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Critiques de Stefan Hertmans (173)
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Le coeur converti



Amours tragiques sous fonds historiques réels : pogroms dans un petit village provençal, et, persécutions des juifs au Moyen Age.



Au travers les portraits de deux jeunes gens - l'un juif, l'autre chrétien - Stefan Hertmans donne vie à toute une communauté, et, plus particulièrement la communauté juive qui essaye tant bien que mal de vivre en paix dans le respect de ces traditions. C'est tout un monde fait de violence ainsi que de solidarité, d'amour qui prends vie sous les yeux des lecteurs avec moult détails, et, précisions historiques. En effet, de longues recherches ont été effectuées par l'auteur. Celui ci a essayé tout au long de son périple, de comprendre le pourquoi du comment concernant les diverses croisades ainsi qu'aux persécutions "stupides" des juifs au cours du Moyen Age.



Un roman dur, voire très dur, mais, extrêmement émouvant ... ... qui laisse des traces, et, qui peut en perturber certains.

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Le coeur converti

J'entrouve tout doucement, avec délicatesse ce joli livre qui m'attire déjà par la couverture.



Un roman historique ? Oh, je vais me régaler. Alors ce recueil n'est pas vraiment un roman, ni tout à fait un témoignage, ni une chronique, ni un essai, ni un traité d'archéologie. Mais un petit peu tout cela à la fois.



*

Nous plongeons directement mille ans en arrière, à l'ère des croisades, à la fin du XIe siècle plus précisément. Puis simultanément dans le monde d'aujourd'hui à travers les différentes traces laissées là comme un témoignage inconscient.



*

Le résumé raconte l'histoire d'une jeune Rouennaise amoureuse d'un jeune homme juif de Narbonne. Qui abandonnera sa famille aisée pour suivre son futur mari aux confins de la Provence.



Ils trouveront refuge à Monieux.



Monieux ? Justement je venais de passer quelques jours cet été dans cet endroit magnifique. Mon lieu de villégiature. J'ai mis mes pas dans ceux de Hamoutal et David. Sans le savoir... N'est-ce pas une bien étrange coïncidence ? Une merveilleuse entrée en matière ?



*

Nous suivrons ce couple traverser la France du nord au sud, au péril de leur vie. En ce temps-là, la révolte gronde, la communauté juive est en danger. La jeune femme changera de religion par amour pour David et quittera tout pour lui : aisance financière, sécurité, famille, et honneur. La maternité cimente le couple.



Le pape Urbain II lance un appel pour les croisades, direction Jérusalem. le gigantesque convoi s'arrête dans la vallée fertile. Puis le chaos. La souffrance. le désarroi. le peuple juif est exsangue.



« On continue de respirer, donc on ne meurt pas. » La vie continue. Hamoutal va devoir fuir.



*

L'auteur, de nationalité belge flamande, résidant à Monieux, s'est intéressé de très près à l'histoire d'Hamoutal. Il a découvert un manuscrit, des ruines d'un quartier juif dans le village. Avec un sérieux et une grande délicatesse, il a poursuivi ses recherches jusqu'au Caire et Cambridge. Toujours dans les traces fantomatiques d'Hamoutal.



*

Le récit alterne le passé et le présent. Des rappels de présent voulus par l'auteur pour comprendre son investigation qui déstabilisent quelquefois. Puis, la surprise passée, l'histoire coule comme une source claire, abreuvée d'informations historiques captivantes telles les relations houleuses entre Juifs et Chrétiens, la genizah du Caire, l'appel du pape à Clermont à Notre-Dame du Port.



La plume d'Hertmans est majestueuse, empreinte de lyrisme alliant le romanesque au sérieux des faits réels. Je me suis laissée envoûter par cette histoire.



*

Je remercie l'auteur pour son superbe travail effectué au cours de 22 années de recherches. On sent tout l'amour et la passion qu'il a mis dans ce roman. Il immerge le lecteur avec des descriptions si vives que c'en est presque tangible. Combien de fois ai-je senti le thym, entendu chanter une cigale, goûté à l'huile d'olive ? Mais aussi parfois serré les dents, déposé quelques larmes, forci mon poing de rage. Des émotions à fleur de peau qui m'ont laissée comme vide et surtout triste et mélancolique.

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Le coeur converti

Un livre magnifique qui dit l'horreur et la beauté du monde des hommes de tous les temps. L'originalité du livre est dans le fait que l'auteur tresse son intrigue avec le récit des recherches qu'il a menées pour la construire car le socle en est élaborèe sur des documents historiques. Passionnant, plein de tendresse, de beauté, de réalité.
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Le coeur converti

Un livre magnifique, bouleversant. Et comme l'écrivent d'autres Babélionautes, arrivée à la dernière page, il est difficile de quitter Hamoutal et sa quête.

Je ne le résumerai pas à nouveau mais je soulignerai son admirable construction.

Stefan Hertmans a mené un travail d'enquête digne d'un historien pour retrouver les traces d'Hamoutal, à partir de la lecture d'articles scientifiques de spécialistes de la période (mais aussi de romans, de poèmes), des voyages qu'il fait en passant par les mêmes lieux qu'elle et de la recherche qu'il a menée dans le village où il réside et où Hamoutal aurait vécu. Il alterne avec brio des pages sur l'histoire d'Hamoutal-Sarah- Vigdis et son exil (à la fois intérieur et géographique) et celles sur ses propres voyages et recherches pour la retrouver.

