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Critiques de Sibylle Grimbert (142)
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Le dernier des siens

Je ne suis pas friande des récits animaliers, donc la lecture fut laborieuse lors des premiers chapitres et puis... la magie opère ! et je me laisse prendre par cette histoire entre un homme et un pingouin !

Nous sommes en 1835 et il est intéressant de connaître les prémices de l'observation du monde animal où le scientifique ne pouvait s'appuyer que sur des dessins, des témoignages relevés lors d'expéditions lointaines pour répertorier et comprendre le comportement des animaux.

Gus étudie la faune et la flore et va sauver d'un massacre un jeune pingouin, la logique voudrait qu'il soit expédié en France sous forme de dépouille pour être observé et étudier , mais le destin veut que Gus prenne l'animal chez lui et en fasse, presque malgré lui, un animal domestique ! c'est une relation particulière qui s'instaure et qui va durer 18 ans !

Et c'est cet attachement improbable que nous raconte avec beaucoup de talent Sibylle Grimbert. Il y a un contexte historique et géographique bien décrit et on ne peut être qu'admiratif du travail accompli par ces observateurs scientifiques si investis dans leur recherche , avec il faut le reconnaître, bien peu de moyens !
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Le dernier des siens

La scène introductive, d'une grande violence, est assez choquante avec notre regard du 21ème siècle mais je pense que dans ces années 1830-1850, la protection de la nature n'était vue que comme de la sensiblerie.

La suite et la principale partie du livre est consacrée à la relation entre cet animal exotique et Gus, ce naturaliste écolo avant l'heure. La vie d'homme de Gus, ses relations , son mariage, ses enfants sont mis au second plan et très peu approfondis au profit de son histoire avec le pingouin Prosp, le dernier de son espèce. Cela est décrit avec délicatesse, une dose d'humour ( la scène avec l'oie est drôle et émouvante) et une tendresse pour les personnages de Gus et Prosp qui ont leur personnalité propre . J'ai particulièrement apprécié les passages sur les questionnements de Gus à propos de ce que ressent son pingouin vis à vis des hommes, de ses congénères, de sa situation de dernier survivant dont, par ailleurs, il n'a pas conscience. Il en ressort une jolie poésie assez touchante, un peu comme quand on regarde son chien ou chat qui nous dévisage avec ses yeux doux sans savoir ce qu'il veut nous transmettre et certainement sans intention particulière mais peut être juste pour profiter du fait d'être ensemble.
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Le dernier des siens

Je suis passé par toutes les émotions dans ce livre. Entre colère, déception, tristesse, joie on retrouve tous les codes de l'humanité. Je me suis dit que ce livre est encore bien d'actualité à vrai dire. Il parle de la disparition d'une espèce à la fin du 19 ieme siècle. On peut retrouver finalement cette histoire pour des insectes ou encore les rhinocéros, éléphants. Pour ceux qui aiment ces sujets. Il est important d'illustrer ce que fait l'humanité et finalement l'inaction de tout le monde.



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Le dernier des siens

Un livre qui fait beaucoup de bruit à une rentrée littéraire est-il obligatoirement un livre à lire à tout prix ? On me permettra d'en douter.

Malgré des qualités stylistiques indéniables qui garantissent la fluidité de la lecture, il s'agit en fait d'un roman pour adolescents. On cherche à émouvoir à grand renfort de sentimentalité pour ne pas dire de sensiblerie, notamment dans le dernier tiers de l'ouvrage qui assure la fusion du héros humain et du héros animalier. On tombe alors dans l'utopie d'un paradis recouvré qui, curieusement, mène à la folie.

L'intention est bonne, qui veut pointer du doigt la disparition des espèces animales par la faute des hommes. Mais fait-on de la bonne littérature avec de bons sentiments ? Gide avait déjà répondu à la question.

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Le dernier des siens

Il faut avoir le coeur bien accroché pour lire la terrible scène liminaire où ces mignonnes petites bêtes se font allègrement massacrer ; et être d'un bel optimisme pour croire que tous les hommes ne sont pas indifférents à la détresse animale. De ce massacre, la narrateur parvient à sauver un pingouin, un seul, "le dernier des siens".



