Shelby Kaly

Jett est comme un ravin dont je n'apperçois pas le fond et dans lequel j'ai envie de me jeter les yeux fermés sans regarder en arrière.

- Même en enfer, j'irai te chercher. Alors, ne fuis plus.

Sa langue fait l’amour à la mienne. Chacun de ses gestes est brûlant, enivrant. Sa bouche dévore ma mâchoire, descend sur ma poitrine qui lui répond en dardant. Il est chaud, ardent, rien ne l’arrête. Jamais je ne me lasserai de lui, jamais je n’en serai rassasiée. Plus le temps avance, plus ce sentiment qui pétille dans mon cœur pour lui grandit.

Je ne suis pas faible, sauf quand elle est près de moi. Elle me rend impatient, fou de désir et surtout heureux, et ça, c’est le plus important.

C’est se sentir puissant d’abord, parce qu’on s’empare de ce qui est le plus précieux au monde : la vie. Mais très vite ce sont les doutes et les remords qui prennent le dessus. Ça peut te hanter, nuit et jour. Certains ne parviennent même plus à vivre avec ça sur le cœur et se tuent pour cesser d’en souffrir. Qui sommes-nous vraiment pour décider de vie ou de mort sur quelqu’un ?

On dit que notre vie défile sous nos yeux au moment où nous sommes sur le point de mourir, que les images des instants importants de notre existence se déroulent dans notre esprit, faisant écho à des sentiments forts qui nous ont traversés. Peut-être que c’est vrai pour certains, pour moi non. La terreur me saisit, m’empêchant de reprendre mon souffle tant j’ai peur pour elle. Je refuse de croire ce qui est sur le point de se produire.

Ah ! Les femmes… Ces créatures aussi magnifiques que démoniaques. Méfie-toi toujours d’elles, Connor. Elles sont les plus grands prédateurs des hommes. Rien ne nous est plus dangereux. Surtout quand elles sont aussi belles et délicieuses que Megan et Alyssa.

Ah ! Que c’est charmant d’avoir autant confiance en soi, mais il faut prendre garde de ne pas se sentir pousser des ailes et tel Icare, les brûler à souhaiter voler toujours plus haut.

On a un trop lourd passif pour que je lui permette de s’en tirer comme ça. Si nous devons travailler ensemble, nous devons mettre à plat notre passé.

La fuite, les voyages interminables en avion, les lunettes de soleil sur le nez dès que nous sommes dans un lieu public, ou tout simplement les faux passeports qui nous font serrer les dents quand nous passons les bureaux d’immigration. Tout ceci me fatigue. J’ai l’impression de vivre telle une évadée recherchée par Interpol.

C’est comme respirer à nouveau, reprendre vie après un arrêt cardiaque, ou même avoir la vue qui s’éclaircit. Connor prend mon visage entre ses mains, caresse mes cheveux en arrière en me détaillant comme pour vérifier que je suis saine et sauve.

Il m’a volé une part de mon âme, de mon essence, pour la brûler dans la folie de son esprit. Une rage intense me consume, mais je dois la contenir pour ma propre survie. C’est un supplice, une agonie saignante, et je suis consciente que je vais devoir faire un énorme travail sur moi-même pour apprendre à la canaliser.

Il y a des décisions qu’on doit prendre pour sa propre survie. Des choix à faire qui nous marqueront à jamais. J’étais persuadée que le jour où je reverrais mon frère serait celui où je le tuerais de mes mains, en assouvissant une vengeance qui me déchiquette les tripes à chaque fois que j’y pense. Mais le destin en a conclu autrement.

Jamais un homme ou une femme ne m’a accordé de l’attention mis à part pour la satisfaction sexuelle que je pouvais leur apporter. Tu es le seul qui a voulu gratter sous la surface. Tu m’as fait peur au début. Tu voyais mes sentiments que je dissimulais si bien d’habitude. C’était très étrange et tu me troublais d’autant plus. J’ai l’impression qu’il n’y a que toi qui me comprennes.

Quand j’ai commencé à sortir avec des garçons, je détestais qu’on s’embrasse pendant des heures comme mes copines pouvaient le faire. J’ai rapidement compris comment fonctionnait mon corps. Mes rapports tactiles aux autres sont très vite devenus méthodiques et perfectionnés. J’ai toujours pris, parce qu’on ne me donnait jamais.

Ce n’est pas la course à l’orgasme, c’est une connexion qui ne devrait jamais s’arrêter tant c’est bon. Plus je gémis contre lui, plus je voltige dans les méandres de l’euphorie. Ma tête me tourne, je ne vois plus ce qui nous entoure. Il n’y a que lui et le gris perle de ses yeux perçants. Il me contemple comme si j’étais la plus merveilleuse femme sur Terre.

Ce supplice est particulièrement délicieux. Avant qu’il n’arrive à l’endroit le plus implorant de mon corps, il bifurque vers mon aine, puis chemine vers mon ventre. Je grogne, frustrée et à la fois amusée par ses taquineries épicuriennes. Sa langue joue avec mon nombril avant de progresser entre mes seins. Ses dents éraflent mes clavicules. Je me liquéfie sous lui, avide de la moindre de ses attentions. Il ne se presse pas, m’offrant une expérience sensorielle des plus grisantes. Moi qui ne prends jamais le temps, je savoure de découvrir une telle sensualité auprès de Connor. J’ai l’impression de mijoter avant de bouillir. Ses lèvres honorent mon cou, tirent sur mon lobe d’oreille puis viennent butiner ma bouche. Sa paume se pose sur ma joue, ses yeux gris me hurlent des sentiments que je n’avais jamais vus dans ceux des hommes que j’ai connus auparavant.

Je n’éprouve aucune honte de ma nudité, je sais très bien que je suis au goût de mon amant. J’ai cette chance, ou ce malheur, d’être une belle femme. Attirant les hommes dans mon sillage, ils me dévorent tous des yeux quand je passe. Sauf que ceci a bien failli causer ma perte. Mais avec Connor, je suis à l’aise, en confiance. Je me rends compte que c’est bien la première fois que je l’admets. Il se déshabille sans me lâcher du regard, sa fière turgescence s’élevant sur son ventre.

Ses yeux sont consumés par un désir certain. Je deviens brûlante, avide de la moindre parcelle de son corps, le mien le réclamant. Il s’approche de moi avec lenteur, ce qui me donne envie de grogner de frustration. Arrivé à ma hauteur, une de ses mains remonte vers la bretelle de ma robe puis la fait glisser délicatement sur mon épaule. Ses pupilles dilatées sont un spectacle dont je ne me lasse pas. La deuxième lanière suivant le même chemin que l’autre, mon vêtement s’évanouit sur le parquet.

Ces sentiments qu’il évoque, je ne les connais pas. Cela va au-delà du plaisir charnel. C’est parler de ce qu’on ressent à travers un acte intime, communier dans l’amour, témoigner à l’autre ce qu’il nous inspire. Je suis déjà incapable de dire à quelqu’un que je l’aime, alors le faire avec mon corps…