Le style nous plonge dans l'ambiance de ce XIe siècle tourmenté par les pogroms menés contre les Juifs, les départs des Croisés pour libérer la Terre sainte. Il nous permet de découvrir les modes de vie de l'époque, les réseaux de communication entre communautés juives et les recommandations qui circulent entre elles, les modes de circulation dans une Méditerranée instable et divisée.

L'auteur nous fait mieux comprendre / vivre les répercussions de la grande Histoire sur la vie des individus.

Le livre nous invite à la tolérance envers l'Autre, d'une autre religion, d'un autre pays, d'une autre communauté.
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Le coeur converti

"Le Cœur Converti". Pas vraiment un roman, pas vraiment un essai. Pas non plus une biographie. Objet littéraire non identifiable, la couverture est belle et ce qu'il conte est passionnant.

L'auteur se fait narrateur et explique qu'il a appris que dans le village de Haute Provence où il vit, un pogrom avait eu lieu aux temps de la Première Croisade. Intéressé, il fouille le passé, fait des recherches et se trouve aux prises avec d'abondantes information, une documentation foisonnante (les communautés juives écrivaient énormément de chroniques et de lettres au Moyen-Age et tout était conservé avec les objets du culte, ce qui explique qu'il y ai tant de documentation). C'est ainsi qu'il met au jour l'histoire de Vigdis, jeune femme issue de la bonne bourgeoisie normande et dont le père s’enorgueillissait de descendre des normands et qui tombe amoureuse du fils du rabbin de Narbonne, étudiant alors à Rouen. Leur passion est partagée et chose complètement folle pour l'époque, elle parvient à s'enfuir avec lui. Poursuivis par les sbires du père furieux et humilié, ils parviennent jusqu'à Narbonne qu'ils quittent au bout de quelques mois car ils ne sont pas en sécurité. Mariés et la jeune Vigdis devenue Hamouda, ils trouvent refuge dans un petit village, Monieux. Deux enfants naissent et ils sont heureux dans ce village où cohabitent en bonne intelligence catholiques et juifs. C'est hélas, le temps de la Première Croisade et les croisés en descendant vers le sud font preuve de zèle et massacrent les juifs et toutes sortes d'hérétiques. Toute la communauté de Monieux ou presque est massacrée: Hamouda voit son époux massacré sous ses yeux tandis que les croisés enlèvent ses enfants. Alors, elle décide de partir jusqu'à Jérusalem pour les retrouver... et de revenir. Elle part, avec le rabbin survivant du village jusqu'à son retour, marquée, meurtrie. Et ça a été une vraie épopée. Riche de tous ses documents qui se recoupent, l'auteur a donc reconstituée cette folle histoire vraie et en a fait un ouvrage qu'il nous offre. Fascinant, émouvant et érudit à la fois. Cette enquête est un voyage dans le temps transformée par la langue de l'auteur en conte cruel, actuel, dont l’héroïne bouleverse.;
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Le coeur converti

Si je ne bouge pas, la mort ne me voit pas



Un homme, un village et son passé lointain. Une recherche en fin du XIème siècle. La reconstitution plausible de la vie d’une femme, née fille de Normand se mariant à un fils de rabbin. Vigdis devenue Hamoutal, « La porte de la liberté s’ouvre en grand, mais c’est un piège ». Une double traversée des lieux et des temps (avec quelques anachronismes comme ces mots pogrom et antisémitisme d’invention beaucoup plus tardive ; je m’interroge aussi sur ces sentiments amoureux qui semblent venir d’une époque plus moderne) par l’auteur et son personnage. Stefan Hertmans indique : « Ce livre s’inspire d’une histoire vraie. Il est le fruit à la fois de recherches approfondies et d’une empathie créative ».



Donner ou redonner vie à des personnages relève en effet d’une empathie créative, « Je sais qui ils sont. Je sais qui ils fuient ».



Le Moyen Age n’est pas cette légende noire construite plus tard et réexaminée de manière très critique par des historiens tels Marc Bloch ou Georges Duby. L’auteur nous invite dans des villages et des villes, des refuges aux personnes de passage et aux fugitifs, des communautés juives et des yeshiva ou des synagogues, Rouen et Narbonne. Un récit sombre, non linéaire, fait de détours et d’interrogations, d’inscriptions et de conjonctures, « les mettre hors de portée des chevaliers chrétiens que le père normand de la jeune femme a lancés à sa poursuite avec l’ordre de la ramener », de sentiments amoureux et religieux, de refus et d’accueil, de fuite, « Ici, Hamotal doit prendre peu à peu congé de Vigdis Adélaïs », de liberté et de danger de mort, de présence et de création, « Mon illusion, mon désir de percevoir le moindre détail de cette femme aboutissent à la constatation qu’aujourd’hui elle n’est présente nulle part en dehors de mon imagination ». Il est loin et compliqué le chemin de Rouen à Narbonne lorsque l’on se cache, lorsqu’on se convertit ou que l’on quitte sa communauté de naissance.



Narbonne, puis Arles et Avignon, « On est encore en 1091. Le monde occidental glisse lentement vers une catastrophe, une fracture dans l’histoire, et personne ne le voit venir . Le contemporain ne sait rien », Moniou, la naissance de Yaakov puis de Justa, le calme et des chevaliers à la porte.



