Citations de Sidonie-Gabrielle Colette (1635)
Il m'importait,comme à beaucoup de femmes,d'échapper au jugement de certains êtres,que je savais sujets à l'erreur,enclins à une certitude proclamée sur le ton affecté d'indulgence.Un tel traîtement nous pousse,nous,femmes,à nous écarter de la vérité simple comme d'une mélodie plate et sans modulations,à nous plaire au sein du demi-mensonge,du demi-silence,et des demi-évasions.
Un métier, pourtant vieux et invétéré, s'éloigne de nous quand un honneur, un désastre, un exode unanimes, dévolus à une nation entière, nous prennent dans leurs lames de fond... Mais il revient. Au bout d'une longue route, je n'ai pas prévu que j'allais si loin pour buter contre une table - terme, obstacle, récif ; échassière, ou bassette conçue pour les repas alité, guéridon boiteux d'un hôtel -, contre une table à écrire. Tous les spectacles suscitent un devoir identique, qui n'est peut-être qu'une tentation : écrire, dépeindre. Je n'ai vu, de cette guerre-ci, aucune de ses violences sous des lueurs incendiaires. A chaque écrivain incombe la tâche de travail que lui désignent ses facultés, le hasard, le déclin ou la vigueur de son âge.
388 - [La Livre de Poche n° 3841, p. 6]
Évadé de sa vie passive, il savait chevaucher, passer au travers des murailles; il savait surtout voler. le corps incliné comme celui du plongeur qui descend à travers l'onde, il perçait nonchalamment, du front, un élément dont il connaissait les ressources et les résistances. Bras ouverts, il lui suffisait de biaiser l'une ou l'autre épaule pour modifier la direction de son vol, et d'un léger coup de reins il évitait le choc d’atterrissage. D'ailleurs il atterrissait rarement.
Ecrire..C'est le regard accroché,hypnotisé par le reflet de la fenêtre dans l'encrier d'argent-la fièvre divine qui monte aux joues,au front,tandis qu'une bienheureuse mort glace sur le papier la main qui écrit.
(Colette,La vagabonde)
Non,Claudine,jene frémis pas.Tout celà c'est la vie,le temps qui coule,c'est le miracle espéré à chaque tournant du chemin,et sur la foi duquel je m'évade.
(Claudine s'en va, Colette)
Chercher l'amitié,la donner,c'est d'abord crier:"Asile!Asile!" Le reste de nous est sûrement moins bien que ce cri,il est toujours assez tôt pour le montrer.
Personne n'a encore si bien construit dans l'imaginaire ...
La liberté est là, dans l'acuité du regard, dans la force et la justesse
de la vision.
Colette a été la première à se situer comme "sujet"
en face d'un homme devenu "objet" p 188
je ne suis pas faite pour le comique ;
tout le monde n'est pas Marguerite Moreno. p 186
Je n'ai pas encore pu comprendre que les vivants ne dédient
aux morts qu'un cérémonial triste.
Charles Trénet, nous nous conaissons depuis bien longtemps
et si le hasard l'avait voulu ... nous avons été un tout petit peu
épris l'un de l'autre. p 181
que vous a appris l'espèce cheval
j'ai longtemps regretté le cheval comme un amour manqué,
si vous voulez !
c'est la bête qui voit le plus de fantômes, des choses qui n'existent pas
et qu'il invente p 170
il est amusant de penser que vous avez écrit Julie pour évoquer les chevaux :
je les aime. p 169
Bel Gazou : je tâchais qu'elle me mente le moins possible.
Mais on ne peut pas empêcher un enfant de mentir.
ça serait violer sa personnalité. p 146
Je ne sors guère mais je ne m'ennuie pas écrit-elle à nathalie clifford barney
début 1950.
La souffrance même très vive n'exclut pas le divertissement de l'esprit
p 65
Colette précise que le père de sa mère avait du sang noir
(quarteron" et qu'on le surnommait "le gorille" p 13
(Meye)
Douée du don souverain de l'observation, plus sensible à la réalité
qu'à l'imaginaire, son oeuvre est une longue chronique,
un reportage de GENIE sur la vie, sur les êtres et sur la nature ...p 11