A la fois roman de la solitude et de l'amitié, l'auteure Sibylle Grimbert signe un roman étonnant. Au delà de l'invitation à voguer dans l'espace et à naviguer dans le temps, l'auteure nous invite, en creux, à nous interroger à notre rapport aux animaux, voire plus largement à l'autre qu'il soit à plumes ou à poils. Une très belle découverte.
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Le dernier des siens

Même si ce roman est une fiction , il nous renvoie à notre histoire et forcément à notre avenir. L’histoire fabuleuse entre le dernier grand pingouin et un scientifique est une allégorie de notre rapport à la nature qui nous entoure. Notre violence vis à vis de la nature est silencieuse. Par notre négligence, notre désinvolture, notre mépris, nous souillons notre environment, nous commettons l’irréparable dont les générations futures nous blâmeront. Merci pour ce livre qui est une ode à la vie , à notre responsabilité. J’ai aimé ce livre même si j’en conviens, il a déposé devant ma conscience un carton de mal être.
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Le dernier des siens

Bye-bye, les oiseaux que j'aimais,

ça se vide dans les rues.

Bye-bye, rendez-vous à jamais,

Les espèces disparues.



C'était une vaine espérance,

C'était une ultime errance,

Et le dernier grand pingouin est tombé…



Eddy, eh dis, c'est le dernier, le dernier billet de l'année.

Le dernier, demain c'est le dernier, le dernier jour de l'année.

On va tourner la page, et rester sage, même si on a la rage,

et on va continuer à faire semblant, pour faire sans blanc.

Faut pas s'arrêter, de s'agiter, pour ne pas entendre le silence,

cher à Rachel, car sonne l'heure de la sixième extinction.

Mais non, pas encore, il reste du temps, fais un effort et attends.

Combien de jours et de nuits, ça fait combien de dodos ?

Ah, euh, y'en a plus, désolé, eux aussi ont disparu…



Alors, comme ça, il est parti, il a quitté la banquise, il avait vachement chaud.

Mais pas du tout, c'était il y a presque deux siècles, il faisait encore très froid.

Alors, il a chuté sur la glace, il s'est luxé les pôles, surtout le nord.

Encore non. Au nord, y' avait les cor – mourants, un massacre, une hécatombe, une opération bébés phoques avant l'heure, mais c'est pas pour la graisse, qu'ils l'agressent, le grand pingouin, c'est pour la chair et les oeufs, ils ont fait comme chez eux, les pêcheurs, comme avec les crabes ou les bulots, c'est facile et ça peut rapporter gros, on assomme et on ramasse, en somme on fait d'la place, mais c'est pas du boulot.



« Quand les tueurs se relevaient, ils emportaient les pingouins flasques, la tête coincée dans leurs poings, les jetaient sur un tas, et l'on pouvait distinguer les deux taches blanches entre leur bec et leur oeil, comme des papillons posés sur la charogne ».



Lorsqu'il était sur la grève, il se mettait en pause, comme s'il faisait grève, en mode ponte et couvaison, quand c'était la saison. Il était maître-nageur, très à l'aise en plongée, mais faire un casse, fallait pas y songer, aucune menace, il était piètre voleur. Et c'était bien là son drame, aucune échappatoire, quand le crime se trame, direct à l'abattoir. Incapable de fuir, avec ses ailes atrophiées, trop facile de lui nuire, y pouvait pas s'méfier.

Erreur de la nature, qui fait parfois des ratures, car rester sur le bord l'a condamné à mort. Les pêcheurs avaient péché, et à trop se gaver, ne purent se faire pardonner. Instaurer des quotas, ça n'existait pas, vu qu'il n'était pas le roi des airs, ce devint le désert.