Le monde bousculé par Urbain le pape des catholiques et la volonté de croisade, le mouvement de chevaliers aux cris de « Dieu le veut ! », le carnage, l’enlèvement des enfants, la fuite à nouveau mais cette fois seule et pour une destination encore plus lointaine. Aller à Yerushalayim.



Je souligne les approches des traces de l’auteur, le passé au présent, la présence absence, les lieux dans les lieux.



Les nouvelles routes et la volonté de retrouver ses enfants, « Le pourtour de la Méditerranée bouillonne d’activités confuses qui accompagnent les récentes migrations », Gênes, Palerme, Alexandrie, le Caire, « j’ai compris que je ne pourrais me rapprocher d’Hamoutal qu’en oubliant tout ce que je voyais autour de moi », les traces et les reconstitutions, les communautés et les refuges, « Elle prend conscience plus que jamais que nulle part elle ne pourra encore être vraiment en sécurité », la nouvelle que les enfants sont en vie et à Rouen…



La fin de tout repos, « si je ne bouge pas, la mort ne me voit pas », Najera, la perte et la folie, les récits des « pogroms » et les destructions, la mort.



Ailleurs et ce qui permet de (re)construire une partie de l’histoire, « Le monde tourne, mais quand on retient un instant sa respiration, il s’immobilise »…



Un beau portrait de femme, de résistante à l’ordre masculin et chrétien du monde. Un conte tantôt grimaçant tantôt souriant dans le chaos des vies. La force de l’espérance.
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Le coeur converti

L’auteur définit ainsi sa démarche : « Ce livre s’inspire d’une histoire vraie. Il est le fruit à la fois de recherches approfondies et d’une empathie créative ».



Pour appuyer son propos, il nous livre des éléments sur ces recherches. Il s’agit en somme de deux documents incontestables. Un premier, écrit par le rabbin du village du sud de la France où s’est installé l’auteur, et retrouvé en Egypte, demande de l’aide pour une veuve, une convertie, dont le mari a été tué avec d’autres Juifs dans la synagogue locale. Le couple s’était réfugié dans le village, car la jeune femme, issues d’une famille chrétienne prospère, est recherchée par ses proches, et ce village à l’écart, où vivait une communauté juive, paraissait une bonne cachette. Mais la communauté juive a été décimée, le mari tué et les enfants enlevés. La femme est à leur recherche, et le rabbin a donc rédigé ce document pour qu’elle puisse être aidée dans ses démarches.



Un deuxième document évoque une prosélyte dont le mari a été tué dans un pogrom, et qui évite de peu le bûcher dans un village espagnol. L’auteur fait l’hypothèse qu’il s’agit de la même personne.



L’auteur ne donne aucun autre élément précis sur ses recherches, on peut donc supposer que tous les éléments factuels concernant ses personnages sont donc inventés, même si bien évidemment, il a dû s’informer sur le contexte historique plus général pour écrire son livre.



Par ailleurs, il entrecroise le récit de celle qu’il va appeler Vigdis, puis Sarah ou Hamoutal, avec ses propres expériences. Celles de ses recherches, mais aussi de son installation au village.



Le récit de Stefan Hertmans est romanesque à souhait. Il imagine l’enfance de Vigdis, sa famille, sa rencontre avec David, qui deviendra son mari. Il dépeint leur fuite, l’arrivée au village, l’accouchement spectaculaire de son première enfant. Puis l’arrivée des croisées, le massacre, auquel elle échappe par miracle. Ensuite son voyage dramatique à la recherche de ses enfants jusqu’en Egypte, un deuxième mariage, son retour en France, toujours à la recherche de ses enfants. Enfin l’épisode où elle manque de peu de finir sur le bûcher. Je dois avouer que j’ai trouvé tout cela un peu chargé en événements dont le nombre et le caractère dramatique finissait par questionner la vraisemblance. D’autant plus que l’auteur joue beaucoup sur la corde sensible du lecteur (ou peut-être plus de la lectrice). Enfin, en opposition à l’histoire de son héroïne, les parties où il parle à la première personne, de son existence et de ses recherches, sont assez insipides, et un peu bavardes. Comme si, pour compenser une existence somme toute banale, comme celle de la plupart des gens, il s’est laissé entraîné à inventer une histoire à l’exact opposé de cette banalité.



Je ne suis sans doute pas la lectrice idéale pour des histoires très romanesques, pleines de sentiments, et je suis peut-être un peu injuste avec ce livre, qui semble avoir trouvé ses lecteurs. Mais j’avoue que j’ai eu un peu de mal à le terminer, une sorte de brouillage de frontières entre la vérité historique et l’imaginaire de l’auteur me gênant tout particulièrement.
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Le coeur converti





Lorsque l'auteur, Stefan Hertmans, apprend que Monieux, le petit village provençal où il s'est installé, a été le théâtre d'un pogrom (destruction et pillage contre une communauté juive) il y a mille ans et qu'un trésor y serait caché, il part à la recherche de traces et d'indices historiques. Une lettre de recommandation découverte dans une synagogue du Caire le met sur la trace d'une jeune noble normande qui, à la fin d'une onzième siècle, convertie au judaïsme par amour pour un fils de rabbin, aurait trouvé refuge à Monieux.



