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Citations de Sophie Fontanel (194)


(...) Aux antipodes des drames que chacun traverse
Dont on va vite un peu partout
A raconter qu'ils nous constituent
Une immense douceur attend en nous
(...)
le moment d'épancher sa grandeur
(...)
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Je découvrais que les hommes ont peu de personnes à qui ouvrir leur cœur. Qu’ils sont plus pauvres que nous. Leurs états d’âme, lorsqu’ils se les bouffent, leur font un bâillon.
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L'arbre que tu plantes dans ton jardin. Pour toi ce ne va être qu'une galère de tuteurs. Mais un jour, pour d'autres, l'acacia s'élèvera dans le ciel, où tu seras déjà, et il fera de l'ombre à ceux de ton sang, et toi tu n'en feras plus à personne. Tu ne seras que lumière pour ceux qui se souviennent. Une soirée d'été, quelqu'un de ta descendance sera là sous cet arbre, à humer la douceur. Ce petit-fils, cet arrière-petit-cousin, cette arrière-arrière-petite-nièce, qui que ce soit, il ne pensera plus à ses déceptions. Au contraire, il se sentira accueilli dans une plénitude, sous l'arbre muet la nuit. Alors il se dira: "D'où vient tout cet amour?" (page 145)
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A la radio, un médecin soulignait que plus un individu fait l'amour, meilleur il devient dans tous les domaines. Et moi j'éclatai de rire. Mon air railleur n'empêchait nullement cet homme de persévérer dans son catéchisme. Il rappelait que le corps humain est une mécanique, et la comparait, cette machine, au métro de Taipei, à Taiwan. Il y a des années de ça, un vice de fabrication avait concerné le béton des piliers soutenant ce métro aérien, fraîchement construit. Eh bien, sans passagers, ce métro avait fonctionné, jour et nuit, sans quoi il aurait rouillé. Selon ce médecin, une prophétie similaire planait sur le corps sexuel. Si on n'en faisait pas usage, il se dégradait.
On pouvait téléphoner à l'émission pour apporter un témoignage. J'avais composé le numéro. Plus rapidement que prévu, j'étais tombée sur un standardiste qui demandait ce que le sujet du jour m'inspirait. J'avais dit que j'étais révoltée... J'avais dit que les redoutables et ultramodernes conventions de notre époque étaient partout mais que, naïve, je m'étonnais de les trouver ici, dans une bonne émission de radio. J'avais démontré que ce n'était pas vrai, cette histoire que plus on fait l'amour, meilleur on devient. Par exemple, St François d'Assise, mère Téresa, le dalaÏ-lama, Bouddha ? Et que penser du compagnon qui fut des heures exaspérant et hostile, il a négligé votre dévouement, il vous a humiliée devant les autres, il a maudit votre souffle et il entend la nuit se réconcilier à bon compte ? On se rapproche de lui par la force des choses, en le haïssant. Est-ce bon pour la santé, ça ? J'avait dit : "Pourquoi donner à la vie sexuelle une valeur en tant que telle ? Il y a une multitude de dispositions intérieures, de circonstances extérieures. Ce qui rendrait meilleur, ce serait de ne rien croire aux propos canoniques de ce médecin." J'avais proposé : "Laissez aux gens le trésor qu'ils possèdent. Leur équilibre indéfinissable." Indéfinissable, j'avais appuyé.
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Je ne sais pas si l'amour rend aveugle mais j'ai pu croire que la solitude rend clairvoyant.
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Je venais d’apprendre qu’une grande solitude sait toujours parler à une autre.
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Ces temps-ci, quand je pense à ce que j'essaie de sauver, je ressens un tel besoin d'aide que ça me fait trembler. Aider quelqu'un, je le sais maintenant, c'est avoir aussitôt soi-même besoin de secours. Et ces jours, je bois toute sympathie comme un buvard, et la moindre bonté me fait l'effet de l'amour. Jamais je n'ai eu autant la conscience des autres, moi qui ai fondé ma vie sur la liberté. J'ai depuis peu des idées nouvelles, par exemple sur ce que ça veut dire « être présent ». Je pense sans cesse qu'un jour moi aussi je serai âgée, moi aussi je pas- serai un cap et je devrai m'en remettre à la bienveillance d'autrui. Lorsque ce jour viendra, qui dans ce monde pourra faire pour moi ce que je fais pour ma mère ? Qui sera présent? Qui me soutiendra quand, à mon tour, je serai une personne vulnérable? Et est-ce que je me tuerai un jour, pour cause de ce manque d'amour très particulier qui est le manque d'aide ?
Je la regarde, cette mère épuisée de quatre-vingt-six ans, après que je l'ai couverte d'affection, de jonquilles pour sa maison, de soins, de paroles réconfortantes, d'une nouvelle robe, d'une galette des Rois, de bonbons au gingembre, de plaisanteries sur le cours des choses, de récits enjolivés de mon quotidien, de foi certaine dans le fait qu'à notre époque les gens vivent si longtemps qu'on ne peut plus dire, et qu'au bout du compte on ne peut plus donner aucune norme, je lui affirme qu'elle a meilleure mine, je la regarde, oui, et devant son insouciance retrouvée, la blague qu'elle a de nouveau la malice de faire, je me dis: " Encore un effort, et elle ne mourra pas."
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Je ne sais pas si l'amour rend aveugle, mais j'ai pu croire que la solitude rendait clairvoyant.
