Shari Lapena

Il faut qu’ils se soutiennent quand l’un des deux semble sur le point de flancher. Jusqu’ici, c’est l’entraide qui leur a permis de tenir. Patrick hoche la tête et lui adresse ce sourire qui la fait craquer.

Elle ne donne toujours pas l’impression de l’avoir reconnu, mais il n’est pas dupe. Elle a toujours été meilleure que lui pour dissimuler sa surprise. Son sang-froid force l’admiration.

Erica Voss. Il la reconnaîtrait entre mille. Un frisson d’incrédulité le traverse. Que fait-elle ici ? Voilà plus de neuf ans qu’il ne l’a pas revue. Le passé le submerge. Patrick n’a plus sommeil : tout son organisme est irradié d’adrénaline. Que va-t-il se passer quand Erica relèvera la tête ?

Elle ne veut qu’une chose : dormir. Elle a entendu dire que le manque de sommeil prolongé pouvait rendre fou, jusqu’aux hallucinations.

Elle entend l’épuisement – voire le désespoir – poindre dans sa voix et s’en veut de renvoyer l’image de cette femme pleurnicheuse, incapable d’affronter l’adversité. Stephanie méprise ce genre de femmes. Elle a toujours affronté l’adversité, et avec succès.

Depuis quand le plus anodin signe de sympathie suffit-il à la faire pleurer ? C’est le manque de sommeil, pas besoin de chercher plus loin. Il va falloir que ça change, sans quoi elle risque vraiment de perdre les pédales.

Elle souriait béatement, toute au bonheur de sa grossesse, se félicitant même secrètement de se sentir si bien, d’accueillir si facilement les transformations de son corps.

Quelque chose la tracasse pourtant, une arrière-pensée lancinante qu’elle ne parvient pas à formuler. Et puis Teddy se met à pleurer, et quand elle sort le bébé de son transat, Hanna a un déclic : la femme ne portait pas d’alliance. Est-ce si grave, après tout ? Beaucoup de gens fondent une famille sans se marier, de nos jours. Elle a pourtant mentionné un mari. Et puis, qui visite une nouvelle maison sans son conjoint ?

Elle doit avoir la trentaine, séduisante. Cheveux blonds jusqu’aux épaules, silhouette élancée, joli minois.

Elle est heureuse de quitter cet endroit où elle se sent complètement isolée. Neige ou pas, ils iront rendre visite quelques jours à sa mère et sa sœur à Grand Junction. Le climat y est bien moins hostile. Ses valises sont prêtes, entreposées près de la porte. Il lui tarde de retrouver la chaleur de sa famille – elle a faim de compagnie, d’attention.

Au piège de cette interminable tempête de neige qui impose son silence immaculé. Parfois, le silence lui donne envie de crier.

Riley sait qu'elle joue très bien au Scrabble... et qu'elle excelle à éviter les sujets déplaisants.

On ne peut faire dépendre son bonheur d’une seule personne.

Les motifs de dissension conjugale sont désormais tellement nombreux que peu de mariages en sortent indemnes. Le manque d'intimité, la monotonie de la vie quotidienne, les factures à payer, les enfants à élever, les heures supplémentaires au bureau, les agendas surchargés... Il est peu probable qu'un week-end en amoureux puisse faire des miracles, mais c'est déjà une tentative louable pour rallumer la flamme.

La peur rend les gens imprévisibles, voire dangereux

Depuis l'instant de la naissance de Cora, Anne a toujours su où était celle-ci, à chaque minute de sa courte vie, et voilà qu'elle ignore où elle se trouve. Parce qu'elle est une mauvaise mère. Une mauvaise mère, brisée, qui n'aimait pas assez sa fille. Elle l'a laissé seule à la maison, sans personne pour veiller sur elle. Elle la frappait. Pas étonnant que la petite ait disparu. Il y a une raison à tout, et la raison pour laquelle elle a perdu son enfant, c'est qu'elle ne la méritait pas.

Il aura suffi d'un week-end pour que sa vie change à jamais.

Page 344, Édition Pocket

Elle vit depuis trop longtemps dans la peur.
Elle repense au jour où, pour la première fois, en rentrant de travail, elle a eu l’impression que les choses n’étaient pas exactement comme elle les avait laissées3 le roman qu’elle était en train de lire se trouvait à gauche de sa lampe ; elle était sûre de l’avoir posé à droite, coté lit, la veille avant de s’endormir. Elle n’aurait pas pu le mettre de l’autre coté. Elle en est restée pétrifiée, incrédule. Prise de terreur, elle a passé sa chambre au crible. A première vue, tout était en ordre. Mais quand elle a ouvert son tiroir à sous vêtements, tout y était pêle-mêle : on avait fouillé parmi ses culottes et ses soutiens-gorge, elle le savait. Elle a retenu sa respiration ; peut-être avait-elle été négligente ce matin-là, à trop vouloir se dépêcher. Pourtant, elle savait qu’elle ne s’était pas particulièrement pressée. C’était un jour comme les autres.

Elle a épousé un stéréotype

– Je n'ai rien à voir avec ce qu'il lui est arrivé. Nos cinq à sept ne voulaient rien dire pour moi. J'ai cru qu'elle s'était barrée c'est tout.