Citations de Sonia Marmen (100)
Il contempla le désir graduellement la métamorphoser et prit brusquement conscience de ce qu’il faisait. Dans un gémissement de frustration, il l’écrasa de tout son poids pour l’empêcher de bouger encore. Les corps étaient faits pour s’unir. Mais, pour dompter la bête, avec un plaisir malin, la nature avait doté l’homme d’une implacable raison.
Une femme peut être autre chose qu’une mère…
Le pouvoir, certes, était un mal nécessaire pour le maintien d’un certain ordre. Mais cela devait se faire dans le respect de l’être.
Pour rendre plus acceptable l’idée de l’assujettissement, on la nuancera. Or, on ne parlera plus d’esclaves, mais d’ouvriers. De la servitude pure et dure, ils passeront à la servitude volontaire. À la base, ils resteront des gens exploités et privés de leur dignité et de leur pleine liberté.
Et ces gens acceptent cette vie parce qu’ils n’ont d’autre choix que de le faire. À mes yeux, cela s’appelle aussi de l’esclavage. Je dois cependant me rendre à votre entendement pour une chose : les ouvriers n’appartiennent qu’à eux-mêmes. C’est une liberté illusoire, mais dont ils disposent tout de même pour leur permettre de rêver encore un peu. À mon avis, l’émancipation des esclaves ne proposera pratiquement qu’un transfert du fouet d’une main à une autre.
Le goût et l’arôme du sucre sont de suaves et plaisantes douceurs, Miss. Elles font oublier l’amertume du café.
Des choses changeront sans doute. L’importance des changements sera proportionnelle à celle du désastre. Les hommes ne vont généralement pas au-delà de leur souffrance.
Croire est l’attestation d’une réalité.
Les esclaves disent que leurs âmes libérées retournent au pays de leurs ancêtres, reprit-elle. Le sentiment d’immortalité apporte celui de l’invincibilité.
Si on sait que rien ne se crée et que rien ne se perd, que ce soit en parlant de la matière ou de l’énergie, l’existence des duppies, autrement dit, des fantômes, est possible.
En vieillissant, cette façon d’aimer change, n’est-ce pas ? Car on en vient à mélanger les émotions. Alors, la joie se mitigé, la colère se teinte de pudeur, la peur craint le ridicule… L’amour n’est plus ce qu’il était à l’origine. La pureté s’est envolée. On assassine l’enfance en toute impunité, Miss. Elle est pervertie par les monstres du vice et de la duplicité. La cupidité, l’orgueil, la luxure, l’égoïsme, l’envie et leurs semblables font des enfants des adultes, Miss.
Combien de femmes ont été internées pour aliénation mentale simplement parce qu’elles devenaient encombrantes ? Une femme qui boit trop et qui est saisie d’hallucinations devient dangereuse pour elle-même et pour les autres. Et tout ce qu’elle raconte est puisé dans ses délires.
L’amour. La voix des secrets du cœur que personne ne déchiffrerait jamais. Ne pas chercher à comprendre ce qu’elle dictait. Il fallait seulement se laisser guider par elle.
Les femmes ne sont pas comme les hommes. Quand elles se donnent, c’est avec les sentiments.
Peu importe ! Si Amy ne l’avait pas giflé, il l’aurait prise. Sauvagement. Avec plaisir. Avec mépris. Comme on possède une putain. Ces femmes qui se donnaient sans scrupules. Sans pudeur. Sans amour. Cette enveloppe de chair tendre dans laquelle les mâles se vidaient de leur haine de l’amour.
Tout était l’œuvre de Dana. C’était elle qui avait construit le nid familial. C’était encore elle qui avait pourvu aux besoins affectifs de chacun de ceux qui s’y ajoutaient. Avec sa chaleur, sa douceur, elle avait su rendre les enfants heureux. Par son intelligence, elle avait dirigé leur petit monde et en avait fait un lieu sûr. Avec art, elle l’avait peint de couleurs, tantôt joyeuses, tantôt apaisantes. Dana connaissait les nuances des émotions vraies.
Avec les domestiques, on ne fait pas de chichi pour obtenir un baiser… et même parfois…
Parfois, il faut faire ce qu’il faut faire. Les nègres sont paresseux. Il n’y a qu’un pied au cul qui fait bouger une vache obstinée.
Quand ils se décident, ces nègres peuvent vraiment devenir une horde incontrôlable de bêtes sauvages.
L’orgueil de savoir qu’il pourrait encore plaire à une femme de sa qualité. Mais aussi, qu’il pouvait encore ressentir quelque chose d’autre qu’un simple désir physique pour une femme.