Résumé : Née dans la grande bourgeoisie de Rouen, en 1070, d'un père d'origine Viking et d'une jeune femme Franque, Vigdis Adelaïs, élevée dans la connaissance, l'écriture, la lecture et surtout dans la foi chrétienne, s'éprend d'un jeune juif, fils du grand rabbin de Narbonne, venu étudier dans la yeshiva (école de la Torah) de la grande communauté juive de la ville de Reims. Ils s'éprennent l'un de l'autre, en cachette. Et c'est un amour impossible. Alors pour le peu qu'ils se voient, David apprend à Vigdis peu à peu les usages et la culture juive, car elle a décidé de l'épouser. David envoie une lettre à son père, qui accepte de la recevoir, cette postulante, avec son fils. Ils s'enfuient à deux, avec presque rien. À pied ou tirés par une mule, ils partent vers Narbonne, et sur cette route, la jeune fille est tiraillée entre son ancienne foi et sa nouvelle foi..... sans savoir qu'ils fuiront encore et encore: le père de Vigdis a envoyé toute une armée de chevaliers pour rechercher sa fille.



L'histoire de Vigdis -ayant réellement existé, documents à l'appui- sert aussi de trame pour raconter le monde du Moyen Âge, les comètes et les illuminés qui crient à la fin du monde, les maisons, les paysages, les ruines romaines, les vestiges du temps de ce onzième siècle, le temps qui passe et les saisons, les famines et la famille. Au fur et à mesure, après avoir bien étudié les historiens juifs, Anglais, les vieux du villages et les contes, les chemins possibles à cette période, il y a mille ans, l'auteur nous emmêne sur les routes, avec Vigdis, et aussi avec lui-même et son ressenti sur les traces que peuvent laisser les gens d'autres époques, sur les dangers du monde, déjà à toutes les époques ..... Le Pape Urbain II va enclencher des massacres au nom du Dieu chrétien, en inventant la première Croisade, et en délivrant à qui mieux-mieux des "indulgences" éternelles : tous ceux qui s'engageront pourront tuer, violer, massacrer au nom de Dieu.



En lisant ce livre poétique et minutieux, mais d'une grande puissance évocatoire, on se retrouve comme devant la Tapisserie de Bayeux, ou presque : une fresque historique, détaillée, de la vie de cette jeune femme et des communautés juives de France, la vie de tous les jours, les chemins, les animaux, les dangers, la soif, la peur puis Narbonne.. puis Monieux où les jeunes mariés passeront quelques années, dans la communauté juive de ce qui était une ville de mille habitants.



La trame de la tapisserie c'est Vigdis, la chaine c'est le monde du onzième siècle, ses églises, ses synagogues, ses monuments, ses bois et ses forêts, les guerres et les pillages, les Croisades qui plongent les gens dans des années sombres..







Mon avis : J'ai lu ce livre d'une traite. C'est une merveille. Je n'ai eu aucune difficulté à rentrer dans le récit, et j'ai été émerveillée de voir tout cela "de mes propres yeux". Plongée dans ce siècle-là, j'ai appris très vite (je ne connais pas grand chose aux mots comme yeshida, pogrom etc) et le récit, clair comme de l'eau de roche m'a fait ressentir combien l'auteur s'était documenté sur la vie, les coutumes, les dangers de ce temps. J'ai lu la Tapisserie de Monieux, en quelque sorte. Une merveille.







L'auteur : Stefan Hertmans est un écrivain belge néerlandophone né à Gant en 1951. Il enseigne au Stedelijk Secundair Kunstinstituut Gent et à l'Académie royale des beaux-arts de Gand (Haute École de Gand). Il dirige en outre le Studium generale jusqu'en octobre 2010. Il a également donné des conférences à La Sorbonne et aux universités de Vienne, Berlin et Mexico, à la Bibliothèque du Congrès de Washington et à l'University College de Londres. Ses travaux paraissent régulièrement dans des magazines littéraires tels que The literary Review (Madison), The Review of contemporary fiction (Illinois) et Grand Street (New York). Il collabore à un grand nombre de magazines, dont Dietsche Warande en Belfort, Raster et De Revisor. Il publie son premier roman, intitulé "Ruimte", en 1981. Il est aussi l’auteur de poésies, de pièces de théâtre et de nouvelles, et signe de nombreux essais, notamment sur Walter Benjamin, Jorge Luis Borges, Marguerite Duras... Il a remporté de nombreux prix, entre autre le Ferdinand Bordewijk Prijs en 2002 et le AKO-Literatuurprijs 2001 pour "Comme au premier jour" (Als op de eerste dag). En 2003, il remporte le prix "La ville à lire" pour "Entre villes : histoires en chemin" (Steden. Verhalen onderweg, 1998). Il reçoit le prix de l'essai 2008 du Koninklijke Academie voor Nederlandse Taal-en Letterkunde pour "Het Zwijgen van de Tragedie".



Son roman "Guerre et Térébenthine" (Oorlog en terpentijn) reçoit le prix triennal de la Communauté flamande en 2012 et, en 2014, le prix littéraire AKO.







Le coeur converti - Stefan Hertmans, Gallimard, Août 2018, 365 pages, 21,50 €
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Le coeur converti

David le juif et Vigdis la catholique tombent amoureux. Pour lui, elle va quitter sa famille, son rang et sa religion. Ils vont fuir ensemble. C’est leur vie qui est racontée ici.

L’auteur reconstitue avec érudition la société de l’époque en s’appuyant sur une impressionnante documentation. Au lieu d’avoir une vision parcellaire du haut Moyen-Âge, il englobe tout, nourriture, us et coutumes, croisades, botanique, médecine … J’aime également les références à la peinture (p. 61), à l’histoire des lieux (p.113, …), à l’archéologie. La guerre sainte, les croisades résonnent particulièrement dans notre XXIème siècle.