Et les manchots, me direz-vous ? Ils eurent plus de chance à l'autre pôle,

« on dirait le sud, le temps dure longtemps, et la vie sûrement, plus d'un million d'années.. »



Sibylle Grimbert, sous couvert d'un récit romancé, nous conte l'histoire du dernier grand pingouin, ou présumé tel. La relation qu'elle invente entre l'ultime oiseau plongeur et un scientifique humain rêveur, aux fabuleuses îles Féroé, lui permet de construire une aventure poétique, une quête de l'extrême, en essayant de repousser la mort, la disparition qui signifie l'extinction d'une espèce animale.

Entre l'homme Gus et l'oiseau Prosp naît une complicité qui prend des proportions absolument inédites. Comme pour le vieux Bolivar et le jaguar amazonien de Sepulveda, comme pour le vieil homme et le poisson d'Hemingway, la dualité qui s'instaure entre les deux protagonistes, l'humain et l'animal, est si profonde qu'elle annihile toute rationalité et élude la moindre explication scientifique. Nous sommes ici dans l'allégorie de l'homme face à son destin, une espèce qui s'éteint et tout le monde chavire.



Elle régresse

Son espèce,

N'est plus prospère

Et désespère.

En détresse

Elle cesse,

Et Prosp'erre…

Dans l'amer !



Une bonne dizaine d'années de complicité réciproque, avec des départs et des retours, chercher les siens, retrouver l'humain bienfaiteur, une quête désespérée, jusqu'au bout du destin.



« Un instant, en se souvenant de Prosp, Gus pensa qu'il aurait aimé lui expliquer ce qui lui arrivait, à lui, le grand pingouin. Il se serait excusé de l'avoir mis dans cette situation d'être encore vivant quand tous les siens avaient disparu ; il se serait excusé de ne pas lui avoir trouvé une compagne quand cela était encore possible, de l'avoir ainsi transformé en ce vieillard irascible qu'il était devenu et qui, pour le punir, l'avait quitté ».



C'était bien sûr sans issue, une relation vouée à l'échec, à une époque où l'on ne pouvait envisager l'extinction d'une espèce.

Domestiquer pour sauver, je ne peux m'empêcher de penser à l'oeuvre de Gérald Durrell, le naturaliste britannique frère de l'autre, dont l'enfance à Corfou le fit plus tard regrouper en un « zoo » à Jersey les espèces menacées qu'il découvrit lors de ses voyages naturalistes.

C'était un siècle plus tard, à mi-chemin entre le dernier grand pingouin et le monde actuel.

Cinq décennies ont passé depuis le décret de protection des rapaces, les vautours repeuplent le ciel des causses, des espèces ont été sauvées.

On a enfin compris qu'il faut préserver le milieu naturel pour maintenir la biodiversité. Il semble qu'on s'y soit pris très tard. Trop ?



Ce petit livre est un appel à reconsidérer notre rapport au vivant, une touchante douceur dans un monde de brutes.

Une magnifique façon de finir l'année, avant de changer le calendrier.





Il s'est taillé le grand pingouin

Un costard noir et vêtement chaud.

Tu ris, carnage des gros sagouins,

Plus la peine de faire d'exquis mots...



Prosper, yop la

BOUM !

… ce fut le dernier des siens.
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Le dernier des siens

Auguste, jeune zoologiste est envoyé par le musée d’histoire naturelle de Lille, pour étudier la faune du nord de l’Europe. Il s’installe à Stromness, la ville principale des Orcades (nord de l’Écosse), en janvier 1834.Lors d’un voyage, le bateau fait escale à Eldey une île au loin des côtes de l’Islande, et il assiste au massacre de Grands Pingouins ; par miracle il arrive à en sauver un et le rapatrie chez lui.



Le Grand Pingouin (Pinguinus impennis) d’environ 75 à 85 centimètres, pesait environ 5 kilogrammes, avec une zone d’activité sur le pourtour de l’océan Atlantique : contrairement aux manchots de l’hémisphère Sud, lui ne volait pas mais était un excellent nageur. Le dernier individu sera tué en 1844 à Edley.



