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Citations de Sophie Fontanel (194)


Ces temps-ci, quand je pense à ce que j'essaie de sauver, je ressens un tel besoin d'aide que ça me fait trembler. Aider quelqu'un, je le sais maintenant, c'est avoir aussitôt soi-même besoin de secours. Et ces jours, je bois toute sympathie comme un buvard, et la moindre bonté me fait l'effet de l'amour. Jamais je n'ai eu autant la conscience des autres, moi qui ai fondé ma vie sur la liberté. J'ai depuis peu des idées nouvelles, par exemple sur ce que ça veut dire « être présent ». Je pense sans cesse qu'un jour moi aussi je serai âgée, moi aussi je pas- serai un cap et je devrai m'en remettre à la bienveillance d'autrui. Lorsque ce jour viendra, qui dans ce monde pourra faire pour moi ce que je fais pour ma mère ? Qui sera présent? Qui me soutiendra quand, à mon tour, je serai une personne vulnérable? Et est-ce que je me tuerai un jour, pour cause de ce manque d'amour très particulier qui est le manque d'aide ?
Je la regarde, cette mère épuisée de quatre-vingt-six ans, après que je l'ai couverte d'affection, de jonquilles pour sa maison, de soins, de paroles réconfortantes, d'une nouvelle robe, d'une galette des Rois, de bonbons au gingembre, de plaisanteries sur le cours des choses, de récits enjolivés de mon quotidien, de foi certaine dans le fait qu'à notre époque les gens vivent si longtemps qu'on ne peut plus dire, et qu'au bout du compte on ne peut plus donner aucune norme, je lui affirme qu'elle a meilleure mine, je la regarde, oui, et devant son insouciance retrouvée, la blague qu'elle a de nouveau la malice de faire, je me dis: " Encore un effort, et elle ne mourra pas."
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Sophie Fontanel
Nous avons peut-être beaucoup plus d'un destin
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Il y a l'âge où l'on peut partir. Où une semaine d'absence vaut pour un jour. Où on affirme que ça ne vaut pas la peine de partir si c'est pour une semaine. Où on joue avec les ponts, les fêtes nationales. Où chaque date fériée est un temps bourré de possibilités.
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Elle dit « ma grande » à toutes, « mon grand » à tous. Et jamais personne ne répond : « Pas de ça avec moi. » Elle dit que c'est l'enfant qui se décourage et s'affaiblit en nous, pas l'adulte accompli, qui lui affronte l'adversité jusqu'à la mort. C'est l'enfant qu'il faut applaudir dans la personne âgée. Et ça marche, ces personnes cajolées, elle les grandit. Ceux qui restaient couchés, elle les assied. Ceux qui restaient assis, elle les lève. Et ceux qu'elle a mis debout, elle leur rend leurs pas. Des miracles opérés jusque sur ma maman bringuebalante. Elle exauce ce que je ne peux pas accomplir. Car moi, au nom des lois filiales de la pesanteur, si ma mère glisse de mes mains, j'ai la tentation de m'effondrer avec elle. Et qui sait si ce ne serait pas sur elle ?
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Maintenant qu'elle oublie tant de choses, elle peut savourer les joies de l'improviste. Je dis que je viens, et puis je viens, mais elle, elle avait oublié que je venais, et pour un peu elle m'applaudirait. Chaque visite est un coup de foudre. Chaque personne, une rencontre nouvelle. Chaque biscuit salé, un mets à tester. La manière dont une fleur s'ouvre : du jamais- vu. La manière dont le soleil lui lèche les pieds: un miracle. « Tu trouves pas quand même absolument fabuleux d'en connaître un peu moins? » elle me dit. Mais qui est ce génie qui m'enseigne la vie? J'en arrive à penser que seule l'immobilité donne des ailes aux humains. À voir les autres tant s'agiter et ne rien comprendre. Bien sûr, son insouciance ne vaut que par mes responsabilités accrues, c'est moi qui dois penser aux détails et à l'évidence. Je l'accepte. Elle m'a fait ce cadeau quand j'étais enfant, de me délivrer du poids du quotidien. Les frites délicieuses arrivaient par miracle. À Noël, le cadeau onéreux dont je rêvais sans grande illusion car j'en connaissais le prix, il arrivait lui aussi. Si je voulais seller mon lit pour en faire un alezan, elle procurait du cuir. Elle aurait procuré de l'avoine si ça avait pu faire mon bonheur. Et même le cheval entier si elle avait eu l'argent. Oui, elle a fait de mon enfance une vraie enfance. Je peux bien rendre, à présent.