La construction du roman est très inhabituelle et particulière comme si l’espace-temps n’existait plus. L’auteur mélange sa propre quête à la vie de Vigdis Adélaïs et embarque le lecteur en pèlerinage sur les traces de celle-ci. L’auteur raconte la genèse des lieux surtout celle du village de Monieux.

Je reconnais de grandes qualités à ce livre notamment dans le sérieux du travail documentaire accompli mais je suis passée à côté. Je n’ai pas aimé que l’auteur nous livre à chaque fois la suite de l’histoire. J’aurais préféré un peu plus d’affect et de romantisme, on parle peu des sentiments uniquement des faits, juste des faits. Je regrette que David ne prenne pas plus la parole ainsi que les enfants. Et puis l’histoire de la solitaire Vigdis est d’une tristesse infinie et cela m’était finalement insupportable.

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Le coeur converti

J’ai commencé à suivre avec beaucoup d’enthousiasme le destin de la jeune Adélaïs. Au XIe siècle, cette jeune chrétienne normande destinée aux plus beaux partis tombe amoureuse d’un jeune juif. Ensemble, ils s’enfuient et elle se convertit au judaïsme pour pouvoir vivre pleinement son amour avec le jeune David.



J’ai été charmée par cette plongée historique au temps des croisades, par la jolie plume (ou en tout cas sa traduction) du belge néerlandophone Stefan Hertmans.

Le voyage des amoureux se superpose avec celui du narrateur qui marche dans leurs pas et cela donne une prose très esthétique, très visuelle.

J’étais conquise ... jusqu’à ce que je ne le sois plus du tout. Un événement dramatique survient dans la vie de la jeune femme qui est contrainte de fuir une fois de plus.

Son exil est long, très très long. Toutes les horreurs qui peuvent advenir à une femme seule sur la route semblent lui tomber sur le nez une par une, elle va d’horreur en maladie, de famine en désespoir,... Bref, j’ai trouvé son agonie (car voilà ce qu’est son voyage, une agonie) longue et pénible. Le dernier tiers de ce roman m’a donné mal au ventre et j’ai parcouru les derniers chapitres en diagonale.

Certes, sa ténacité, son abnégation forcent le respect, mais ça n’en est pas moins très laborieux à découvrir...

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Le coeur converti

L’auteur vit à Monieux, près du Mont Ventoux dans le vaucluse. Il apprend que dans ce petit village si paisible aujourd’hui un progrom a eu lieu il y a 1000 ans et qu’un trésor y serait caché. Il découvre une lettre qui le met sur la trace de Vigdis Adélaïs, une jeune normande chrétienne qui se serait convertie au judaïsme par amour pour David, fils du rabbin de Narbonne. Ces jeunes gens s’aperçoivent, se voient, se rencontrent, se parlent et peu à peu tissent des liens. « Passe ton chemin belle jeune fille aux yeux bleus et aux cheveux blonds et au teint clair, choisis un autre homme pour échapper à ton funeste destin ». Mais non elle tombe amoureuse, ils s’aiment et doivent partir de Rouen pour Narbonne. Elle se convertie, ils se marient, elle prend le nom d’Hamoutal et elle s’efforce du mieux qu’elle peut de devenir Hamoutal. La cohabitation de la violence et de l’intolérance s’emploient à détruire le bonheur auquel ils aspirent. Le père de Vigdis qui n’admet pas qu’on lui désobéisse promet une belle récompense à celui qui lui ramènera sa fille. Ils doivent fuir vers Monieux, petit village provençal dont je vous ai parlé plus haut. Leur vie est paisible au début puis un drame vient bouleverser l’ordre de choses, la violence éclate, les croisés sont là. Hamoutal flotte dans un semi coma. Le temps n’a plus de prise sur elle, elle est entre veille et conscience. Stephan Hertmans sait accélérer le rythme, il retrace avec fougue cette première croisade et son récit est ponctué de récits personnels ce qui est un peu dommage à mon goût. Hamoutal nous entraîne dans un monde dépecé, meurtri par la violence où l’exode est de mise. Fuyante, sale, brisée par la fatigue, amaigrie, fragilisée, méconnaissable elle n’en demeure pas moins courageuse. Elle a encore la conscience d’élaborer un plan insensé pour retrouver ses enfants à Jérusalem. Cette première croisade ouvre une longue période de violences organisées. La population est paralysée par la peur. On espère de tout cœur qu’Hamoutal retrouvera la paix. C’est avec un style empreint de clairvoyance et d’une justesse d’écriture que le romancier Stephan Hertmans nous fait revivre ce conte déchirant. C’est un très beau roman historique. C’est un récit passionnant d’authenticité et d’une grande intensité dans l’action et dans les sentiments. C’est une œuvre littéraire qui interpelle et qui amène à réfléchir sur le place de l’imprévisible dans nos existences.
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Le coeur converti

C'est une recherche éperdue dans le passé, à partir d'un document authentique , dans un récit qui oscille tout du long entre époque actuelle et Moyen -Âge, celui-ci apparaissant alors comme en surimpression à nos yeux contemporains.

C'est le destin courageux mais terrifiant d'une jeune femme qui, se convertissant au judaïsme par amour, va s'exposer aux persécutions et se lancer dans une fuite sans retour .