Or donc, Auguste a eu la chance d’en capturer un, de plus vivant ! Qu’en faire ? Mort il aurait pu l’envoyer à Lille où il aurait été empaillé. Car son espèce s’avère être en voie d’extinction, et il réalise que si d’autres colonies n’existent pas à d’autres endroits, il détient le dernier animal. Et lui serait le dernier homme qui verrait un Grand Pingouin – Le dernier des siens –. Mais en vie, cela lui permet de l’étudier sous toutes les coutures, avant qu’il ne meure. Il lui donne un nom : Prosperous mais utilise le diminutif Prosp, et ainsi avec le temps il s’attache de plus en plus à lui. Avec le risque inhérent à son anthropomorphisme de le privilégier au détriment de sa famille. Car il a le sentiment de penser, de ressentir les choses comme Prosp ; pendant que leur monde disparaissait inéluctablement...



Un survol des notions de Lamarck, Darwin, Lyell permet de situer l’évolution de ces thèmes sujet à d’innombrables avis. Un sujet mis en exergue par les bouleversements, passés ou présent de la nature, qui impliquent la disparition d’espèces (connus ou non) ; e l’auteure y instille avec sensibilité la notion d’extinction massive. Mais il n'y a pas que les animaux qui sont concernés, car nous aussi, nous sommes presque morts !



Sybille Grimbert, auteure et « éthologue », relate un exemple de la perversité humaine et de l’acharnement à user, voire abuser des ressources quelques qu’elles soient, ce qui implique une vue à court terme qui malheureusement procède d’une volonté de trop consommer, de détruire dans l’immédiateté au détriment de notre avenir, et ainsi de cette façon, nous disparaîtrons probablement un jour, nous aussi. Un excellent témoignage dont le vent devrait dissiper le brouillard de l’indifférence.


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Le dernier des siens

J' ai eu un gros coup de cœur pour ce roman pas comme les autres !!

L' histoire est atypique, la plume poétique, le héros sensible, un peu torturé et touchant, le pingouin hyper attachant, et surtout, les réflexions sur l'humanité/animalité ont fait énormément écho en moi.

En effet, l' auteure va au-delà des réflexions classiques sur notre rapport aux animaux mais aussi à notre animalité, ce qui nous distingue (ou non) de notre animal de compagnie, elle questionne le lien d'amour, d' attachement et de finitude implacable.

Un roman brillant qui chamboule et fait réfléchir !! 👍
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Le dernier des siens

Un vrai coup de cœur pour ce roman qui nous emmène dans les années 1830-1850, entre Islande, îles de Nord de l’Ecosse et îles Féroé.



L’histoire d’une rencontre singulière, entre Gus, jeune scientifique parti en mission pour le Museum d’Histoire naturelle de Lille, et un grand pingouin, qu’il sauve après le massacre de sa colonie et qu’il recueille chez lui, dans l’optique de l’offrir à son commanditaire.



Tout d’abord dominé par la curiosité et la fierté de ramener un « trophée » unique au Museum, le regard de Gus évolue petit à petit. De plus en plus soucieux du bien-être de « son » pingouin, il développe progressivement un vrai sentiment de responsabilité vis-à-vis de l’animal, qui se mue en véritable attachement. Dans le même temps, émerge petit à petit la prise de conscience douloureuse que cette espèce est en train de disparaître. Et que l’Homme en est responsable.



Un récit très touchant, servi par une écriture d’une grande sensibilité

Un duo qu'on n'oublie pas !

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Le dernier des siens

Ce qui est rare est convoité puis disparaît. Ce qui s’éteint est par la suite oublié. Un constat extrêmement douloureux quand l’homme agit en toute conscience, en épuisant les ressources naturelles et en décimant des êtres vivants. Insignifiant grain de sable, l’humain dédaigneux grippe l’engrenage de la nature et imagine à tord que ses actions sont sans conséquences et que ce qu’il n’a plus sous les yeux a migré ailleurs.



