AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Alain Brunet (Préfacier, etc.)
EAN : 9782253109341
218 pages
Le Livre de Poche (02/06/2004)
3.65/5   225 notes
Résumé :
Petite-fille et nièce adorée de deux demi-mondaines, Gigi s'applique à manger délicatement du homard à l'américaine, à distinguer une topaze d'un diamant jonquille et surtout à ne pas fréquenter " les gens ordinaires ".
On lui apprend son futur métier de grande cocotte. Mais Gigi et Gaston Lachaille, le riche héritier des sucres du même nom, en décident autrement. Gigi, un des rares romans d'amour heureux de Colette, donne son titre à ce recueil qui réunit tr... >Voir plus
Que lire après GigiVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
3,65

sur 225 notes
5
10 avis
4
9 avis
3
5 avis
2
1 avis
1
0 avis
Pourquoi est-ce que j'aime tant Colette ?
Parce qu'elle écrit au plus près de la nature, humaine, animale ou végétale.
Parce qu'elle saisit en quelques pages l'atmosphère, celle de la société de l'époque décrite ou l'ambiance entre quelques personnes.
Parce qu'elle dessine le coeur des femmes
Parce qu'elle n'hésite pas à s'embarquer dans l'imagination débridée d'un enfant malade.
Parce qu'elle se met du côté des plus petits, des plus fragiles, pour s'immiscer dans leurs pensées les plus intimes.
Parce qu'elle est sensible.
Parce qu'elle m'émeut.
Parce que son style est riche, plein de mots savoureux, fleurant bon le café, le gigot de mouton, le parfum des mimosas …

Oui, j'aime Colette et son amour pour la campagne, pour les jardins clos, pour les bêtes, pour les enfants tristes, pour les jeunes femmes perdues, pour les jeunes filles naïves et naturelles.
Alors j'ai aimé ces quatre nouvelles : Gigi, L'enfant malade, La dame du photographe, Flore et Pomone.

Et je vous recommande cette lecture, elle est vivifiante, tendre, au plus près de la nature. Humaine, animale et végétale.

Commenter  J’apprécie          5814
Cette Gigi m'a un peu agacé au tout début de son histoire, mais peut-on lui faire le reproche que le destin qu'on lui façonne est d'aller voir du côté de ce qu'on appelle, certainement à tort, le beau monde ? Gigi est la première des quatre nouvelles qui composent ce recueil écrit par Sidonie-Gabrielle Colette.
Gilberte, dite Gigi, est une jeune Parisienne de quinze ans, une demi-mondaine de la Belle Époque, qui vit avec sa mère et sa grand-mère. Comme son métier d'actrice laisse peu de temps à la mère, ce sont la grand-mère et la tante Alicia qui ont décidé de lui faire son éducation de future courtisane, lui apprendre les manières, les codes, le savoir-vivre.
Mais il se dégage de cette nouvelle un rêve d'amour en partance, une joie pure qui bondit dans les pages de cette nouvelle, la fraicheur de Gigi, aux allures presque naïves, y est sans doute un peu pour quelque chose, mais cette adolescente qu'on cherche à dompter, n'a peut-être pas dit son dernier mot et va bousculer le cours des choses...
Tout comme Gigi, les trois autres nouvelles mettent en scène un personnage central. J'ai beaucoup aimé la seconde nouvelle, L'enfant malade, touchant de douceur et de compassion, d'un ton poétique qui m'a séduit. Ici encore ce n'est pas la douleur d'un enfant souffreteux qui nous invite mais plutôt son imaginaire éperdu comme une fenêtre tendue vers sa guérison qu'il espère...
La dame du photographe, elle aussi est touchante de poésie et de fraternité, de sororité devrais-je dire plutôt, autour de cette femme, Mme Armand, qui se résout à mettre fin à ses jours. On est pris par la main dans une sorte de bovarysme à la façon de Colette, dans un texte généreux, jamais désespéré.
Enfin, la dernière nouvelle, Flore et Ponome, bucolique à souhait, nous surprend par son côté autobiographique puisque Colette se met elle-en même en scène, évoque son amour immodéré pour les jardins, à un moment où elle nous révèle avec amertume qu'elle n'en possède déjà plus aucun. Ici j'ai eu le bonheur de croiser Jean Giono, ami de l'écrivaine. Elle est déjà âgée, évoque cependant l'envie de renouer avec la terre, avec le végétal. Ce dernier récit est teinté d'un lyrisme débridé, foisonnant d'odeurs et de couleurs, on sent presque l'humeur de la terre dans les doigts qui tournent les pages. Ici c'est le mystère de la vie que convoque Colette, au travers des jardins de son enfance, de ses voyages aussi. Une force sensuelle sous-jacente habite ces pages et c'est avec émotion qu'on imaginera l'étreinte du coeur de l'écrivaine décrivant la beauté d'une fleur, tandis qu'elle pense peut-être qu'elle est déjà au soir de sa vie...
Ce qui lie ces quatre nouvelles est peut-être simplement une manière harmonieuse d'aborder l'existence et de s'y tenir debout.
Commenter  J’apprécie          484
D'une écriture aisée, succulente et très riche, variant d'une nouvelle à une autre, Colette nous dresse, dans ce livre constitué de quatre nouvelles, le portrait intéressant de quatre personnages qui semblent vivre en parfaite harmonie avec leur environnement, alors qu'au fond d'eux sommeille une nature insoupçonnée, qui peut surprendre une fois révélée. Je me suis précisément régalée des deux premières nouvelles qui se fondent sur les rapports entre parents et enfants...
Gigi est une adolescente qui a l'air naïf, se laisse guidée par sa grand-mère et la tante Alicia pour devenir une femme mondaine, une courtisane coquette, d'autant plus sa mère est une actrice qui ne dispose pas de temps pour elle. Mais elle n'a pas encore dit son dernier, surtout quand l'oncle Gaston Lachaille se pointe devant elle avec des intentions de grandes personnes, elle va bouscouler les consignes reçues...
L'enfant malade est un texte poétique avec lequel, comme le titre l'indique, on s'attend à subir des tensions psychologiques d'un enfant privé de mobilité, dépendant entièrement de sa mère et de sa nounou, beuh non, le malade se crèe tout un monde d'espoir au dedans de lui, il se situe entre rêves et réalités, ça lui épargne de succomber de l'intérieur...