Le récit est plus éprouvant que ne le laisse penser la quatrième de couverture -fortement marqué par meurtres, massacres, violences barbares.

Par ailleurs, il est riche en éléments sur la vie en l'an mil et celle des communautés juives à l'époque .

C'est la partie "actuelle " et méditerranéenne du récit que j'ai trouvée la plus inspirée, (descriptions colorées des villes: Marseille, Alexandrie, Le Caire, Palerme et ses catacombes, ou encore de la nature du Vaucluse - d'où part toute l'histoire) et l'on y

ressent l'émotion vibrante du narrateur .

J'ai trouvé les parties "Moyen-Âge", même si très bien documentées, moins incarnées, peut être à cause de l'absence de dialogues , qui rend l'histoire des deux jeunes gens plus abstraite ? Peut-être que l'auteur a voulu rester en retrait pour ne pas trahir les éléments authentiques de l'histoire.

Au final, je retiens la passion qui a animé l'auteur dans sa recherche, née d'un attachement intense pour son village d'adoptioneavdv

en filigrane la tristesse à constater l'éternelle cruauté de l'homme

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Le coeur converti

Roman historique écrit grâce aux archives d'une synagogue du Caire parlant d'une convertie de Moniaux , village de Provence.

Sur les traces d'une jeune femme chrétienne convertie au judaïsme en l'an mille , l'auteur nous en raconte le périple de Rouen au Caire.
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Le coeur converti

Lorsque Stefan Hertmans découvre une lettre dans une synagogue du Caire et qu’il décide de partir sur les traces de cette histoire, il est bien loin d’imaginer ce qui l’attend.



Le narrateur n’est autre que l’auteur, qui s’embarque vers un voyage, le guidant sur les traces de ces deux êtres, Vigdis et David. Leurs religions les empêchent de vivre leur amour au grand jour, ils décident alors de s’enfuir ensemble, contre la volonté de la famille. Vigdis jeune chrétienne se convertit alors au judaïsme, pour ainsi prier le même Dieu que son bien aimé : « Hamoutal. Ce sera ton nouveau nom, lors de ton baptême juif : Hamoutal, chaleur de la rosée. »



Vigdis devient Hamoutal. Découvrant tous les rituels et traditions de cette nouvelle religion qu’est devenue la sienne. Avec ses peurs. Ses doutes. Ses interrogations. A-t-elle bien fait ? « Elle veut rentrer chez elle, elle ne va pas y arriver, c’en est trop, elle ne veut pas renier son Dieu, tout cela est impossible, elle a fait preuve d’orgueil et a été sévèrement punie pour la trahison du Dieu de ses parents. »



Il y aura un mariage. Des enfants. Mais au prix de multiples souffrances… Car cette fuite ne sera qu’un début. La première d’une longue série. Stefan Hertmans l’appellera d’ailleurs « l’éternelle fugitive ». Son chemin sera semé d’embûches incessantes… sans oublier les chevaliers de son père, lancés à sa poursuite. Hamoutal devra donc se cacher, sans arrêt. Se protéger, se nourrir avec les moyens du bord : « Elle se sent petite et perdue. Hamoutal, pauvre et crasseuse, avec ses airs nordiques, ne peut prétendre à rien. »



Stefan Hertmans continue son voyage. Au fur et à mesure où les indices le conduisent sur la route d’Hamoutal, il en veut toujours plus, la recherche de la suite, de la vérité… plonger dans son histoire : « … ces quelques centaines de mètres à travers ce quartier très ancien me manqueront à jamais comme un voyage cours, intense, à travers le temps, pendant lequel j’ai respiré, senti et vécu quelque chose qui m’a fait atterrir dans l’histoire après laquelle j’ai couru pendant tout ce temps. »



Hamoutal fera de nombreuses rencontres tout au long de son long et périlleux périple. Elle traversera des contrées, vivra des parcours rudes, protégera ses enfants au mieux. Envers et contre tout et tous. Les pogroms, ces combats ravageurs font couler énormément de sang. Détruisent les villages, anéantissent des populations entières. Rien n’arrête les barbares.



Ce roman est une course poursuite non pas contre mais après l’amour. Et puis après la vie. Toutes ces fuites. Tous ces voyages. Stefan Hertmans livre ici une histoire absolument remarquable, d’une intensité « folle », d’un rythme soutenu… au point d’en essouffler le lecteur. La mise en parallèle entre l’histoire du passé et la narration de son voyage initiatique est d’une justesse absolue. Un sujet très fouillé et riche. Un niveau de recherches impressionnant.



J’ai été époustouflée, conquise, je me suis attachée à cette femme puisque j’ai vécu sa vie de 370 pages avec elle… Elle m’a bouleversée. J’ai eu comme un sentiment de voyager aux côtés de Stefan Hertmans… Et quel voyage. Il m’a captivée dès le départ.