Mer du nord, milieu du 19ème, il nous est conté l’histoire touchante d’un attachement inattendu entre un zoologiste et un grand pingouin survivant d’un massacre auquel le scientifique a assisté sans saisir la gravité de cet événement. A travers l’introspection de l’homme, on nous parle surtout de prise de conscience, de responsabilité et de désarroi face à un animal sauvage domestiqué qu’on aime, privé de sa véritable nature par la faute des hommes. Finalement qui du scientifique éveillé et du grand pingouin, est le dernier des siens?

Un récit puissant qui se révèle à la fois un véritable ode à la nature et un cri d’alarme.
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La horde

J'avais une grande attente en plongeant dans « La Horde » de Sybille Grimbert, enthousiaste à l'idée d'explorer l'histoire d'une possession démoniaque. Cependant, malgré la présence du démon, l'expérience a laissé un goût de déception. Le démon en question m'a parfois évoqué un bébé chat, oscillant entre des moments de mignonnerie et des tentatives, certes timides, mais démoniaques. Après tout, il s'agit bien d'un démon ! Progressivement, il prend possession de Laure, une jeune fille de 10 ans, et tente, d'une manière plutôt douce, de corrompre son âme.



L'écriture du roman est agréable, empreinte de finesse et parfois même poétique. Cependant, il faut reconnaître que l'action est plutôt limitée dans ce livre. J'ai saisi l'intention de l'auteur, qui semble nous inviter à nous questionner sur la nécessité des démons pour corrompre l'humanité. C'est une critique subtile de notre nature humaine. Malgré cela, j'aurais apprécié quelque chose de plus percutant, de plus horrible que ce que j'ai trouvé. Ganaël, le démon, se révèle finalement être le personnage le plus sympathique à mes yeux. Les autres personnages m'ont paru un peu fades ou trop caricaturaux.



Malgré cette déception, j'ai passé un moment de lecture agréable. Cependant, mes attentes étaient peut-être trop élevées. Le roman offre une exploration intéressante, mais j'en espérais davantage en termes d'intensité et de profondeur.
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Le dernier des siens

Ouh là quelle entrée en matière ! Un massacre de pingouins… nous sommes malheureusement une espèce cruelle et destructrice.

1835, Eldey, petite île au sud-ouest de l'Islande. Gus, un jeune zoologue sauve un pingouin blessé et le ramène chez lui.



Alors que Gus à sauvé ce pingouin par pur intérêt professionnel, au fil des jour lui et l'animal s'observent et apprennent à s'apprivoiser. À vivre avec cet étrange oiseau, Gus en vient à s'interroger sur la condition animale qui à cette époque n'intéressait personne et à vrai dire n'était même pas un concept.



Rapidement on apprend que ces pingouins ont une valeur marchande énorme du fait de leur rareté. Mais alors pourquoi ce massacre du début de tous les individus et de leurs oeufs !?? C'est se tirer une balle dans le pied, ça ! de ce fait, la situation m'a généré une angoisse sur le devenir de ce pingouin là, qui a d'autant plus de valeur qu'il est le dernier et donc qui peut être convoité par des gens malveillants.



Gus et Prosp (le pingouin), deux solitudes qui s'unissent, s'observent, se découvrent, et finissent par avoir besoin l'un de l'autre.

À une époque où les animaux existaient essentiellement pour nous servir, cette belle histoire parle d'amitié inter espèce, d'ouverture d'esprit, de confiance et d'attachement.



Pour moi, cette lecture, ça a été comme d'observer deux créatures étranges : le Prosp et le Gus. J'ai eu souvent l'impression d'avoir sous les yeux deux animaux, l'un pingouin, l'autre humain, et les voir évoluer dans un environnement qui ne leur était pas familier, dans des circonstances inhabituelles, pour l'un comme pour l'autre, qui se recréent une famille à eux deux.



Une belle méditation sur le respect de la vie et sur la valeur qu'on accorde ou non à celle des animaux. Mais aussi une réflexion sur notre responsabilité dans l'éradication des espèces que beaucoup trop d'entre nous minimisent.

