Il arrive parfois qu’on doive se séparer des gens qu’on aime.
De la même façon qu’elle séparait, la mort rassemblait. On sortait les mouchoirs et essuyait des yeux secs. On offrait des fleurs et des condoléances. On se comportait convenablement. Airs solennels et chuchotements de circonstances.
Ce petit garçon allait la transformer. Il avait solennellement remercié Sukey. Merci n’appartenait pas au vocabulaire qu’employaient habituellement les hommes buckras avec les négresses. Sukey reçut sa reconnaissance comme la plus haute marque d’estime qu’un homme blanc pouvait démontrer à une femme noire. À partir de ce jour, elle avait refusé d’être payée pour travailler pour lui. Jusqu’à la mort de Sukey, leur relation s’était poursuivie dans le respect mutuel, sentiment plus fiable que la passion. Il avait appris que la passion ne prenait pas toujours sa source dans l’amour. Qu’on pouvait confondre les deux.
Les nègres ne s’en prenaient habituellement pas aux femmes blanches.
Fouiller les affaires personnelles d’autrui était mal, Charlotte le savait. Un journal intime était pire que tout. Jamais elle ne se permettrait de violer ainsi la vie privée de son amie.
Quelle vie misérable tu mènes Nicky ! tu te noies dans tes propres illusions .Tu te cache dans ta propre demeure....
Le mal était une bête enchainée à soi .À vivre des mois avec , il avait cru l'avoir enfin apprivoisée et endormie .Les bêtes sauvages étaient indomptables.Quand elles de réveillaient , elles happaient et mordaient cruellement sans prévenir.Les crocs dans le coeur . La vérité tuait plus sûrement que le doute
Éberlué, une colère sourde lui retombant dans les poings qu'il retenait contre ses cuisses, Francis le vit s'éloigner.Puis il revint vers le bastinage .Devant la détresse de son maître Halkit demeurait silencieux.Francis évaluait la distance qui les séparait de la côte.Un homme en bonne santé aurait pu franchir sans trop de difficulté .Mais un problème se posait.
Par le Christ ! je ne sais pas nager ! explosa - t -il en désespoir de cause.
Quelque chose frôla ma main. J'ouvris les yeux.
Frances s'était agenouillée devant moi et me tendait le petit mouchoir brodé de tante Nellie.
- Demain, tu dois retourner à Carnoch, maman.
- Oui, hoquetai-je entre deux sanglots. Pourra-t-il jamais me pardonner d'avoir douté de lui?
- Papa t'aime, et aimer n'est-il pas pardonner?
- Frances... C'est parfois si difficile de pardonner.
- Il comprendra que tes mots ont dépassé ta pensée.
J'essuyai mes yeux et me mouchai; je caressai la joue de ma fille qui me regardait avec compassion.
- Je ne sais pas; sa blessure est profonde. Mais je le souhaite de tout mon coeur.
Si la défaite avait laissé aux insurgés un goût amer , elle ne leur avait pas enlevé l'espoir d'arriver un jour à leurs fins . Certes , les anglais nous avaient à l'oeil.Mais les années passeraient , et un jour un homme se lèverait et brandirait de nouveau une croix ardente.Alors les clans sortiraient de leur léthargie et fourbiraient l'acier tranchant de leur armes , astiqueraient leurs mousquets.Puis les cris de guerre retentiraient dans les vallées pourpres et ocre des Highlands et feraient vibrer les guerriers endormis.Le sang des Gaels se remettrait à bouillir dans leurs veines.Les anglais devraient se méfier de l'eau qui dort . Les écossais avaient la tête aussi dure que le granit de leurs montagnes:Jamais ils n'abandonneraient