Une pépite de la rentrée littéraire 2018 que je conseille au plus grand nombre de découvrir…
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Le coeur converti

Au 11ème siècle, une jeune noble normande et un étudiant juif tombent amoureux et n'ont d'autre solution pour s'aimer que de fuir Rouen où leur amour est considéré comme contre nature. Hertmans se base sur quelques parchemins et reconstitue l'histoire de ce couple qui a dû fuir l'ire paternelle et le chemin tout tracé que ses origines avaient décidé pour la belle Vigdis devenue Hamoutal une fois convertie. L'auteur se prend de passion pour ce village de Monieux où il vit, qui possèderait un trésor datant de cette époque, et pour cette histoire dont on sait finalement si peu de choses ; il mêle dans son roman reconstitution historique, fiction, et ses démarches au présent pour mener une enquête qui ne lui livre que peu d'éléments et le contraint à inventer une histoire plausible. J'ai été impressionnée par le travail de recherche qu'il a accompli, et par sa capacité à combler les trous d'une histoire dont on a pour seule assurance le fait que les protagonistes aient existé. Du beau travail, et quel effarement de découvrir le destin de Vigdis, qui finit folle et édentée dans le village de Monieux !
Lien : http://www.usine-a-paroles.f..
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Le coeur converti

Stefan Hertmans est hanté par une femme torturée.

Elle s’appelle Vigdis, puis a changé son nom en Sarah, et son mari David l’a appelée amoureusement Hamoutal. Cela fait presque mille ans qu’elle est morte, poursuivie par un espoir sans issue.



Stefan Hertmans habite là où Hamoutal a passé un temps relativement court : Monieux, un petit village médiéval du Vaucluse. Tenaillé par l’Histoire, obsédé par les traces de cette femme dans des écrits et dans son village, il part à sa recherche et met ses pas dans les pas de l’éternelle fugitive.



De Reims, lieu où elle est née, puisque fille d’un Normand, elle arrive à Monieux avec son mari, puis sera obligée de fuir pour des raisons que l’auteur met en lumière de manière terrible.

Connue comme la « prosélyte de Monieux », c’est-à-dire la chrétienne étant devenue juive par amour, elle connait un destin effroyable, où la solitude et la détresse se disputeront les honneurs afin de lui faire ployer la tête.



De manière très honnête, Stefan Hertmans nous retrace ses recherches qui l’ont mené jusqu’à Cambridge, penché sur des manuscrits émouvants, mais aussi au Caire, à Alexandrie, à Reims, à Narbonne et à Náreja, localité de l’Espagne du nord. Mais il démarre de Monieux, et le charme de la Provence sauvage explose dans des lignes exubérantes. Son amour de la France en particulier mais aussi du passé, du patrimoine culturel transparait partout.



Mais c’est lorsqu’il parle d’Hamoutal que son empathie infinie me bouleverse profondément. Il nous fait vivre la souffrance immense de cette femme, mêlée à son opiniâtreté. Je me suis sentie attachée à elle, de toutes les fibres de mon âme.



Je salue donc cet homme amoureux de l’Histoire dans lequel je me reconnais : moi aussi je frissonne devant un manuscrit, moi aussi je frémis devant un objet ancien, moi aussi je m’émeus devant un lieu où je sais que nos ancêtres ont vécu. Les conflits comme la bonne entente entre les religions m’interpellent, les Croisades et leur lot d’atrocités me passionnent, la vie quotidienne me touche.

Et ce livre, récit d’une recherche et d’une compréhension totale mêlé à la description de lieux emblématiques, en est la quintessence.

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Le coeur converti

Une magnifique histoire d'amour tragique !

Voici un conte doublé d'un roman historique , original, passionnant de bout en bout qui nous transporte au coeur du haut moyen-âge. L'auteur nous associe à ses recherches et fait revivre les petits villages médiévaux--------que l'on ne n'observera pas avec le même œil lors de nos randonnées touristiques ...-

À partir de fragments historiques jouxtés à la reconstitution minutieuse et grandiose des années 1088, 1099, 1100 ...il part d'une lettre de recommandation découverte dans une synagogue du Caire...



Celle -ci le met sur la trace d'une jeune noble , la belle Vigdis, blonde aux yeux bleus, tombée amoureuse de David , étudiant à la yeshiva de Rouen en l'année 1088.



Elle le suit au péril de sa vie, elle est jeune , a envie de liberté, d'un monde autre que celui d'une existence bourgeoise et du mariage qui l'attend..

Nous suivons le voyage de David et Viglis , ils sont arrivés à Narbonne en l'an 1090 : neuf - cents kilomètres à travers la France de l'époque, se heurtant sur le chemin à d'innombrables obstacles et dangers .



Ils ont dû mettre au moins un mois et demi.



Combien de cours d'eau doivent -ils traverser durant cet interminable trajet, chaque fois qu'ils veulent éviter de faire un détour ?

De Rouen à Narbonne , il y en a une cinquantaine , en comptant tous les petits , les ponts présentent des risques.



Les Chevaliers du pére puissant de Viglis les ont poursuivis jusqu'à Narbonne .

La jeune Viglis devenue Hamoutal suite à sa conversion au judaïsme par amour pour David, en exil, aurait trouvé refuge à Monieux , je n'en dirai pas plus...

L'auteur avec un talent narratif indéniable démêle l'histoire et entreprend le même voyage en nous y associant , curieux de percer le trésor de Monieux ?



Il tisse des réflexions grâce à sa spectaculaire imagination au fur et à mesure de sa quête.



C'est un ouvrage merveilleux , le fruit de recherches passionnées approfondies jointes à une belle empathie créative !

Le style est séduisant , élégant. Il distille et restitue les émotions, les craintes , la force, la volonté de fer , les convictions de cette héroïne intemporelle .



Il alterne points de vue du récit / pérégrinations du couple / errance / courage / .

