Interview de Sharon Dogar (en anglais)
[...] mon coeur défaille et tombe en chute libre.
C'est ...comment dire ? Viscéral ? Explosif ? Volcanique ?
Qui sait ?
Les mots me manquent.
- Tu crois qu’un jour on découvrira notre existence ?
Elle m’a posé la question très doucement. (On ne sait jamais, il y a toujours des oreilles qui trainent. A peine nos parents nous entendent-ils poser une question qu’ils se précipitent dessus, comme un chat sur un rat, avant de la déchiqueter jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien pour nous, rien auquel nous ayons même envie de penser.)
- Aucune idée, j’ai répondu en m’asseyant à côté d’elle. Qu’est-ce que tu voulais dire exactement ? Simplement nous, ici, ou tous les Juifs ?
- Nous, ici, dans l’Annexe. C’est trop déprimant de penser à tout ce qui doit se passer ailleurs.
Je n’avais jamais compris que chuchoter pouvait créer une telle intimité.
- Ca ne va pas durer éternellement. Faut espérer.
- Tu ne penses pas ?
(…) J’ai jeté un œil sur son cahier, mais elle l’a tout de suite refermé. « Ah, ça doit être son journal ! » Et naturellement j’ai ajouté :
- Quelquefois, je regarde un objet que j’ai fabriqué de mes mains et je me demande s’il sera toujours là quand j’aurai disparu.
- C’est différent, a-t-elle murmuré.
- Différent de quoi ?
- Des mots, des histoires, des idées.
Nos têtes se frôlaient. Doucement, j’ai passé la main sur son journal. Elle n’a pas bougé.
- Mais ça, c’est un objet que tu as fabriqué, non ? Ces mots, ils seront toujours là, tu ne crois pas, même si on… on n’est plus là, nous ?
Elle me dévorait des yeux et cela me faisait du bien. Comme si j’avais réussi à la surprendre.
- Ils brûlent des livres, a-t-elle ajouté tout bas. Par piles entières. Des tonnes de bouquins.
- Je sais, Anne, mais ton père a raison, ils ne pourront jamais brûler les idées. En tout cas pas toutes.
L'obscurité se referme sur moi, m'étouffe, je ne peux plus bouger, je suis impuissante, immobile...
Bientôt je ne suis plus capable que de me raccrocher, dans le noir, à son prénom, comme on se raccroche au son d'un cœur qui bat, imperturbablement...
Et elle est vivante ; à tel point que même le soleil en réclame sa part, et c'est ça qui fait le plus mal. Qu'une personne aussi vivante doive aussi, finalement, mourir.
Finalement, ma mère a peut-être raison : il arrive que les gens meurent, un point c'est tout. On meut pour toutes sortes de raisons - parce que quelqu'un s'est mis en colère ce matin-là, ou qu'on est entré dans l'eau au mauvais moment, ou qu'on a traversé sans regarder. Il n'y a pas de logique, rien à comprendre, inutile de se torturer. C'est comme ça. Les histoires ont une fin.
Moi je sais ce qu’elle ferait, Charley, si elle se réveillait. Elle s’étirerait en bâillant et elle dirait… J’essaie d’imaginer quoi. « Pardon.» Ça, ça serait pas mal, à mon avis. Pardon d’être une garce égocentrique. Pardon de m’être cassé la figure dans la flotte sans réussir à me tuer proprement. Mais voilà,
« pardon », ce n’est pas trop le style de Charley.
Avant, je ne savais pas ce que ça voulait dire, être brisé, taillé en pièces. Maintenant si. C'est comme être paralysé sans s'en rendre compte, comme si on attendait, espérait qu'un jour les morceaux se remettent en place et que la vie ait de nouveau un sens-tout en sachant que ça n'arrivera jamais.
j'ai adoré ce livre.Peter le héros , amoureux d'Anne Franck nous raconte ce qui se passe dans l'annexe.
Ce livre est passionnant et là nous avons la description de ce jeune garçon ...et de la promiscuité qui est difficile a gérer.
Complémentaire au journal d'Anne Franck
A lire
- C'est un gamin !
- Non, il n'y a pas d'enfants ici. S'il a tenu jusqu'à aujourd'hui, c'est un homme.
J'aurais voulu purifier ma mémoire de ton image...comme la mer efface les châteaux de sable...