Shari Lapena

C’est tellement stressant d’être parent, pense-t-elle en jetant un regard en biais vers son fils, avachi et morose sur le siège passager. On fait de son mieux, mais en réalité, qu’est-ce qu’on contrôle encore, une fois passée la petite enfance ? On n’a aucune idée de ce qui leur passe par la tête ni de ce qu’ils manigancent. Et si elle n’avait jamais vu ce message ? Pendant combien de temps cela aurait-il continué ? Jusqu’à ce qu’il soit arrêté et que la police vienne sonner à leur porte ? Il entrait chez des gens, fouinait dans leurs vies, sans que Paul et elle se doutent de rien.

Comment peut-on enseigner quoi que ce soit aux enfants, de nos jours, avec tous les mauvais comportements qu’ils voient autour d’eux, aux infos, tout le temps, de la part de personnes en position d’autorité ? Il semble que plus personne ne sache faire preuve de civisme ni respecter les limites. Ce n’est pas comme ça qu’elle a été élevée. On lui a appris, à elle, à demander pardon et à réparer ses torts.

Il devra évidemment assumer les conséquences de ses actes. Des conséquences très graves. À tout le moins, il devrait être privé de sorties, puisqu’on ne peut pas lui faire confiance. Et privé de son téléphone pendant un moment. Avec un accès restreint à Internet, uniquement pour les devoirs.

Il déteste qu’elle déboule comme ça quand il dort. Toujours à essayer de le réveiller. Toujours à vouloir que tout le monde se cale sur son emploi du temps à elle. Chacun sait que sa mère est casse-pieds, à tout vouloir contrôler. Elle devrait apprendre à se détendre. Mais là, elle a l’air carrément furax. Elle le regarde avec une dureté qu’il ne lui a jamais vue.

Elle reste là à le regarder, emplie d’un inextricable mélange d’amour et d’exaspération. C’est un brave gosse. Un élève intelligent, mais peu motivé. Tout à fait sympathique au demeurant. Simplement, il est paresseux : non seulement il ne sort pas du lit tout seul, mais il ne fait pas ses devoirs et ne participe pas aux tâches ménagères si l’on n’est pas constamment sur son dos.

La vallée est connue pour la beauté de ses espaces naturels ; depuis la rive ouest du fleuve, un réseau autoroutier de bonne qualité vous amène, en une heure, au cœur des monts Catskill, semés de petits villages.

Elle a compris, elle sent le danger. Nos regards se croisent. Elle a l’air d’un bel animal apeuré. Mais ça m’est égal. Une bouffée d’émotion m’envahit : une rage pure, incontrôlée ; je n’éprouve absolument aucune pitié.
Nous savons tous les deux que j’ai un marteau à la main. Le temps semble s’étirer. On ne dirait pas, mais tout se passe sans doute très vite.

Et si quelqu'un d'autre doit souffrir pour qu'elle soit heureuse, si quelqu'un d'autre doit finir ses jours en prison pour ça... bah c'est la vie. Un jeu à somme nulle, après tout, où les uns gagnent ce que les autres perdent.

Si elle était une femme battue s'efforçant de fuir une situation intolérable, alors, pour tout dire, elle lui est sympathique. Toute femme poussée à des mesures si extrêmes pour se protéger lui inspire de la compassion. Ca ne devrait pas arriver, ces choses là. Pourtant il sait qu'elles se produisent, tous les jours. La société protège mal ces femmes, il en a conscience. Le monde ne tourne pas rond.

En contemplant son dos, il se redit combien elle a changé depuis la naissance de la petite. C'est arrivé sans prévenir. Ils s'étaient fait une joie d'attendre ce bébé ensemble - décorer la chambre, acheter les petites affaires, se rendre aux séances de préparation à l'accouchement, sentir les coups de pied dans le ventre. Ces quelques mois ont compté parmi les plus heureux de sa vie. Il n'avait pas songé que ce serait si dur ensuite. Il n'a rien vu venir.

Au cours des années, j'ai appris que la pensée humaine ne savait pas gérer l'incertitude.

C'est fou comme la confiance accordée à une autre personne peut subitement se défaire, et ce d'une manière irrémédiable.

Elle n'a jamais eu l'égoïsme - et encore moins le temps - de réfléchir à ce qui pourrait bien la combler dans l'existence.

Les ténèbres sont aussi épaisses qu'un rideau de velours noir

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Elle le savait déjà : Il s'était introduit chez elle. Elle avait attendu, au grand jour en s'efforçant de faire comme si rien de tout cela n'allait arriver. Et à présent, voilà. Elle avait fui cette vie-là. Recommencer sous une nouvelle identité elle avait trouvé un bonheur inattendu avec Tom. Et en un seul coup de téléphone, elle a senti sa nouvelle vie exploser en un million de fragments.

Il n'est pas en mon pouvoir de vous forcer à me croire. J'ai dit la vérité, mais je suis bien conscient que chacun croit ce qu'il a envie de croire. Je ne peux rien y changer.

La peur rend les gens imprévisibles, voire dangereux.

En fin de compte, Gwen retiendra de ces deux terribles journées un enseignement plutôt angoissant : on ne connaît jamais réellement personne. Et quand elle sortira enfin d'ici, il lui sera difficile de s'empêcher de penser que tous les gens qu'elle rencontre portent tout au fond d'eux la graine du mal.

Et les yeux brillants qu'elle pose sur son fiancé ! Elle rayonne, dans tous les sens du terme. Elle doit avoir des paillettes dans le sang ! Lauren examine le fiancé. Tout à fait le genre à collectionner les choses qui brillent...

La forêt, tout droit sortie d'un conte de fées, vous épie en silence, prête à vous engloutir à tout instant. Toutefois, le paysage prend une allure de carte postale sous la neige qui tombe en abondance.
Gwen Delaney s'agrippe au volant et scrute la route, les yeux plissés. Elle qui a toujours préféré les histoires d'horreur aux tableaux romantiques, la voilà servie !