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Hélas, on ne peut s'ensorcer sans s'isoler. UNe femme ne le peut pas. D'ailleurs, un homme ne le peut davantage.C'est simplement qu'il s'en rend moins compte.
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Les talons étaient les indices décisifs de l’accessibilité des femmes, puisque, perchées, on ne peut pas partir en courant.
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C'est alors que, d'une voix où ne pointait aucune ironie, aucun dédain,aucun ascendant, aucune cruauté, elle me fit cette remarque : " je te demanderais de te jeter par la fenêtre, tu le ferais." On sait comment ça se passe, parfois on a l'instinct de tout prendre mal, c'est dans l'enfant en nous. Je ne sais pas pourquoi, j'ai eu la force d'entendre qu'elle ne voulait pas m'agresser, qu'elle essayait de me dire autre chose, de constructif, quelque chose que je n'avais jamais voulu accueillir en moi. Et moi : " bien sûr que je le ferais, si tu me le demandais, ça voudrait dire qu'on serait au rez-de-chaussée...." J'eus son sourire céleste en hommage à ma maturité. Et je vis - je le jure- la paix tomber sur moi, la première main chaude de mon existence. La guerre que j'avais faite aux autres était terminée.
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Non. Ce n'est pas pareil. L'enfant, vois-tu, ton projet c'est de le sortir de la dépendance. C'est plus qu'un projet, c'est une mission. Et attends, c'est plus qu'une mission, c'est l'avenir. Un enfant, c'est quelqu'un qu'on rend indépendant. Il te quittera, pour vivre. Il a des chances de vivre, même s'il est malade, même s'il s'en sort mal. Tu peux y croire. Jusqu'au bout, tu peux penser que s'il guérit, il est sauvé, que s'il a son bac, il est sauvé, que s'il sait se lier, il est sauvé. Alors que ta maman, où tu l'emmènes ? L'indépendance à venir, ce sera la tienne. Jusqu'au bout c'est toi l'enfant que ta mère autonomise. C'est elle, la mère. Laisse-toi chambouler, parce que, mon amie, ce qu'elle est en train de parfaire, c'est ton éducation.
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C'est affreux de comparer la sexualité à la servitude d'une scolarité. J'ai conscience que ces notions de devoirs à rendre, d'enseignement fastidieux, d'ennui et de rapport au pouvoir vont donner une mauvaise image de celle que j'ai pu être, dans une culture où les êtres humains mourraient plutôt que d'avouer avoir eu, à un stade de leur histoire, une lassitude sexuelle.
(p. 14)
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J'écris : "Mon amour, vous m'avez fait passer une année merveilleuse. Quand je vous ai rencontré, j'étais quelqu'un qui se protégeait. Bien malin qui aurait pu m'approcher, sauf quand vraiment j'avais à me prouver que j'étais une femme. Vous, vous m'avez bouleversée...."
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"Maintenant qu'elle oublie tant de choses, elle peut savourer les joies de l'improviste. Je dis que je viens, et puis je viens, mais elle, elle avait oublié que je venais, et pour un peu elle m'applaudirait. Chaque visite est un coup de foudre. Chaque personne, une rencontre nouvelle. Chaque biscuit salé, un met à tester. La manière dont une fleur s'ouvre: du jamais vu. La manière dont le soleil lui lèche les pieds : un miracle."(...) Bien sûr son insouciance ne vaut que par mes responsabilités accrues, c'est moi qui dois penser aux détails et à l'évidence, je l'accepte. Elle m'a fait ce cadeau quand j'étais enfant, de me délivrer du poids du quotidien. Les frites délicieuses arrivent par miracle."
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J'ai donné ce que je voudrais recevoir. Tout vient de moi, rien ne viendra jamais pour moi.
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Sophie Fontanel
Les livres, on ira les acheter que si l'on comprend qu'il y a de l'or dedans. Sinon on est condamnés à acheter des livres en raison du bruit qu'ils font, pour finir, trop souvent, bien déçus par leur musique réelle.

L'Obs, publié le 15/9/2019 sur le site
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C'était mon premier roman, j'avais vingt-sept ans, il l'avait acheté. En demandant une dédicace, il avait expliqué que c'était un cadeau pour sa femme, qui m'appréciait. J'étais bien peu connue pourtant. J'avais levé les yeux vers lui, émerveillée. Je ne sais pas, ça nous avait liés pour toujours, le fait qu'ils m'aient cueillie à la source, par mon écriture. J'avais beau ne pas aimé être identifiée comme écrivain (comment prendre au sérieux une telle convention !), j'en étais un, nom de Dieu, et si d'aventure quelqu'un s'en rendait compte, je lui donnait mon cœur.
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Son pays perdu lui remontait, ses ancêtres pendus, leur maison abandonnée à des pillards, la pauvreté. Elle révélait qu'en réalité le statut d'enfant d'émigrés [arméniens] l'avait humiliée, enfant [dans les années 1930]. Une fois, troisième de sa classe, elle n'avait pu monter sur l'estrade pour enlacer le livret de Caisse d'Epargne offert aux lauréats, le directeur de son école avait dit : « Troisième... Anahide Drezian. Anahide Drezian n'étant pas française, nous passons à la quatrième. »
(p. 69-70)
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Je l’avais remarqué à la mort de mon père, aucune convalescence n’est autorisée à durer. Les gens tolèrent votre inactivité pendant un laps de temps, hélas du jour au lendemain ça s’arrête. Vous êtes toujours dans la perte, eux ils ont fait votre deuil.
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