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Citations de Stefan Hertmans (139)


Le mépris des officiers francophones, l'humiliation publique et le traitement désavantageux dont font l'objet les soldats flamands sont d'autant plus insupportables que le sacrifice de vies humaines prend de l'ampleur. Le comportement des officiers contraste fortement avec la manière dont les Wallons ordinaires nous témoignent leur amitié, et se montrent la plupart du temps solidaires : de la chair à canon, voilà ce que nous sommes tous.
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Je regarde autour de moi : il n'y a que des espaces à l'abandon, sans nom, comme en a laissé partout dans le monde les grandes industries. Dommages collatéraux urbains. La mare où mon grand-père a dû voir son apparition bucolique est profondément enfouie sous le béton armé des silos à grains.
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C'était un mariage, écrit-il, "fondé sur un amour profond et sincère et, lorsque ma mère caressait les joues amaigries de son mari qui toussait, elle lui disait parfois "mon beau vagabond", et ses yeux gris clair s'embuaient".
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On appelait autrefois cette ville (Le Caire) le grand pressoir de l'amour, car il y vivait quantité d'éphèbes et de vierges orientales, d'aventuriers, d'amants enflammés au sang chaud, de riches célibataires et de détenteurs du pouvoir obsédés par la perfection des jeunes corps, d'amants clandestins indolents, ralentis par le vin et le hasch, qui faisaient l'amour entrelacés pendant des heures, écoutant le déferlement des vagues et le vent qui semblait renifler les cimes des platanes comme l'aurait fait un chien en y fourrant son museau.
Telle est la représentation exotique, le rêve orientaliste dont Edward Saïd a dit qu'il correspondait à un monde de faux-semblants de l'élite culturelle coloniale.
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Sans en avoir conscience, cette famille de riches commerçants avait accompli ce qui ne cesse de se répéter au fil du temps: quand un paysan s'enrichit, il donne une éducation bourgeoise à ses enfants, et la culture qui y est associée, incitant ces derniers à se détourner de ses obsessions matérielles et à rechercher un bonheur plus noble. (p. 44)
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Le château, la tour, l'église, les maisons à colombages, les douves avec leurs oies, les hirondelles dans le tiède crépuscule, le parc et les jardins- tout est si soigneusement ratissé et impeccable qu'on pourrait y voir une obsession de la pureté, plutôt qu'une quête du bonheur.
( p.185)
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Quand on est enfant et qu’on n’a pas encore de souvenirs, même l’odeur de délabrement est une source de bonheur.
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Enfin, l'homme autour duquel tout tourne, le fils aîné, mon grand-père, à côté de sa silencieuse et souriante Gabrielle, chez qui se réunit traditionnellement le matin du nouvel an la famille. Ils font irruption l'un après l'autre, ils commencent par taper des pieds et essuyer leurs lourdes chaussures sur le paillasson, ils le piétinent, ils frottent et crient à ma mère qu'ils vont faire de sa maison proprette une porcherie. Ils apportent l'odeur de la neige et de l'air glacial, l'odeur de manteaux d'hiver sombres en loden, en vison ou en astrakan imprégnés de naphtaline, l'odeur de lavande et de savon de Marseille.
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C'était une époque tranquille dans une ville de province aux alentours de 1900, tout y avait sa place, le pauvre va-nu-pieds qu'il était flânait le long des tables et savait qu'on finirait, du moins s'il laissait transparaître dans ses yeux bleus d'enfant un peu de mélancolie, par jeter quelque chose dans sa direction : quelques centaines de grammes de boudin noir, un morceau de côte mal désossée, un peu de viande filandreuse pour un bouillon.
