. Après tu devras trouver autre chose. Je n’ose plus écrire, je reprendrai quand Véra se sera envolée vers d’autres horizons. Et, promis, j’essaierai d’accorder mes violons avec une maxime à ériger en loi universelle de la nature, ou quelque chose d’approchant.
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Elle appuie sur la touche rouge. Stop. Il faudra lui envoyer le fichier. Elle n’a pas le courage de reprendre leurs essais, de les monter avec sa voix à l’arrière-plan. Voix off, voix étouffée, voix du passé sur images à jamais perdues. L’écran devenu miroir noir reflète une version d’elle lointaine, fantomatique. Un astre mort. « Nous ne nous verrons plus. » Elle sent sa gorge dévaler.
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« Elle avait parlé cadence et bambins. Il ne comprenait pas à quel point c’était proche de la chambre à soi woolfienne qu’il louait si souvent. L’espace et le temps. Mais c’est vrai que Woolf n’avait pas d’enfants. Elle n’avait pas connu cette discipline des heures, ce besoin de faire plier le temps pour lui creuser un espace — la nécessité d’inventer dans le mouvement trépidant offert aux enfants. Seul un homme comme lui pouvait s’emporter avec une telle fureur. (... ) Que savait-il des femmes ? De l’impérieuse nécessité de créer malgré les embûches du quotidien, les emplois du temps. L’intelligence de sa réponse à elle ça avait été de formuler l’informulable, pour penser, fabriquer, écrire, filmer, il faut du temps et lorsque ce temps vous est ravi, il faut aller lui chercher une niche — dans ce rapt du moment sans cesse accordé aux autres, aux enfants. »
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À la suite de ce premier rendez-vous, en déroulant la liste des possibles, j’opte pour les cafés. Des cafés pour redessiner la carte de Paris, des lieux vierges de toute histoire personnelle. Je me plais à composer un périmètre de sécurité. Une géographie de l’intime sans intimité, pour ne pas me retrouver dans des lieux chargés de souvenirs. Une carte ? Mais oui, il faut absolument que je me dote d’un plan de Paris. Acheté à la librairie d’en bas, il me permet de composer un territoire de l’abandon. Ça m’amuse, j’ai l’impression d’avoir en main une nouvelle Carte du Tendre – quand la tendresse a déserté. J’ai choisi méticuleusement des cafés à la périphérie de notre quartier, imprimant ainsi mon refus de hanter les lieux du temps jadis. Et si je la croisais, ce serait par hasard, au détour d’un trottoir… je ne dois même pas y songer.
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