Commenter  J’apprécie          390
Je ne savais pas, en choisissant de lire Gigi, qu'il s'agissait de 4 nouvelles, j'ai donc été surprise de me retrouver nez à nez, au bout de 65 petites pages, avec une fin un peu abrupte, et désolée de voir cette histoire se finir si vite. Je me suis néanmoins régalée des descriptions par Colette de cette famille où l'on est cocotte de mère en fille, et où Gigi, sublime adolescente de quinze ans, aux longues jambes "héronnières" et aux yeux "d'un beau bleu foncé d'ardoise mouillée" encore naïve et enfantine, est éduquée dans le but de perpétuer la tradition familiale. Quel régal, même si la trame fait quand même froid dans le dos.
J'ai trouvé la 2ème nouvelle L'enfant malade un vrai festival de poésie et d'imagination, mais incroyablement lugubre.
La 3e nouvelle, Emma Bovary à la sauce Colette?
La 4e et dernière nouvelle, un joyeux bavardage botanique :))
Sans hésiter, je prèfère Gigi, mais avec Colette, tout se lit avec plaisir.

CHALLENGE SOLIDAIRE 2021
Commenter  J’apprécie          152
Je ne sais pas si c'est dû à la maturité mais ce court roman que Colette a écrit sur le tard est un bon cru.
J'aime beaucoup "Gigi" cette jeune parisienne de quinze ans qui est rebelle à sa façon face aux convenances qu'on essaie de lui inculquer en cette fin du 19ème siècle.

Gilberte, dite Gigi, est élevée par trois femmes dans un milieu plutôt modeste. Elle vit avec sa mère Andrée, sa grand-mère Mamita et visite souvent sa grand-tante Alicia. Ces dernières veulent en faire une femme du monde.

Andrée est chanteuse et n'a pas le temps de s'occuper de sa fille. Elle la laisse donc entre les mains des anciennes cocottes qui cherchent à l'installer "le plus confortablement possible" avec celui que Gigi appelle tonton Gaston, riche industriel sucrier, avec lequel elle n'a pourtant pas de lien de parenté.
Elle ne veut pas jouer le jeu des demi-mondaines en manque de notoriété. Briller ne l'intéresse pas, pourtant elle l'aime bien ce Gaston qui lui parle de Feydeau et du théâtre. Si l'adolescente est naïve, elle souhaite quand même décider de sa vie.

Colette met beaucoup d'humour pour décrire le milieu où la position sociale compte plus que les sentiments. Avec malice, elle montre comment sont organisés les mariages arrangés avec de toutes jeunes filles. Heureusement, elle est dans la dérision et pour l'époque c'était probablement osé.