Et si ce roman racontait aussi la quête de l'eldorado des pingouins ? de leur Éden ? Car Prosp est seul, il ne connaît aucun pingouin. C'est bizarre ce que je dis ? Ce livre amène à se poser des questions singulières... Tour à tour révoltant, triste, intrigant, mignon, drôle, émouvant, attendrissant, toutes ces émotions m'ont habitée. Je me suis même demandé si cette histoire ne me faisait pas glisser dans l'anthropomorphisme, prêtant à Prosp des pensées qu'il n'a pas. Car bien sûr les pingouins ne pensent pas, du moins pas comme nous. Mais il m'est souvent apparu comme un petit garçon dans ses attitudes. Et je l'ai adoré ! le lien qui se crée au fil du temps entre Prosp et ce doux dingue de Gus est assez magique, et magnifique.



Des moments lyriques et éthérés, beaux comme du Mozart, quand l'autrice imagine les pensées de Prosp, qui ignore qu'il est un grand pingouin, une très belle écriture au service d'une histoire d'amour entre lui et sa famille d'humains, lui le dernier de son espèce dont Gus endosse la culpabilité car il est un homme et donc de ceux qui portent cette terrible responsabilité. Sibylle Grimbert met en parallèle l'essence même de ce que sont Prosp et Gus, dont les facultés essentielles ne sont absolument pas les mêmes, et ça rend ce qui les unit d'autant plus beau.

Je me suis surprise à rêver d'avoir la chance de connaître un Prosp. Oui mais voilà, il n'y en a plus. Les humains l'ont fait disparaître de la surface de la Terre.

À l'aube de la sixième extinction, ce roman est un bel hommage, rendu aux espèces disparues par notre faute.
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Le dernier des siens

-Ohé, il y a quelqu’un ?

-…

Non, le problème c’est qu’il n’y a plus personne.

Gus a beau arpenter la terre à la recherche d’un compagnon pour Prosp, son grand pingouin, force est de constater que les pingouins semblent avoir été rayés de la carte. De grand pingouin point.

En 1835, Gus, jeune assistant du naturaliste du musée d’histoire naturelle de Lille, est missionné pour leur rapporter un spécimen de grand pingouin mort ou vif.

Gus embarque sur un bateau en partance pour l’île d’Eldey, au large de l’Islande, à la recherche du fameux spécimen. Gus assiste, dans une relative indifférence, à une boucherie féroce perpétrée par les marins, sitôt le pied posé sur l’île. Le massacre des pingouins, qui tentent vainement de protéger leurs œufs est total, tous sont méthodiquement exterminés, œufs compris.

Par un heureux concours de circonstance, Gus réussit à capturer une des rares pingouins ayant réussi à s’échapper en se jetant à l’eau (c’est le pingouin qui s’est jeté à l’eau, pas Gus). Gus repart sur les Orcades, son précieux butin bien vivant sous le bras, bien décidé à l’expédier en France, et d’accélérer sa carrière par la même occasion.

Une relation inattendue va alors se développer entre Gus et le pingouin baptisé Prosp, l’animal sauvage va être petit à petit domestiqué, et une relation de confiance va s’établir entre eux.

Le doute va alors s’immiscer dans l’esprit de Gus, de moins en moins décidé à voir son pingouin finir empaillé dans un musée…

La première partie du livre est celle que j’ai trouvé la plus intéressante avec la description des mœurs et des croyances de l’époque ; les scientifiques n’ont pas encore élaboré l’idée d’une possible extinction des espèces par les actes des hommes, ni leurs conséquences pour la planète. Le mécanisme d’apprivoisement mutuel, qui se met en place petit à petit entre Gus et Prosp, est très réaliste et bien décrit, et le lecteur devient le témoin de cette entente hors-norme.

Malheureusement, après ce démarrage prometteur, mon intérêt est allé ensuite decrescendo. Gus part aux îles Féroe, et à partir de là, le récit tourne en rond, puis à vide, dans la dernière tentative de Gus de trouver des congénères à Prosp.