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 un âge avancé, trônant au milieu d'un cercle de tantes et de cousins admiratifs qui l'écoutaient bouche bée, il pouvait se perdre pendant des heures dans les détails de cette vie durant la dernière décennie du dix-neuvième, son enfance dans les vapeurs de souffre d'une industrie naissante (...) La grisaille quotidienne de la première vague d'industrialisation avait profondément influencé sa pensée, même s'il avait commencé très tôt, en feuilletant les quelques livres de son père, à rêver de la palette de couleurs du Tintoret et de Van Dick. (p. 50)
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Même la correction de ses fautes d'orthographe souvent attendrissantes m'emplissait d'un léger sentiment de culpabilité. Ce travail me confrontait à la douloureuse réalité de toute oeuvre littéraire: je devais d'abord me guérir de l'histoire authentique, la libérer, avant de pouvoir la retrouver à ma manière. (p. 34)
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Ses conversations avec le jeune intellectuel juif lui font peu à peu prendre conscience qu'il existe une alternative religieuse à l'agitation et à la violence du monde chrétien. Ce changement de perspective considérable perturbe son équilibre et la fascine. Elle entrevoit un autre monde, une autre histoire qui ne commence pas par un martyre et une crucifixion. Une notion du temps qui n'est pas hantée par des croyances comme l'Apocalypse et par la crainte du millénaire, le retour de la Bête redoutée, l'enfer et le diable, le tourment et la chute, mais qui correspond à une ère bien plus ancienne commençant par un acte créateur, le début de la vie même : le moment où Yahvé a conçu le monde. Cette pensée l'apaise, il n'y a plus de rupture dans l'histoire.
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Ainsi, ce paradoxe fut une constante dans sa vie : ce ballottement entre le militaire qu'il avait été par la force des choses et l'artiste qu'il aurait voulu être. Guerre et térébenthine.
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Et quand je recherche des traces de sa vie, la plupart du temps en ne pouvant compter que sur moi-même car presque tout a disparu, il m'arrive plus d'une fois de me demander quelle est la nature de ce lien ambivalent qui nous lie à nos grands-parents. Est-ce l'absence de ce conflit générationnel que nous avons avec nos parents ? Dans le fossé béant entre eux et nous réside la lutte pour affirmer ce que nous imaginons être notre individualité, et la distance qui nous sépare dans le temps nous donne l'illusion qu'il se cache là une vérité plus profonde que dans ce que nous savons de nos propres parents. C'est une grande, une extraordinaire naïveté qui nous incite à vouloir savoir. (p. 36)
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Ainsi va la vie : les parents travaillent et épargnent pour que leurs enfants puissent faire des études, et le résultat, c'est qu'ils apprennent des choses, là-bas à l'université, pour rabaisser leurs parents.
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J'ai promis à la famille enthousiaste de l' hôtel de revenir, même si je sais que c'est une fausse promesse ; j'ai enfin trouvé ce que je cherchais. Pourtant, je n'approche plus guère de ce que Letta et Adri ont vu; l'Allemagne d'autrefois, peut-être encore essentiellement le paysage qu' Hölderlin a aimé cent cinquante ans plus tôt, mais à leur époque infestée de croix gammées, de cris et de tambours, de défilés et de bottes, de vociférations à la radio et de tirades hystériques omniprésentes ; les rumeurs de la guerre, les grondements incessants des avions, le sombre triomphe de l'été de 1942.Très vite la marche triomphale se transformera dans l'approche inéluctable de l'enfer.Mais les enfants, occupés à leurs jeux, s'en fichaient.
( p.192)
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Pourquoi me fallait-il à tout prix voir cet endroit de mes propres yeux ? Peut-être la visite d'un lieu de souvenir, même si c'est celui d'autres personnes, est-elle une manière de laisser l'histoire s'apaiser.
( p.191)
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Durant la première moitié du onzième siècle, de grands progrès sont réalisés dans l'agriculture. Le climat est plus favorable et les récoltes sont plus abondantes ; le bétail plus sain, engraisse, la famine chronique appartient au passé, l'alimentation est plus variée. Après des décennies vécues dans l'angoisse du changement de millénaire et des invasions, les pillages s'arrêtent peu à peu, la société semble retrouver un équilibre. En l'espace d'un siècle, les femmes grandissent de quelques centimètres. Vigdis peut espérer vivre un peu longtemps que ses ancêtres. Rien ne laisse présager les catastrophes qui catactériseront la fin du siècle.
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Sous les ciels nordiques, je retrouve mon logis bruxellois à deux heures du matin et me dis : ces derniers jours, en ai-je appris où vu davantage que maintenant, dans le noir, pendant ce voyage nocturne dans mon monde intérieur ? Mon illusion, mon désir de percevoir le moindre détail de cette femme aboutissent à la constatation qu’aujourd’hui elle n’est présente nulle part en dehors de mon imagination. (p. 107)
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Elle essaie de ne pas écraser d’escargots, surtout ceux enchevêtrés de manière spectaculaire, leur masse molle transparente débordant de leurs coquilles, avec une ardeur saisissante, obscène, dans leurs ébats amoureux lents et oniriques.
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