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J'ai donné ce que je voudrais recevoir. Tout vient de moi, rien ne viendra jamais pour moi.
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On entend souvent dire que ce n'est pas beau de vieillir. ce n'est pas faux. Ce qu'il y a, c'est qu'à la place d'être beau, c'est sublime. Mais le sublime, parfois, on n'en voit pas l'utilité.
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Je découvrais qui j'étais : une veille femme. Ce n'est pas tant ce que le temps fait, c'est ce qu'il défait.
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Tout ce qui a besoin d être mélodieux en nous finit par se frayer un chemin.
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Que les rides donnent un sens à la vie, je l’ai compris trop tard. Et aussi que si l’on ne prend pas la pente de l’âge, la mort devient un précipice, et une angoisse insupportable survient.
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"Ne vous inquiétez pas, Josée : je peux répondre. Vous n'aurez rien à faire de moi.
J'ai offert mon corps à la science. Elle s'est servie, ce matin. Et je vais retourner à mon or. »
Il fallut expliquer.
Que l'or, c'était le kaolin, comme à l'époque où le génie humain en fit de la porcelaine.
Que l'or, c'était le hameau, des coquelicots à l'infini, et un endroit microscopique qu'on appelait
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Mais revenons au pli : sans plis de l'âme, pas d'âme. C'est par les rides que l'on comprend les choses, grâce à elles que l'âme peut descendre en rappel tous les échelons et les remonter. Aller profond et, pour finir, un jour, s'envoler.
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Durant quelques secondes, je voulus tout envoyer promener, repartir comme j'étais venue, retourner vers mon kaolin, ou même aller plus loin, errer, fuir une nouvelle fois. Laisser les gens se faire un monde. Mais malgré la fraîcheur de la nuit, je perçus les doigts mystérieux et brûlants dans mon dos. Et cette chaleur m'obligeait, comme vous oblige un jour la générosité. C'était plus fort qu'un ordre auquel on veut opposer une résistance. C'était une révélation.
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Nous avons déridé le monde , madame, c'est ça, l'histoire. C'est ce que j'essaie de vous dire depuis le début. Vous êtes - cela ne va peut-être pas vous plaire - la dernière femme ridée sur Terre.
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Durant quelques secondes, tout refaire me parut mieux que mon lent naufrage. Devrais-je encore me montrer? Qui a raison, qui a tort? Chacun remonte le fil du temps comme il peut. Certains se détendent, d’autres se font repriser.
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C'est fort le ressentiment
Cela vous vient de dedans
Moi je n'en avais jamais éprouvé aucun
C'était ça mon destin
Dans un monde féru de vengeance
Ma douceur pouvait ressembler à une incohérence
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Mais nous ne sommes pas à Nice
Ici on n'a pas de plage pas de galets polis par la mer
Ici les pierres sont tranchantes
On vit en pente
C'est escarpé peuchère
Et en plus ça glisse
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Et Jansen me racontait
- C'est parti d'un projet
Le Domaine naturiste d'Heliopolis
Créé par des médecins deux frères
Une concession acquise dans les années trente
Une portion de terre
Sans eau sans électricité au début sans notice
Ils y croyaient si fort
A la vie au soleil
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En 1926, Paul Eluard publié Capitale de la douleur.
Douleur et douceur, qu'une simple lettre sépare .
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À 8 heures du matin, ça y est, j'avais accepté. Je me levai, je filai chez ma mère, je m'assis sur une chaise près du lit : "Maman, je lui disais pour la première fois depuis l'enfance : je t'aime. Tu es ma vie. Et comment, si je t'aime, toi qui es ma vie, je pourrais te laisser là dans ce lit, à l'abandon ? Je ne le pourrais pas. Écoute, je veux que tu me donnes l'autorisation d'appeler le docteur, qui appellera l'ambulance, et tu seras dans un hôpital, mais tu seras soignée, et je t'aime. Et je te donnerai du courage, je le pourrai. Tu veux bien ?
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