Ce roman, s’il permet d’éveiller les consciences sur les dégâts irrémédiables causés par l’homme sur la planète, s’est avéré à mon gout un peu trop gentil, fade, répétitif tout particulièrement sur la fin. Sybille Grimbert et Gus ressassent en boucle la disparition des espèces, et il m’a manqué des idées nouvelles, un souffle pour repartir sur la fin de la lecture, ou une mise en perspective avec nos connaissances et projections actuelles.

Malgré ces bémols, c’est une lecture qui peut très bien convenir par exemple à un public adolescent sensible à la cause environnementale, et permettre une première prise de conscience sur les impacts irrémédiables de nos actes sur la planète.

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Le dernier des siens

Le dernier des siens nous plonge dans un 19ème siècle où les naturalistes parcourent le monde pour récupérer des spécimens au nom de la science, de la connaissance. Ici, nous suivons un jeune scientifique, Gus, jusqu'en Écosse, où il va vivre avec le dernier Grand pingouin...



C'est une histoire qui m'a bouleversé, touché. Sibylle Grimbert réussi à mettre tant d'humanité et de bestialité dans cette histoire, à rendre si vivant ce siècle où les Hommes ont menés moultes espèces au bord de l'extinction à force de chasses effrénées, de massacres. Et où ces mêmes Hommes ont réussis, dans leur grande ignorance, à faire disparaître des espèces animales...

En lisant ce livre, je me suis sans cesse demander ce que les personnes qui ont vu le dernier Grand pingouin ont pu penser... C'est une question que je me pose encore et toujours et pas que pour cette espèce d'ailleurs. Comment réaliser que l'on voit le dernier individu d'une espèce ? Quels sentiments peuvent surgir dans ces moments là ? Comment ne pas se sentir coupable en tant qu'humain ? Comment ne pas avoir honte ?

Cette histoire fait écho avec ce que nous vivons actuellement, ou tant d'espèces sont toujours menacées par nos agissements.

En plus d'être une belle histoire, bien que triste, l'auteure nous fait facilement imaginer ce que pouvait être la vie en cette moitié de 19ème siècle, du moins nous en donner un mince aperçu. Et que ce soit dans un contexte naturaliste m'a beaucoup plu car ce n'est pas souvent le cas dans des romans historiques.

L'illustration d'un individu de Grand pingouin en couverture est magnifique !



C'est une histoire poignante que je lirais de nouveau assurément !



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Le dernier des siens

Sibylle Grimbert, l'auteur de ce roman situé au milieu du XIXème siècle, a réussi à l'écrire en tenant compte des connaissances et à priori scientifiques de l'époque (avant la révolution engendrée par C. Darwin et son "L'origine des espèces"). L'anthropomorphisme y est très présent, tout comme le refus de croire à l'extinction de certaines espèces sauf accidentelles.

C'est une jolie histoire, un jeune scientifique recueille un grand pingouin qui devient son "compagnon" pour des années et mettra longtemps à comprendre la véracité de l'extinction de cette espèce du fait de la surchasse des hommes ; il ne l'acceptera jamais ce qui l'amène au seuil de la folie.

Cela se lit aisément sans être un tourne-page
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Le dernier des siens

Gus, un naturaliste français de la première moitié du XIXème siècle, sauve Prosp, un grand pingouin, et le garde en tant qu’animal de compagnie pendant plusieurs années.

Je n’ai pas été convaincu par ce livre dans aucun aspect. D’un côté, je crois que j’ai eu un problème avec l’écriture et qu’elle ne m’a pas emporté. C’est un texte très descriptif, mais qui n’apporte pas grande chose à l’histoire ni ne permet pour autant de s’évader aux différents paysages que Gus et Prosp vont visiter ou habiter. Le personnage de Gus était sans personnalité ni intérêt. Et par rapport à l’histoire, je n’ai pas accroché et je ne comprends pas son intérêt : pourquoi essayer de faire passer comme une histoire d’amitié ou de compagnonnage l’inaction de Gus face à l’extinction des grands pingouins ?
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Le dernier des siens

Gus, envoyé par le Muséum d'Histoire Naturelle de Lille, assiste en 1835 au massacre d'une colonie de grands pingouins. À bord, il recueille un animal blessé, qu'il rapporte à son domicile. Au début, Gus ressent un intérêt scientifique pour le pingouin qu'il est chargé d'envoyer, mort ou vif, au musée. Mais le temps passant, une relation plus délicate et profonde se crée entre les deux individus. Bientôt, des émotions et des questionnements secouent Gus, qui voit ce qu'il croyait acquis comme savoirs s'émietter.