C'est une enquête / quête / émouvante , romanesque , moderne , haletante, qui nous tient en haleine , enrichissante( points de vue historiques, croisades sur le chemin de Jérusalem , mort , destruction.....modes de vie au onzième siècle et bien d'autres choses ...) et un inoubliable portrait de femme..
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Le coeur converti

Enquête passionnante d'un écrivain subjugué par le destin tragique d'une femme des temps lointains. Cette femme, Vigdis (qui signifie en normand "déesse du combat"), née en 1070 d'un père Normand converti et d'une mère d'origine flamande et franque (qui lui donne comme deuxième prénom, celui d'Adélaïs, moins païen à ses yeux) se convertit au judaïsme par amour pour le jeune David qu'elle épouse contre le gré de ses parents. Tiraillée entre sa culture chrétienne et sa nouvelle religion, Vidgis sera prise dans les horreurs de l'histoire ; la chasse aux juifs, les pogroms, la feront basculer dans une fuite vers la survie. Stefan Hertmans dresse un portrait d'une femme sensible, qui doute, se trompe parfois, sans cesse poursuivie par une culpabilité dévorante. Les intermèdes dans le temps présent n'atténuent en rien le souffle du récit ; bien au contraire. Cest le coeur bien serré que j'ai refermé ce roman.
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Le coeur converti

Encore l’amour, toujours l’amour… Avec David tu t’enfuiras exquise Vigdis, jeune femme de 1090.

« Passe ton chemin, choisis un autre homme, échappe à ce sort, fuis ce qui t’attire. »

Oublie ce juif, petite catholique, reste en Normandie où ta famille veille sur toi.

Impossible idylle. Où que tu ailles, ils te trouveront.



Quant à nous, le narrateur et moi suivrons leurs traces de Rouen à Narbonne en apnée dans les courants troubles du haut moyen-âge et dans les profondeurs des sentiments partageant leurs émois rayonnants, leurs combats titanesques et leurs déboires ahurissants.

Étrange impression par instant d’être ramené brutalement à la surface contemporaine par une courte phrase acérée glissée dans la mosaïque des chapitres érudits, crevant une bulle de satisfaction de mille ans d’âge.



La description des paysages est fluide et figée à la fois, un peu comme les champs ondulants de Van Gogh avec l’impression que les perles de peinture, comme les mots tourbillonnent immobiles.

Cette sobriété littéraire élégante est également empreinte de finesse et de charme pareillement au « Festin de Babette » où l’on se régale en le dissimulant.

La sensibilité et le sérieux l’emportent sur le grandiloquent, de même que la romance aussi scrupuleuse soit-elle laisse place parfois aux investigations de Stefan Hertmans.



Narbonne. « Ici, la fille chrétienne d’un viking devient la belle-fille séfarade de Todros grand rabbin de la France méridionale. »

Le cœur converti, Vigdis deviendra Hamoutal. Le corps arrondi, Hamoutal est enceinte.

La menace grossit, nouvelle fuite du couple vers Monieux, Vaucluse.



Le rythme est soutenu, le narrateur et moi sommes rivés à l’époque d’Hamoutal heureux d’imaginer toucher dans des cryptes séculaires ce que ses doigts auraient pu effleurer. L’immersion est totale.



La vie s’est organisée, plus paisible. Trois enfants entourent le couple maintenant.

Fracture. 1096, Urbain II lance la première croisade. Libérer Jérusalem pour les croisés, s’en prendre aux juifs pour le peuple, cible plus proche et plus aisée.

« La haine au sein de la société se contracte comme un muscle. »

Horreur totale, le pogrom de Monieux gorgé de violence, saturé de rancœur, arrache les vies ou pour le mieux les bouleverse. « On continue de respirer donc, on ne meurt pas. »



Cette fois, l’intervention du narrateur ressurgissant du présent agit comme un baume calmant partiellement l’angoisse éprouvée lors de ce massacre et de ses tristes répercussions…



Ces trois petits points recèlent la suite d’un récit intime et violent, abrupt et très touchant.

Ce roman et ses personnages vous conduiront loin de chez vous, très loin de votre époque moelleuse. Quelle vie ! « Elle irrite le cœur à éponger les pleurs jusqu’à l’infini. »



Récompense, l’auteur a su lier à sa trame romanesque dominante une myriade d’informations historiques captivantes toutes périodes confondues. Un vrai régal.

Merveilleuse machine à remonter le temps où le curseur est sur le cœur.



Merci infiniment à Babelio et aux éditions Gallimard de m’avoir permis de découvrir ce roman. Merci également de leur confiance.

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Le coeur converti

Est-ce l’amour ou la foi qui a poussé Vigdis, héritière d’une famille catholique normande, à suivre David, son jeune amant juif, sur les routes du Sud de la France ? Sans doute les deux sentiments se mêlaient dans le cœur de cette femme qui parcourut tout le pourtour méditerranéen à la fin du XIe siècle. Installé en Provence dans le seul village où elle séjourna plus de quelques semaines, l’écrivain belge Stefan Hertmans enquête sur cette femme meurtrie par la vie et restitue avec une vivacité éclatante un Moyen-Âge dans lequel les Croisés en route pour Jérusalem se livrent à d’incessantes exactions dont les populations juives sont les premières victimes. Il en tire un très beau roman, sensuel et émouvant, qui séduira autant les romantiques que les amateurs d'Histoire grâce à la figure de cette héroïne oubliée, guidée par une passion et une volonté inébranlables.
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