Citations de Stéphane Durand (23)
Dès l'ouverture en 1863, de la ligne ferroviaire desservant Saint Brieuc, les chemins de fer de l'ouest vantent auprès des bourgeois de Paris, les "safaris bretons, la chasse aux calculots, ces perroquets de mer se cachant comme des lapins."...les macareux moines.
Les chasseurs tirent depuis le pont des bateaux, directement dans les nids en pleine nidification.
Le lieutenant Helery, ornithologue amateur, écrivit en juin 1911:
L'île ( l'archipel des Sept îles) offre l'aspect d'un véritable champ de carnage: au bord des trous... une odeur infecte... Des centaines de douilles. Ces messieurs les chasseurs (!) fiers de leur tableau, n'en ont emporté qu'un ou deux exemplaires..
L'interminable hiver prend fin... La terre s'incline et s'offre un peu plus au soleil... Quelques degrés de plus et tout est bouleversé.
En traversant les forêts, en descendant les rivières, en sillonnant les mers, nous avons découvert une France merveilleusement vivante, riche et variée. Après l'austere âge de glace vient le temps de la surabondance. Partout dans le pays, ça grouille, ça fouille et ça gazouille.
Pour tenter de brosser les tableaux vivants de la France sauvage, il faut pratiquer l'écologie historique, une discipline scientifique en plein essor à la croisée des sources les plus variées : climatologie, géologie, hydrologie, biologie, archeozoologie, génétique mais également histoire et littérature.
Sans forêt, pas de sol ni d'eau douce, pas de vie. Nous avons grandi depuis dix mille ans avec la forêt. Elle nous a nourris, chauffés, protégés. Plus encore, elle a nourri nos rêves, nos contes et nos légendes. Elle est le terrain des jeux de notre enfance. Elle irrigue chacune de nos cellules. C'est le dernier espace de liberté de nos contrées urbanisées. L'homme a besoin des arbres.
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Les hypothèses sont légion et chaque réponse appelle de nouvelles questions. C'est là tout le charme de la science qui invente ainsi le mouvement perpétuel : l'enchaînement infini des questions et des réponses. La science n'épuise jamais le réel. Au contraire, elle l'enchante et le complexifie, le rendant toujours plus passionnant à explorer. Il reste tant à découvrir...
Il y a tant de choses à expérimenter pour parvenir à trouver une nouvelle alliance avec le monde sauvage.
Il ne tient qu'à nous de permettre à l'aventure de se poursuivre...
Chaque époque eut ainsi son roi. Il y eut par exemple le renne, le loup, le geai et même l'homme.
Mais c'était à l'époque très lointaine où l'homme et les animaux partageaient le même monde et parlaient le même langage. Depuis, les animaux avaient juré qu'on ne les prendrait pas une deuxième fois à élire un aussi mauvais roi.
La Première Guerre mondiale a été particulièrement instructive et pleine d'innovations. Elle a permis un raffinement sans précédent dans l'art de tuer les hommes et les animaux. Grâce à des hommes comme l'Allemand Fritz Haber, la production industrielle d'explosifs et de gaz de combat est reconvertie vers la production d'engrais et de pesticides. En fait, la guerre continue bien après le 11 novembre 1918. Ce n'est plus une guerre contre les hommes mais une guerre totale contre les insectes et autres "indésirables".
[...]
La France est aujourd'hui le premier utilisateur en Europe de produits agricoles de synthèse issus du pétrole et le troisième au monde après les États-Unis et le Japon.
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Depuis des millénaires, nous tournons en rond, comme ensorcelés par les charmes de l'immense forêt française. Elle a beau se métamorphoser sans cesse, elle est désormais si bien installée qu'elle semble éternelle et infinie. Nous n'apercevons le soleil qu'à la faveur d'un chablis provoqué par la chute d'un arbre vénérable ou d'une prairie humide entretenue par une famille de castors. Parfois, elle devient plus étrange encore et plus touffue que jamais. Un chaos impénétrable de troncs enchevêtrés et envahis de lianes qui grimpent vers la lumière. Une forêt assourdissante qui résonne à la belle saison du vacarme des insectes, des batraciens et des oiseaux. Une forêt qui prend des allures de jungle tropicale où le murmure du vent se mêle à celui de l'eau.
Cette idée d’univers multiples peut sembler extraordinaire à première vue, mais, si on y réfléchit bien, elle n’est que la suite logique d’une longue série de « décentrages » effectués depuis l’époque de Galilée. En effet, au cours de l’Histoire, on a tout d’abord découvert que notre planète n’était pas unique, puis que notre Soleil n’était pas unique, puis que notre galaxie n’était pas unique : pourquoi pas notre Univers, finalement ?
Lorsque les rennes étaient les rois des animaux, ils parcouraient des milliers de kilomètres d'un bout à l'autre de leur royaume de glace, à la recherche de pâturages et d'un endroit paisible où donner naissance à leurs petits. Ils avançaient serrés les uns contre les autres pour ne pas être culbutés par des vents hurlants qui les bombardaient de cristaux acérés. Leur devise : marcher ou mourir. Le voyage était toute leur vie.
La théorie de la relativité d'Einstein a remis en question notre conception de l'espace temps : le temps peut ralentir et l'espace peut se contracter
Les grands prédateurs sont les seigneurs du grand large. Ils errent à travers d'immenses espaces vides et vagabondent d'oasis en oasis comme des rois sans sujets ni royaume, totalement libres.
La forêt némorale, du latin nemoralis qui décrit l'ombre dense de la forêt, est une contrée confuse et sombre, où le clair-obscur vert émeraude est percé de quelques puits de lumière. Nous allons perdre d'un coup tous nos repères et errer sans montre ni boussole, sans carte ni lampe, durant des millénaires. [...] La forêt est enchantée. Elle a mille apparences et se métamorphose sans en avoir l'air. On peut y tourner en rond sans fin sans jamais rien reconnaître, comme ensorcelé. La forêt a une histoire.
Si l'on pouvait passer le film en accéléré, on assisterait à une sorte de danse des arbres s'étendant progressivement à tout le territoire mais avec de fortes particularités régionales voire locales. Deux pas en avant, trois pas en arrière, un pas sur le côté. Le chêne avance, le pin sylvestre recule, les millénaires passent et puis c'est le mouvement inverse, une ronde dans laquelle s'invite le noisetier, le charme ou l'orme.
Ainsi l'Américaine Jill Price se souvient absolument de tout ce qu'elle a fait, chaque jour, depuis trente ans, comme elle le raconte dans La femme qui ne peut oublier. Mais son cerveau lui semble en compétition constante entre sa vie présente et sa mémoire du passé resurgissant constamment.
Mais la bonne nouvelle puce électronique d'IBM True North, sortie en 2014, pourrait révolutionner le domaine de l'intelligence artificielle avec une consommation électrique 1000 fois moindre que les puces traditionnelles, laissant entrevoir un nouveau saut extraordinaire dans la miniaturisation. De plus, il s'agit de la première puce construite avec une architecture imitant l'organisation des neurones dans notre cerveau...
L'idée n'a rien d'aberrant; des expériences récentes permettent à des aveugles de voir à l'aide d'une caméra. Cette dernière filme ce qui est devant eux et transmet directement dans leur nerf optique (ou dans leur cortex visuel) les images, codées de telle sorte que leur cerveau puisse les interpréter.