Citations de Sophie Marvaud (134)
Les animaux sont nos cousins, et pourtant, nous, les humains, nous distinguons d’eux tous, se disait-elle. Chez les mammouths, les bisons, les cerfs ou les rennes, les femelles vivent en groupe pour mieux protéger leurs petits ; les mâles sont solitaires, sauf à la saison des accouplements où ils s’affrontent, parfois jusqu’à la mort. Mais nous, les humains, n’avons pas de longs poils de laine qui poussent sur notre dos ; l’herbe ne suffit pas à nous nourrir ; nos petits restent fragiles et dépendants très longtemps.
J'ai refusé de devenir chamane, répliqua sèchement Bulia. Les Esprits ne parlent qu'à travers des blessures considérables. Sache que chaque chamane a franchi deux fois les portes de la mort: pour découvrir son refuge et pour en revenir.
C’est très important de se parler quand on ne vit pas de la même façon.
À quoi ça sert, de faire des blagues, si c'est pour rire toute seule dans son coin ?
D'après Joy, le paysage enneigé sous les étoiles était d'une beauté magique. Elle semblait convaincue qu'on allait croiser la Reine des Neiges.
Je n'ai pas peur des rides des personnes âgées. C'est le signe que leur vie a été très longue. Et donc, qu'elles ont plein d'histoires passionnantes à raconter.
C'est ça, le vrai courage. Avoir peur... et y aller quand même.
- La magie noire fait appel à la part de noirceur qui est enfouie en chacun de nous...
Ta voix a le son du vent dans les arbres
Ta chevelure ressemble aux longues herbes de l'été
Le reflet de l'étang est pareil à tes yeux...
- Votre proposition est dégoûtante ! Votre projet est affreux ! Terrible ! Odieux ! ... Bref, c'est le meilleur !
Comme Bassan l'expliqua à ses invités, Joli-Coffre allait être déposé sur un rocher dans la mer des Va-et-Vient. La marée montante allait le submerger progressivement. En luttant pour respirer, il allait ouvrir grand la bouche. Ce qui permettrait à l'âme de Pas-de-Géant de s'échapper. Aussitôt, l'Esprit du Vent l'emporterait vers le village. Si les Pêcheurs s'étaient contentés de noyer Joli-Coffre, l'âme aurait été engloutie avec lui et elle n'aurait jamais trouvé la paix.
L'océan n'était pas peuplé de monstres marins comme on le croyait chez les Cultivateurs. Il servait de berceau à l'astre du jour. C'était dans cette immensité liquide que le soleil émergeait après la longue éclipse de la nuit.
Selon la tradition des chamanes, apprivoiser un loup n'était possible que si l'on trouvait une femelle le jour de sa naissance. (...) Les Esprits faisaient à Puissance-de-Licorne un cadeau exceptionnel. Mais puisqu'elle devait habituer la louve à la présence du feu, ils exigeaient qu'elle s'éloigne des Quatre-Encoches.
Chez ces deux religions, le catholique et le protestant, la foi n'éveillait aucune compassion pour leurs semblables; elle leur offrait juste la certitude qu'ils avaient raison.
Ce soir là, à Gergovie, tous les hommes arvernes qui comptaient étaient accueillis par leur chef, Celtillos. Les aristocrates faisaient une entrée fracassante, à cheval, jusque devant le banquet dressé en plein air. Vêtus de braies colorées, forts et de haute taille, ils paraissaient encore plus grands avec leurs cheveux blonds ou roux dressés sur leurs têtes comme des palmiers.
Il n’y avait qu’à regarder leurs dos courbés vers le sol, leurs visages tannés par le soleil et le vent, leurs doigts tordus par les rhumatismes. Du début du printemps à la fin de l’automne, femmes et hommes se levaient tôt chaque matin pour travailler dehors, poussés par la nécessité de nourrir leurs familles.
Le chamane s’était immobilisé. Il continuait à fixer les flammes d’une manière telle que La Vivace se demanda s’il dormait les yeux ouverts. Le feu crépitait à leurs pieds et, au bas de l’abri, les vagues se fracassaient contre les rochers à intervalles réguliers.
Tizia ne pouvait s’empêcher d’utiliser un talent qui lui donner autant de plaisir. Mais elle restait aussi discrète que possible. Ce pouvoir de créer des images semblait défier les Esprits.Tout le groupe la considérait avec circonspection.
Lorsqu’ils quittèrent la montagne, la neige commençait à fondre. Des sources jaillissaient un peu partout. La rivière, beaucoup plus large qu’auparavant, s’était remise en mouvement et charriait de fines plaques de glace. Ils n’eurent qu’une hâte : trouver un lieu sans danger où installer le campement.