J'ai lu ce roman avec une boule dans la gorge. Celle que j'ai ressenti en parcourant la galerie des animaux disparus du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris où, justement, est exposé un grand pingouin majestueux. Cette galerie que l'on traverse le pas lourd, en chuchotant, en demandant pardon, en étant désolé d'être humain finalement.



Prosp le pingouin est le personnage principal de ce roman. C'est lui qui dicte à Gus ses actions, et non l'inverse. Sans tomber dans le pathos, l'autrice parvient à rendre compte de la gravité d'une situation inextricable. Prosp est le dernier des siens, l'espèce va disparaître avec lui et il semble le savoir. Point de fin heureuse ici, donc, mais la beauté de l'union improbable de deux compagnons disparates et pourtant réunis. Apprivoisement, respect, compréhension mutuelle, attachement, amitié.



Gus vit à une époque où Darwin n'a pas théorisé l'évolution des espèces, et où la seule extinction récente est le dodo (présent aussi au Muséum). Le roman permet de suivre le chemin intellectuel de Gus, de ses savoirs empiriques à ses observations de l'oiseau-poisson, qui lui apprennent tant que cela secoue ses propres fondations. L'homme serait donc responsable de la disparition d'une espèce entière ? La terre ne serait pas prolifique à l'infini ?



Cette prise de conscience s’accompagne d'une souffrance qui résonne douloureusement aujourd'hui. Plus le roman avance, plus j'ai ressenti cette douleur. J'ai d'ailleurs stoppé la lecture quelques jours, histoire de garder Prosp un peu plus longtemps en vie, au moins entre les pages d'un livre. Puis, la fin étant inéluctable, j'y suis retournée. Et comme d'habitude, j'ai demandé pardon.



Bilan :

Un roman à l'esprit naturaliste, pourtant court en nombre de pages, qui sonne comme un classique et résonne dans notre société actuelle. Si vous êtes sensible aux jolies phrases, aux émotions pures et aux couloirs poussiéreux de la galerie de l’évolution, ce livre est à découvrir sans hésiter. Une grande réussite !
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Le dernier des siens

Quelle lecture douloureuse, émouvante et essentielle à la fois. Ce court récit raconte le sauvetage impromptu d'une grand pingouin par un naturaliste, alors que cette espèce est massacrée par l'homme pour sa viande, ses plumes, sa graisse. Il va se créer entre l'homme et l'animal une étrange relation, à travers leurs voyages, leurs aventures, tandis que Gus cherche toujours une solution pour Prosp. Malheureusement, rien ne vient, et il se prend dans les filets de réflexions sur le rôle de l'humanité, sur l'extinction d'une espèce, essayant de comprendre pourquoi.



C'est vraiment bouleversant d'assister à l'extinction pure et simple d'une espèce, aux côtés du dernier représentant, pourtant pas vraiment un "vrai" pingouin, n'ayant pas connu les joies et douleurs d'une existence sauvage.



J'en ressors le cœur meurtri et encore plus en rage contre toutes les excuses qui ont servi (et servent) à tuer des animaux, puis à s'étonner de leur disparition. Une lecture vraiment nécessaire alors que la 6e extinction de masse s'accélère et que l'humanité en est la principale responsable.
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Le dernier des siens

Une histoire rafraîchissante qui nous porte au-delà des mers.

Une façon originale de mener l'attention sur l'extinction d'une espèce.

Donner à prendre conscience de l'autre, aussi insignifiant que notre inhumanité nous le montre.

Le dernier des grands pingouins est le témoin de ce que nous avons perdu à cause de notre appétit d'ogre.

D'autre espèces animals, seraient ravis de nous voir lire ce récit.
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