Challenge Riquiqui 2023
Challenge Coeur d'artichaut 2023
Challenge XXème siècle 2023
Commenter  J’apprécie          120

Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
Protégé, précoce, il s'était emparé promptement des hiéroglyphes de la typographie, allant aussi follement au travers des livres qu'à chevaucher les nuées, forcer les paysages inscrits sous les surfaces polies, ou rassembler autour de lui ce qui, pour tels privilégiés, peuple secrètement l'air. (...)
Aucun livre sur la table n'attendait le choix de Jean. Les textes imprimés, quel que fût leur format et leur poids, dormaient clos, veillaient ouverts dans la même couche que l'enfant malade. Une grande tuile de reliure, au pied du lit, pesait parfois sans qu'il s'en plaignit sur ses jambes qu'une vie avare irriguait.
De ses bras restés valides, il tâtonna autour de lui, ramena quelques tomes brochés, haillonneux et tièdes. Un volume ancien darda, de dessous l'oreiller, sa corne amicale. Les brochés, tassés en coussin, prirent leur place contre une petite hanche de garçonnet maigre, et la tendre joue enfantine se pressa contre la reliure de veau blond, qui datait d'un siècle. Sous son aisselle, Jean vérifia la présence d'un dur compagnon favori, un volume trapu comme un pavé, bougon, robuste, qui trouvait le lit trop doux et s'en allait généralement finir sa nuit par terre, sur le tapis de chèvre blanche.
Commenter  J’apprécie          133
La vie a bien du mal à me déposséder. Je n'aurai jamais fini de recenser ce que le hasard a fait mien.
Je possède en propre à peu près tout ce que j'ai perdu.

Ne m'offrez pas de lauriers-roses. Je ne veux que des lauriers et des roses.
Mon choix ne fait pas qu'assemblées les fleurs que je nomme flattent l'oeil. Et d'ailleurs j'en oublie. Mais rien ne presse. Je les mets en jauge, les unes dans ma mémoire, les autres dans mon imagination. Elles trouvent encore là, grâce à Dieu, l'humus, l'eau un peu amère, la chaleur et la gratitude qui peut-être les garderont de mourir.
Commenter  J’apprécie          131
- Maman, tu ne veux pas qu'on le fasse mettre, le téléphone ?
- C'est une dépense, dit soucieusement Mme Alvarez. Nous sommes déjà très juste...Le téléphone n'est vraiment utile qu'aux hommes qui font de grosses affaires et aux femmes qui ont quelque chose à dissimuler.
Commenter  J’apprécie          145
- Appelle ta mère, Gigi! Liane d'Exelmans s'est suicidée.
- Oooh!..., s'écria longuement la petite. Elle est morte.
- Que non! Elle connaît son affaire.
- Qu'est-ce qu'elle a pris, grand-mère? Un revolver?
Mme Alvarez regarda sa petite-fille d'un air de commisération:
- Tu n'y penses pas. Du laudanum, comme d'habitude: Sans pouvoir répondre encore des jours de la belle désespérée, les docteurs Morèze et Pelledoux, qui ne quittent pas son chevet, ont émis un diagnostic rassurant... Mon diagnostic à moi, c'est que Mme d'Exelmans, à ce jeu-là, finira par se détériorer l'estomac.
- L'autre fois, grand-mère, c'était pour le prince Georgevitch, n'est-ce pas, qu'elle s'est tuée?
- Où as-tu la tête, ma chérie? C'était pour le comte Berthou de Sauveterre.
Commenter  J’apprécie          40
Dans la dame du photographe:

" Pardon?... ah! vous mettez le doigt sur la difficulté . Assez de quoi, justement? Une femme si heureuse, comme disait Mme Gâteroy en parlant de moi. Une femme si heureuse, mais parfaitement, c'est ce que j'aurais été si j'avais eu dans ma petite vie, de place en place, quelque chose de grand. Ce que j'appelle grand? Mais je n'en sais rien, madame, puisque je ne l'ai pas eu ! Si je l'avais eu même une fois, je vous garantis que j'aurais bien reconnu tout de suite que c'était grand!"
(p.131)
Commenter  J’apprécie          60

Videos de Sidonie-Gabrielle Colette (43) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sidonie-Gabrielle Colette
« Chéri » de Colette lu par Julie Pouillon l Livre audio
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (781) Voir plus



Quiz Voir plus

Sidonie gabrielle Colette

Le père de Colette est

Facteur
Ecrivain
Capitaine
Journaliste

13 questions
193 lecteurs ont répondu
Thème : Sidonie-Gabrielle ColetteCréer un quiz sur ce livre

{* *}